Alors que le Japon hésite sur la conduite à poursuivre dans le nouveau schéma énergétique post-Fukushima, le quotidien Hindu Times (1) d'hier nous informe que l'Inde va très prochainement procéder au chargement du combustible nucléaire dans ce qui devrait devenir la 21ème unité de production électronucléaire du pays (2). Ce nouveau réacteur est également le premier mis en service sur le nouveau site de production de Kudankulam (3), exploité par l'opérateur KKNPP.
Un projet longtemps contesté et retardé
Le projet initial de KKNPP remonte à... 1988 et, après bien des péripéties, associe finalement le géant Russe ATOMSTROYEXPORT au groupe public Indien NPCIL (4). Les travaux de construction des deux premières unités de production KKNPP1 et KKNPP-2 ont débuté en 1997 pour s'achever à la fin des années 2000. Depuis l'accident de Fukushima, les essais avaient été retardés suite notamment aux nombreuses interrogations des populations locales.
Les scientifiques Indiens : Kudankulam n'a rien à voir avec Fukushima-Daiichi !
Les premiers essais de chargement de combustible devaient avoir lieu en 2011 mais la survenue de l'accident majeur de Fukushima-Daiichi avait entre temps renforcé la détermination des populations locales à ne pas accepter le démarrage de ces unités. La réponse des scientifiques Indiens a été aussi hautaine que celle des scientifiques Japonais : "Les peurs et les craintes de la population locale ne sont pas fondées sur des faits scientifiques." soit à peu de choses près le même discours entendu au Japon dans l'ère pré-Fukushima !
Les Indiens sortent l'excuse ultime : la faillite du pays !
De plus, les autorités Indiennes ont sorti cette remarque imparable : "Après tout l'argent que nous avons investi (1400 Milliards de Roupies), si nous ne mettons pas en service ces unités aussi rapidement que possible, ceci affectera la stabilité financière de notre pays." On est prié de sécher ses larmes et de rentrer chez soi...
Des différences existent effectivement mais pour autant aucun site électronucléaire ne peut être qualifié de "sans danger"
KKNPP a donc finalement assemblé deux unités REP de 1 GWe de type Russe VVER-1000, dont les principes de sûreté ne sont pas - c'est le moins que l'on puisse dire - partagés par l'ensemble d'une industrie où la compétition fait rage et dont les arguments sont souvent fratricides : l'IRSN pointe ainsi que, mêmes si les VVER-1000 "ressemblent" aux réacteurs occidentaux et que la sécurité des réacteurs Russes récents ait été améliorée, ces derniers présenteraient toutefois des faiblesses au niveau de la gestion des surpressions à froid, des pompes de recirculation et de la source froide secondaire (ultime !).
Sous les réacteurs, la plage...
Les VVER-1000 disposent par contre d'un cendrier de cœur - preuve (ultime) qu'un accident majeur est toujours possible - de recombineurs d'hydrogène, d'un double confinement et de systèmes de refroidissement passifs (les Mark1 de Fukushima en disposaient également). Au niveau de l’emplacement, le site choisi ne serait pas, d'après les scientifiques Indiens, classé en zone "Tsunami" et le niveau des installations serait surélevé par rapport à Fukushima-Daiichi 1-4 qui étaient situés, d'après les Indiens, "sur la plage" !
Sur le terrain tectonique, l'Inde est située au niveau de la ligne de faille Indo-Eurasienne dans sa partie Nord mais l'extrême Sud du pays est également situé dans une Zone à risque plus limitée (n°.2). La dangerosité du site se complique par contre notablement du fait de la très forte densité de population de cette région du monde : près de 26 millions de personnes vivent dans un rayon de 200 km au Nord du site et l'industrie y est généralement agroalimentaire : les célèbres épices Indiennes et la pêche artisanale de poissons exotiques.
Un raccordement au réseau prévu à la mi-juin
L'opération de déchargement du cœur factice et du chargement du cœur opérationnel devrait se prolonger durant quelques semaines puis le réacteur n°. 1 devrait développer sa première criticité avant de se voir finalement raccordé au réseau Indien vers le milieu du mois de juin 2012, soit avec environ 5 années de retard sur le calendrier initial.
(1) Journal le plus diffusé en Inde avec environ 2 millions de lecteurs (wiki)
(2) Avec 21 unités réparties sur 7 sites, l'inde est le 6ème pays le plus nucléarisé au monde (wiki)
(3) KudanKulam Nuclear Power Project, énorme projet de 6 unités / 9 GWe situé dans la province de Tamil Nadu, à l'extrême Sud de la péninsule Indienne (wiki, anglais)
(4) Nuclear Power Corp. of India Limited, organisme public gérant la totalité de la production électronucléaire Indienne
Sources :
KK reactor just a step away from criticality, The Hindu, 12/5/12, anglais
Kudankulam Plant is safe, The Times of India, 14/11/2011, anglais
KKNPP : a threat to South India, sacw.net, 27/3/2011, anglais
Un projet longtemps contesté et retardé
Le projet initial de KKNPP remonte à... 1988 et, après bien des péripéties, associe finalement le géant Russe ATOMSTROYEXPORT au groupe public Indien NPCIL (4). Les travaux de construction des deux premières unités de production KKNPP1 et KKNPP-2 ont débuté en 1997 pour s'achever à la fin des années 2000. Depuis l'accident de Fukushima, les essais avaient été retardés suite notamment aux nombreuses interrogations des populations locales.
Les scientifiques Indiens : Kudankulam n'a rien à voir avec Fukushima-Daiichi !
Les premiers essais de chargement de combustible devaient avoir lieu en 2011 mais la survenue de l'accident majeur de Fukushima-Daiichi avait entre temps renforcé la détermination des populations locales à ne pas accepter le démarrage de ces unités. La réponse des scientifiques Indiens a été aussi hautaine que celle des scientifiques Japonais : "Les peurs et les craintes de la population locale ne sont pas fondées sur des faits scientifiques." soit à peu de choses près le même discours entendu au Japon dans l'ère pré-Fukushima !
Les Indiens sortent l'excuse ultime : la faillite du pays !
De plus, les autorités Indiennes ont sorti cette remarque imparable : "Après tout l'argent que nous avons investi (1400 Milliards de Roupies), si nous ne mettons pas en service ces unités aussi rapidement que possible, ceci affectera la stabilité financière de notre pays." On est prié de sécher ses larmes et de rentrer chez soi...
Des différences existent effectivement mais pour autant aucun site électronucléaire ne peut être qualifié de "sans danger"
KKNPP a donc finalement assemblé deux unités REP de 1 GWe de type Russe VVER-1000, dont les principes de sûreté ne sont pas - c'est le moins que l'on puisse dire - partagés par l'ensemble d'une industrie où la compétition fait rage et dont les arguments sont souvent fratricides : l'IRSN pointe ainsi que, mêmes si les VVER-1000 "ressemblent" aux réacteurs occidentaux et que la sécurité des réacteurs Russes récents ait été améliorée, ces derniers présenteraient toutefois des faiblesses au niveau de la gestion des surpressions à froid, des pompes de recirculation et de la source froide secondaire (ultime !).
Sous les réacteurs, la plage...
Les VVER-1000 disposent par contre d'un cendrier de cœur - preuve (ultime) qu'un accident majeur est toujours possible - de recombineurs d'hydrogène, d'un double confinement et de systèmes de refroidissement passifs (les Mark1 de Fukushima en disposaient également). Au niveau de l’emplacement, le site choisi ne serait pas, d'après les scientifiques Indiens, classé en zone "Tsunami" et le niveau des installations serait surélevé par rapport à Fukushima-Daiichi 1-4 qui étaient situés, d'après les Indiens, "sur la plage" !
Sur le terrain tectonique, l'Inde est située au niveau de la ligne de faille Indo-Eurasienne dans sa partie Nord mais l'extrême Sud du pays est également situé dans une Zone à risque plus limitée (n°.2). La dangerosité du site se complique par contre notablement du fait de la très forte densité de population de cette région du monde : près de 26 millions de personnes vivent dans un rayon de 200 km au Nord du site et l'industrie y est généralement agroalimentaire : les célèbres épices Indiennes et la pêche artisanale de poissons exotiques.
Un raccordement au réseau prévu à la mi-juin
L'opération de déchargement du cœur factice et du chargement du cœur opérationnel devrait se prolonger durant quelques semaines puis le réacteur n°. 1 devrait développer sa première criticité avant de se voir finalement raccordé au réseau Indien vers le milieu du mois de juin 2012, soit avec environ 5 années de retard sur le calendrier initial.
(1) Journal le plus diffusé en Inde avec environ 2 millions de lecteurs (wiki)
(2) Avec 21 unités réparties sur 7 sites, l'inde est le 6ème pays le plus nucléarisé au monde (wiki)
(3) KudanKulam Nuclear Power Project, énorme projet de 6 unités / 9 GWe situé dans la province de Tamil Nadu, à l'extrême Sud de la péninsule Indienne (wiki, anglais)
(4) Nuclear Power Corp. of India Limited, organisme public gérant la totalité de la production électronucléaire Indienne
Sources :
KK reactor just a step away from criticality, The Hindu, 12/5/12, anglais
Kudankulam Plant is safe, The Times of India, 14/11/2011, anglais
KKNPP : a threat to South India, sacw.net, 27/3/2011, anglais
il m'a l'air d'être ancré sur le dur.A priori ce sont de très vieux gneiss ou apparentés. On les voit arriver chez nous comme pavé ou bordure de trottoir ou bordure de trottoir.
Pour le reste, soulignons que le site n'a pas l'air d'avoir pâti du tsunami de 2002 qui a ravagé la côte indienne plus au Nord et les côtes de Ceylan à l'Est.
Du point de vue tectonique, il semblerait que nous soyons sur une marge océanique passive peu propice à la survenue de séismes de grande ampleur (Mais faudrait creuser la question). L'influence de la collision Inde-Eurasie qui est responsable de l'érection de la chaine himalayenne ne se fait pas sentir ici, plusieurs milliers de kilomètres plus au sud.
Les centrales situées 50km au sud de Pondichéry ont elles aussi résisté au tsunami, bien que situées en bord de mer.
Rédigé par : Geologue | 14/05/2012 à 17:31