Depuis environ 48h, des informations "non-confirmées" font état d'une nouvelle explosion survenue récemment au niveau de l'unité n°.4 de la centrale accidentée de Fukushima-Daiichi. Or, avec l'expérience et le recul de 9 mois sur la communication gouvernementale et celle de l'opérateur Tepco, nous avons appris à estimer l'évaluation de cette dernière. D'une manière générale, la consigne des autorités semble actuellement - après la déclaration d'arrêt à froid du 16/12 - être : silence radio sur ce qui n'est pas important, dénégation et démenti systématique - au moins dans un premier temps - sur les informations plus critiques comme une évolution importante touchant l'état des bâtiments accidentés.
Les premières rumeurs d'explosion récentes sont apparues hier sur les blogs d'information alternative habituels :
ex-skf titrait ainsi : "Nouvelle rumeur infondée ?" : d'après un député LDP, une nouvelle explosion aurait eu lieu le 9 janvier
fukushima-diary affichait : Nouvelle urgente : une explosion d'hydrogène pourrait s'être produite le 9/1/2012
Les séismes "différents" du 9 janvier et des jours suivants
Pourquoi la date du 9 janvier ? Il s'agit du jour où de petits séismes ont été relatés par des habitants de Fukushima comme "différents" ; l'un d'entre eux commentait par exemple : "dormant à l'étage supérieur d'un lit superposé, j'ai ressenti l'impression qu'on me soulevait brusquement depuis l'étage du bas". Le séisme du 9/1 semble avoir ainsi été ressenti comme une poussée nettement verticale plutôt que les secousses latérales habituelles ressenties lors de séismes. Les Japonais ont suffisamment l'habitude des secousses telluriques pour avoir appris à les estimer convenablement.
La source politique des informations
Katayama Satsuki, 42 ans, a été députée (Representative) du LDP, le Parti Démocratique Libéral Japonais, parti conservateur d'orientation centre-droit ayant gouverné le Japon durant 55 ans, de 1955 à 2009. Le mandat de Mme Satsuki s'est achevé avec sa défaite aux élections législatives de 2009 ayant vu la victoire historique du PDJ, le Parti Démocrate du Japon.
Mme Satsuki a donc évoqué le 13 janvier sur son blog (Japonais) de "nouvelles rumeurs d'explosion nucléaire" [à Fukushima-Daiichi] de la manière suivante :
"Un ancien adjoint au maire de Minami-Soma [village situé à 20 km de la centrale] m'a informé qu'une explosion se serait produite le 9 janvier, probablement au niveau du réacteur n°. 4, et que le gouvernement aurait caché cet incident."
Mme Satsuki a évidemment tout intérêt à tenter d'exploiter politiquement le moindre nouveau petit incident sur le site mais d'un autre côté, ce manque de réaction de la part du gouvernement est assez troublant.
Le ballet d'hélicoptères et d'ambulances
Nous avions évoqué récemment un déploiement important de véhicules de secours dans un secteur proche de la centrale mais de nombreux témoins signalent également des navettes fréquentes de flottes d'hélicoptères militaires à Yokohama, au Sud de Tokyo. Ces derniers ont peut-être un rapport avec le récent rapport gouvernemental sur les dangers que représenterait une nouvelle explosion d'hydrogène dans un bâtiment réacteur ou pire encore, un effondrement de piscine de désactivation.
Les évolutions récentes sur l'apparence du bâtiment n°. 4
Des travaux importants, très visibles sur la caméra TBS/JNN, sont actuellement menés au niveau de la structure du bâtiment réacteur n°. 4. Un espace beaucoup plus sombre a été remarqué depuis le 10/1 au niveau du 4ème étage du mur Sud, très endommagé par les explosions des 14 et 15 mars. L'emplacement de cette ouverture semble se trouver approximativement vers le milieu de la partie Sud des étages techniques du bâtiment.
Table de vérité des informations disponibles
Pour :
- "Sens" de la secousse
- Info "de terrain" relayée par l'ex-députée
- Travaux importants réalisés récemment (pourquoi l'unité n°. 4 au lieu de poursuivre la couverture de l'unité N°. 2 comme prévu ?)
- Quelques témoignages twittter habituels émanant de "travailleurs"
Contre :
- Très peu d'éléments objectifs, y compris les vues webcam
- Conflit d’intérêt politique évident sur la source principale
- Des travailleurs aussitôt après un problème très récent ? Peu crédible, Fukushima n'est pas Tchernobyl !
"Les séismes "différents" du 9 janvier et des jours suivants
Pourquoi la date du 9 janvier ? Il s'agit du jour où de petits séismes ont été relatés par des habitants de Fukushima comme "différents" ; l'un d'entre eux commentait par exemple : "dormant à l'étage supérieur d'un lit superposé, j'ai ressenti l'impression qu'on me soulevait brusquement depuis l'étage du bas". Le séisme du 9/1 semble avoir ainsi été ressenti comme une poussée nettement verticale plutôt que les secousses latérales habituelles ressenties lors de séismes. Les Japonais ont suffisamment l'habitude des secousses telluriques pour avoir appris à les estimer convenablement."
dans ce commentaire, vous mettez le doute sur l'origine de ce seisme. Alors que les instituts mondiaux de surveillance sismique l'ont cartographié comme un seisme dont l'origine se situe à 34 km de profondeur ! il n'y a donc rien a voir avec des explosions de surface. !
"
Rédigé par : marc | 15/01/2012 à 09:52
Ah, c'est bien un raisonnement typiquement occidental ça : baser un jugement expéditif à 10.000 km des faits sur une maigre liste de paramètres "objectifs" : magnitude, épicentre, profondeur ! Quant à moi, si plusieurs témoins Japonais différents décrivent ces séismes comme "explosifs" cela me suffit grandement. Ils sont sur place, pas nous ; ils ont l'habitude des tremblements de terre, pas nous ; ils font confiance à leurs sens, leur instinct et leur connaissance ancestrale de la nature. Le jour où les aiguilles et les détecteurs ne fonctionneront plus, qui sera le plus malin ?
Cordialement,
Trifou
Rédigé par : trifouillax | 15/01/2012 à 10:21