Le PM Noda affirme qu'il ne faut blâmer personne en particulier pour la catastrophe nucléaire...
Notre amie Kumiko du blog ex-skf s'en étrangle encore : M. Noda a déclaré à l'AFP le 3 mars : "Je crois qu'il est nécessaire, plutôt que de s'attarder à rechercher des responsabilités individuelles [dans cet accident], d'apprendre la leçon et de partager la douleur d'une responsabilité collective".
C'est une déclaration proprement surréaliste : si le microcosme politique et le lobby nucléaire portent assurément la responsabilité collective d'une partie de cet accident, pourquoi tenter d'y associer le peuple Japonais, les pauvres diables qui ont du quitter tout ce qu'ils avaient, ceux qui seront rattrapés tôt ou tard par les maux de l'atome, les paysans , les travailleurs, les pécheurs, les éleveurs, tout ceux qui ont souffert ou souffriront un jour de conséquences de cet accident ? C'est non seulement injuste, c'est de plus écœurant. C'est rajouter un fardeau moral et symbolique sur le dos d'un fardeau physique qui est lui-même en train de se dévoiler lentement, très lentement.
Le Premier Noda devient extrêmement impopulaire au Japon (1) aussi cette déclaration ne va certainement pas faciliter un regain de popularité. Il existe un principe de droit universel qui veut que les responsables identifiés de faits juridiques en réparent non seulement les conséquences mais soient mis au ban de la société, notamment pour des actions ayant mis en péril les vies d'autrui. C'est exactement ce qui s'est passé lors de la catastrophe nucléaire qui aurait - sans soute - pu être évitée ou minimisée si chaque acteur concerné avait pensé un peu plus à la sécurité et un peu moins à son bilan financier ou à ne pas se mettre à dos ses petits amis électronucléaires bienveillants.
Alors que, dans le même temps, 42 actionnaires attaquent la direction de Tepco en justice pour les mêmes raisons
Le salut viendra-t-il des actionnaires de Tepco ? jijipress nous apprend que 42 actionnaires de la société Tepco ont assigné l'opérateur en justice afin de lui réclamer la modique somme de 5500 Milliards de Yens d'indemnités (environ 55 Milliards d'Euros) au motif des pertes financières consécutives à la catastrophe nucléaire. Ce montant représente un nouveau record au Japon dans ce type de procédure. Les responsables assignés sont soit d'anciens dirigeants de Tepco depuis 2002, soit des dirigeants actuels ayant tous participé directement au nouveau scandale venant d'éclater (2).
Cette fois-ci, malgré les recommandations de Noda, des responsables de Tepco sont nettement identifiés. Espérons que la justice Nippone passera en toute transparence et souhaitons que les responsabilités s'étendent à la partie "administrative" du bloc électronucléaire à savoir la commission de sécurité NISA et les différents gouvernements Japonais ayant sacrifié depuis 40 années la culture sécuritaire nucléaire sur l'autel de leur fragile équilibre politique.
Même si ce procès qui s'annonce retentissant ne concernera pas les principales victimes, celles qui souffrent jour après jour de maux bien réels, il ouvrira peut-être la voie à d'autres actions plus larges et plus populaires si la justice Nippone comble enfin le profond fossé que les politiques et les industriels ont creusé au fil de leurs turpitudes. Plus dure sera la chute...
Sources :
ex-skf, 3/3, anglais
jijipress, 5/3, anglais
le monde, 5 mars
(1) Un sondage du 22 février 2012 attribue à M. Noda une côte de 29% de popularité alors que 55% des Japonais désapprouvent les actions du gouvernement (source le petit journal)
(2) Quelques jours avant le déclenchement de la catastrophe, Tepco avait demandé et obtenu la révision d'une étude scientifique officielle leur demandant d'adapter leurs installations en prévision de séismes et tsunamis majeurs et très proches
Notre amie Kumiko du blog ex-skf s'en étrangle encore : M. Noda a déclaré à l'AFP le 3 mars : "Je crois qu'il est nécessaire, plutôt que de s'attarder à rechercher des responsabilités individuelles [dans cet accident], d'apprendre la leçon et de partager la douleur d'une responsabilité collective".
C'est une déclaration proprement surréaliste : si le microcosme politique et le lobby nucléaire portent assurément la responsabilité collective d'une partie de cet accident, pourquoi tenter d'y associer le peuple Japonais, les pauvres diables qui ont du quitter tout ce qu'ils avaient, ceux qui seront rattrapés tôt ou tard par les maux de l'atome, les paysans , les travailleurs, les pécheurs, les éleveurs, tout ceux qui ont souffert ou souffriront un jour de conséquences de cet accident ? C'est non seulement injuste, c'est de plus écœurant. C'est rajouter un fardeau moral et symbolique sur le dos d'un fardeau physique qui est lui-même en train de se dévoiler lentement, très lentement.
Le Premier Noda devient extrêmement impopulaire au Japon (1) aussi cette déclaration ne va certainement pas faciliter un regain de popularité. Il existe un principe de droit universel qui veut que les responsables identifiés de faits juridiques en réparent non seulement les conséquences mais soient mis au ban de la société, notamment pour des actions ayant mis en péril les vies d'autrui. C'est exactement ce qui s'est passé lors de la catastrophe nucléaire qui aurait - sans soute - pu être évitée ou minimisée si chaque acteur concerné avait pensé un peu plus à la sécurité et un peu moins à son bilan financier ou à ne pas se mettre à dos ses petits amis électronucléaires bienveillants.
Alors que, dans le même temps, 42 actionnaires attaquent la direction de Tepco en justice pour les mêmes raisons
Le salut viendra-t-il des actionnaires de Tepco ? jijipress nous apprend que 42 actionnaires de la société Tepco ont assigné l'opérateur en justice afin de lui réclamer la modique somme de 5500 Milliards de Yens d'indemnités (environ 55 Milliards d'Euros) au motif des pertes financières consécutives à la catastrophe nucléaire. Ce montant représente un nouveau record au Japon dans ce type de procédure. Les responsables assignés sont soit d'anciens dirigeants de Tepco depuis 2002, soit des dirigeants actuels ayant tous participé directement au nouveau scandale venant d'éclater (2).
Cette fois-ci, malgré les recommandations de Noda, des responsables de Tepco sont nettement identifiés. Espérons que la justice Nippone passera en toute transparence et souhaitons que les responsabilités s'étendent à la partie "administrative" du bloc électronucléaire à savoir la commission de sécurité NISA et les différents gouvernements Japonais ayant sacrifié depuis 40 années la culture sécuritaire nucléaire sur l'autel de leur fragile équilibre politique.
Même si ce procès qui s'annonce retentissant ne concernera pas les principales victimes, celles qui souffrent jour après jour de maux bien réels, il ouvrira peut-être la voie à d'autres actions plus larges et plus populaires si la justice Nippone comble enfin le profond fossé que les politiques et les industriels ont creusé au fil de leurs turpitudes. Plus dure sera la chute...
Sources :
ex-skf, 3/3, anglais
jijipress, 5/3, anglais
le monde, 5 mars
(1) Un sondage du 22 février 2012 attribue à M. Noda une côte de 29% de popularité alors que 55% des Japonais désapprouvent les actions du gouvernement (source le petit journal)
(2) Quelques jours avant le déclenchement de la catastrophe, Tepco avait demandé et obtenu la révision d'une étude scientifique officielle leur demandant d'adapter leurs installations en prévision de séismes et tsunamis majeurs et très proches
C'est un procédé bien connu des décideurs politiques pour s'exonérer de leurs responsabilité : "tous coupables, donc personne coupable".
Comme ils créent les conditions d'une apparente adhésion à leurs actions - par la prégnance des structures imposées (comment se passer d'automobile dans un monde organisé autour), la souffrance de ramer à contre courant (marginalité), la désinformation (être contre le nucléaire, c'est prôner le retour à la bougie) - ils peuvent se présenter "réponse à un besoin".
Le "tous coupable" a de très beaux jours devant lui.
Delphin
Rédigé par : Delphin | 06/03/2012 à 10:49
@Delphin : nous verrons, Noda risque fort de sauter avant que de souffler sa "première" bougie. Il lui faudrait un remplaçant énergique et décidé à faire le ménage. Euh, dans mes rêves ;)
Rédigé par : trifouillax | 06/03/2012 à 12:15