Pourquoi le Moyen-Orient n'est vraiment pas adapté à l'exploitation de réacteurs nucléaires
Après la Turquie (1) et l’Égypte (2) qui ont déjà initié leur programme de construction de centrales électronucléaires sur les bords de la Mer Méditerranée, la Jordanie vient à son tour de déclarer tout l’intérêt qu'elle porte à la construction d'une unité de production afin de les aider - entre autres - à faciliter la désalinisation de l'eau de mer, le royaume hachémite souffrant, comme d'autres pays proches, d'une aridité exceptionnelle (3).
Le triple problème du nucléaire jordanien
La région du Moyen-Orient en général et la Jordanie en particulier sont d'une part très fragiles sur le plan sismologique (4) mais ses ressources très limitées en eau peuvent amener à douter des conditions de sûreté de fonctionnement d'installations très gourmandes en eau et ne soutenant pas la moindre faiblesse à ce niveau (5). Le Jourdain, quasiment asséché, n'offre à ce niveau qu'un débit très insuffisant. Au Sud et à l'Ouest, l'équation se complique cette fois-ci sur sur le plan géopolitique car la Jordanie est entourée de deux puissants voisins - Israël et l'Arabie Saoudite - qui ne voient pas forcément d'un bon œil l'installation d’équipements nucléaires à leurs frontières respectives (6), dans un pays que ces deux grands États voient comme possiblement instable (7).
Que va donc faire AREVA dans cette galère ?
Il est dès lors évident que dans ce contexte technique et géopolitique extrêmement complexe, il y a autant de coups à recevoir que d'argent à gagner. Courant 2010, le projet fugitif d'une centrale commune entre Jordanie et Israël avait été mis sur les rails avant d'être abandonné peu de temps après, pour revenir à un projet strictement Jordanien. Plus récemment, une curieuse brève indiquait que finalement, les Sud-Coréens de Kepco auraient remporté l'appel d'offres. Finalement, quand des dépêches encore plus récentes nous annoncent - entre les deux tours des élections présidentielles françaises - que le géant français de l’électronucléaire est finalement retenu en short-list pour finaliser ledit projet, nous ne voyons quant à nous qu'un opportun rideau de fumée politique et la probabilité d'un joli mirage à la clef !
(1) Programme de 5000 MWe sur 20 ans, AREVA était un moment sur le coup (2008) mais s'est pris un râteau au profit du Russe Atomstroyexport et de réacteurs VVER
(2) 4 Unités de 1000MWe ; si le site a été choisi (Al-Dabba, 150 km à l'Ouest d'Alexandrie), l'appel d'offre n'est pas finalisé à ce jour et le site original semble avoir été saccagé début 2012
(3) La Jordanie est l'un des quatre pays les plus arides du monde (wiki anglais)
(4) La faille du Levant traversant tout l'Ouest du royaume hachémite pour se diriger ensuite vers la Turquie ; il s'agit de l'une des zones sur terre les plus exposées au séismes
(5) Les quantités d'eau nécessaires au refroidissement des installations électronucléaires sont gigantesques : près de 5 Millions de tonnes d'eau par jour [EDITE] et par unité de production en circuit ouvert (50m3/s) ; l'éventualité d'un circuit fermé (tours aéroréfrigérantes) semble par ailleurs assez peu envisageable dans une zone aussi chaude et aride
(6) Au Sud : Al-Aqabah sur la mer rouge ; A l'Ouest : la région d'Al-Karak près de la mer morte et de la Cisjordanie
(7) La Jordanie est bordée au Nord par la Syrie et connaît d'autre part des manifestations continues depuis le début de l'année 2011
Sources :
Egypte: Ria Novosti, 8/2/10 ; Enerzine, 26/8/2010
Turquie : IPS, 3/5/2012
Jordanie : le Figaro, 30/4/12
Après la Turquie (1) et l’Égypte (2) qui ont déjà initié leur programme de construction de centrales électronucléaires sur les bords de la Mer Méditerranée, la Jordanie vient à son tour de déclarer tout l’intérêt qu'elle porte à la construction d'une unité de production afin de les aider - entre autres - à faciliter la désalinisation de l'eau de mer, le royaume hachémite souffrant, comme d'autres pays proches, d'une aridité exceptionnelle (3).
Le triple problème du nucléaire jordanien
La région du Moyen-Orient en général et la Jordanie en particulier sont d'une part très fragiles sur le plan sismologique (4) mais ses ressources très limitées en eau peuvent amener à douter des conditions de sûreté de fonctionnement d'installations très gourmandes en eau et ne soutenant pas la moindre faiblesse à ce niveau (5). Le Jourdain, quasiment asséché, n'offre à ce niveau qu'un débit très insuffisant. Au Sud et à l'Ouest, l'équation se complique cette fois-ci sur sur le plan géopolitique car la Jordanie est entourée de deux puissants voisins - Israël et l'Arabie Saoudite - qui ne voient pas forcément d'un bon œil l'installation d’équipements nucléaires à leurs frontières respectives (6), dans un pays que ces deux grands États voient comme possiblement instable (7).
Il est dès lors évident que dans ce contexte technique et géopolitique extrêmement complexe, il y a autant de coups à recevoir que d'argent à gagner. Courant 2010, le projet fugitif d'une centrale commune entre Jordanie et Israël avait été mis sur les rails avant d'être abandonné peu de temps après, pour revenir à un projet strictement Jordanien. Plus récemment, une curieuse brève indiquait que finalement, les Sud-Coréens de Kepco auraient remporté l'appel d'offres. Finalement, quand des dépêches encore plus récentes nous annoncent - entre les deux tours des élections présidentielles françaises - que le géant français de l’électronucléaire est finalement retenu en short-list pour finaliser ledit projet, nous ne voyons quant à nous qu'un opportun rideau de fumée politique et la probabilité d'un joli mirage à la clef !
(1) Programme de 5000 MWe sur 20 ans, AREVA était un moment sur le coup (2008) mais s'est pris un râteau au profit du Russe Atomstroyexport et de réacteurs VVER
(2) 4 Unités de 1000MWe ; si le site a été choisi (Al-Dabba, 150 km à l'Ouest d'Alexandrie), l'appel d'offre n'est pas finalisé à ce jour et le site original semble avoir été saccagé début 2012
(3) La Jordanie est l'un des quatre pays les plus arides du monde (wiki anglais)
(4) La faille du Levant traversant tout l'Ouest du royaume hachémite pour se diriger ensuite vers la Turquie ; il s'agit de l'une des zones sur terre les plus exposées au séismes
(5) Les quantités d'eau nécessaires au refroidissement des installations électronucléaires sont gigantesques : près de 5 Millions de tonnes d'eau par jour [EDITE] et par unité de production en circuit ouvert (50m3/s) ; l'éventualité d'un circuit fermé (tours aéroréfrigérantes) semble par ailleurs assez peu envisageable dans une zone aussi chaude et aride
(6) Au Sud : Al-Aqabah sur la mer rouge ; A l'Ouest : la région d'Al-Karak près de la mer morte et de la Cisjordanie
(7) La Jordanie est bordée au Nord par la Syrie et connaît d'autre part des manifestations continues depuis le début de l'année 2011
Sources :
Egypte: Ria Novosti, 8/2/10 ; Enerzine, 26/8/2010
Turquie : IPS, 3/5/2012
Jordanie : le Figaro, 30/4/12
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Peut-être un HTR à boulets ?
Ça marcherait dans des pays sans eau.
Rédigé par : Geologue | 04/05/2012 à 18:53