Après une longue analyse de l'incident récent, il nous semble opportun de préciser pourquoi nous estimons toujours qu'il se passe bel et bien un événement imprévu au sein de l'ex-réacteur n°. 2 de Fukushima-Daiichi. Nous utiliserons pour cette démonstration 3 capteurs de température "thermocouple" en comparant leurs données.
Le premier, le célèbre CRD HOUSING (en bleu) a longtemps fait l'actualité il y a quelques mois, en affichant des températures dépassant l'échelle maximale en avril et en mai 2011, puis en revenant plus récemment à des valeurs corrélant celles du capteur suivant ;
Le deuxième est le non moins célèbre RPV BOTTOM PART (en rouge) dont nous parlons beaucoup ces derniers jours ;
Le dernier est nommé RPV DRAIN UPPER PART (en vert) et sert probablement comme son nom l'indique à vidanger le bas de cuve RPV lors des opérations de maintenance.
Notez sur la coupe de réacteur ci-dessous comme les 3 thermocouples sont situés dans une zone très restreinte que l'on peut estimer à moins d'un mètre les uns des autres, tous étant situés au niveau de la partie basse de cuve RPV, là où les barres de contrôle pénètrent dans le réacteur.
L'on constate que, fort curieusement, deux capteurs déclarés "défectueux" par Tepco indiquaient précisément la même valeur du 10/2 au 13/2, jusqu'à ce que Tepco décide "inopinément" de mettre les mains dans le circuit du second. Le troisième quant à lui indique encore plus bizarrement une diminution de la température jusqu'à atteindre pratiquement zéro degré ! Comment cela est-il possible ?
Une des explications - la plus "évidente" aux yeux d'un opérateur un peu dépassé par les événements - pourrait évidemment être que ces trois thermocouples sont défectueux ; après tout, ils ont vu des événements pas vraiment prévus dans leur cahier des charges en étant confrontés à des températures extrêmement élevées lors du phénomène de fusion du combustible qui s'est produit tout près d'eux. Mais dans cette hypothèse, pourquoi l'un indiquerait-il une direction opposée aux deux autres ? Si les trois appareils étaient défectueux ils devraient tous partir dans le même sens, à savoir l'indication d'une limite "basse" de température pour laquelle ils sont prévus initialement, soit probablement la température ambiante.
Une autre hypothèse pourrait être la création d'une nouvelle fissure ou cassure ou d'une nouvelle ouverture dans le bas de la cuve RPV ; personne n'en connait à ce jour l'état précis mais le bas du réacteur n°. 2 est probablement très, très endommagé. En imaginant qu'un trou important se soit récemment formé par exemple à gauche du capteur vert (RPV PIPE), le flot d'eau injectée aura tendance à s'évacuer plus loin des 2 autres capteurs situés plus à droite sur la coupe ci-dessus. Cette hypothèse pourrait rationnellement expliquer comment un nouveau circuit - provisoire - de circulation d'eau à travers ce qui reste du réacteur n°. 2 "changerait la donne" au niveau des capteurs de température avoisinants.
Pour résumer, je ne vois en tout et pour tout que trois possibilités :
1) Trois capteurs défectueux avec des symptômes différents (assez improbable)
2) Un nouveau courant de circulation d'eau agit sur les appareils de mesure en exagérant une inversion locale de température (si le courant d'eau est important et il l'est probablement à de tels débits injectés)
3) Une situation très dégradée si les capteurs affichent honnêtement les informations de température en cuve RPV ; il est parfaitement possible d’obtenir en régime d'ébullition des températures très élevées dans un réacteur à eau bouillante, qui fonctionne sous une pression de service d'environ 80 PSI. Cette hypothèse signifierait plusieurs choses : le capteur vert est défectueux, les capteurs rouge et bleu, qui indiquent parfois des températures concordantes, sont plutôt dans le vrai, et la pression en cuve RPV est tout sauf atmosphérique (un peu paradoxal, non ?)
Bonnes réflexions,
Sources :
Données CSV de température, unité 1F2, Tepco
Le premier, le célèbre CRD HOUSING (en bleu) a longtemps fait l'actualité il y a quelques mois, en affichant des températures dépassant l'échelle maximale en avril et en mai 2011, puis en revenant plus récemment à des valeurs corrélant celles du capteur suivant ;
Le deuxième est le non moins célèbre RPV BOTTOM PART (en rouge) dont nous parlons beaucoup ces derniers jours ;
Le dernier est nommé RPV DRAIN UPPER PART (en vert) et sert probablement comme son nom l'indique à vidanger le bas de cuve RPV lors des opérations de maintenance.
Notez sur la coupe de réacteur ci-dessous comme les 3 thermocouples sont situés dans une zone très restreinte que l'on peut estimer à moins d'un mètre les uns des autres, tous étant situés au niveau de la partie basse de cuve RPV, là où les barres de contrôle pénètrent dans le réacteur.
L'on constate que, fort curieusement, deux capteurs déclarés "défectueux" par Tepco indiquaient précisément la même valeur du 10/2 au 13/2, jusqu'à ce que Tepco décide "inopinément" de mettre les mains dans le circuit du second. Le troisième quant à lui indique encore plus bizarrement une diminution de la température jusqu'à atteindre pratiquement zéro degré ! Comment cela est-il possible ?
Une des explications - la plus "évidente" aux yeux d'un opérateur un peu dépassé par les événements - pourrait évidemment être que ces trois thermocouples sont défectueux ; après tout, ils ont vu des événements pas vraiment prévus dans leur cahier des charges en étant confrontés à des températures extrêmement élevées lors du phénomène de fusion du combustible qui s'est produit tout près d'eux. Mais dans cette hypothèse, pourquoi l'un indiquerait-il une direction opposée aux deux autres ? Si les trois appareils étaient défectueux ils devraient tous partir dans le même sens, à savoir l'indication d'une limite "basse" de température pour laquelle ils sont prévus initialement, soit probablement la température ambiante.
Une autre hypothèse pourrait être la création d'une nouvelle fissure ou cassure ou d'une nouvelle ouverture dans le bas de la cuve RPV ; personne n'en connait à ce jour l'état précis mais le bas du réacteur n°. 2 est probablement très, très endommagé. En imaginant qu'un trou important se soit récemment formé par exemple à gauche du capteur vert (RPV PIPE), le flot d'eau injectée aura tendance à s'évacuer plus loin des 2 autres capteurs situés plus à droite sur la coupe ci-dessus. Cette hypothèse pourrait rationnellement expliquer comment un nouveau circuit - provisoire - de circulation d'eau à travers ce qui reste du réacteur n°. 2 "changerait la donne" au niveau des capteurs de température avoisinants.
Pour résumer, je ne vois en tout et pour tout que trois possibilités :
1) Trois capteurs défectueux avec des symptômes différents (assez improbable)
2) Un nouveau courant de circulation d'eau agit sur les appareils de mesure en exagérant une inversion locale de température (si le courant d'eau est important et il l'est probablement à de tels débits injectés)
3) Une situation très dégradée si les capteurs affichent honnêtement les informations de température en cuve RPV ; il est parfaitement possible d’obtenir en régime d'ébullition des températures très élevées dans un réacteur à eau bouillante, qui fonctionne sous une pression de service d'environ 80 PSI. Cette hypothèse signifierait plusieurs choses : le capteur vert est défectueux, les capteurs rouge et bleu, qui indiquent parfois des températures concordantes, sont plutôt dans le vrai, et la pression en cuve RPV est tout sauf atmosphérique (un peu paradoxal, non ?)
Bonnes réflexions,
Sources :
Données CSV de température, unité 1F2, Tepco
Bonjour, et merci pour l'analyse, je suis assez d'accord et j'aurais penche pour la solution 3) jusqu'a ce que Tepco se remette a faire n'importe quoi. Depuis qu'ils ont "teste" le capteur, il a indique jusqu'a 400 degres (comme dit dans le post sur la verification)...
Proposons une hypothese dite '3bis', dans laquelle :
- le capteur dont la temperature chute est defaillant. Il tend vers la limite de specification du thermocouple (qui est inconnue, Tepco refuse d'en parler)
- les deux autres capteurs ne sont pas defaillants. Peut-on alors expliquer la hausse des temperatures, par exemple par la presence de combustible fondu a proximite immediate du senseur ? Un peu comme on approchait le thermometre d'une source de chaleur pour feindre la fievre ?
Rédigé par : JAnonymous | 13/02/2012 à 23:49
bonsoir
si les capteurs sont vraiment situés à cet endroit je suis bien persuadé que ça fait plusieurs mois qu'ils sont cramés complet et que TEPCO nous balade alègrement encore et toujours !
Comment peut-on imaginer une seconde que ces machins soient encore en place et en fonctionnement après le passage d'une centaine de tonnes de corium en pleine forme! (c'est pour la rime !)
Quelle sinistre plaisanterie ! il y a belle lurette que tout ça a été pulvérisé, évaporé, sublimé, atomisé c'est le cas de le dire !
perso je me dis que les corium ont atteint la nappe phréatique depuis plusieurs mois et que c'est la pression de l'eau que tepco balance à tout va qui empêche tout symptome spectaculaire !
mais le monstre continue à forer le sous sol à son rythme et pour de long mois!
j'attends les preuves du contraire !
en attendant la prochaine cata, amitiés radieuses !
Rédigé par : alertez les bébés | 14/02/2012 à 01:14
pour bien démarrer l'analyse, il faudrait savoit précisément de quel type de thermocouple il s'agit, et également où est placée la soudure froide. Si elle est inacessible, il se peut que ce soit cette partie là de l'instrument qui ne soit plus maitrisée, ce qui amène autant de désagrément qu'une défaillance de la soudure chaude.
Sans parler de l'électronique de conditionnement du signal à proximité de la soudure froide.
Rédigé par : geologue | 14/02/2012 à 10:23
dans les REp, les thermocouples sont enfilés dans des pénétration de fond de cuve, ou d'autres sur le couvercle. Pour les BWR je ne l'ai pas encore trouvé.
Un site qui apportera de l'eau à votre moulin (à vent, bien sûr) qui présente une animation plaisante sur ce sujet grave.
http://www.nuclinfo.com/t/2010528msn.htm
Un dépôt de brevet sur un dispositif de détection de percement de fond de cuve (encore pour les PWR)
http://www.patent-de.com/19970417/EP0762432.html
une présentation sur le positionnement des thermocouples de calcul de déséquilibre du coeur dans un PWR. ceux là controlent le sommet des assemblages, il y en a d'autres ailleurs.
http://www.cerfacs.fr/globc/links/presentation/Sieste_ADONIS_060405.pdf
et pour finir (encore pour les REP) : Instrumentation des réacteurs nucléaires –
Réacteurs à eau légère pressurisée (REP) – Surveillance du refroidissement correct
du coeur au cours de l'arrêt à froid
http://webstore.iec.ch/preview/info_iec62117%7Bed1.0%7Db.pdf
Je lirai ça ce soir, j'espère que cela pourra donner des idées générales à appliquer au cas particulier des BWR.
Rédigé par : geologue | 14/02/2012 à 15:10