Quelques médias - exclusivement d'origine Japonaise - reviennent sur le projet de drainage que l'opérateur espère finaliser à l'automne 2012 : diminuer par 2 environ les quantités d'eau qui s'infiltrent dans les égouts des bâtiments-réacteur et turbine de Fukushima-Daiichi 1-4. En effet, d'après l’opérateur :
- 50% des rejets proviendraient de l'eau injectée dans les réacteurs n°. 1 à 3 et qui s'écoulent quasiment intégralement dans les sous-sols des bâtiments
- Les autres 50% proviendraient - toujours d'après Tepco - de "remontées" de nappes phréatiques souterraines
D'après le mainichi de ce jour, l'opérateur souhaiterait ainsi soulager d'environ 1000 tonnes par jour le remplissage des sous-sols en eau contaminée et indique qu'il contrôlera la radioactivité de l'eau avant de la rejeter directement dans l'océan Pacifique. La phase de travaux pourrait démarrer à l'été et l'installation devrait être opérationnelle à l'automne 2012. La fin de la brève indique également qu'une commission d'enquête gouvernementale a entendu lundi l'ex-premier ministre Naoto Kan exposer son point de vue sur la situation, sans autres détails.
Le yoimuri d'hier (japonais, merci à Biwa pour le lien) donne de son côté quelques détails intéressants comme le fait que 14 puits de 32 mètres de profondeur et de 30 cm de diamètre devraient être forés à une distance comprise entre 80m et 300m à l'ouest des bâtiments n°. 1 à 4. Le volume d'eau provenant des nappes phréatiques et se mélangeant à l'eau des égouts des unités de production serait estimé entre 200 et 400 tonnes par jour. Une estimation d'environ 100.000 tonnes d'eau contaminée serait stockée dans ces sous-sols. (1)
Le niveau de l'eau constaté dans les sous-sols des bâtiments 1 à 4 est d'environ op +3m ce qui revient à dire qu'il y a un peu plus de 3m d'eau dans les bâtiments par rapport au niveau moyen de la nappe océanique.
Dans un sol assez perméable, la nappe maritime tend parfois à se "prolonger" à l'intérieur des terres
Ce phénomène de perméabilité des sols côtiers est appelé "invasion marine" des aquifères côtiers : les nappes phréatiques côtières (eau douce) se réduisent alors souvent à leur plus simple expression car le volume de la mer toute proche tend à les "polluer", à supposer qu'elles existent. Au niveau de la côte de Futaba, après le nivellement, le sol de surface se compose de mudrock ou argilite, une roche relativement récente (tertiaire récent) dite aussi "boueuse" car composée principalement de sable et d'argile.
Il existe en fait plusieurs hypothèses géologiques : la première, que nous privilégions, est celle d'une perméabilité élevée des sols qui favorise l'insertion de l'invasion marine, les nappes d'eau étant alors essentiellement salées ; la deuxième envisage des sols aussi perméables mais la prépondérance de nappes d'eau douce provenant des ruissellements des collines toutes proches (4) et la troisième qui estime que les sols de la zone sont relativement peu perméables (5). Cette dernière hypothèse semble désormais peu plausible, l'opérateur se débattant manifestement avec d'énormes problèmes d'insertion de nappes phréatiques dans les sous-sols des bâtiments de Fukushima-Daiichi. Si les sols étaient plus étanches, le problème ne se manifesterait à l’évidence pas de manière aussi criante !
Dans un cas comme dans l'autre, les volumes d'eau à pomper sont considérables et... probablement radioactifs
Si l'eau pompée des nappes côtières est essentiellement douce, son volume n'en reste pas moins très élevé, du fait du bon drainage du sol par les collines qui environnent le site. Si les nappes d'eau sont plutôt "salées", alors l'opérateur sera confronté à un énorme problème : tenter de faire baisser le niveau de l'océan Pacifique !
En ce qui concerne la radioactivité, l'opérateur a assuré qu'il contrôlerait le niveau de contamination de l'eau pompée avant de la relâcher - éventuellement - dans l'océan Pacifique, dont acte. Nous ferons toutefois remarquer que si la situation devient vraiment critique, entre choisir de vider les nappes phréatiques probablement légèrement contaminées ou risquer un débordement de l'eau hautement contaminée des sous-sols directement dans l'océan qui n'est qu'à quelques mètres, l'opérateur n'aura plus vraiment le choix...
(1) La quantité réelle serait plutôt aux environs de 120.000 tonnes et s’accroîtrait actuellement au rythme de 13.000 tonnes par mois
(2) Parties supérieures des couches sédimentaires : terre (environ 7m) et sable (25m)
(3) Nous sommes toujours persuadés que le plus gros du combustible n'est plus en contact depuis longtemps avec cette eau injectée
(4) Le drainage étant d'autant plus efficace que la pente vers le rivage est élevée
(5) Hypothèse défendue par le géologue Allemand A. Küppers, voir le lien de P. Fetet ci-dessous
Sources :
La géologie à Fuksuhima-Daiichi, blog de fukushima, 31/8/11
- 50% des rejets proviendraient de l'eau injectée dans les réacteurs n°. 1 à 3 et qui s'écoulent quasiment intégralement dans les sous-sols des bâtiments
- Les autres 50% proviendraient - toujours d'après Tepco - de "remontées" de nappes phréatiques souterraines
D'après le mainichi de ce jour, l'opérateur souhaiterait ainsi soulager d'environ 1000 tonnes par jour le remplissage des sous-sols en eau contaminée et indique qu'il contrôlera la radioactivité de l'eau avant de la rejeter directement dans l'océan Pacifique. La phase de travaux pourrait démarrer à l'été et l'installation devrait être opérationnelle à l'automne 2012. La fin de la brève indique également qu'une commission d'enquête gouvernementale a entendu lundi l'ex-premier ministre Naoto Kan exposer son point de vue sur la situation, sans autres détails.
Le yoimuri d'hier (japonais, merci à Biwa pour le lien) donne de son côté quelques détails intéressants comme le fait que 14 puits de 32 mètres de profondeur et de 30 cm de diamètre devraient être forés à une distance comprise entre 80m et 300m à l'ouest des bâtiments n°. 1 à 4. Le volume d'eau provenant des nappes phréatiques et se mélangeant à l'eau des égouts des unités de production serait estimé entre 200 et 400 tonnes par jour. Une estimation d'environ 100.000 tonnes d'eau contaminée serait stockée dans ces sous-sols. (1)
La situation spécifique de la nappe phréatique en bord de fosse maritime
Notre ami Pierre Fetet a publié au mois d’août 2011 un excellent dossier sur la géologie de la zone côtière de Futaba. On y apprend qu'à l'occasion d'un carottage effectué récemment au niveau de la centrale de Fukushima-Daini, 10 km plus au Sud, les géologues ont révélé une couche sédimentaire profonde d'environ 800m. Lors de la construction de la centrale n°. 1 (Daiichi), une étude géologique indiquait que la colline initiale avait été rabotée d'une quarantaine de mètres (2) pour installer le radier des unités n°. 1 à 4 ; les unités 5 et 6, installées plus tard, étant quant à elles installées sur la colline "brute". On notera donc que le niveau inférieur (1F) des bâtiments-réacteur n°. 1 à 4 se prolonge quelques mètres sous le niveau de la mer (OP).
Notre ami Pierre Fetet a publié au mois d’août 2011 un excellent dossier sur la géologie de la zone côtière de Futaba. On y apprend qu'à l'occasion d'un carottage effectué récemment au niveau de la centrale de Fukushima-Daini, 10 km plus au Sud, les géologues ont révélé une couche sédimentaire profonde d'environ 800m. Lors de la construction de la centrale n°. 1 (Daiichi), une étude géologique indiquait que la colline initiale avait été rabotée d'une quarantaine de mètres (2) pour installer le radier des unités n°. 1 à 4 ; les unités 5 et 6, installées plus tard, étant quant à elles installées sur la colline "brute". On notera donc que le niveau inférieur (1F) des bâtiments-réacteur n°. 1 à 4 se prolonge quelques mètres sous le niveau de la mer (OP).
Sachant que l'opérateur injecte de 150 à 200 tonnes d'eau par réacteur, ce résultat est logique : sachant qu'une partie de l'eau s'écoule des bâtiments vers les sous-sols, l'opérateur veille juste à ne pas trop ouvrir le robinet sous peine de débordement par ruissellement vers l'océan tout en l'ouvrant suffisamment pour que la situation thermique au niveau des ex-réacteurs et ex-confinements donne l'impression d'être maîtrisée. (3)
Ce phénomène de perméabilité des sols côtiers est appelé "invasion marine" des aquifères côtiers : les nappes phréatiques côtières (eau douce) se réduisent alors souvent à leur plus simple expression car le volume de la mer toute proche tend à les "polluer", à supposer qu'elles existent. Au niveau de la côte de Futaba, après le nivellement, le sol de surface se compose de mudrock ou argilite, une roche relativement récente (tertiaire récent) dite aussi "boueuse" car composée principalement de sable et d'argile.
Il existe en fait plusieurs hypothèses géologiques : la première, que nous privilégions, est celle d'une perméabilité élevée des sols qui favorise l'insertion de l'invasion marine, les nappes d'eau étant alors essentiellement salées ; la deuxième envisage des sols aussi perméables mais la prépondérance de nappes d'eau douce provenant des ruissellements des collines toutes proches (4) et la troisième qui estime que les sols de la zone sont relativement peu perméables (5). Cette dernière hypothèse semble désormais peu plausible, l'opérateur se débattant manifestement avec d'énormes problèmes d'insertion de nappes phréatiques dans les sous-sols des bâtiments de Fukushima-Daiichi. Si les sols étaient plus étanches, le problème ne se manifesterait à l’évidence pas de manière aussi criante !
Dans un cas comme dans l'autre, les volumes d'eau à pomper sont considérables et... probablement radioactifs
Si l'eau pompée des nappes côtières est essentiellement douce, son volume n'en reste pas moins très élevé, du fait du bon drainage du sol par les collines qui environnent le site. Si les nappes d'eau sont plutôt "salées", alors l'opérateur sera confronté à un énorme problème : tenter de faire baisser le niveau de l'océan Pacifique !
En ce qui concerne la radioactivité, l'opérateur a assuré qu'il contrôlerait le niveau de contamination de l'eau pompée avant de la relâcher - éventuellement - dans l'océan Pacifique, dont acte. Nous ferons toutefois remarquer que si la situation devient vraiment critique, entre choisir de vider les nappes phréatiques probablement légèrement contaminées ou risquer un débordement de l'eau hautement contaminée des sous-sols directement dans l'océan qui n'est qu'à quelques mètres, l'opérateur n'aura plus vraiment le choix...
(1) La quantité réelle serait plutôt aux environs de 120.000 tonnes et s’accroîtrait actuellement au rythme de 13.000 tonnes par mois
(2) Parties supérieures des couches sédimentaires : terre (environ 7m) et sable (25m)
(3) Nous sommes toujours persuadés que le plus gros du combustible n'est plus en contact depuis longtemps avec cette eau injectée
(4) Le drainage étant d'autant plus efficace que la pente vers le rivage est élevée
(5) Hypothèse défendue par le géologue Allemand A. Küppers, voir le lien de P. Fetet ci-dessous
Sources :
La géologie à Fuksuhima-Daiichi, blog de fukushima, 31/8/11
si la transmissivité le permet (est assez faible pour cela) il est alors possible de pomper en amont et de rejeter en aval : on fait une déplétion dans la nappe. Il faut penser en dynamique.
Ça peut même marcher côté mer.
Si la transmissivité des terrains en cause est trop grande, alors effectivement il faudra beaucoup de débit pour peu d'effet.
c'est pas idiot d'essayer : ça ne coûte que quelques forages
Rédigé par : Geologue | 24/04/2012 à 23:37
Pour ce qui est de la contamination de l'eau en sous-sol, elle est certaine et etablie. Tepco lui-meme le dit, et c'est pour un puits qui se trouve a l'ouest sur les hauteurs. Ca semble etre le meme genre de puits qu'ils se preparent a forer.
http://ex-skf.blogspot.jp/2012/04/fukushima-i-nuke-plant-tritium-detected.html
et
http://fukushima-diary.com/2012/04/tritium-spreads-underground-of-fukushima-plant
et voir aussi les references dans ces anciens articles
Rédigé par : JAnonymous | 25/04/2012 à 02:28
En France, à Civaux, le niveau "habituel" de tritium dans les eaux souterraines est de 8 Bq/l d'après http://www.actu-environnement.com/ae/news/nucleaire-centrale-Civaux-rejets-tritium-mise-en-demeure-EDF-ASN-14786.php4
Rédigé par : Biwa | 25/04/2012 à 13:30
La concentration du tritium naturel dans l'eau est évaluée entre 0.2 et 1.4 Bq/l au Canada d'après http://nuclearsafety.gc.ca/eng/readingroom/tritium/tritium_drinking_water_aug_2009.cfm
Rédigé par : Biwa | 25/04/2012 à 13:39
Le rapport suivant de Greenpeace cite l'article "King KG et al (1998) Tritium in the Great Lakes in 1997, AECL Report RC-1981" qui mesurait une concentration de 2 Bq/l en tritium dans le Lac Supérieur, 3 Bq/l dans le lac Michgan, et 7 Bq/l dans le lac Ontario au Canada en 1997 : http://www.greenpeace.org/canada/Global/canada/report/2007/6/tritium-hazard-report-pollu.pdf page 20.
Rédigé par : Biwa | 25/04/2012 à 14:00