Nous vous avions promis de nous étendre un peu sur les artifices utilisés par les agences nucléaires nationales afin de "modérer" autant que faire se peut les études de contamination accidentelles (1). Nous vous présentons ci-dessous un condensé des idées exprimées dans ce domaine par Paul Zimmerman, auteur de plusieurs ouvrages sur les accidents nucléaires (2). M. Zimmerman évoque les "neuf stratagèmes" qui permettent aux agences gouvernementales de faire croire que les contaminations résultant des accidents nucléaires - et, en passant, de l'usage des armes à l'Uranium-238 - sont généralement inoffensives.
Stratagème n°. 1 : valoriser les effets de la dilution
La dose de radioactivité absorbée que l'on simplifie fréquemment en "dose" est l'énergie déposée par unité de masse (3) ; fort logiquement, en augmentant la masse (le volume du support de la radioactivité) et à énergie constante, la dose doit théoriquement diminuer par le phénomène de dilution. Si un accident disperse un terme-source (4) donné, la concentration ou dose de radioactivité moyenne sera bien différente si les rejets s'effectuent dans un verre à dents ou dans l'océan Pacifique, comme lors de l'accident de Fukushima. Seule la dose fait le poison, disait Paracelse au XVIème siècle.
Seulement voilà : Si le principe énoncé par Paracelse est valide dans un espace fini raisonnable (animal, homme), il devient inapplicable dès qu'on tend à l'utiliser sur une échelle de masse infinie (au fait, combien de m3 dans l'océan Pacifique ?) La dilution n'est ainsi pas la solution à la pollution, elle est juste une manière pratique de se débarrasser du problème en s'appuyant sur des lois forcément imparfaites ; si l'homme n'avait pas défini de seuils de sécurité absolument arbitraires, s'il avait défini une fois pour toutes que le principe de base c'était de ne relâcher "aucune" radioactivité dans la nature, personne ne serait plus tenté de contourner une barrière morale par une barrière scientifique. Mais les "installations" nucléaires n'existeraient peut-être plus dans ces conditions radio-sanitaires idéales...
En y regardant bien, la dilution n'est en fait qu'un principe hypocrite qui élargit la portée initiale de la contamination : si le Japon n'avait pas ainsi généreusement dispersé - parfois volontairement - une bonne moitié de ses rejets radioactifs dans l'océan Pacifique, le pays se retrouverait aujourd'hui dans une situation probablement bien pire (voir l'exemple Japonais présenté ci-dessous).
Dans les années 1940, un scientifique de l'ORNL (5) avait ainsi proposé de relâcher l'ensemble des déchets collectés lors de la fabrication des premières armes nucléaires américaines dans la rivière toute proche en assurant que "la dilution" ferait le reste. Eurêka ! Relâcher sans diluer, c'était "mal", relâcher la même dose en diluant, c'était "bien". Depuis, la "technique" a été améliorée : chaque entité utilisant du matériel radioactif, chaque centrale, chaque centre de traitement ou de retraitement de combustibles, chaque site de prospection de minerai d'uranium, chaque service de médecine nucléaire sera autorisé à relâcher un quota "d'effluents" gazeux ou liquides dans la nature (6), quota qui se trouvera démultiplié d'autant en appliquant l'artifice de la dilution.
Exemple Français : les rejets autorisés dans un Centre Nucléaire de Production d’Électricité (centrale nucléaire) sont fixés à :
- Limite annuelle réglementaire de rejets "bruts" : 0.55 GBq (hors tritium) ; 185000 GBq (185 mille milliards de Becquerels !) pour le tritium, considéré comme très faiblement radio-toxique
- Activité volumique ajoutée après dilution dans les eaux du Rhône : 0.0007 GBq et 92.5 GBq pour le tritium par litre d'eau et par jour soit des limites ponctuelles beaucoup plus élevées !
Après cette constatation, nous pourrions maintenant raisonner par l'absurde : si une centrale nucléaire n'avait pas d'accès à une source d'eau froide, que ferait-elle de tous ces stocks de Tritium ? Que l'on pourrait retourner en : par le plus grand des hasards, une centrale disposant de tours aéroréfrigérantes (TAR) (7) doit-elle impérativement disposer d'une source froide importante, non pour des raisons techniques incontournables mais principalement pour "diluer" ses effluents liquides de manière réglementaire ? Le circuit de refroidissement tertiaire réalisé au seul sein des tours aéroréfrigérantes tournant elles-mêmes en circuit quasi-fermé n'est-il techniquement pas loin d'être auto-suffisant ? Si la réponse est "oui", pourquoi alors disposer d'une source d'eau froide conséquente (8) à proximité immédiate d'une centrale pratiquement thermo-suffisante si ce n'est pour "diluer" les rejets liquides habituels voire même en prévision d'éventuels rejets accidentels ?
Exemple Japonais : en avril 2011, lors de la première "phase critique" de la crise nucléaire, Tepco avait relâché directement dans l'océan durant une semaine entière une eau "faiblement contaminée" autrement dit des doses élevées de radioactivité diluées dans de grandes quantités d'eau. Si Tepco avait relâché l'intégralité du même inventaire radioactif en une heure (9), cela aurait alors été critiquable ; il a donc "dilué" l'inventaire en relâchant la même dose au "compte-gouttes" (une semaine) et tout allait pour le mieux dans le meilleurs des mondes nucléaires.
Exemple Français : au moment de la phase aiguë de l'accident de Fukushima, S. Huet de Libé écrivait le 14 mars : "L'eau qui passe dans le réacteur numéro 1 à trente tonnes par heure est nécessairement rejetée dans l'océan. Elle est porteuse d'une radioactivité, mais d'une part, il n'y a pas le choix, et d'autre part, cette radioactivité est encore limitée, enfin elle va très vite se diluer dans l'océan Pacifique. En résumé, c'est sale mais c'est obligatoire et pas si grave que cela." (les engraissements sont ajoutés par gen4).
(1) Dont une certaine partie de l'idéologie est reprise en cœur par nombre de nucléocrates, généralement professionnels
(2) Primer in the Art of Deception: The Cult of Nuclearists, Uranium Weapons and Fraudulent Science, 2008, anglais
(3) 1 Gray = 1 Joule par Kilogramme
(4) Ensemble des rejets radioactifs consécutifs à un dégagement radioactif ponctuel ou habituel
(5) Oak Ridge National Laboratory, l'une des labos nucléaires (et atomiques) officiels des USA
(6) L'atmosphère pour les gaz rares et les iodes, l'eau pour le Tritium, les Césiums...
(7) Les énormes "cheminées" équipant certains sites nucléaires français et américains
(8) Rivière, canal, fleuve, mer océan... voire un lac artificiel de 22 km2 dans le cas de Tchernobyl, non équipé de TAR il est vrai...
(9) Ils ont de sacrées bonnes pompes, dans les centrales nucléaires ; ça vous vide du 200.000 m3 par heure ça, ma bonne dame !
Source :
"Betrayal of Mankind by Radiation Protection Agencies" Series, Paul Zimmerman, 2010
Stratagème n°. 1 : valoriser les effets de la dilution
La dose de radioactivité absorbée que l'on simplifie fréquemment en "dose" est l'énergie déposée par unité de masse (3) ; fort logiquement, en augmentant la masse (le volume du support de la radioactivité) et à énergie constante, la dose doit théoriquement diminuer par le phénomène de dilution. Si un accident disperse un terme-source (4) donné, la concentration ou dose de radioactivité moyenne sera bien différente si les rejets s'effectuent dans un verre à dents ou dans l'océan Pacifique, comme lors de l'accident de Fukushima. Seule la dose fait le poison, disait Paracelse au XVIème siècle.
Seulement voilà : Si le principe énoncé par Paracelse est valide dans un espace fini raisonnable (animal, homme), il devient inapplicable dès qu'on tend à l'utiliser sur une échelle de masse infinie (au fait, combien de m3 dans l'océan Pacifique ?) La dilution n'est ainsi pas la solution à la pollution, elle est juste une manière pratique de se débarrasser du problème en s'appuyant sur des lois forcément imparfaites ; si l'homme n'avait pas défini de seuils de sécurité absolument arbitraires, s'il avait défini une fois pour toutes que le principe de base c'était de ne relâcher "aucune" radioactivité dans la nature, personne ne serait plus tenté de contourner une barrière morale par une barrière scientifique. Mais les "installations" nucléaires n'existeraient peut-être plus dans ces conditions radio-sanitaires idéales...
En y regardant bien, la dilution n'est en fait qu'un principe hypocrite qui élargit la portée initiale de la contamination : si le Japon n'avait pas ainsi généreusement dispersé - parfois volontairement - une bonne moitié de ses rejets radioactifs dans l'océan Pacifique, le pays se retrouverait aujourd'hui dans une situation probablement bien pire (voir l'exemple Japonais présenté ci-dessous).
Dans les années 1940, un scientifique de l'ORNL (5) avait ainsi proposé de relâcher l'ensemble des déchets collectés lors de la fabrication des premières armes nucléaires américaines dans la rivière toute proche en assurant que "la dilution" ferait le reste. Eurêka ! Relâcher sans diluer, c'était "mal", relâcher la même dose en diluant, c'était "bien". Depuis, la "technique" a été améliorée : chaque entité utilisant du matériel radioactif, chaque centrale, chaque centre de traitement ou de retraitement de combustibles, chaque site de prospection de minerai d'uranium, chaque service de médecine nucléaire sera autorisé à relâcher un quota "d'effluents" gazeux ou liquides dans la nature (6), quota qui se trouvera démultiplié d'autant en appliquant l'artifice de la dilution.
Exemple Français : les rejets autorisés dans un Centre Nucléaire de Production d’Électricité (centrale nucléaire) sont fixés à :
- Limite annuelle réglementaire de rejets "bruts" : 0.55 GBq (hors tritium) ; 185000 GBq (185 mille milliards de Becquerels !) pour le tritium, considéré comme très faiblement radio-toxique
- Activité volumique ajoutée après dilution dans les eaux du Rhône : 0.0007 GBq et 92.5 GBq pour le tritium par litre d'eau et par jour soit des limites ponctuelles beaucoup plus élevées !
Après cette constatation, nous pourrions maintenant raisonner par l'absurde : si une centrale nucléaire n'avait pas d'accès à une source d'eau froide, que ferait-elle de tous ces stocks de Tritium ? Que l'on pourrait retourner en : par le plus grand des hasards, une centrale disposant de tours aéroréfrigérantes (TAR) (7) doit-elle impérativement disposer d'une source froide importante, non pour des raisons techniques incontournables mais principalement pour "diluer" ses effluents liquides de manière réglementaire ? Le circuit de refroidissement tertiaire réalisé au seul sein des tours aéroréfrigérantes tournant elles-mêmes en circuit quasi-fermé n'est-il techniquement pas loin d'être auto-suffisant ? Si la réponse est "oui", pourquoi alors disposer d'une source d'eau froide conséquente (8) à proximité immédiate d'une centrale pratiquement thermo-suffisante si ce n'est pour "diluer" les rejets liquides habituels voire même en prévision d'éventuels rejets accidentels ?
Exemple Japonais : en avril 2011, lors de la première "phase critique" de la crise nucléaire, Tepco avait relâché directement dans l'océan durant une semaine entière une eau "faiblement contaminée" autrement dit des doses élevées de radioactivité diluées dans de grandes quantités d'eau. Si Tepco avait relâché l'intégralité du même inventaire radioactif en une heure (9), cela aurait alors été critiquable ; il a donc "dilué" l'inventaire en relâchant la même dose au "compte-gouttes" (une semaine) et tout allait pour le mieux dans le meilleurs des mondes nucléaires.
Exemple Français : au moment de la phase aiguë de l'accident de Fukushima, S. Huet de Libé écrivait le 14 mars : "L'eau qui passe dans le réacteur numéro 1 à trente tonnes par heure est nécessairement rejetée dans l'océan. Elle est porteuse d'une radioactivité, mais d'une part, il n'y a pas le choix, et d'autre part, cette radioactivité est encore limitée, enfin elle va très vite se diluer dans l'océan Pacifique. En résumé, c'est sale mais c'est obligatoire et pas si grave que cela." (les engraissements sont ajoutés par gen4).
(1) Dont une certaine partie de l'idéologie est reprise en cœur par nombre de nucléocrates, généralement professionnels
(2) Primer in the Art of Deception: The Cult of Nuclearists, Uranium Weapons and Fraudulent Science, 2008, anglais
(3) 1 Gray = 1 Joule par Kilogramme
(4) Ensemble des rejets radioactifs consécutifs à un dégagement radioactif ponctuel ou habituel
(5) Oak Ridge National Laboratory, l'une des labos nucléaires (et atomiques) officiels des USA
(6) L'atmosphère pour les gaz rares et les iodes, l'eau pour le Tritium, les Césiums...
(7) Les énormes "cheminées" équipant certains sites nucléaires français et américains
(8) Rivière, canal, fleuve, mer océan... voire un lac artificiel de 22 km2 dans le cas de Tchernobyl, non équipé de TAR il est vrai...
(9) Ils ont de sacrées bonnes pompes, dans les centrales nucléaires ; ça vous vide du 200.000 m3 par heure ça, ma bonne dame !
Source :
"Betrayal of Mankind by Radiation Protection Agencies" Series, Paul Zimmerman, 2010
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