Source : ex-skf, 22/1, anglais
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Un Réacteur à Neutrons Rapides devrait être mis en service au début de l'année prochaine sur le site de Kalpakkam, 80 km au Sud de Chennai (Madras, Inde). De même conception que le réacteur "endormi" de Monju au Japon (en arrêt prolongé depuis 1995) et la série précoce des réacteurs Phénix en France, le RNR de Chennai devrait recevoir son premier chargement de combustible très prochainement. Sa production électrique est estimée à environ 500 MW et son couplage au réseau Indien devrait être effectué en 2015, si tout va bien.
"Si tout va bien ?"
- Le prototype français Rapsodie (IBN-25), 1er RNR - encore appelé surrégénérateur - français a fonctionné 15 ans (1967 à 1983), a produit très peu d'électricité (20 à 40 MWt), causé de très nombreux incidents et accidents dont une très grave explosion d'hydrogène (déjà !) en 1994 qui fit un mort (un ingénieur pourtant expert du sodium) et quatre blessés ; à noter que l'installation était pourtant en phase de démantèlement depuis 1983.
- Le réacteur Phénix qui lui a succédé a connu également bon nombre de "petits" incidents, principalement des feux de sodium (hautement inflammable) et des fuites diverses et variées. Divergé en 1973, il délivrait une puissance de 250 MWe mais fût arrêté définitivement en 2009, après bien des péripéties politiques et techniques. La stabilité du fluide caloporteur utilisé (sodium liquide) est le point faible et même critique de ces installations. A titre d'anecdote, un réacteur équivalent fut construit en Allemagne à Kalkar, il n'a jamais divergé et a été sagement transformé en 1995 en parc d'attraction (prix spéciaux pour les CCAS d'EDF et du CEA).
- Le réacteur Superphénix de forte puissance (1240 MWe) a été mis en service en 1985 à Creys-Malville ; ayant largement dépassé les budgets de construction et d'entretien prévus il sera stoppé définitivement en 1998. Sa conception technique était basée sur un cœur-piscine contenant 5 tonnes de Plutonium et environ 5000 tonnes de sodium liquide très "chatouilleux". Le bilan final était plus que déplorable : risquée, coûteuse et fragile, la filière RNR ne tenait décidément pas ses promesses ; sur une période d'activité de 11 ans, Superphénix aura été en arrêt quasiment 5 années ! Quand elle ne connaissait pas de problèmes techniques comme lors de l'année "exceptionnelle" 1997, la production était financièrement très rentable ; seulement voilà : A l'instar de la première voiture électrique, Mme Superphénix n'était "jamais contente". Les travaux de démantèlement de ce joujou sont prévus pour se prolonger jusqu'en... 2027.
- Les USA n'ont jamais crû à la filière RNR depuis les années 1970 et le président Carter.
- Le Japon s'est quant à lui également longtemps "bagarré" avec son prototype RNR de Monju. Situé à Tsuruga, à 200 km à l'Ouest de Tokyo, le réacteur divergea pour la première fois en 1994. Ce prototype présente une particularité par rapport à ses cousins français : il "brule" du combustible mixte (Pu-U) de type MOX. D'une puissance estimée à quelques centaines de MW thermiques, l'engin connût également son lot de problèmes et d'incidents : en 1995, une fuite importante - l'incident fut pourtant bien "camouflé" par une agence semi-gouvernementale, la Power Nuclear Corporation - provoqua un "incendie sec" qui détériora plusieurs tonnes de sodium et provoqua la fermeture du site pour 13 années. Au total, le réacteur de Monju fut raccordé au réseau d'avril 1994 à décembre 1995, magnifique exemple de productivité ! Il semble que Monju, dont la réputation de fiabilité était déjà lamentable, ait encore souffert des suites de l'accident de Fukushima-Daiichi et que le "bidule" ne soit définitivement compromis.
Résumons : les indiens se croient bien plus malins que les japonais qui se croyaient déjà plus malins que les français ou les russes - qui ont également un peu "bricolé" du RNR avec des fortunes diverses. Quelle est donc cette maladie humaine qui fait s'entêter des gens à priori sensés dans des impasses technologiques et financières pour des États soi-disant à la recherche éperdue d'opérations rentables ? Une "vitrine technique" ? Quelle bonne blague, la technologie à neutrons rapides est bien la plus idiote des manières de gaspiller de l'argent public, en prenant des risques insensés pour faire chauffer une marmite infernale. Non, les RNR ne sont en fait que la vitrine d'un passé... dont on se serait d'ailleurs rétrospectivement bien passé !
En conclusion, ce que l'on ne vous dira pas facilement officiellement, c'est que l'objectif "caché" d'un RNR, c'était
initialement, lors de la "guerre froide", de tenter de produire du Plutonium, beaucoup de Plutonium pour remplir de jolies bombinettes bigarrées et surnuméraires. Voila aussi pourquoi certains États conservaient volontiers un RNR "en stand-by"...
Hélas, là aussi, le fiasco des neutrons rapides est avéré : le bilan Plutonium serait finalement négatif, un RNR consommerait donc in fine plus de Plutonium qu'il n'en produirait et serait donc rétrogradé au rang d'un vulgaire "sous-générateur". Rideau, la farce se termine.
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