Un communiqué de presse Tepco pour le moins surprenant
Tepco a signalé le 2 mars avoir terminé les travaux d’enlèvement de débris radioactifs dans la piscine de l'unité n°. 3 de Fukushima-Daiichi afin de préparer la mise en place d'une système de désalinisation de l'eau. Le communiqué précise qu'à la suite de cette opération, "la concentration de radio-césium [de l'eau de la SFP3] a été divisée environ par 100" [en réalité par environ 75].
La question qui nous brule les lèvres - et sûrement celles des certains lecteurs - est de savoir ce que l'opérateur a bien pu retirer comme "matériaux radioactifs" de la piscine et qui ait pu entrainer une telle baisse de la concentration de radio-césium dans l'eau ? Aucune précision n'est apportée dans le communiqué et nous savons désormais que quand l'opérateur ne donne pas de détails sur une opération réussie c'est uniquement parce qu'il n'a pas intérêt à en donner. Pour l’enlèvement réussi du pont roulant de l'unité 4, nous avons eu le droit à un beau dossier et des tas de photos. Ici, 3 paragraphes et zéro photo !
Il faut savoir qu'il n'existe aucun système de décontamination au niveau des piscines ; on peut juste supposer qu'a défaut de filtrer d'éventuels radioéléments en suspension dans l'eau - l'opération qui est effectuée avec un succès modéré au niveau des sous-sols - l'opérateur a ôté de la piscine des éléments très radioactifs comme par exemple des débris de combustible ? La seule explication que nous estimons comme satisfaisante est que si le combustible était intact il aurait pu, après déblaiement de la piscine, être "recasqué" à l'aide d'une grue à flèche pour être transporté en-dehors de la piscine et que s'il n'est pas intact, il ne peut être replacé en container "sec" et peut - doit - donc être retiré sans précautions particulières.
Nous ne pensons pas qu'il puisse s'agir de débris "ordinaires" comme les nombreuses poutrelles et gravats qui encombraient la piscine encore récemment et qui auraient débouché sur une baisse négligeable de la concentration de l'eau.
Les seuls éléments émettant des césiums et "solides" que nous pensons pouvoir être retirés d'une SFP, c'est du combustible... Nous trompons-nous ?
Une autre vue du niveau 5F de l'unité 1F3 capturée par un drone le 14 avril 2011
L'emplacement de l'ex-SFP est entouré en rouge. Ce ne sont pas les débris qui manquent...
Mais pourquoi présenteraient-ils une activité importante de radio-césium ?
Une autre vue prise par le drone T-Hawk le 14/4 sur laquelle on peut apercevoir une petite partie
de l'eau de la SFP3 à gauche ainsi qu'une masse de débris sur la partie droite de la piscine
Source : Communiqué de presse Tepco, 2 mars 2012, anglais
Crédit-photo : Tepco, cryptome.org
Tepco a signalé le 2 mars avoir terminé les travaux d’enlèvement de débris radioactifs dans la piscine de l'unité n°. 3 de Fukushima-Daiichi afin de préparer la mise en place d'une système de désalinisation de l'eau. Le communiqué précise qu'à la suite de cette opération, "la concentration de radio-césium [de l'eau de la SFP3] a été divisée environ par 100" [en réalité par environ 75].
La question qui nous brule les lèvres - et sûrement celles des certains lecteurs - est de savoir ce que l'opérateur a bien pu retirer comme "matériaux radioactifs" de la piscine et qui ait pu entrainer une telle baisse de la concentration de radio-césium dans l'eau ? Aucune précision n'est apportée dans le communiqué et nous savons désormais que quand l'opérateur ne donne pas de détails sur une opération réussie c'est uniquement parce qu'il n'a pas intérêt à en donner. Pour l’enlèvement réussi du pont roulant de l'unité 4, nous avons eu le droit à un beau dossier et des tas de photos. Ici, 3 paragraphes et zéro photo !
Nous ne pensons pas qu'il puisse s'agir de débris "ordinaires" comme les nombreuses poutrelles et gravats qui encombraient la piscine encore récemment et qui auraient débouché sur une baisse négligeable de la concentration de l'eau.
Les seuls éléments émettant des césiums et "solides" que nous pensons pouvoir être retirés d'une SFP, c'est du combustible... Nous trompons-nous ?
Une autre vue du niveau 5F de l'unité 1F3 capturée par un drone le 14 avril 2011
L'emplacement de l'ex-SFP est entouré en rouge. Ce ne sont pas les débris qui manquent...
Mais pourquoi présenteraient-ils une activité importante de radio-césium ?
Une autre vue prise par le drone T-Hawk le 14/4 sur laquelle on peut apercevoir une petite partie
de l'eau de la SFP3 à gauche ainsi qu'une masse de débris sur la partie droite de la piscine
EDIT du 22/3/12 : Grâce à la perspicacité de l'un de nos lecteurs attentifs (merci à Biwa), nous avons appris que Tepco aurait installé depuis le 14/1/12 une "tour à Césium" au niveau de la piscine n°. 3, ce qui expliquerait bien la diminution notable des Césiums (1) sans toutefois éclaircir le sort des autres radionucléides à durée de vie moyenne / longue présents dans les bassins de désactivation.
< Cliquer sur les photos pour afficher les documents originaux Tepco >
(1) Et probablement des Strontiums
Source : Communiqué de presse Tepco, 2 mars 2012, anglais
Crédit-photo : Tepco, cryptome.org
D'un autre côté, après l'explosion, il ne doit pas rester beaucoup de combustible... qui baigne dans beaucoup d'eau ? Si la piscine est remplie de gravas, il ne doit pas y avoir beaucoup d'eau non plus... Je pense que ça sera plus difficile de ramasser le combustible tombé en mer...
Rédigé par : LearchC | 07/03/2012 à 18:05
Le césium a plein d'isotopes, pour qu'il décroise de 75 fois en 6 semaines ce ne sont sans doute pas les 134 et 137 habituels qui sont mesurés, ils ont une demi-vie trop longue. J'imagine mal qui filtrent l'eau de la piscine pour en extraire les poussières, donc il doit s'agir d'eau "neuve", injectée, la contaminée coulant vers les sous-sols. On voit sur le graphique une diminution progressive, ils ont dû enlever un par un pas mal de débris de combustible. Curieux de savoir comment ils ont fait sans les 5 mètres d'eau minimum nécessaires...
Je ne pense pas non plus qu'ils puissent atteindre le bas de la piscine, ni pour enlever des débris ni pour mesurer le taux de césium, ils ont du enlever des débris sur le dessus seulement, et ce qu'ils mesurent c'est de l'eau fraiche pas encore mélangée avec l'eau du fond.
Si les débris étaient sur le dessus, d'où viennent-ils? Du fond de la piscine? Et donc qu'est-ce qui les amené là? Ou d'ailleurs, mais d'où, du réacteur lui-même?
Vers mai 2011 ils avaient ramassé au sol des débris fortement contaminés, probablement de même origine, la grosse explosion "d'hydrogène" de mi-mars.
Rédigé par : HP | 07/03/2012 à 21:36
@HP : pour répondre à vos questions, voir l'explication d'Arnold Gundersen dans cette vidéo datée d'avril 2011 :
http://www.dailymotion.com/video/xmlc39_retour-sur-les-explosions-de-fukushima_news?start=2#from=embediframe
cordialement!
Rédigé par : LearchC | 07/03/2012 à 22:20
La version Japonaise du communiqué précise qu'il s'agit du retrait des substances radioactives en suspension dans l'eau.
http://www.tepco.co.jp/nu/fukushima-np/images/handouts_120302_06-j.pdf
Donc pas grand chose à prendre en photo.
Il est impossible qu'il s'agisse de barres de combustible vu que leur retrait n'est pas prévu avant 2015 pour l'unité 3.
http://www.tepco.co.jp/en/nu/fukushima-np/f1/images/f12np-gaiyou_e_4.pdf
Rédigé par : Keb | 08/03/2012 à 06:10
Je lis dans le billet:
"s'il [le combustible] n'est pas intact, il ne peut être replacé en container "sec" et peut - doit - donc être retiré sans précautions particulières."
"sans précautions"??? je crains de n'avoir pas bien compris. On peut, et doit, retirer du combustible sans précautions? Il ne manquerait pas une négation, là?
Rédigé par : Aimelle | 08/03/2012 à 11:32
Oui Aimelle l'idée est que si le combustible est abimé (fondu) même partiellement il ne rentre alors plus dans les casques de transport (drycask) ; si on veut l'évacuer rapidement dune piscine de désactivation il faut prendre le risque de l'exposer à l'air libre sur une période assez courte pour le replacer dans la piscine commune. Chaud devant !
Rédigé par : trifouillax | 08/03/2012 à 14:20
@Keb : à ma connaissance, pas de système de décontamination sur les SFP, juste un circuit - plus ou moins - fermé avec un échangeur de chaleur depuis août 2011. Ce circuit doit d'ailleurs être "rechargé" de temps à autre, preuve qu'il n'est pas complètement fermé et que des fuites subsistent.
La question reste entière : comment procéder pour évacuer 85% des radionucléides en 2 mois (Tepco signale avoir débuté l'opération en janvier) ? Ce n'est certainement pas en enlevant quelques poutrelles et gravats !
J'entrevois bien une autre réponse, mais elle n'est guère plaisante : un circuit partiellement "ouvert" vers les sous-sols dans le meilleur des cas ou vers l'océan tout proche, autrement dit avoir dirigé les quelques 100 téra-becquerels (1.5*10^6 (l) * 8*10^7 (Bq/l) = 1.3*10^14 Becquerels - sauf erreur de calcul - vers la cave ou l'orienter plus ou moins "volontairement" vers le ruisseau tout proche ou pire, la "grande poubelle" océanique.
Je rappelle qu'on est quand même passé de 80 millions à 1.2 million de Bq/l de Cs-134 + Cs-137 en 2 mois, ça n'a rien d'anodin quant on se rappelle que les césiums sont bien "collants" !
Reste quand même plus de 1 Mbq/l à "traiter" et on ne sait toujours par quel "miracle".
Cordialement,
Trifou
Rédigé par : trifouillax | 08/03/2012 à 21:34
Oui, j'aimerai bien savoir comment ils ont fait, il y a très peu d'informations.
Vu les efforts qu'ils font pour tenter de minimiser les rejets en mer (à en juger par le nombre de citernes installées, le cimentage des fonds marins aux alentours, l'installation d'un barrage etc) ça m'étonnerai qu'ils s'amusent à déverser de l'eau hautement contaminée dans la nature. L'eau des SPF aurait pu être simplement transvasée dans quelques citernes (1000 tonnes d'eau ça ne fait pas grand chose en comparaison des 200000 tonnes qu'ils stockent à coté).
Mais ce qui me dérange le plus dans cette théorie c'est que si ils avaient simplement remplacé l'eau, pourquoi annoncer que la prochaine étape est de procéder à son dessalement ? Si l'eau a été diluée 100 fois, la quantité en sels aussi donc à priori il ne reste plus grand chose.
Aussi si il s'agissait d'un simple transvasement, pourquoi y passer 6 semaines? Ce délai me parait bien plus compatible avec un traitement par les unités de décontaminations (Ou un rejet très progressif dans la mer mais ils n'ont jusqu'à preuve du contraire jamais fait de rejet volontaire d'eau avec un tel degré de contamination).
Rédigé par : Keb | 09/03/2012 à 01:36