Pourquoi la comparaison des concentrations en gaz nobles de l'unité n°. 2 entre novembre 2011 et février 2012 ne nous parait pas judicieuse
Si les mesures de gaz nobles (1) effectués au sein du confinement de l’unité n°. 2 de Fukushima-Daiichi semblent effectivement progresser de manière inquiétante, cette augmentation apparente n'est pas forcément scientifiquement valide. Comparons tout d'abord les chiffres des concentrations en Xénon-133 et 135 et de Krypton-85 tels qu'ils sont fournis par l'opérateur Tepco :
Si les mesures de gaz nobles (1) effectués au sein du confinement de l’unité n°. 2 de Fukushima-Daiichi semblent effectivement progresser de manière inquiétante, cette augmentation apparente n'est pas forcément scientifiquement valide. Comparons tout d'abord les chiffres des concentrations en Xénon-133 et 135 et de Krypton-85 tels qu'ils sont fournis par l'opérateur Tepco :
A première vue, on pourrait tenter de déduire que les chiffres présentés sont alarmants, car le niveau relativement faible de détection début novembre (colonnes de gauche) avait déjà fait grand bruit lors de leur publication ; or nous notons, a priori, sur les relevés du 13 février 2012, des niveaux environs 5 fois supérieurs pour le Kr-85 et 1000 fois supérieurs pour le Xénon. La concentration de gaz nobles a-t-elle réellement augmenté dans ces proportions inquiétantes ? Pas forcément !
Un nouveau système de détection de "gaz nobles", très sensible, a été installé le 13 janvier par Tepco
Tepco était sommé par l'agence de régulation Japonaise de surveiller l'unité n°. 2 un peu plus "sérieusement" suite à l'alerte du 1er novembre qui avait déjà provoqué une fichue pagaille ! L'opérateur aurait donc installé - ce n'est pas très documenté - à la mi-janvier un détecteur plus sensible, placé au niveau du "gaz control system" (1). Le seuil de détection des gaz nobles est ainsi passé de 2*10e-1 (gas vial, ancien système de filtre à particules) à environ 4*10e-3 Bq/cm3 (charcoal filter sur gas control system) , soit une augmentation de performance de détection d'environ 50 fois.
Mais cette hypothèse n'explique toutefois pas pourquoi l'activité volumique exprimée en Bq/cm3 a augmenté de manière significative, tout au moins si les concentrations sont correctement estimées par l'opérateur. Le but du contrôle d'une activité volumique (Bq/cm3) est de mesurer l'activité déployée par la concentration de particules radioactives (Bq) piégées dans un filtre et rapportées par un volume-étalon (cm3). Si le calcul - et notamment la pondération induite par la "sur-performance" du filtre à charbon ou l'estimation du volume total d'air passé à travers le filtre sont mal calculés, le résultat peut se voir faussé et inexploitable.
L'opérateur Tepco aurait vraiment beaucoup à gagner en termes de crédibilité en présentant ces informations de manière beaucoup plus claire et lisible mais nous sommes habitués aux erreurs et aux imprécisions techniques (volontaires ?), compliquées, il est vrai, par la redoutable barrière linguistique d'une double interprétation Japonais-Anglais-Français.
le rayonnement neutronique, juge de paix d'une éventuelle reprise de criticité : fission impossible ?
Nous sommes intimement convaincus que Tepco a en sa possession des informations "confidentielles" permettant d'estimer de manière quasi-certaine si une reprise - voire une poursuite - de la fission est établie sur au moins une partie du combustible : la mesure de l'activité neutronique, même si elle est un peu plus compliquée à mettre en œuvre que la mesure de tous les autres types de rayonnement n'est pas insurmontable sur le plan technique et nous sommes très, très étonnés de ne pas voir ces activités "neutrons" apparaître dans les documents présentés lors des conférences de presse. L'opérateur nous a toutefois habitué à son "raisonnement par défaut" : s'il ne communique pas du tout sur un domaine bien spécifique, c'est généralement non seulement qu'il n'a pas la situation en main mais souvent qu'il n'a aucun moyen d'action à proposer en réponse.
L'art de dire et de ne pas dire était un grand classique des systèmes totalitaires - le lobby nucléaire continuera-t-il longtemps à agir comme s'il était totalitaire ?
1er novembre : "Du Xénon détecté, une réaction de fission nucléaire en cours dans l'unité n°. 2 ?" ex-skf, anglais
14 février : enenews, anglais
Communiqué Tepco du 14/2, anglais
(1) Les gaz dits "nobles" ou "rares" sont produits lors des réactions de fission nucléaire, leurs durées de demi-vie respectives permettent d'estimer si l'événement est récent ou non
(2) Nous pensons qu'il s'agit d'un système similaire au filtre d’échantillonnage de poussières radioactives en forme de tepee installé en octobre par Tepco sur les unités n°. 1 et 3
Un nouveau système de détection de "gaz nobles", très sensible, a été installé le 13 janvier par Tepco
Tepco était sommé par l'agence de régulation Japonaise de surveiller l'unité n°. 2 un peu plus "sérieusement" suite à l'alerte du 1er novembre qui avait déjà provoqué une fichue pagaille ! L'opérateur aurait donc installé - ce n'est pas très documenté - à la mi-janvier un détecteur plus sensible, placé au niveau du "gaz control system" (1). Le seuil de détection des gaz nobles est ainsi passé de 2*10e-1 (gas vial, ancien système de filtre à particules) à environ 4*10e-3 Bq/cm3 (charcoal filter sur gas control system) , soit une augmentation de performance de détection d'environ 50 fois.
Mais cette hypothèse n'explique toutefois pas pourquoi l'activité volumique exprimée en Bq/cm3 a augmenté de manière significative, tout au moins si les concentrations sont correctement estimées par l'opérateur. Le but du contrôle d'une activité volumique (Bq/cm3) est de mesurer l'activité déployée par la concentration de particules radioactives (Bq) piégées dans un filtre et rapportées par un volume-étalon (cm3). Si le calcul - et notamment la pondération induite par la "sur-performance" du filtre à charbon ou l'estimation du volume total d'air passé à travers le filtre sont mal calculés, le résultat peut se voir faussé et inexploitable.
L'opérateur Tepco aurait vraiment beaucoup à gagner en termes de crédibilité en présentant ces informations de manière beaucoup plus claire et lisible mais nous sommes habitués aux erreurs et aux imprécisions techniques (volontaires ?), compliquées, il est vrai, par la redoutable barrière linguistique d'une double interprétation Japonais-Anglais-Français.
le rayonnement neutronique, juge de paix d'une éventuelle reprise de criticité : fission impossible ?
Nous sommes intimement convaincus que Tepco a en sa possession des informations "confidentielles" permettant d'estimer de manière quasi-certaine si une reprise - voire une poursuite - de la fission est établie sur au moins une partie du combustible : la mesure de l'activité neutronique, même si elle est un peu plus compliquée à mettre en œuvre que la mesure de tous les autres types de rayonnement n'est pas insurmontable sur le plan technique et nous sommes très, très étonnés de ne pas voir ces activités "neutrons" apparaître dans les documents présentés lors des conférences de presse. L'opérateur nous a toutefois habitué à son "raisonnement par défaut" : s'il ne communique pas du tout sur un domaine bien spécifique, c'est généralement non seulement qu'il n'a pas la situation en main mais souvent qu'il n'a aucun moyen d'action à proposer en réponse.
L'art de dire et de ne pas dire était un grand classique des systèmes totalitaires - le lobby nucléaire continuera-t-il longtemps à agir comme s'il était totalitaire ?
1er novembre : "Du Xénon détecté, une réaction de fission nucléaire en cours dans l'unité n°. 2 ?" ex-skf, anglais
14 février : enenews, anglais
Communiqué Tepco du 14/2, anglais
(1) Les gaz dits "nobles" ou "rares" sont produits lors des réactions de fission nucléaire, leurs durées de demi-vie respectives permettent d'estimer si l'événement est récent ou non
(2) Nous pensons qu'il s'agit d'un système similaire au filtre d’échantillonnage de poussières radioactives en forme de tepee installé en octobre par Tepco sur les unités n°. 1 et 3
"L'art de dire et de ne pas dire était un grand classique des systèmes totalitaires - le lobby nucléaire continuera-t-il longtemps à agir comme s'il était totalitaire ?"
(Trifouillax)
Oui, parce que c'est dans sa nature.
Demande-t-on, par exemple, à une prison d'être démocratique ? Non, car ce serait signer sa disparition.
Amicalement,
Delphin
(Merci de cette interrogation sur la fiabilité des infos Xénon.)
Rédigé par : Delphin | 18/02/2012 à 08:35
@Delphin : de rien, content que d'autres personnes s’intéressent toujours à ces infos techniques... vues de 10.000 km.
Rédigé par : trifouillax | 18/02/2012 à 12:48