Les médias mainstream, reprenant tous en coeur le discours officiel de Tepco : "Reprise en main du site" ont un peu "oublié" de commenter cette info valant pourtant son pesant de cacahuètes et qui date du 6 juin : Les 3 coeurs de Fukushima 1-3 auraient bien fondu à 100%.
L'annonce, très discrétement commentée, à été faite par la cellule de crise nucléaire Japonaise qui s'est peu de temps après (le 27 juin) transformée en "Ministère de la crise nucléaire".
CNN a rapporté l'information le 7 juin en expliquant notamment que l'opérateur Tepco répugne à utiliser les mots de "meltdown" et de "complete meldown" qui sont lourds de conséquence dans la suite de l'évaluation des implications sanitaires et du suivi de l'accident de Fukushima Daiichi.
Un "complete meltdown" implique que chacun des 3 coeurs endommagés a fondu intégralement, c'est donc le "pire du pire" cas de figure d'un accident nucléaire et triplement aggravé car touchant 3 unités de production simultanément.
Il est évidemment très difficile de penser qu'il ne puisse exister aucune différence dans le suivi post-accidentel d'accidents de fuison partielle et de fusion totale des coeurs. Ne serait-ce qu'au niveau de l'ordre de grandeur des doses de radioactivité dégagées par le combustible fondu. Les estimations fournies par les autorités dépendent bien évidemment de la quantité de radioéléments dégagés par la fusion des coeurs et ceux-ci dépendent tout aussi évidemment du taux de cette fusion.
Ainsi une fusion de 3 coeurs à 100% au lieu de 50% engendrera obligatoirement 2 fois plus de radioéléments disséminés d'une part vers l'atmosphère par le déconfinement et d'autre part vers les sous-sols voire le sous-sol du site par l'intermédiaire de l'eau plus ou moins habilement affectée au "refroidissement" ultérieur des ex-réacteurs.
Et bien évidemment, une quantité de ce fameux corium environ 2 fois plus importante. Ce n'est décidement pas une déclaration anodine et sa faible diffusion est très révélatrice... S'agirait-il d'une "erreur" de communication de la cellule de crise qui aurait ensuite été "reprise en main" par la désignation d'un Ministre / Superviseur ?
Bonjour Trifouillax , merci pour ces précieuses informations & mise à jour régulières.
L'une des questions que je me pose est le corium a t il entamé / fini sa progression dans le béton ? J'ai lu ici ou là (notamment ds le dossier sur le corium)que la vitesse de progression ds le beton pouvait atteindre les 1m/j , autant dire qu'à ce stade , il a dû largement traverser les radiers , non ?
Une des questions que je me pose aussi, c'est qu'est ce que l'on refroidit à ce stade pour ces réacteurs donc ?
Je ne suis qu'un lecteur curieux , aussi excusez mes questions peut être un peu crédules ..
Merci
Rédigé par : Goldy | 23/08/2011 à 13:53
Bonjour Goldy, n'hésitez pas à poser toute question, le domaine mérite vraiment que l'on s'y attarde et qu'on ne renvoie pas systématiquelent vers les spécialistes souvent débordés donc avares de commentaires et d'explications.
Je ne suis pas un spécialiste, juste un "curieux" qui a posé beaucoup de questions et obtenu une panoplie de réponses plus ou moins satisfaisantes, plus ou moins sincères, plus ou moins objectives que je redistribue ici en tentant de les synthétiser et de les rendre abordables.
Pour en revenir au sujet de votre question, le problème du corium est surtout qu'il ne devrait jamais exister ! Bien sûr, des équipes ont tenté de le modéliser par des moyens informatiques d'après le peu de données disponibles, d'autres on tenté des expérimentations - en France notamment - mais dans des conditions assez éloignées de la réalité "vraie" créée dans un réacteur en manque de refroidissement.
Donc, certaines études (USA) prévoyaient une vitesse de percement de cuve et de béton effarantes (1m / heure pour le béton). Ce n'est manifestement pas ce qui s'est produit à Fukushima. D'autres scientifiques (Français) évoquaient le chiffre de 1m / jour.
Ou en sommes-nous rééllement aujourd'hui ? Très honnêtement je n'en sais rien. Le corium a plus que certainement percé les 2 cuves de chaque réacteur avant de se déposer sur le béton du radier et ensuite ? Il semble très peu probable que Tepco ait pu "arroser" le combustible fondu à cet endroit donc il a probablement du "attaquer" le béton jusqu'à une certaine profondeur avant de perdre peu à peu son énergie et de ralentir sa progression.
A t-il atteint la roche sous le site ? Une nappe phréatique ? L'affleurement de la nappe maritime assez peu profonde en bord de mer ? S'est-il dispersé ou concentré ? Quelle est sa température ? J'ai autant de questions que vous et malheureusement, l'opérateur ne fournit aucune élément de réponse à ce jour, ce qui n'est généralement pas très bon signe !
Des rapports récents "officieux" de travailleurs sur le site font état de fêlures dans le sol desquelles sortiraient de la vapeur, sont-elles exactes ou inventées ? La découverte récente de points radioactifs extrêmement "chauds" laisse-t-il craindre une fragmentation du combustible fondu par les explosions d'hydrogène, comme à Tchernobyl, qui atténuerait un peu l'effet d'un corium "concentré" ?
Une chose est sûre : Si nous entendons parler du corium prochainement, ce sera très probablement pour une mauvaise nouvelle. Si l'on en reparle dans 20 ans, quand il sera possible de regarder le monstre dans les yeux, l'affaire sera peut-être moins grave que prévue. C'est la meilleure chose qui puisse arriver mais je crois sincèrement que les chances de "happy end" sont assez minces.
Rédigé par : Trifouillax | 24/08/2011 à 14:24