Un rapport ‘final’ ? Vraiment ?
Tepco a informé hier que le compte-rendu “final” de l’accident de mars 2011 avait été achevé. Sans même ouvrir ce document, on comprendra qu’il ne peut logiquement se valoir d’être “finalisé” car l’opérateur ne dispose d’aucune donnée précise sur l’étendue des dégâts des confinements, de l’état du combustible en cœur et en piscine ni la connaissance des conséquences sanitaires tardives (1) de l’accident. La NHK commente même (contrairement à ses habitudes) que Tepco ne connait toujours pas le chiffre exact des termes-source de l’accident ni l’état exact des ‘réacteurs’.
Un rapport épais (352 pages) et… obligatoirement provisoire !? (NHK)
Tepco tente de décharger sa responsabilité sur le gouvernement de M. Kan
L’opérateur reconnait dans le rapport qu’il porte une part de responsabilité dans la catastrophe notamment par son manque de préparation d’une éventuelle crise nucléaire mais tente de dégager le plus gros de la responsabilité sur M. Kan et son cabinet qui auraient “ajouté à la confusion générale déjà induite par l’enchainement des évènements accidentels”. Comme si le choléra excusait la peste…
M. Kan débarque à FD le 13 mars 2011, un mauvais sourire aux lèvres (NHK)
Un esclandre majeur entre Tepco, les autorités locales et les habitants de la région de Fukushima
Selon le Mainichi Daily de ce jour, l’épais rapport publié par Tepco a initié un sentiment de colère et d’incompréhension chez les autorités locales et préfectorales aussi bien que chez les habitants de la région touchée par la catastrophe nucléaire de Fukushima-Daiichi ; chacun y va de son petit commentaire, estimant fréquemment ce document comme ‘très léger’ et même ‘rempli de mensonges’. M. Yoshishiro Koyama, responsable du bureau de la sécurité nucléaire à la Préfecture de Fukushima avoue ainsi que “Tepco ne sait même pas ce qui s’est réellement produit au sein des réacteurs n°. 1, 2 et 3”. Le maire de Namie-Machi, M. Tamostsu Baba estime quant à lui que Tepco a carrément inventé des faits comme une soi-disant visite de l’opérateur auprès des habitants de Namie le 13 mars alors que M. Baba n’a rencontré pour la première fois les représentants de l’opérateur que fin mars et qu’auparavant “il n’en a jamais entendu parler”. Tiens, encore une soi-disant visite à Fukushima, décidément c’est un mauvais plan comm. : les observateurs de cette catastrophe sont si attentifs aux moindres détails qu’ils ne gobent plus ‘tout cru’ les gros mensonges des autorités.
Qui a menti, mentira…
Un habitant de 71 ans évacué de Tamioka estime d’ailleurs que “malgré [la publication de] ce rapport soi-disant final, je ressens nettement le fait que Tepco cache encore beaucoup de choses… il est probable que Tepco continue encore actuellement à masquer des informations aux habitants… Il est évident que Tepco essaye de minimiser sa culpabilité et d’échapper à ses responsabilités.”
Des poursuites judiciaires probables
Le maire de Namie prévoit de réclamer à 'l’ancien directoire de Tepco et d’autres autorités nationales (2) des indemnités pour le non-respect de clauses contractuelles d’alerte immédiate des autorités locales en cas de crise nucléaire. Certes, c’était l’affolement et la panique, mais même ces réactions peuvent être améliorées grâce à de simples entrainements et execices, ce qui manifestement n’était pas une règle en vigueur avant Fukushima.
(1) Le délai de survenance des maladies radio-induites par des doses ‘faibles’ à ‘moyennes’ est compris entre 2 et plusieurs dizaines d’années
(2) Probablement la NISA ?
Sources :
Fukushima residents call Tepco disaster ‘sloppy’ and ‘false’, mainichi daily, 21/6
Tepco releases ‘final’ report on FD disaster, NHK World, 20/6
Ce rapport n'a été écrit que dans l'optique de la prise de participation de l'état dans Tepco de façon à dédouaner les responsables ou limiter les conséquences de poursuites, très probablement avec l'accord du gouvernement, très lié aux industriels.
Pure propagande donc mais à examiner à la loupe, il y a sans doute quelques détails ayant échappé par distraction à la censure.
Quand au "final" d'un rapport 15 mois après un pareil accident... Il doit rester des milliers d'évacués d'urgence toujours sans logement.
Rédigé par : HP | 21/06/2012 à 17:11