La situation des sous-sols de Fukushima-Daiichi (re)devient extrêmement préoccupante
(billet édité à 1930)
C'est le genre d'information qui fait froid dans le dos ! Tepco, ne contrôlant apparemment plus du tout la situation de l'eau contaminée stockée dans les sous-sols des bâtiments des unités 1-4 de Fukushima-Daiichi, réfléchirait à installer une douzaine de puits de pompage qui permettraient de puiser une partie de l'eau souterraine des nappes phréatiques pour la rejeter dans l'océan Pacifique, sans doute avant qu'elle ne pollue l'eau de ses égouts hautement radioactifs et prêts à déborder !
L'opérateur estime pouvoir ainsipomper se débarrasser d'environ 1000 tonnes par jour de cette manière et ainsi diminuer de moitié les débits d'eau rejetés dans les sous-sols autrement dit, d'après Tepco, la moitié des eaux emplissant les égouts des bâtiments proviendrait des nappes phréatiques. Quelque chose nous échappe dans cette communication : si les nappes phréatiques fuient vers les égouts des bâtiments, alors l'eau des sous-sols des bâtiments fuit forcément vers les nappes phréatiques, ce qui revient à dire que Tepco espère stocker son eau radioactive dans les nappes phréatiques, si ce n'est déjà fait ? On peut également estimer que l'opérateur entend se débarrasser à peu de frais d'une eau souterraine forcément plus ou moins contaminée par ses propres fuites.
A l'évidence, les informations communiquées par l'opérateur ces derniers jours sont profondément troublantes, que ce soit sur les problèmes de confinement ou sur le problème de "gestion" de l'eau contaminée. L'impression donnée par ces communications est plutôt celle d'une perte de contrôle que d'une reprise en main. Un opérateur en "mode panique" ?
Source : Kyodo News, 23/4 (le bulletin KN est exceptionnellement reproduit ci-dessous dans son intégralité pour référence).
(billet édité à 1930)
C'est le genre d'information qui fait froid dans le dos ! Tepco, ne contrôlant apparemment plus du tout la situation de l'eau contaminée stockée dans les sous-sols des bâtiments des unités 1-4 de Fukushima-Daiichi, réfléchirait à installer une douzaine de puits de pompage qui permettraient de puiser une partie de l'eau souterraine des nappes phréatiques pour la rejeter dans l'océan Pacifique, sans doute avant qu'elle ne pollue l'eau de ses égouts hautement radioactifs et prêts à déborder !
L'opérateur estime pouvoir ainsi
A l'évidence, les informations communiquées par l'opérateur ces derniers jours sont profondément troublantes, que ce soit sur les problèmes de confinement ou sur le problème de "gestion" de l'eau contaminée. L'impression donnée par ces communications est plutôt celle d'une perte de contrôle que d'une reprise en main. Un opérateur en "mode panique" ?
Source : Kyodo News, 23/4 (le bulletin KN est exceptionnellement reproduit ci-dessous dans son intégralité pour référence).
TEPCO seeks to reduce groundwater flowing into reactor buildings
TOKYO, April 23, Kyodo
The operator of the crisis-hit Fukushima Daiichi nuclear power plant said Monday it aims to halve the amount of groundwater flowing into the reactor buildings by building about a dozen pumping wells.
The groundwater currently gets mixed with highly radioactive water accumulating inside the reactor buildings and adjacent reactor turbine buildings, resulting in an increase in the total amount of contaminated water at the plant.
Tokyo Electric Power Co. thus wants to use the wells to direct part of the groundwater into the Pacific Ocean, likely to be about 1,000 tons per day, before all of the groundwater flows into the reactor buildings and elsewhere.
Bonsoir,
L'information est en effet extrêmement inquiétante.
Est-il possible que l'avancé du combustible dans les sous-sols puisse avoir atteint la nappe phréatique et que cette dernière remonte comme un puits artésien dans les bâtiments par la cheminée ainsi formée. Dans ce cas j'imagine que le débit doit être important et expliquerait les 40 m3/h.
Encore mille fois merci.
Amicalement Séb
Rédigé par : Sébastien | 23/04/2012 à 18:45
"groundwater" se dit en français "eau souterraine" ou "nappe phréatique". Kyodo ne dit rien sur la contamination de la nappe phréatique dont il s'agit. Comme ce pompage doit être effectué en amont des réacteurs, cette eau ne doit pas s'être encore mélangée à l'eau des réacteurs. Comme c'est une eau de pluie qui a traversé des sols contaminés, elle est probablement faiblement radioactive, mais est-ce beaucoup plus par rapport aux rivières de la région qui se forment aussi à partir d'eaux ayant ruisselé sur des sols contaminés ?
Rédigé par : Biwa | 23/04/2012 à 19:43
@ Biwa : humm... Si Tepco pompe loin du site l'eau contournera les pompages (qui des eaux de ruissellement sur la colline attenante ?) et s'il pompe trop près des bâtiments il soutirera forcément de l'eau hautement radioactive pour la rejeter dans l'océan. C'est une tactique qui prouve en tout cas que l'opérateur est aux abois et que les problèmes d'eau contaminée deviennent majeurs. Il ne pouvait en être autrement...
Rédigé par : trifouillax | 23/04/2012 à 19:58
@ Biwa : Où avez-vous relevé l'endroit ou les puits devaient être forés ? Avez-vous des informations complémentaires ?
Rédigé par : trifouillax | 23/04/2012 à 20:04
Je n'ai aucune information particulière, mais à mon humble avis il doit s'agir de cette eau qui est mesurée régulièrement et dont Tepco fournit régulièrement les résultats comme dans http://www.tepco.co.jp/en/nu/fukushima-np/f1/images/2012sampling/subsurface_120421-e.pdf . La proximité avec les réacteurs n'est pas tant le problème. Le problème est le niveau de l'eau. Tant que le niveau où vous pompez est plus haut que le niveau dans les sous-sols des réacteurs et des turbines, alors vous êtes en amont.
Rédigé par : Biwa | 23/04/2012 à 20:26
@ Biwa : Sauf si les nappes d'eau sont sous pression alors le niveau devient un paramètre secondaire, voir les puis "dits" artésiens. Et puis cette intention de vider les nappes phréatiques, on touche vraiment le fond...
Rédigé par : trifouillax | 23/04/2012 à 20:41
http://www.scoop.it/t/fukushima-informations/p/1653612285/kyodo-news-eng-trad-tepco-cherche-a-reduire-les-eaux-souterraines-circulant-dans-les-batiments-reacteurs
Rédigé par : S Servant | 23/04/2012 à 21:17
Il n'y a pas de risque de "vider" les nappes phréatiques. Nous ne sommes pas au Sahara. Et comme je disais auparavant, Tepco doit s'arrêter de pomper si le niveau devient trop bas, pour faire en sorte que le niveau de la nappe phréatique reste toujours plus haut que celui de l'eau dans les sous-sols des bâtiments, pour que l'écoulement s'effectue toujours dans le sens nappe phréatique vers sous-sols des bâtiment et non l'inverse. Le recours à des pompes pour assécher les bâtiments enterrés est une pratique courante. Voyez l'exemple des parcs souterrains de Lyon dans le document http://www.cfh-aih.fr/aihlyon2007/images/file/Actes_basse_def_tout.pdf . Le plan des différents puits du système de drainage de Fukushima se trouve en bas du document http://www.tepco.co.jp/en/nu/fukushima-np/roadmap/images/m120227_04-e.pdf
Rédigé par : Biwa | 23/04/2012 à 21:44
Je pense comme Biwa qu'il s'agit d'empêcher l'eau propre extérieure de couler dans les fonds du bâtiments au fur et à mesure qu'ils la pompent. Il pourrait aussi bien s'agir de faire de la place pour laisser l'eau contaminée des sous-sols couler vers la nappe phréatique, il n'y a pas de sens unique pour l'eau, la différence avec l'option précédente étant seulement le niveau visé, or avec la mer juste à côté il ne peuvent pas espérer descendre sensiblement dessous, à moins de vider la mer, mais ce n'est pas en rejetant l'eau pompée dedans qu'ils y arriveront.
Pour éviter de rejeter de l'eau pompée, certainement un peu contaminée, il suffirait de la mettre dans des piscines couvertes, le fond constitué de toile étanche, et de la traiter, ce sera d'autant plus facile qu'il n'y a pas grand chose à retirer.
Rédigé par : HP | 24/04/2012 à 02:06
@HP: Il y a un proverbe japonais qui dit "vider la mer avec un coquillage". Je pense qu'on va pouvoir en faire une version contemporaine !
Sinon, si je comprends bien, le vrai probleme encore une fois, vient du fait que les batiments sont trop bas...
Enfin sachez que l'hiver et le printemps jusqu'a maintenant ont ete plutot secs (a part le fameux gros orage du mois dernier). J'attends de voir la "saison des pluies"...
Rédigé par : JAnonymous | 24/04/2012 à 02:44
Bonjour à tous,
Sans information complémentaire sur la position des puits ainsi que la nature exacte de ce qui sera pompé, il est difficile de se faire une idée.
En revanche, je trouve très étrange que cette solution soit mise en place plus d'un an après. Forcément, un nouveau phénomène a du se produire.
Concernant l'idée d'attirer la nappe "propre" vers les bâtiments, cela me semble étonnant compte tenu du risque, justement de contaminer cette eau pour ensuite la redéposer dans la mer.
Quant à la pollution de la nappe, je pense qu'à ce jour elle ne doit plus être indemne pour deux raisons :
1 - Par gravitation direct, avec les nombreuses fuites des installations.
2 - La zone d'influence de cette nappe est-elle même contaminée.
Pour toutes ces « suppositions », je trouve beaucoup plus probable que TEPCO est aujourd’hui envahi par les eaux souterraines qui arrivent par de nouveaux chemins.
De plus, par vase communiquant, plus ils vont pomper, plus l’eau va arriver vite : c’est le principe du puits :).
J'espère que nous en saurons bintôt un peu plus.
Amicalement
Séb
Rédigé par : Sébastien | 24/04/2012 à 07:51
@ Biwa : merci pour le lien, le document est très intéressant.
@ Tous : merci pour vos commentaires, nous reviendrons dans le prochain billet sur ce sujet crucial. Rappelons que certains "journalistes scientifiques", peut-être un peu crédules, (ou ayant une raison professionnelle d'agir ainsi) avaient prédit que le problème de l'eau contaminée serait réglé fin 2011... Il ne semble pas près d'être réglé hélas, nous verrons pourquoi tout à l'heure.
Bonne journée
Trifou
Rédigé par : trifouillax | 24/04/2012 à 10:03
Les 14 nouveaux puits seront creusés à 80 ou 200 m à l'ouest des bâtiments depuis 35 m d'altitude (en haut de la colline). Donc ce n'est pas directement au pied des bâtiments qu'ils vont faire cela. Source : http://www.yomiuri.co.jp/science/news/20120423-OYT1T01214.htm?from=main7
Rédigé par : Biwa | 24/04/2012 à 10:21
Qu'est-ce que c'est rassurant de voir que cela n'arrive pas chez nous.
Ouf.
On en oublierait qu'il y a 58 réacteurs nucléaires en activité en France !
Rédigé par : Frédéric Boutet | 24/04/2012 à 13:49