Je m'amusais à répondre à un professeur réputé qui se demandait candidement dans un article publié dans "Le Figaro" de ce jour si la probabilité réelle de fusion de coeur nucléaire - partielle disait-il - correspondait bien aux chiffres théoriques avancés par les fabricants de matériel :
Puisque l'auteur évoque les fusions "partielles" de cœur, les stats viennent de se prendre une sacré claque avec l'accident de Fukushima :
- 5 fusions de cœur (TMI, Tchernobyl, Fuku*3)
- 437 réacteurs dans le monde pour une moyenne de 25.4 années de production (chiffres wiki)
- Taux d'accident majeur sur le parc : 5/437 = 0.0114
- Durée moyenne entre 2 accidents majeurs par réacteur : 25.4/0.0114 = 2228 années / réacteur
Et maintenant, en extrapolant un peu :
- Durée moyenne estimée entre 2 fusions de cœur sur le parc nucléaire mondial, s'il reste stable : 2228 / 437 = 5.1 années
Amusons-nous maintenant un peu : Les 4 "grands" USA, France, Japon, Russie comptabilisent à eux seuls 260 réacteurs sur les 437 du parc mondial actuel. Or,
- Les USA ont eu l'accident de TMI en 1979,
- L'URSS celui de Tchernobyl en 1986
- Le Japon le triple accident de Fukushima en 2011
Et la France ? Protégée par sa technologie ? Vraiment ? C'est ce que disaient les opérateurs des sites énumérés ci-dessus encore 1 heure avant que les accidents ne se produisent : Il n'y a pas plus sûr que notre technologie, plus sérieux que nos contrôles, plus adaptées que nos mesures de sûreté, plus indépendants de l'industrie que nos organismes de contrôle, moins corrompus que nos régulateurs politiques etc.
Quant à l'EPR, s'il voit effectivement le jour dans le nouvel équilibre énergétique qui s'amorce suite au terrible accident Japonais - toujours en cours, rappelons-le -, son prix élevé (4 à 7 Milliards contre 2 Milliards pour un ABWR récent) et ses caractéristiques particulières en font un très mauvais candidat à l'exportation, même s'il est peut-être effectivement un peu plus sûr ou, plus exactement, un peu moins dangereux.
EDIT du 18/9 : il semble que le commentaire ci-dessus, peut-être un peu trop précis, ait été "modéré" par le Figaro. Il y a d'ailleurs eu très peu de commentaires sur cet article (2 à ce jour), c'est très peu vu le débat passionné actuel sur l'énergie !
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