Les accès aux anneaux se situent au niveau du sous-sol du bâtiment-réacteur (niveau B1F) et s'effectuent au moyen de plusieurs sas situés dans les angles ; alors que sur l'unité n°. 2 les - courageux - employés ont pu accéder sans encombre aux 2 sas N/W et N/E, ils n'ont pu en revanche accéder à la salle contenant la chambre de suppression de l'unité n°. 3, pour cause de porte(s) impossible(s) à ouvrir.
Il est nettement visible sur la vidéo de l'unité 3 que la porte de l'accès N/E est déformée vers l'extérieur, au point que les employés n'ont pu manœuvrer ladite porte - y compris à coups de bottes - pour contrôler visuellement l'état de la chambre de suppression de l'unité n°. 3.
Plusieurs questions viennent à immédiatement à l'esprit en voyant cette image : cette porte est-elle renforcée ou blindée ? Quelle est sa résistance initiale à la surpression ? A la suite de quel phénomène mécanique a-t-elle pu se voir ainsi déformée ? Première constatation : la porte est toujours présente. Les parois du niveau B1F étant renforcées, l'ensemble de ce niveau situé sous terre et posé sur plusieurs mètres de béton, il est probable qu'en cas de surpression importante voire explosive les portes auraient fait office de "fusible" et ne seraient simplement plus présentes.
En cas d'accident sévère, une étude de notre vieil ami l'ORNL a conclu que le chemin le plus évident pour le combustible en fusion, à partir d'un volume relativement faible, serait d'emprunter la conduite permettant à la vapeur de s'échapper du drywell vers la chambre de suppression (vent pipe). En s'écoulant dans l'anneau rempli à 50% d'eau, le combustible porté à très haute température aurait probablement engendré une surpression initiale importante. Une autre hypothèse pourrait être que le gaz hydrogène engendré lors de la fusion du combustible se soit répandu un peu partout dans le confinement y compris - même s'il s'agit d'un gaz "léger" - dans la chambre de suppression où une certaine quantité aurait pu s'y re-concentrer pour finalement exploser simultanément ou indépendamment de l'explosion principale du BR3.
En cas d'accident sévère, une étude de notre vieil ami l'ORNL a conclu que le chemin le plus évident pour le combustible en fusion, à partir d'un volume relativement faible, serait d'emprunter la conduite permettant à la vapeur de s'échapper du drywell vers la chambre de suppression (vent pipe). En s'écoulant dans l'anneau rempli à 50% d'eau, le combustible porté à très haute température aurait probablement engendré une surpression initiale importante. Une autre hypothèse pourrait être que le gaz hydrogène engendré lors de la fusion du combustible se soit répandu un peu partout dans le confinement y compris - même s'il s'agit d'un gaz "léger" - dans la chambre de suppression où une certaine quantité aurait pu s'y re-concentrer pour finalement exploser simultanément ou indépendamment de l'explosion principale du BR3.
D'autres bizarreries dans les bas-fonds du bâtiment-réacteur n°. 3
Sur l'extrait ci-dessous (5:22 sur la vidéo), on peut apercevoir une conduite qui s'est manifestement désolidarisée de son attache pour se retrouver déportée d'environ 50 cm sur la droite, donc vers le sas d'accès à l'anneau. Ce qui est très curieux est que la conduite par elle-même semble être intacte mais qu'elle s'est détachée du bas, comme si elle avait subie un effort de traction vers le bas... ou vers le haut ?
EDIT du 17/3 : une photo beaucoup plus nette publiée le lendemain par Tepco montre que la conduite a apparemment été décalée manuellement ; nous avons donc remplacé la photo originale
Sur l'extrait ci-dessous (5:22 sur la vidéo), on peut apercevoir une conduite qui s'est manifestement désolidarisée de son attache pour se retrouver déportée d'environ 50 cm sur la droite, donc vers le sas d'accès à l'anneau. Ce qui est très curieux est que la conduite par elle-même semble être intacte mais qu'elle s'est détachée du bas, comme si elle avait subie un effort de traction vers le bas... ou vers le haut ?
EDIT du 17/3 : une photo beaucoup plus nette publiée le lendemain par Tepco montre que la conduite a apparemment été décalée manuellement ; nous avons donc remplacé la photo originale
Vers la fin de la visite, l'employé portant la caméra s'attarde sur une tuyauterie qui porte manifestement des traces d'éclats sur son pourtour. De petits éléments ont du être projetés à ce niveau, c'est à dire approximativement vers le bas de l'ampoule du drywell. Ces différentes constatations renforcent l'idée d'une explosion d'intensité moyenne vers le bas du bâtiment réacteur n°. 3.
Sources :
Torus Preliminary Survey, synthèse de l'opération, Tepco, 13/3, anglais
Vidéo de l'opération sur 1F3, 10:08
Vidéo de l'opération sur 1F2, 8:26
Torus Wall Flexibility on Mk 1 BWR, 1978, LLL, anglais
Impact of PC failure on SC integrity on Mk1 reactor, ORNL, 1987, anglais
"Plan-coupe du réacteur n°. 3" fukushima-blog, 12/6/11
(1) par l'intérmédiaire de la Steam Relief Valve
(2) Soit environ 1.5 piscine olympique
Le plot en béton porte un tube, mais ce tube n'est pas une conduite, il n'y a pas de trou correspondant dans le sol. Il peut servir à n'importe quoi et a pu être déplacé n'importe quand.
Les marques d'impact sur le gros tube le long de l'escalier ne sont pas datables non plus, et on ne voit pas de débris au sol ou sur l'escalier indiquant une projection de quelque chose.
La porte est bien gonflée. Les coups de botte (une botte) sont portés latéralement, sans force. Mais je veux bien croire qu'elle soit coincée vu sa déformation. La pression n'a pas dû dépasser quelques tonnes par mètre carré, ce qui est beaucoup pour une surpression mais peu pour une explosion. C'est probablement le "reste" de la pression qui a fait voler le béton du n°3. Ce qui indiquerait que c'est bien le réacteur lui-même qui a sauté, pas ce qu'il y a autour, piscine ou espace autour du confinement.
L'hydrogène a aussi pu se former directement et sur place par radiolyse et pyrolyse de l'eau par le corium.
Le corium liquide est extrêmement dense et très chaud, il ne peut se mouvoir latéralement que sur un plan incliné, sur du béton plat il s'enfonce. Son volume est faible, une fraction de mètre cube au pire, il ne peut pas "s'accumuler et déborder" ni beaucoup s'étaler latéralement sous peine de perdre l'auto-entretien de son activité.
a+
Rédigé par : HP | 16/03/2012 à 20:12
@HP : Merci pour ces commentaires. Le papier de l'ORNL estime que le "blowout" (éruption ?) peut se produire non seulement dans la salle du torus mais même dans la salle du deuxième niveau ; en ce qui concerne le volume du corium je sais que la densité de la bête est très élevée (environ 20 si ma mémoire est bonne) ceci dit du volume il y en a quand même un peu car il n'est pas question que d'assemblages de combustible (une centaine de tonnes) mais également des barres de contrôle, probablement d'acier de cuve, de béton et d'autres "bricoles" ayant accompagné la fusion du bas du réacteur.
Au niveau de la surpression ayant déformé la porte je suis assez d'accord sur le fait qu'elle a dû être relativement modeste mais il n'en reste pas moins vrai que si la salle de la chambre de suppression a souffert c'est obligatoirement que le drywell (la cuve de confinement primaire) est également endommagé. La pression de l'explosion dans les étages supérieurs ne peut - à mon avis - traverser murs ou planchers en béton sans les endommager. La seule issue de l'hydrogène me semble être un confinement "fuyard". Il y a une hypothèse dans le doc ORNL qui concerne - me semble-t-il - une expansion de la cuve PCV au point que les pipes de "vent" se désolidarisent de la cuve, gaz et éventuellement corium empruntant ensuite ce chemin.
Sur la conduite déplacée il me semble (c'est peut-être subjectif) qu'en comparaison avec la photo du 2 la conduite ne semble plus parfaitement verticale et se situe par ailleurs très, trop près de la porte déformée.
Cordialement,
Trifou
Rédigé par : trifouillax | 17/03/2012 à 10:55
Tepco a publiée une photo de la conduite déplacée beaucoup plus nette je l'ai donc remplacée dans l'article
Amicalement,
Trifou
Rédigé par : trifouillax | 17/03/2012 à 12:31
Ok pour le plot, c'est juste une ventilation pour l'étage inférieur, un couvercle en fonte posé sur le bout de tube qui sort et un tuyau qui doit rejoindre une cheminée quelque part. Le second convercle plat et vissé paraît être une erreur de positionnement du premier trou à travers le plancher, ou trop mal placé par rapport au plafond. Peu importe. Vu la secousse lors de l'explosion du toit, il n'est pas surprenant que le plot ait sauté hors de sa position, il n'est pas fixé.
Il me semble + logique de penser que le gonflement de la porte est survenu en même temps que l'explosion du toit, via le réacteur ouvert par le haut, comme par le bas par les gros tuyaux du réacteur au tore, qui n'ont pas pu résister.
On peut aussi penser que l'explosion du toit a eu lieu à l'extérieur du réacteur, entre la cuve et le béton ou dans la piscine mais dans ce cas elle n'a pu atteindre ni l'intérieur ni l'extérieur du tore, il n'y a pas de passage sauf à traverser beaucoup de béton, peu probable.
Il faut alors compter sur une explosion, d'hydrogène, indépendante, intérieure à la chambre.
Une explosion du tore causée par la vapeur d'un corium y ayant coulé est peut-être possible mais le volume de ce tore est énorme, je ne pense pas qu'un corium pourrait dévellopper assez de vapeur assez vite pour provoquer une explosion. Vu la taille du tore, donc son volume, en cas de surpression il y aurait un déchirement d'une assez petite partie des tubes d'acier qui s'apparente + à un pneu qui se dégonfle qu'une explosion.
La totalité du combustible n'a pas pu fondre, au pire disons la moitié, et tout ce qui a fondu n'a pas pu rejoindre la masse principale, retenu et éparpillé par des obstacles multiples.
La densité du plutonium et de l'uranium est proche de 20, dans un corium bien liquide tout le reste, y compris l'acier, flotte dessus comme un bouchon en liège sur l'eau.
Le corium peut donc s'infiltrer verticalement, mais peu latéralement parce qu'avec sa chaleur (1500-2900°C) il vaporise ou fond ce qui le retient, le reste des débris fondus suit mais se refroidit et se fige rapidement, en quelques heures, au contact des obstacles latéraux, n'étant plus en contact thermique avec le corium, qui se reconcentre un peu plus bas en permanence.
Rédigé par : HP | 17/03/2012 à 19:14
Mon second post n'est pas passé, j'ai dû oublier de valider...
le plot n'est pas fixé, juste posé sur un bout de tube qui ne peut pas conduire un liquide, ou du gaz sous pression, c'est une simple aération qui doit rejoindre une cheminée.
il a pu sauter lors de la forte explosion mi-mars 2011.
la plaque à côté pourrait recouvrir le premier perçage, foiré ou mal placé.
la porte a reçu une pression, qu'on peut facilement imaginer passant par le réacteur puisque tepco reconnait que le corium a ou aurait pu traverser le fond de la cuve. c'est le chemin le + direct et le + simple, moyennant une félure du couvercle de l'enceinte en acier, qui n'aurait rien de surprenant vu la puissance de l'explosion (si elle ne vient pas de l'intérieur du réacteur lui-même).
sinon il faut faire intervenir une explosion secondaire dans le tore ou la salle du tore, possible, ou un improbable passage par l'extérieur de la cuve. dans ce cas l'hydrogène de cette explosion viendrait du corium sur l'eau du tore ou au sol sous la cuve.
je ne pense pas que l'hydrogène puisse descendre, sauf cas d'une production importante dans un lieu fermé qui chasserait l'air vers le bas. on peut envisager que toutes les aérations du batiment (ou au moins celle de la salle du tore) arrivent dans la salle des ponts roulants, fermée, et que l'hydrogène produit dans la piscine ait rempli le batiment du haut vers le bas jusqu'au sous-sol, mais ça me semble peu probable.
la densité du corium liquide (1000-2900°C) est proche de 20, tout ce qui est + léger, comme de l'acier (8,5), flotte dessus comme un bouchon (et le reste se vaporise).
le corium ne peut pas représenter la totalité du combustible, tout n'a pas fondu et une partie importante a dû rester bloquée par des obstacles résistants, en quantité insuffisante pour les fondre.
le corium ne peut pas s'étaler latéralement sur une surface plane et horizontale sans figer par manque de masse active. par sa température il creuse tout et se reconcentre un peu plus bas, recouvert et protégé par les éléments fondus qui flottent par dessus.
le corium non-auto-entretenu, les divers débris fondus, se fige rapidement un fois séparé de la masse du corium.
contrairement à ce que je pensais, l'eau refroidi peu le corium, il n'y a pas d'énormes masses d'eau vaporisée en un rien de temps. au contact, l'eau forme une couverture gazeuse qui l'isole du corium.
ça doit fonctionner de la même façon avec des éléments fondus, le transfert thermique latéral est faible.
ce n'est pas, évidemment, que j'ai eu l'occasion d'observer du corium en me promenant... c'est en voyant de la lave de volcan tomber dans l'eau de mer dans un docu passé à la télé. j'aurai préféré voir la chose en direct mais c'est à l'autre bout du monde, hawaï.
Rédigé par : HP | 19/03/2012 à 20:11
bin, mon second-second post n'apparait pas non plus... il est validé par l'admin avant parution?
Rédigé par : HP | 19/03/2012 à 20:14
@ HP : désolé, l'antispam intégré bouffe un message long sur deux ; je serais plus attentif à l'avenir ;)
Rédigé par : trifouillax | 19/03/2012 à 21:39