Vous ne pouvez l'ignorer si vous suivez un tant soit peu les canaux d'information alternative sur la catastrophe de Fukushima : Tepco vient d'avouer, 264 jours après les faits, que les coriums ont non seulement transpercé les cuves principales des ex-réacteurs (RPV) mais au lieu de s'épandre bien sagement sur le piédestal et de s'y cantonner magiquement (c'était la dernière version encore en vigueur sur Wiki Français au 02/12) ils auraient bel et bien attaqué le béton pour s'y nicher à une profondeur estimée à quelques dizaines de centimètres par l'opérateur.
Passons en revue les différentes versions proposées par les Japonais :
1) Version initiale : le combustible n'a fondu que partiellement et il s'est maintenu dans le fond de la cuve réacteur (RPV) car le refroidissement a repris à temps (scénario de Melt-Down ou Three Mile Island)
2) Version du 12 mai : une petite partie du combustible a traversé la cuve RPV par une trou minuscule (scénario de Melt-Trough)
3) Révision des quantités de combustible endommagé avec 100% en hypothèse haute
4) Le corium s'est posé sur le piédestal pour se refroidir instantanément sur sa surface <sic !>
5) Version du 30/11 : le corium a attaqué le radier jusqu'à une profondeur de quelques dizaines de centimètres (scénario de Melt-Out, totalement inédit)
Votre serviteur écrivait dans son billet du 15 octobre, quand Tepco commençait à évoquer publiquement l'Interaction Corium Béton :
Si les autorités Japonaises suivent leur schéma habituel : déni - minimisation - correction - nous devrions bientôt avoir des nouvelles un peu plus précises de ce corium égaré.
En fait, la communication des japonais est tellement linéaire que cela en deviendrait lassant : à mi-chemin entre enfumage, révélations homéopathiques et désinformation "pour le bien des populations". La vérité, c'est le mensonge, n'est-ce-pas ?
Passons en revue les différentes versions proposées par les Japonais :
1) Version initiale : le combustible n'a fondu que partiellement et il s'est maintenu dans le fond de la cuve réacteur (RPV) car le refroidissement a repris à temps (scénario de Melt-Down ou Three Mile Island)
2) Version du 12 mai : une petite partie du combustible a traversé la cuve RPV par une trou minuscule (scénario de Melt-Trough)
3) Révision des quantités de combustible endommagé avec 100% en hypothèse haute
4) Le corium s'est posé sur le piédestal pour se refroidir instantanément sur sa surface <sic !>
5) Version du 30/11 : le corium a attaqué le radier jusqu'à une profondeur de quelques dizaines de centimètres (scénario de Melt-Out, totalement inédit)
Votre serviteur écrivait dans son billet du 15 octobre, quand Tepco commençait à évoquer publiquement l'Interaction Corium Béton :
Si les autorités Japonaises suivent leur schéma habituel : déni - minimisation - correction - nous devrions bientôt avoir des nouvelles un peu plus précises de ce corium égaré.
En fait, la communication des japonais est tellement linéaire que cela en deviendrait lassant : à mi-chemin entre enfumage, révélations homéopathiques et désinformation "pour le bien des populations". La vérité, c'est le mensonge, n'est-ce-pas ?
A gen4, nous n'avons pas peur du danger aussi nous sommes prêts à parier que le bon mètre de radier dont Tepco nous dit aujourd’hui qu'il reste le dernier rempart avant que le corium ne soit complètement "dans la nature", donc hors-confinement va fondre comme combustible au réacteur. Il y a déjà eu une seconde version des "37 cm" qui ne sont en fait pas 37 cm sous la surface du piédestal mais bien 37 cm sous la base du piédestal qui fait déjà 65 cm d'épaisseur ; d'où 65 cm perdus en quelques jours...
Quelques experts ont déjà souligné que le corium pourrait en fait être descendu bien plus bas dans le radier, environ 2 m, ouille, ça ne laisse plus beaucoup de marge ça...
Au fait, pourquoi les Japonais mégotent-ils sur ces quelques centimètres de béton ? A vrai dire, ce mètre de béton sépare tout bonnement un accident présentant encore une faible probabilité d'être réversible (refroidissement final et récupération du combustible même dans un délai très long) d'un accident complètement irréversible car le corium, concentré de saletés radioactives, quitterait le confinement ultime pour pénétrer la biosphère. Ce serait, c'est la pire catastrophe de l'industrie nucléaire civile. Celle que les Russes ont évité en sacrifiant en mai 1986 plusieurs centaines de liquidateurs qui ont percé en 15 jours un tunnel de 150 m de long donnant sous le combustible fondu afin d'éviter qu'il n'entre en contact avec une nappe phréatique et pour étudier l'installation un système de refroidissement évolué.
Il faut souligner également que le radier (béton) placé sous les réacteurs de Fukushima serait moins épais que celui utilisé sur des équipements similaires : aux États-Unis par exemple, le radier placé sous les réacteurs Général Electric Mark1 est estimé à environ 7m alors que les réacteurs fabriqués au Japon sous licence auraient vu une partie de leur radier évidée (protection parasismique ?). Eh oui, le béton, ça coûte !
Rappelons que le problème majeur des coriums de Fukushima réside dans le fait qu'ils n'ont pas été fragmentés par des explosions qui n'ont endommagé - a priori - que les confinements. A Tchernobyl, les robots vivants ont évacué le plus gros du combustible fragmenté et éparpillé en surface à la main. A Fukushima, rien de tel : les coriums sont des masses compactes, très denses, très concentrées qui conservent, même plusieurs mois / années après leur formation, de l'énergie sous le pied.
Ces informations, bon nombre d'experts les connaissaient depuis longtemps. Les Japonais le savaient eux-mêmes depuis longtemps, peut-être depuis le 12 mars. Au-delà des faits, il y a l'habillage, la manière dont les autorités vont procéder pour finalement annoncer que le combustible est irrécupérable, même après 10 ans, même après 30 ans. Un certain nombres d'étapes intermédiaires seront encore nécessaires mais de nombreux observateurs impartiaux ont compris depuis longtemps que moins les Japonais évoquaient le corium, plus il fallait s'attendre au pire.
Un seul point positif peut être trouvé à cette affaire : la gestion de la communication de cette crise ouvrira de toute façon la voie à la transformation finale de l'industrie nucléaire : soit elle disparaîtra sous une réprobation unanime, y compris celle de scientifiques trompés par des informations fragmentaires, tardives ou inexactes - je pense à certains blogs ou forums de "spécialistes" comme Physics Forum sur lequel un grand silence plane sur le fil technique de Fukushima depuis le 30 novembre - soit elle s'adaptera en dernier ressort en adoptant une communication et une gestion de sécurité rigoureuse et réellement transparente.
Je ne résiste pas en conclusion à l'envie de vous évoquer l'accroche du dernier papier électronique du Figaro économie sur Fukushima (02/12) :
Alors que d'autres médias français, un peu moins courageux, titraient sur la procrastination de Tepco ou autres maladies bizarres de cadres employés sur le chantier : honte à une telle médiocrité médiatique !
Quelques experts ont déjà souligné que le corium pourrait en fait être descendu bien plus bas dans le radier, environ 2 m, ouille, ça ne laisse plus beaucoup de marge ça...
Au fait, pourquoi les Japonais mégotent-ils sur ces quelques centimètres de béton ? A vrai dire, ce mètre de béton sépare tout bonnement un accident présentant encore une faible probabilité d'être réversible (refroidissement final et récupération du combustible même dans un délai très long) d'un accident complètement irréversible car le corium, concentré de saletés radioactives, quitterait le confinement ultime pour pénétrer la biosphère. Ce serait, c'est la pire catastrophe de l'industrie nucléaire civile. Celle que les Russes ont évité en sacrifiant en mai 1986 plusieurs centaines de liquidateurs qui ont percé en 15 jours un tunnel de 150 m de long donnant sous le combustible fondu afin d'éviter qu'il n'entre en contact avec une nappe phréatique et pour étudier l'installation un système de refroidissement évolué.
Il faut souligner également que le radier (béton) placé sous les réacteurs de Fukushima serait moins épais que celui utilisé sur des équipements similaires : aux États-Unis par exemple, le radier placé sous les réacteurs Général Electric Mark1 est estimé à environ 7m alors que les réacteurs fabriqués au Japon sous licence auraient vu une partie de leur radier évidée (protection parasismique ?). Eh oui, le béton, ça coûte !
Rappelons que le problème majeur des coriums de Fukushima réside dans le fait qu'ils n'ont pas été fragmentés par des explosions qui n'ont endommagé - a priori - que les confinements. A Tchernobyl, les robots vivants ont évacué le plus gros du combustible fragmenté et éparpillé en surface à la main. A Fukushima, rien de tel : les coriums sont des masses compactes, très denses, très concentrées qui conservent, même plusieurs mois / années après leur formation, de l'énergie sous le pied.
Ces informations, bon nombre d'experts les connaissaient depuis longtemps. Les Japonais le savaient eux-mêmes depuis longtemps, peut-être depuis le 12 mars. Au-delà des faits, il y a l'habillage, la manière dont les autorités vont procéder pour finalement annoncer que le combustible est irrécupérable, même après 10 ans, même après 30 ans. Un certain nombres d'étapes intermédiaires seront encore nécessaires mais de nombreux observateurs impartiaux ont compris depuis longtemps que moins les Japonais évoquaient le corium, plus il fallait s'attendre au pire.
Un seul point positif peut être trouvé à cette affaire : la gestion de la communication de cette crise ouvrira de toute façon la voie à la transformation finale de l'industrie nucléaire : soit elle disparaîtra sous une réprobation unanime, y compris celle de scientifiques trompés par des informations fragmentaires, tardives ou inexactes - je pense à certains blogs ou forums de "spécialistes" comme Physics Forum sur lequel un grand silence plane sur le fil technique de Fukushima depuis le 30 novembre - soit elle s'adaptera en dernier ressort en adoptant une communication et une gestion de sécurité rigoureuse et réellement transparente.
Je ne résiste pas en conclusion à l'envie de vous évoquer l'accroche du dernier papier électronique du Figaro économie sur Fukushima (02/12) :
C'est très bien vu de la part du Figaro, s'il n'y a plus de froid, la température ne peut qu'augmenter !
Alors que d'autres médias français, un peu moins courageux, titraient sur la procrastination de Tepco ou autres maladies bizarres de cadres employés sur le chantier : honte à une telle médiocrité médiatique !
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