Selon une enquête publique effectuée par le Ministère de l’Industrie et des Sciences Japonais auprès de 1600 personnes et publiée le 19 juin, si 85% de la population Japonaise faisaient confiance aux scientifiques avant le 11 mars 2011, ils ne sont plus que 65% aujourd’hui alors que les Japonais estimant qu’ils sont probablement peu dignes de confiance bondit de 4 à 13% des sondés. Le sondage témoin a été effectué en octobre et novembre 2010 alors que l’enquête post-Fukushima a été réalisée en octobre et novembre 2011.
La science principalement accusée de ne pas avoir su appréhender les évènements du 11 mars 2011
Il semble que les Japonais reprochent notamment aux scientifiques de ne pas avoir su prédire la probabilité d’une catastrophe naturelle de la magnitude de celle qui a frappé l’Est du Japon le 11 mars 2011 ; les Japonais n’ont non seulement pas été prévenus de la possibilité d’un séisme aussi dévastateur mais le système d’alerte Tsunami dans la vallée de Sendaï a également complètement dysfonctionné malgré un précédent historique (1). Le tsunami est pourtant à l’origine de la majorité des décès induits par les évènements du 11 mars 2011 (2).
La vulnérabilité des centrales nucléaires
Il semble que les Japonais ne comprennent pas plus pourquoi des installations qui étaient décrites comme totalement sures et inoffensives avant les évènements de Fukushima pouvaient subitement devenir aussi menaçantes et incontrôlables.
Un manque cruel de réponses à la crise nucléaire : robots, technique de “décontamination”…
Après la catastrophe, les Japonais reprochent également aux scientifiques de ne pas avoir prévu de réponses précises à l’extension de la crise nucléaire : depuis les systèmes d’alerte et d’évacuation déficients (3), le raté des pilules d’iode, le zonage approximatif de la contamination, le manque d’attitude vis-à-vis des animaux d’élevage et domestiques, la prise en compte des points chauds en-dehors du zonage… La liste n’est pas limitative et intègrera surement encore d’autres évènements dans le futur.
Des scientifiques qui restent perchés sur leur petit nuage…
D’après le JDP, la plupart des scientifiques n’ont pas compris l’évolution de la situation et continuent à faire comme si la catastrophe n’avait pas eu lieu : 44% de ces derniers estiment ainsi qu’ils ont toujours la confiance “aveugle” du public alors que la réalité est proche de 6%, soit environ un Japonais sur quinze ! En fait, ils ne sont pas les seuls à se tromper, les scientifiques de tout crin sont rejoints dans ce comportement de déni de réalité des conséquences accidentelles par les autorités et l’ensemble du bloc électro-nucléaire, y compris ses représentants internationaux.
(1) Le séisme de Jogan, estimé à 8.3, a levé un tsunami qui a frappé exactement la même zone en 869, faisant environ 1000 morts
(2) 90% de décès (wiki) imputés au tsunami soit environ 17.000 morts sur 19.000
(3) Le système de pré-alerte SPEEDI est bien entendu visé ici même s’il n’est curieusement pas détaillé dans l’enquête effectuée par le MEXT
Japan Daily Press, 20 juin, anglais
Lire également : La toute-puissance des opérateurs nucléaires Japonais encore à l’œuvre quelques jours avant le 11 mars 2011, gen4, 27/02/12
Intéressant, mais peut-on parler de science ? Il y a bien une science physique; mais en ce qui concerne les tremblements de terre, tsunamis et sûreté nucléaire, la "science" est aussi lamentable que la "science économique".
D'abord parce qu'il n'y a pas de boule de cristal (qui fonctionne).
Rappelons qu'un bon prévisionniste est quelqu'un qui réussit à modéliser les faits de l'année passée avec les données de l'année précédente, rien de plus.
Ensuite parce que les "évaluations" de ces dites sciences sont intégrées dans la réalité conflictuelle humaine : compromis entre les coûts et la sûreté, opacité des intérêts cachés et des risques pris (voyez Goldman Sachs qui parie contre ses clients, voyez le lien indissoluble des nucléaires civil et militaire, voyez la puissance corruptrice des lobbies d'activités surpuissantes).
Dans ce cas, parler de "science", c'est faire des reproches au Père Noël.
Rédigé par : Phil | 21/06/2012 à 06:52
ton point de vue est particulièrement pertinent : tout est dit
et sur la meme lancée nous avons ici trois des quatre réacteurs de tricastin en fin de vie devenus inutiles puisque leur nouvelle usine d'enrichissement d'uranium consomme 50 fois moins de courant électrique que l'ancienne ......
Rédigé par : Jepell | 21/06/2012 à 15:25
Merci pour ces réactions, la boucle d'énergie du Rhône, un sujet à creuser...
Et bien vu pour le "prévisionnisme" qui consiste à tenter d'ajuster le passé au présent pour tordre le bras à l'avenir (le hasard par exemple).
Trifou
Rédigé par : trifouillax | 22/06/2012 à 10:34