Kashiwa : le gouvernement Japonais n'avait pas d'autre choix que de reconnaître l'évidence
Ce qui n'a pas empéché le MEXT de tenter d'enfumer l'opinion publique en déclarant initialement que "la radioactivité ne semblait pas provenir de Fukushima car la surface de sol concernée était très limitée." Aujourd'hui, correction de tir : le lien avec l'ex-centrale de Fukushima est finalement établi ! Tous les experts savent depuis Tchernobyl qu'il existe une signature permettant de confirmer l'origine d'une contamination accidentelle.
Le césium utile à quelque chose, enfin !
A l'aide d'une simple spectrométrie gamma, il est en effet possible de discriminer une contamination récente si l'échantillon contient deux isotopes du radio-césium dans un rapport proche de l'unité. Pourquoi ?
Lors d'un accident nucléaire majeur, des produits de fission seront relâchés dans l'environnement et par conséquent dans l'atmosphère. Deux isotopes du Césium seront donc transférés dans l'air dans des quantités quasiment similaires à l'origine (3%): Le Césium 134 (demi-vie de 2 ans) et le Césium 137 (demi-vie de 30 ans). Il faut noter également qu'une explosion atomique (bombe) ne relâchera pas de Cs-134 dans l’atmosphère.
Voici ci-dessus une spectrométrie effectuée en 2000 par la CRIIRAD qui n'est pas en rapport avec un accident nucléaire récent (14 années après Tchernobyl, le Cs-134 a quasiment disparu). La raie spectrale du Cs-134 est visible à l’extrême gauche, elle affiche une énergie de 0.6047 MeV alors que celle identifiant le Cs-137 apparaît au centre, identifiée par son énergie de 0.6617 MeV. Le rapport Cs-137 / Cs-134 est très élevé. L'échantillon ne présente donc pas de rapport avec une contamination due à une fuite récente de produits de fission.
Voici maintenant ci-dessus les résultats de l'échantillon prélevé sur le hotspot de Kashiwa le 22 octobre. La concentration en Césium-137 n'est que légèrement supérieure à celle présentée par le Césium 134, ce qui permet d'affirmer que l'origine de la contamination de l'échantillon provient bien d'une fuite récente de produits de fission émanant de réacteurs nucléaires. 6 mois après l'essentiel de la dispersion des radio-césiums, le Cs134 aura perdu environ 25% de son activité initiale alors que l'effet de cette même période sur la désintégration du Cs-137 sera négligeable.
Notons au passage que les chiffres ci-dessus sont exprimés en contamination massique (Bq/kg), mais il est possible d'estimer l'activité surfacique en appliquant un coefficient multiplicateur de 65 (donnée NISA) sur le radio-césium total pour obtenir le chiffre effarant de 10 millions de Becquerels par mètre carré au niveau de la surface du sol de cet échantillon. Rappelons que les autorités Ukrainiennes avaient fixé en 1986 la zone d'évacuation à la valeur maximale de 1.5 MBq/m2 de césium-137.
En termes de débit de dose ambiante, le relevé effectué le 21/10 par la municipalité de Kashiwa indique environ 58 µSv/h, soit un débit de dose annuel brut d'environ 0.5 Sv. Il faut supposer que cette valeur est mesurée à quelques cm du sol, car un débit de dose au contact avec cet ordre de grandeur d'activité devrait plutôt approcher les 200 µSv/h (estimation de 65 µSv/h pour le Cs-137 et 140 µSv/h pour le Cs-134). Ce petit calculateur (Anglais) vous aidera à constater par vous-même comment le débit de dose décroit rapidement avec la distance !
La zone concernée est localisée au débouché d'un fossé d'un espace public de la banlieue de Kashiwa ; cette dernière est située au Nord de la préfecture de Chiba, à près de 200 Km au Sud-Ouest de Fukushima. La ville de Kashiwa semble particulièrement touchée par la contamination provenant de l'accident de Fukushima car un autre hotspot avait déjà été signalé début août par une habitante de cette ville avec des concentrations environ 3 fois inférieures.
Il faut enfin noter que ces chiffres ne concernent que le radio-césium alors que d'autres produits de fission comme le Strontium-90 (émetteur Bêta, demi-vie de 29 ans, énergie 0.5 MeV) sont très probablement actifs dans cet échantillon mais n'ont hélas pas été repris dans le relevé d'activité sommaire fourni par les autorités.
Voir également notre billet sur les radio-césiums publiée le 25 septembre.
Sources :
wiki fission products page (Anglais)
Atlas radioactif de la CRIIRAD (2001)
Convertisseur débit de dose / activité (Anglais)
blog ex-skf, 22/10 (texte et commentaires, Anglais)
Ce qui n'a pas empéché le MEXT de tenter d'enfumer l'opinion publique en déclarant initialement que "la radioactivité ne semblait pas provenir de Fukushima car la surface de sol concernée était très limitée." Aujourd'hui, correction de tir : le lien avec l'ex-centrale de Fukushima est finalement établi ! Tous les experts savent depuis Tchernobyl qu'il existe une signature permettant de confirmer l'origine d'une contamination accidentelle.
Le césium utile à quelque chose, enfin !
A l'aide d'une simple spectrométrie gamma, il est en effet possible de discriminer une contamination récente si l'échantillon contient deux isotopes du radio-césium dans un rapport proche de l'unité. Pourquoi ?
Lors d'un accident nucléaire majeur, des produits de fission seront relâchés dans l'environnement et par conséquent dans l'atmosphère. Deux isotopes du Césium seront donc transférés dans l'air dans des quantités quasiment similaires à l'origine (3%): Le Césium 134 (demi-vie de 2 ans) et le Césium 137 (demi-vie de 30 ans). Il faut noter également qu'une explosion atomique (bombe) ne relâchera pas de Cs-134 dans l’atmosphère.
Voici ci-dessus une spectrométrie effectuée en 2000 par la CRIIRAD qui n'est pas en rapport avec un accident nucléaire récent (14 années après Tchernobyl, le Cs-134 a quasiment disparu). La raie spectrale du Cs-134 est visible à l’extrême gauche, elle affiche une énergie de 0.6047 MeV alors que celle identifiant le Cs-137 apparaît au centre, identifiée par son énergie de 0.6617 MeV. Le rapport Cs-137 / Cs-134 est très élevé. L'échantillon ne présente donc pas de rapport avec une contamination due à une fuite récente de produits de fission.
Voici maintenant ci-dessus les résultats de l'échantillon prélevé sur le hotspot de Kashiwa le 22 octobre. La concentration en Césium-137 n'est que légèrement supérieure à celle présentée par le Césium 134, ce qui permet d'affirmer que l'origine de la contamination de l'échantillon provient bien d'une fuite récente de produits de fission émanant de réacteurs nucléaires. 6 mois après l'essentiel de la dispersion des radio-césiums, le Cs134 aura perdu environ 25% de son activité initiale alors que l'effet de cette même période sur la désintégration du Cs-137 sera négligeable.
Notons au passage que les chiffres ci-dessus sont exprimés en contamination massique (Bq/kg), mais il est possible d'estimer l'activité surfacique en appliquant un coefficient multiplicateur de 65 (donnée NISA) sur le radio-césium total pour obtenir le chiffre effarant de 10 millions de Becquerels par mètre carré au niveau de la surface du sol de cet échantillon. Rappelons que les autorités Ukrainiennes avaient fixé en 1986 la zone d'évacuation à la valeur maximale de 1.5 MBq/m2 de césium-137.
En termes de débit de dose ambiante, le relevé effectué le 21/10 par la municipalité de Kashiwa indique environ 58 µSv/h, soit un débit de dose annuel brut d'environ 0.5 Sv. Il faut supposer que cette valeur est mesurée à quelques cm du sol, car un débit de dose au contact avec cet ordre de grandeur d'activité devrait plutôt approcher les 200 µSv/h (estimation de 65 µSv/h pour le Cs-137 et 140 µSv/h pour le Cs-134). Ce petit calculateur (Anglais) vous aidera à constater par vous-même comment le débit de dose décroit rapidement avec la distance !
La zone concernée est localisée au débouché d'un fossé d'un espace public de la banlieue de Kashiwa ; cette dernière est située au Nord de la préfecture de Chiba, à près de 200 Km au Sud-Ouest de Fukushima. La ville de Kashiwa semble particulièrement touchée par la contamination provenant de l'accident de Fukushima car un autre hotspot avait déjà été signalé début août par une habitante de cette ville avec des concentrations environ 3 fois inférieures.
Il faut enfin noter que ces chiffres ne concernent que le radio-césium alors que d'autres produits de fission comme le Strontium-90 (émetteur Bêta, demi-vie de 29 ans, énergie 0.5 MeV) sont très probablement actifs dans cet échantillon mais n'ont hélas pas été repris dans le relevé d'activité sommaire fourni par les autorités.
Voir également notre billet sur les radio-césiums publiée le 25 septembre.
Sources :
wiki fission products page (Anglais)
Atlas radioactif de la CRIIRAD (2001)
Convertisseur débit de dose / activité (Anglais)
blog ex-skf, 22/10 (texte et commentaires, Anglais)
"Ce qui n'a pas empéché le MEXT de tenter d'enfumer l'opinion publique en déclarant initialement que "la radioactivité ne semblait pas provenir de Fukushima car la surface de sol concernée était très limitée." Aujourd'hui, correction de tir : le lien avec l'ex-centrale de Fukushima est finalement établi ! "
Pour ceux qui s'étonnent que les informations officielles sur Fukushima puissent donner lieu à d'intenses spéculations.
Je retiens également qu'une explosion nucléaire type bombe A ne génère pas de cesium 134.
Amicalement,
Delphin
Rédigé par : Delphin | 24/10/2011 à 11:03
Oui Delphin, la clé de tout ceci réside dans le contrôle du Césium-134. Le ratio 137/134 était compris entre 2 et 3 après l'accident de Tchernobyl cf. http://sfp.in2p3.fr/Debat/debat_energie/Nucleaire/Tchernobyl/mercantour/mercantour.html
La centrale Ukrainienne semble avoir relâché moins de Cs-137 (ou plus de Cs-134 ?) que celle de Fukushima où le ratio initial est estimé entre 1 et 1.5 cf. http://www.nuc.berkeley.edu/UCBAirSampling
Extrait : "We know from our air and rainwater measurements that material from Fukushima has a cesium ratio in the range of approximately 1.0 to 1.5... Weapons fallout contains only Cs-137 (no Cs-134) and is known to be present in older soils (pre-1963)"
Il doit encore traîner un reliquat certain de Cs-137 de Tchernobyl et des essais nucléaires sinon le ratio serait théoriquement très proche de l'unité.
Je n'arrive pas à comprendre pourquoi cette information n'est pas distribuée et plus largement commentée, peut-être pour empêcher les citoyens moyens de trop fourrer leur nez dans les "affaires atomiques" dont Mme Lauvergeon soutenait récemment et sans rire que les parties civiles et militaires étaient tout-à-fait séparées ?
En résumé, le Cs-134 existant est totalement du à l'industrie nucléaire. Il doit exister d'autres marqueurs mais celui-ci présente l'avantage d'être facilement repérable par spectro gamma.
Cordialement,
Trifou
Rédigé par : trifouillax | 24/10/2011 à 12:54
si je comprend bien, cette contamination est récente (qqs jours..semaine ) le temps pour petite brise pour transporter tout ça..
juste?
Cordialement
miggu
Rédigé par : miggu | 24/10/2011 à 20:14
@Miggu : c'est cela, la contamination est relativement récente et provient de l'accident de Fukushima.
Rédigé par : trifouillax | 25/10/2011 à 10:07
oui, ce qui est irritant, c'est que on ne voit pas si il s'agit d'un déchargement (volontaire ou non) de déchets, ou si il y a de l'herbe... ce qui pourrait dire que le transport soit dû à la méteo, ce qui ne serait pas rassurant.
De plus les rejets actuels seraient donc encore tres importants pour contaminer en quelques jours si loin et....autant!
En sait-ou plus?
Cordialement,
miggu
Rédigé par : miggu | 25/10/2011 à 22:23
@miggu : d'après ce que j'en ai lu le hotspot se trouverait entre une zone résidentielle et une zone industrielle, au niveau d'un fossé d'écoulement. Un déchargement "sauvage", pourquoi pas mais pourquoi là, à 200 Km du site d'origine ? On peu compter sur les autorités pour faire le maximum et même plus si la cause de la contamination de cet endroit est artificielle c'est à dire si par exemple une main humaine a déposé là un colis encombrant.
Ce n'est pas la première zone de contamination qui traîne autour de sources de concentrations d'eau de pluie (gouttières, chéneaux, fossés, égouts...) je n'ose pas penser à ce que cela doit donner au niveau des stations d'épuration...
Merci pour vos commentaires,
Trifou
Rédigé par : trifouillax | 26/10/2011 à 16:21