Tatsuhiko Kodama est professeur et directeur du centre d'étude des radioisotopes à l'université de Tokyo. M. Kadama sait de quoi il parle quand il évoque la crise sanitaire qui secoue actuellement le Japon suite à la catastrophe de Fukushima-Daiichi.
Que faites-vous, que faites-vous ?
Très en colère au micro d'une réunion de la commission sanitaire se tenant le 27 juillet à la chambre des députés Japonaise, le Dr Kodama interpelle et sermonne les députés et le gouvernement Japonais :
“70 000 personnes errent depuis qu'elles ont été évacuées de leurs logements, que diable fait la diète [pour y remédier] ?”
"Le gouvernement doit retrousser ses manches et s'atteler à la tâche de la décontamination sinon le peuple Japonais ne croira plus un mot de ce qu'il pourra déclarer sur la sécurité [nucléaire].”
“ Je suis rempli de colère… La diète est coupable de négligence… Nous ne pouvons nous permettre de perdre une seule seconde supplémentaire…”
Vedette malgré lui sur Youtube
M. Kodama, dont la vidéo de l'intervention a été largement publiée et commentée sur internet, a ensuite refusé de répondre aux sollicitations des journalistes. Après tout, c'est compréhensible : M. Kodama a beaucoup de travail sur le terrain de la décontamination des zones évacuées…
Fukushima = Hiroshima + Nagasaki x 30
L'affirmation selon laquelle la catastrophe de Fukushima aurait dégagé une trentaine de fois la radioactivité engendrée à la suite des explosions atomiques de Hiroshima-Nagasaki et environ une vingtaine de fois plus de composés Transuraniens est également à mettre au crédit du Dr Kodama. Ces déclarations n'ont, à ma connaissance, jamais été retranscrites dans les mainstream ni la presse occidentale. Seul le média Panarabique AlJazeera reprend longuement les déclarations et les commentaires de M. Kodama et d'autres scientifiques dans son édition Internet du 18 courant.
La peste radioactive
La réaction du Dr Kodama et de quelques autres médecins et scientifiques est d'autant plus admirable qu'elle est isolée dans un état de déni de la réalité sanitaire actuelle au Japon suite à l'accident ; cette attitude se cristallise même parfois en réactions d'écart ou de rejet des évacués par les Japonais non concernés par la catastrophe.
Le précédent des célèbres Hibakusha, survivants d'Hiroshima-Nagasaki qui étaient et sont toujours considérés comme “dangereux” car susceptibles de contaminer d'autres individus à leur contact. La peste radioactive en quelque sorte !
Le grain de sel de gen4 sur les procédures de décontamination de la zone “rouge”
Le premier acte d'une éventuelle décontamination de territoires peut se résumer très simplement : isoler la zone de la source radioactive contaminante en “l'éteignant”, en l'isolant (sarcophage) ou en l'éloignant des territoires à décontaminer. Or, le site de Fukushima Daiichi continue à générer jour après jour des éléments radioactifs à un rythme peut-être un peu ralenti (ceci reste à vérifier car Tepco et le gouvernement Japonais n'ont jamais dit la vérité jusqu'ici et ont toujours avoué tardivement les chiffres réels) mais continu.
Il s'avère en pratique impossible de “souffler” à coup sûr le pétard nucléaire allumé avant d'avoir localisé et traité les coriums, ce qui pourra prendre au minimum une vingtaine d'années dans le meilleur des cas d'après les experts et seulement si le combustible fondu est accessible !
Quant à déplacer le site, même si parait-il certains experts y avaient songé lors de la phase initiale post-accidentelle, la solution de “balancer tout le fourbi dans la mer” n'est aujourd'hui simplement plus d'actualité. C'était peut-être techniquement possible et politiquement justifiable mais c'est trop tard.
Tant que ce principe élémentaire et logique de décontamination ne pourra pas être appliqué, il ne sera guère plausible, n'en déplaise au Dr Kodama, de réduire significativement la concentration des particules radioactives au sein des sols et des bâtiments afin de permettre une éventuelle réintégration des populations évacuées.
De même qu'on n'éliminera pas définitivement la poussière “stable” en passant une fois l'aspirateur dans un appartement, on ne nettoiera pas la poussière radioactive en une seule passe et avec une si “belle” source de poussières “instables” à proximité.
Et ce, même sans prendre en compte d'éventuelles complications induites par un combustible fondu à l'état et à la localisation toujours non documentés à ce jour. L'état du site accidenté ne le permet simplement pas. Pas “encore” et d'ailleurs peut-être “jamais”…
Les commentaires récents