gen4 - Les quatre vérités et les mille mensonges du nucléaire

Industrie : Après l'Allemand Siemens, le Japonais Hitachi pourrait jeter l'éponge nucléaire

(NB. Ce qui suit n'est pas un poisson d'avril ;)

Après avoir publié de très bons résultats trimestriels en dominant largement le marché domestique Japonais des écrans plats, la compagnie Japonaise Hitachi (1), créée en 1910, pourrait, d'après le magazine Japonais FACTA d'avril 2012, terminer ses activités industrielles nucléaires ou tout au moins ne plus participer à la réalisation de nouvelles installations sur le territoire Japonais.

L'entreprise est la plus petite des "trois grandes" Japonaises impliquées dans le secteur électronucléaire après Toshiba et MHI (2) ; Hitachi est suffisamment diversifiée (3) pour lâcher facilement une branche moins rentable que les autres. L'entreprise figure à la 473ème place au classement Forbes 2011 des plus grosses entreprises mondiales et emploie environ 473.000 personnes.Au niveau électronucléaire, Hitachi est partenaire de General Electric depuis 2007 dans la joint-venture Hitachi-GE Nuclear Energy Ltd.

Les dirigeants de l'entreprise démentent fermement toute restructuration importante du capital d'Hitachi-GE ; ce retrait d'Hitachi pourrait se limiter à la sortie du marché national Japonais ; Hitachi-GE signale par ailleurs avoir actuellement plusieurs commandes ou réservations de réacteurs de type ABWR (4) et met la dernière touche sur le récent ESBWR (5). Le Japon et les Etats-Unis (6) sont par contre deux pays où les perspectives d'implantation de nouvelles unités de production à eau bouillante sont nettement compromises depuis l'accident de Fukushima-Daichi (7).

Eclaté d'une unité de production ABWR

(1) Hitachi signifie "lever de soleil" en Japonais
(2) Mitsubishi Heavy Industries
(3) Activités d'électronique "grand public", fabriquant de dalles écran, plusieurs branches industrielles, secteur appareillage médical, services financiers, logistique, matériaux, climatisation...
(4) Advanced Boiling Water Reactor, unités de production de 1300 MWe apparemment peu endurantes (le taux de production n'est que d'environ 55%) ; 6 réacteurs en commande
(5) Economic Simplified Boiling Water Reactor, projet très récent d'unités de production de 1600 MWe, encore en phase de certification aux USA
(6) Les USA ont abandonné en 2011 le projet du centre de production de NRG "Sud Texas" qui devait voir la création de 2 unités ABWR ; TEPCO était au capital de NRG...
(7) L'unité n°. 4 de Fukushima-Daiichi a été construite par Hitachi en 1978

Sources :

ex-skf, 30/3, anglais
magazine FACTA, 4/2012, Japonais

Technique : à San Onofre, quelque chose "cloche" dans les tubes du GV

San Onofre : il y aurait des centaines de tubes endommagés au niveau d'un générateur de vapeur récent

L'un des générateurs de vapeur situés au niveau de l'unité n°. 3 du site NPP (Nuclear Product Plant) de San Onofre présente un défaut grave au niveau des tubes d'échange thermique. D'après la NRC, plusieurs centaines de ces tubes seraient plus ou moins endommagés, dont environ 70 à plus de 20%. Ces dégâts sont d'autant plus étonnants que l'ensemble du générateur de vapeur concerné a été remplacé il y a environ 2 ans.

D'après un porte-parole de la NRC, l'usure des tubes serait anormale sur un générateur de vapeur récent. Les deux générateurs de vapeur remplacés récemment sur les unités n°. 2 et 3 de la centrale de San Onofre ont été fabriqués par Mitsubishi Heavy Indistries. Un ancien ingénieur de la NRC aurait par ailleurs déclaré qu'il serait urgent de se préoccuper de déterminer les causes d'une dégradation précoce de ces tubes et qu'il n'avait jamais entendu parler d'une situation similaire dont les implications peuvent s’avérer très, très graves.

Focus : Les tubes du générateur de vapeur jouent un rôle très important dans la sécurité d'un réacteur à eau pressurisée car ils représentent l'une des barrières radiologiques principales à la radioactivité circulant dans le circuit primaire. L'eau chaude et sous pression sortant du réacteur traverse ces centaines de tubes mesurant environ 2 cm de diamètre qui échauffent à leur tour l'eau se situant autour d'eux qui se dirige ensuite vers les turbines de production.

Il est probable qu'une partie de la vapeur dégagée lors de cet incident se soit propagée vers l'extérieur du confinement du bâtiment-réacteur n°. 3.

EDIT (1230L) : un communiqué étrange de l'opérateur du site, Southern California Edison, précise : "aucun rapprochement ne peut être fait à cette heure entre cet incident et une action de terrorisme". Étonnant, non ? Affaire à suivre...

Sources :

Washington Post National, 2/2, anglais
L'accident de rupture de tube, IRSN
 

La fuite radioactive sur le site de San Onofre (USA) supérieure à 100 l / heure

La fuite de vapeur radioactive signalée hier sur un des générateurs de vapeur de l'unité n°. 3 de la centrale de San Onofre en Californie a été estimée "supérieure à" 100 l par heure. L'incident classé au niveau 0 (préalerte, Non-emergency) a entrainé une procédure d'arrêt d'urgence manuel (manual SCRAM) encore appelée Rapid Power Réduction. Il est probable que l'un des tubes équipant l'un des générateurs de vapeur se soit brisé.

Les générateurs de vapeur (GV) sont des éléments cruciaux sur le plan de la sécurité d'un réacteur ; ils se situent en effet à la charnière entre le circuit primaire et le circuit secondaire d'un réacteur à eau pressurisée et sont de ce fait une des causes principales de fuites du circuit primaire. Le bris d'un "tube" peut amener une contamination du circuit secondaire, la radioactivité sortant ainsi de la double enceinte étanche du confinement et du bâtiment réacteur. Les tubes de GV sont soumis à une surveillance continue et attentive, ce qui n'empêche pas les incidents de rupture d'être assez fréquents.

A noter que l'unité n+°. 2 de San Onofre était déjà arrêtée pour rechargement de combustible et n'a donc pas été affectée par cet incident. La totalité de la production est donc stoppée sur ce site (l'antique unité n°. 1 ayant été définitivement stoppée en 1992)

Pour mémoire, la procédure NRC d'urgence nucléaire comporte 5 niveaux :

1 Niveau d'alerte radiologique non-urgente :
Niveau 0 : Notification immédiate d'événement non-urgent (niveau de pré-alerte préventive avec rapport horaire)

4 Niveaux d'alerte radiologique urgente :
Niveau 1 : NOUE - Notification d'un événement inhabituel (dégradation d'un niveau de sécurité)
Niveau 2 : ALERT - Alerte (dégradation importante de la sécurité des installations)
Niveau 3 : SEA - Urgence locale (Péril grave avéré ou imminent)
Niveau 4 : GE - Urgence générale (dégradation du cœur, perte de confinement)
 

Sources :

Bulletin d'alerte NRC de la journée du 1/2, anglais (concerne les événements de Byron Station et de San Onofre, entre autres)
Procédure NRC NUREG 0654, anglais
Procédure NRC 10 CFR 50.72 : Report immédiat d'événements concernant la sécurité de sites de production électronucléaire, anglais

EDIT du 2/2 à 1920L : il semblerait que le générateur de vapeur équipant l'unité n°. 3 de San Onofre ait été remplacé récemment (un peu plus d'une année) et qu'il y ait bien eu perte de confinement du circuit primaire et libération d'une certaine quantité de vapeur radiaoctive à l'extérieur du bâtiment-réacteur. D'après la NRC, plusieurs tubes GV sembleraient brisés. (Info UT San-Diego)