Des algues bleu-gris concentreraient la radioactivité un peu partout autour de Fukushima ?
Nous vous en parlions encore avant-hier, il semble que les très nombreux hotspots affichant une radioactivité élevée soient identifiés un peu partout autour de la centrale accidentée de Fukushima-Daiichi. Le 17 mars, le Pr. Hayakawa mesurait un débit de dose de 4 µSv/h au contact de cette substance noire près de la rivière Abukuma, à Fukushima-city. En fait, le débit de dose réel devait être bien plus important car il s'avère que la totalité des radiations Alpha ainsi qu'une partie des radiations Bêta étaient bloquées par le carton dans lequel notre ami avait disposé ses appareils, à supposer qu'il soient capables de détecter le rayonnement Alpha qui semble majoritaire au niveau de cette substance, nous y reviendrons. L'explication "officielle" se résumérait à peu de choses, une hypothétique algue ou un lichen qui concentrerait la radioactivité. Autrement dit, pas de véritable explication officielle.
Le conseiller Municipal Koichi Oyama mesure quant à lui 130 µSv/h au contact à Minami-Soma le 18 mars
A l'aide d'un appareil de détection semi-professionnel (1), Koichi Oyama, conseiller municipal de Minami-Soma a relevé quant à lui 130 µSv/h (Alpha+Bêta+Gamma) au contact d'une substance sombre identique retrouvée sur l'asphalte, près d'un pont dans la ville de Minamisoma.
Sources :
blog fukushima-report, anglais
Uranium Decay Series, wise-uranium
Les énigmes du combustible de Fukushima, blog de fukushima, 7/10/11
Evaluation de l'exposition aux poussières d'Uranium, CRIIRAD
Situation radiologique des anciens sites miniers du Lodévois, CRIIRAD, 2004
Depleted Uranium & Gulf war veterans, Bertell, 1999
Evaluation de la radiotoxicité de déchets nucléaires, Boyer, 2006
(1) Inspector Alert équipé d'un tube G/M Pancake de 2 pouces, le même détecteur que celui qui affiche l'activité dans le bandeau droit de ce site ; ce type de capteur détecte les rayons Alpha, Bêta et Gamma avec une bonne sensibilité
(2) A noter toutefois que l'appareil est protégé des radiations résiduelles par un sachet en PEBD d'une épaisseur d'environ 100 µ, ce qui pourrait suffire à bloquer une partie des Alpha ?
(3)Éléments "lourds" ou de masse atomique > 200
(4) Actinides : plus lourd que l'élément Actinium (masse atomique : 227) ; les actinides dits "majeurs" sont l'Uranium et le Plutonium
(5) 1g d'Uranium-238 dégage une activité d'environ 12 KBq ou encore 0.32 µCi
(6) L'U-238 étant insoluble, il est à priori plus difficile de l'ingérer dans la boisson ou l'alimentation
(7) Irradiation externe : 1 mSv/an ; Contamination : pas de limite spécifique
Nous vous en parlions encore avant-hier, il semble que les très nombreux hotspots affichant une radioactivité élevée soient identifiés un peu partout autour de la centrale accidentée de Fukushima-Daiichi. Le 17 mars, le Pr. Hayakawa mesurait un débit de dose de 4 µSv/h au contact de cette substance noire près de la rivière Abukuma, à Fukushima-city. En fait, le débit de dose réel devait être bien plus important car il s'avère que la totalité des radiations Alpha ainsi qu'une partie des radiations Bêta étaient bloquées par le carton dans lequel notre ami avait disposé ses appareils, à supposer qu'il soient capables de détecter le rayonnement Alpha qui semble majoritaire au niveau de cette substance, nous y reviendrons. L'explication "officielle" se résumérait à peu de choses, une hypothétique algue ou un lichen qui concentrerait la radioactivité. Autrement dit, pas de véritable explication officielle.
Le conseiller Municipal Koichi Oyama mesure quant à lui 130 µSv/h au contact à Minami-Soma le 18 mars
A l'aide d'un appareil de détection semi-professionnel (1), Koichi Oyama, conseiller municipal de Minami-Soma a relevé quant à lui 130 µSv/h (Alpha+Bêta+Gamma) au contact d'une substance sombre identique retrouvée sur l'asphalte, près d'un pont dans la ville de Minamisoma.
Quelques jours avant, 22 µSv/h près d'une école de la même ville et une tentative de discrimination Alpha / Bêta / Gamma
Même si le relevé semble moins signifiant, il nous permet d'estimer de manière approximative la répartition des différents rayonnements relevés :
- Ensemble des rayonnements détectables (2) : 22.5 µSv/h
- Gamma (Inspector avec le volet en position Gamma) : 2.3 µSv/h
- Alpha (discrimination élémentaire avec une feuille de papier) : 9 µSv/h
- Bêta (Total - Gamma - Alpha) : 11 µSv/h
Cette répartition même si elle est estimée "à la louche" est néanmoins très intéressante car elle tend à prouver que des émetteurs Alpha ont été largement relâchés sous forme particulaire autour du site accidenté. Quels sont les principaux émetteurs Alpha ? Ils se retrouvent dans la descendance des radio-éléments dits "à noyaux lourds" (3) et principalement dans la filiation des actinides majeurs (4) dont la principale source s'avère être... l'Uranium-238 ou "fertile" qui constitue plus de 95% du combustible "brulé" dans les centrales nucléaires. Les réacteurs n°. 1 à 3 de Fukushima-Daichi en contenaient environ 300 tonnes qui ont été plus ou moins dispersés - la fameuse "fumée noire" qui effrayait tant M. Kan le 14 mars - à la suite des explosions des 12 et 14 mars 2011. Sans trop entrer dans les détails de la filiation des actinides majeurs créant certains "nouveaux" émetteurs Alpha, contentons-nous d'en étudier sommairement le principal :
L'uranium-238, "naturel" mais absolument pas sous forme particulaire
La période de ce radio-élément que l'on retrouve abondamment à l'état naturel est de 4.5 Milliards d'années ; même s'il est relativement peu radio-actif (5) sa concentration dans les réacteurs nucléaires en fait une menace non négligeable en cas d'accident grave. L'Uranium-238 n'est pas soluble dans l'eau, c'est un émetteur Alpha quasiment pur, son élimination est d'autre part très lente une fois qu'il a réussi à pénétrer dans l'organisme. Les 300 tonnes plus ou moins dispersées par les explosions d'hydrogène de Fukushima-Daiichi représentent donc une activité totale "Alpha" d'environ 300*(1.2*10^10) = 3.6*10^12 Bq.
1 g de combustible de réacteur (UO2) "déconcentré" sous forme particulaire par l'explosion et "re-concentré" par exemple par la pluie (ou la neige) au niveau d'un égout présentera un débit de dose équivalente au contact (pour simplifier), d'environ 80 µSv/h. Si une dose infime de 1 mg d'Uranium-238 est introduite dans le corps, par exemple par la respiration (6), elle induira un débit de dose interne de 0.84 mSv/an, soit l'équivalent de 84% de la dose limite "externe" pour le public (7). Si l'on ajoute l'activité de ses descendants encore plus "mordants", l'Uranium-238 est environ 100 fois plus radiotoxique que le césium-137 !
Au fait, que font les autorités ?
A priori, rien. Nous avons déjà vu que les autorités locales sont dépassées par les événements et que les gouverneurs et les autorités nationales font semblant de regarder ailleurs. Le danger est assez concentré au niveau des hotspots mais il n'en existe pas moins ; le conseiller Oyama indique d'ailleurs que le point repéré près du pont se trouve sur le chemin emprunté de manière habituelle par des écoliers. Le problème semble insoluble : si décontamination il y a, elle se fera probablement "à la Japonaise", c'est à dire qu'on enverra la "substance noire" un peu plus loin, dans le fossé voire la rivière ou l'océan... Autant fixer les poussières au sol et interdire la zone... pour quelques milliards d'années dans le cas de l'Uranium-238.
Et si ce point chaud se situait non à 10.000 km de la France mais sur le chemin qu'empruntent vos enfants pour se rendre à l'école, que feriez-vous ? Leur demanderiez-vous de faire un "petit" détour durant cette période insignifiante ou iriez-vous, par précaution, vous installer ailleurs ? Ne nous y trompons pas, Fukushima peut se reproduire un peu n'importe où, un peu n'importe quand, celui qui tiendra un discours contraire sera un vil démagogue ou aura une centrale "sûre" à vendre, ce qui est encore pire.
Même si le relevé semble moins signifiant, il nous permet d'estimer de manière approximative la répartition des différents rayonnements relevés :
- Ensemble des rayonnements détectables (2) : 22.5 µSv/h
- Gamma (Inspector avec le volet en position Gamma) : 2.3 µSv/h
- Alpha (discrimination élémentaire avec une feuille de papier) : 9 µSv/h
- Bêta (Total - Gamma - Alpha) : 11 µSv/h
Cette répartition même si elle est estimée "à la louche" est néanmoins très intéressante car elle tend à prouver que des émetteurs Alpha ont été largement relâchés sous forme particulaire autour du site accidenté. Quels sont les principaux émetteurs Alpha ? Ils se retrouvent dans la descendance des radio-éléments dits "à noyaux lourds" (3) et principalement dans la filiation des actinides majeurs (4) dont la principale source s'avère être... l'Uranium-238 ou "fertile" qui constitue plus de 95% du combustible "brulé" dans les centrales nucléaires. Les réacteurs n°. 1 à 3 de Fukushima-Daichi en contenaient environ 300 tonnes qui ont été plus ou moins dispersés - la fameuse "fumée noire" qui effrayait tant M. Kan le 14 mars - à la suite des explosions des 12 et 14 mars 2011. Sans trop entrer dans les détails de la filiation des actinides majeurs créant certains "nouveaux" émetteurs Alpha, contentons-nous d'en étudier sommairement le principal :
L'uranium-238, "naturel" mais absolument pas sous forme particulaire
La période de ce radio-élément que l'on retrouve abondamment à l'état naturel est de 4.5 Milliards d'années ; même s'il est relativement peu radio-actif (5) sa concentration dans les réacteurs nucléaires en fait une menace non négligeable en cas d'accident grave. L'Uranium-238 n'est pas soluble dans l'eau, c'est un émetteur Alpha quasiment pur, son élimination est d'autre part très lente une fois qu'il a réussi à pénétrer dans l'organisme. Les 300 tonnes plus ou moins dispersées par les explosions d'hydrogène de Fukushima-Daiichi représentent donc une activité totale "Alpha" d'environ 300*(1.2*10^10) = 3.6*10^12 Bq.
1 g de combustible de réacteur (UO2) "déconcentré" sous forme particulaire par l'explosion et "re-concentré" par exemple par la pluie (ou la neige) au niveau d'un égout présentera un débit de dose équivalente au contact (pour simplifier), d'environ 80 µSv/h. Si une dose infime de 1 mg d'Uranium-238 est introduite dans le corps, par exemple par la respiration (6), elle induira un débit de dose interne de 0.84 mSv/an, soit l'équivalent de 84% de la dose limite "externe" pour le public (7). Si l'on ajoute l'activité de ses descendants encore plus "mordants", l'Uranium-238 est environ 100 fois plus radiotoxique que le césium-137 !
Au fait, que font les autorités ?
A priori, rien. Nous avons déjà vu que les autorités locales sont dépassées par les événements et que les gouverneurs et les autorités nationales font semblant de regarder ailleurs. Le danger est assez concentré au niveau des hotspots mais il n'en existe pas moins ; le conseiller Oyama indique d'ailleurs que le point repéré près du pont se trouve sur le chemin emprunté de manière habituelle par des écoliers. Le problème semble insoluble : si décontamination il y a, elle se fera probablement "à la Japonaise", c'est à dire qu'on enverra la "substance noire" un peu plus loin, dans le fossé voire la rivière ou l'océan... Autant fixer les poussières au sol et interdire la zone... pour quelques milliards d'années dans le cas de l'Uranium-238.
Et si ce point chaud se situait non à 10.000 km de la France mais sur le chemin qu'empruntent vos enfants pour se rendre à l'école, que feriez-vous ? Leur demanderiez-vous de faire un "petit" détour durant cette période insignifiante ou iriez-vous, par précaution, vous installer ailleurs ? Ne nous y trompons pas, Fukushima peut se reproduire un peu n'importe où, un peu n'importe quand, celui qui tiendra un discours contraire sera un vil démagogue ou aura une centrale "sûre" à vendre, ce qui est encore pire.
blog fukushima-report, anglais
Uranium Decay Series, wise-uranium
Les énigmes du combustible de Fukushima, blog de fukushima, 7/10/11
Evaluation de l'exposition aux poussières d'Uranium, CRIIRAD
Situation radiologique des anciens sites miniers du Lodévois, CRIIRAD, 2004
Depleted Uranium & Gulf war veterans, Bertell, 1999
Evaluation de la radiotoxicité de déchets nucléaires, Boyer, 2006
(1) Inspector Alert équipé d'un tube G/M Pancake de 2 pouces, le même détecteur que celui qui affiche l'activité dans le bandeau droit de ce site ; ce type de capteur détecte les rayons Alpha, Bêta et Gamma avec une bonne sensibilité
(2) A noter toutefois que l'appareil est protégé des radiations résiduelles par un sachet en PEBD d'une épaisseur d'environ 100 µ, ce qui pourrait suffire à bloquer une partie des Alpha ?
(3)Éléments "lourds" ou de masse atomique > 200
(4) Actinides : plus lourd que l'élément Actinium (masse atomique : 227) ; les actinides dits "majeurs" sont l'Uranium et le Plutonium
(5) 1g d'Uranium-238 dégage une activité d'environ 12 KBq ou encore 0.32 µCi
(6) L'U-238 étant insoluble, il est à priori plus difficile de l'ingérer dans la boisson ou l'alimentation
(7) Irradiation externe : 1 mSv/an ; Contamination : pas de limite spécifique
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à propos, il y a cette carte de Global Dirt, qui référence quelques échantillons pris par leurs équipes :
http://www.globaldirt.org/map/index.html
(j'espère que je n'ai pas eu le lien depuis gen4, j'aurai l'air fin...)
Peu de mesure, et localisées dans le panache de contamination proche de la centrale, mais ils y trouvent du Plutonium et des isotopes d'Uranium à plusieurs endroits très localisés.
Les données sont sans échelles, on peut supposer que ce sont des becquerels ou un multiple...
Je ne sais quasiment rien du groupe Global Dirt. Leur déclaration d'intention semble valable, mais je n'ai pas cherché plus loin.
Rédigé par : zenote | 19/03/2012 à 22:53