Ce ne sera pas une surprise pour nos lecteurs les plus assidus : nous annoncions depuis longtemps que les estimations de "terme-source" (1) de l'accident de Fukushima-Daiichi semblaient nettement sous-évaluées. Une étude publiée dans le très officiel bulletin PNAS du 3 avril rectifie - enfin - nettement les estimations précédentes, y compris celle publiée récemment par l'IRSN (2).
Des niveaux de Cs-137 quasiment équivalents à ceux de Tchernobyl
En assemblant les données d'études scientifiques antérieures, les scientifiques américains et Japonais sont arrivés au résultat final suivant :
Fuskushima (Cs-137) : 63 PBq
Tchernobyl (Cs-137) : 70 PBq (pour référence, source UNSCEAR, UN88)
Les chiffres de Césium-137 se décomposent en 36 PBq de rejets atmosphériques (Stohl) et 27 PBq de rejets océaniques (Bailly du Bois). Les données ont été validées par l'appréciation du ratio Cs-137/Cs-134 estimé à 1:1, facteur typique des retombées de l'accident de Fukushima-Daiichi.
La vérité, au compte-gouttes
Dans le fond rien que de très logique mais pourquoi avons-nous l'intime conviction que nous sommes encore un peu loin des chiffres définitifs réels ? Peut-être parce qu'il semble que les inventaires des 3 unités éventrées à Fukushima (3) contenaient bien plus que le réacteur n°. 4 de Tchernobyl (4) et qu'il semble bien se confirmer au fil des semaines que les confinements n'ont pas confiné grand chose ?
Aucune estimation sur les rejets souterrains qui existent forcément à Fukushima
Personne n'est à ce jour susceptible de définir la quantité d'eau radioactive qui s'est infiltrée dans le sol, aucun instrument humain ne permettant de procéder même à une simple estimation. Ce terme-source est simplement, faute de données disponibles, occulté dans les différentes études scientifiques. Nous savons simplement aujourd'hui que finalement, les termes-sources se situeront quelque part entre les chiffres repris dans cette étude et la valeur de l'inventaire total des 3 réacteurs de Fukushima-Daiichi, auquel il faudra probablement ajouter une partie de l'inventaire radioactif des piscines.
(1) Terme scientifique signifiant l'ensemble des retombées radioactives constatées suite à un accident identifiable ou même en fonctionnement "normal" d'unités
(2) L'IRSN évaluait le 8 mars les rejets de Cs-137 "aérien" à 21 PBQ alors qu'il est estimé à 36 PBq dans l'étude nippo-américaine citée ; excusez la "petite" différence de 60% !
(3) De 270 à 400 tonnes de combustible (source : blog de fukushima)
(4) Environ 150 à 200 tonnes de combustible (sources diverses et variées)
Sources :
Fukushima derived radionucleides in ocean and biota, Buesseler et al., NAS-US, 3/4/12
"L'accident de Fukushima 1 an après", IRSN, 9/3/2012
Des niveaux de Cs-137 quasiment équivalents à ceux de Tchernobyl
En assemblant les données d'études scientifiques antérieures, les scientifiques américains et Japonais sont arrivés au résultat final suivant :
Fuskushima (Cs-137) : 63 PBq
Tchernobyl (Cs-137) : 70 PBq (pour référence, source UNSCEAR, UN88)
Les chiffres de Césium-137 se décomposent en 36 PBq de rejets atmosphériques (Stohl) et 27 PBq de rejets océaniques (Bailly du Bois). Les données ont été validées par l'appréciation du ratio Cs-137/Cs-134 estimé à 1:1, facteur typique des retombées de l'accident de Fukushima-Daiichi.
La vérité, au compte-gouttes
Dans le fond rien que de très logique mais pourquoi avons-nous l'intime conviction que nous sommes encore un peu loin des chiffres définitifs réels ? Peut-être parce qu'il semble que les inventaires des 3 unités éventrées à Fukushima (3) contenaient bien plus que le réacteur n°. 4 de Tchernobyl (4) et qu'il semble bien se confirmer au fil des semaines que les confinements n'ont pas confiné grand chose ?
Aucune estimation sur les rejets souterrains qui existent forcément à Fukushima
Personne n'est à ce jour susceptible de définir la quantité d'eau radioactive qui s'est infiltrée dans le sol, aucun instrument humain ne permettant de procéder même à une simple estimation. Ce terme-source est simplement, faute de données disponibles, occulté dans les différentes études scientifiques. Nous savons simplement aujourd'hui que finalement, les termes-sources se situeront quelque part entre les chiffres repris dans cette étude et la valeur de l'inventaire total des 3 réacteurs de Fukushima-Daiichi, auquel il faudra probablement ajouter une partie de l'inventaire radioactif des piscines.
(1) Terme scientifique signifiant l'ensemble des retombées radioactives constatées suite à un accident identifiable ou même en fonctionnement "normal" d'unités
(2) L'IRSN évaluait le 8 mars les rejets de Cs-137 "aérien" à 21 PBQ alors qu'il est estimé à 36 PBq dans l'étude nippo-américaine citée ; excusez la "petite" différence de 60% !
(3) De 270 à 400 tonnes de combustible (source : blog de fukushima)
(4) Environ 150 à 200 tonnes de combustible (sources diverses et variées)
Sources :
Fukushima derived radionucleides in ocean and biota, Buesseler et al., NAS-US, 3/4/12
"L'accident de Fukushima 1 an après", IRSN, 9/3/2012
Décontamination à l' Américaine : http://www.scoop.it/t/fukushima-informations/p/1545878880/category-radiation-decontamination-of-uss-ronald-reagan-wikimedia-commons
Rédigé par : Andre Servant | 05/04/2012 à 09:52
(Une mauvaise grippe) http://www.scoop.it/t/fukushima-informations/p/1530359965/eng-trad-joint-equipe-d-evacuation-sanitaire-transporte-marine-gravement-malade-en-provenance-du-japon-a-hawai
Rédigé par : Andre Servant | 05/04/2012 à 09:53
Pourriez-vous donner la source du chiffre de 63 PBq que vous annoncez ? En ce qui concerne l'article de Buesseler et al. que vous liez, il décompte 1.9 à 2.1 PBq de césium 137 sur 150000 km² (c'est la dernière ligne du tableau que vous reproduisez en image (http://www.gen4.fr/.a/6a015433c24917970c0168e9a4252e970c-pi )
Si l'UNSCEAR avait calculé en 1988 une quantité de 70 PBq pour les rejets de Tchernobyl, le document que vous liez s'en distingue en affirmant page 457 : « The release of 137Cs is estimated to be 85 PBq ».
Rédigé par : Biwa | 05/04/2012 à 13:30
Merci Etienne, le "Marine" était basé à Okinawa mais peut-être était-il sur le "Ronald Reagan" au moment où ce dernier était sous le vent mauvais de Fukushima ? Affaire à suivre en tout cas il ne va pas bien du tout le pauvre...
Rédigé par : trifouillax | 05/04/2012 à 16:52
Merci Trifou pour cette info !!!
C'est vraiment pas la joie pourtant, mais je préfère cela que de supporter les discours anti-catastrophe que l'on peut entendre des Moscovici ou autres truands...
Elle va faire mal à l'IRSN et leur rapport à 2 balles, même si au final, c'est peut-être un des mieux pourtant...
Rédigé par : michel | 05/04/2012 à 17:18
@ Biwa : l'étude citée (Buesseler et al.) ne porte que sur les rejets océaniques depuis juin 2011 et sur une surface limitée de 150.000 km2. La plupart des inventaires se sont donc déplacés au-delà du champ de l'étude c'est pourquoi j'ai repris le chiffre de l'étude Bailly du Bois (27 PBq). La première étude océanique citée dans le tableau (Tsunume) s'est quant à elle arrêtée en Mai 2011.
"We measured a total inventory of Fukushima-derived 137Cs of 1.9–2.1 PBq in our study area (Methods), which is lower because most of the 137Cs delivered either as fallout in March or direct discharges in April would have been transported out of the study area by June." (P. 4)
Les auteurs indiquent en première page que leurs propres résultats sont compatibles avec les études Bailly du Bois (27 PBq pour l'océan) et Stohl (36 PBq pour les rejets directs) ; ils ont juste envisagé des surfaces et des périodes différentes. 27 + 36 font bien 63 PBq.
"... our data are consistent with higher estimates of the magnitude of Fukushima fallout and direct releases [Stohl et al. (2011) Atmos Chem Phys Discuss 11:28319–28394; Bailly du Bois et al. (2011) J Environ Radioact, 10.1016/j.jenvrad.2011.11.015]" (P. 1)
D'où les chiffres repris dans le billet et qui sont hélas probablement loin d'être définitifs.
Cordialement,
Trifou
Rédigé par : trifouillax | 05/04/2012 à 17:23
@ Michel : merci, oui l'étude de l'IRSN n'est pas la pire au regard du petit billet en préparation, j'espère que ce dernier pourra révéler quelques "ficelles" sur les tactiques utilisées pour dégonfler les chiffres officiels. D'une manière générale, l'IRSN n'est pas la moins transparente ni la moins indépendante des officines électronucléaires semi-gouvernementales, loin de là, mais il y a encore un peu de travail à faire ;)
Rédigé par : trifouillax | 05/04/2012 à 17:32
Bailly du Bois est français (c'est un chercheur de l'IRSN) et Stohl est norvégien. Bailly du Bois a publié son article dans une revue scientifique en novembre 2011 (mais le chiffre de 27 PBq était déjà sur le site internet de l'IRSN en octobre dans http://www.irsn.fr/FR/Actualites_presse/Actualites/Documents/IRSN-NI-Impact_accident_Fukushima_sur_milieu_marin_26102011.pdf ). Stohl a fait paraitre le "discussion paper" de son article en octobre. Bailly du Bois ne "rectifie" pas l'IRSN puisque Bailly du Bois est un chercheur de l'IRSN. Les Américains et les Japonais de l'équipe "Buesseler et al." apportent leur propre contribution (qui porte sur 1.9 à 2.1 PBq dans une zone déterminée) en précisant qu'elle est cohérente avec celle de l'IRSN :
"Importantly, our data are consistent with higher estimates of the magnitude of Fukushima fallout and direct releases [Stohl et al. (2011) Atmos Chem Phys Discuss 11:28319–28394; Bailly du Bois"
Donc ils ne prétendent en rien "rectifier" Bailly du Bois et l'IRSN.
La page de Pascal Bailly du Bois sur le site de l'IRSN : http://www.irsn.fr/FR/Larecherche/CV/Pages/CV-de-Pascal-BAILLY-du-BOIS-487.aspx
27 + 36 font bien 63. Mais êtes vous sûr de ne pas compter deux fois les substances portées par les airs (présentes dans les 36 PBq de Stohl) et qui sont retombées dans la mer, ou qui ont été charriées par les rivières et déversées dans la mer aux embouchures des rivières ? Par ailleurs, pour comparer avec Tchernobyl, il faudrait connaître la pollution de la mer Noire (ainsi que de la mer Baltique, et de l'Océan Atlantique) en césium 137 à la suite de Tchernobyl et comparer ce chiffre aux 27 PBq calculés par l'IRSN pour les rejets marins de Fukushima.
Rédigé par : Biwa | 06/04/2012 à 15:22