Une partie des doses reçues par les équipes d'intervention de Fukushima-Daiichi ne serait pas prise en compte
Le Ministère de la Santé japonais (Ministry of Health, Labour and Welfare) n'aurait pas pris en compte plusieurs données dans le calcul de la dose efficace reçue par les équipes étant intervenues sur le site de Fukushima-Daiichi. Par exemple, la dose reçue lors des différentes évacuation du site ou la dose accumulée lors des périodes de pause ou de repos sur le site n'aurait pas été décomptée dans les dossiers des intervenants.
De même, le MHLW aurait révélé ne pas intégrer les doses reçues lors de l'accomplissement des travaux de décontamination aux environ du site. Les seules doses portées dans les dossier sont donc celles reçues directement pendant le travail effectué au niveau du site en lui-même. Les doses efficaces maximales des intervenants dans le contexte de la catastrophe de Fukushima-Daiichi sont fixées au Japon, depuis le 16 décembre 2011, à 100 mSv sur une période de cinq années ou 50 mSv par an.
Le calcul un peu tronqué des différentes expositions des travailleurs pourrait logiquement amener à penser que leur exposition réelle est en fait bien supérieure à ce qui figure dans leurs dossiers médicaux.
Source : Japan Times, 23 janvier, anglais
D'après le Tokyo Shinbun du 27 janvier, les intervenants employés directement ou indirectement par l'opérateur Tepco sur le site de Fukushima-Daiichi sont plutôt des travailleurs précaires provenant souvent d'autres régions du Japon et dont la plupart n'a jamais travaillé auparavant dans le secteur nucléaire. Leur salaire - le salaire de la peur - est d'environ 100 à 170 US$ par jour de travail. Leur âge est généralement inférieur à 20 ans ou supérieur à 60 ans - est-il utile de préciser que ce sont les tranches d'âge où le travail est le plus difficile à trouver ?
Sur le plan de la formation, les belles paroles de Tepco se transforment en une action symbolique : le guide d'intervention remis ne correspond pas à la situation accidentelle, certains des travailleurs ne savent en fait ni lire ni écrire ce qui fait que d'autres remplissent les évaluations pour eux...
Une fois sur le terrain, il s'avère que le personnel d'encadrement et les équipes de contrôle des doses reçues ne sont pas suffisantes ; il arrive souvent que les intervenants enlèvent masques et protections par exemple pour fumer et ceci même à proximité de sources très irradiantes et très contaminantes. En parlant d'irradiation, le débit de dose ambiante au niveau de la salle de repos est de 12 µSv/h et nous avons vu plus haut que les doses reçues lors de ces périodes de pause n'étaient généralement pas portées dans leur dossier.
Les employés locaux ont déjà été "utilisés" dans les premières semaines par Tepco ce qui fait que les intervenants actuels viennent de régions de plus en plus éloignées du site ; comme la paye n'est pas particulièrement élevée et les conditions de travail déplorables, il est à craindre que la main-d’œuvre Japonaise ne s’assèche de plus en plus. A quand les travailleurs immigrés du nucléaire Japonais, les Gaijin-workers ?
Le quotidien Japonais très engagé dans le questionnement nucléaire et les conséquences de cet accident conclut l'article tristement :
"Les travailleurs employés sur le site nucléaire de Fukushima-Daiichi risquent leur vie et ce, parfois, pour une paye journalière évaluée à 8000 yens [moins de 80 Euros]. A l'inverse, un consultant travaillant également pour Tepco peut gagner jusqu'à 10 million de yen par an [100.000 Euros]. Les cadres qui "descendent du ciel" pour travailler confortablement dans le "J-village" (1) sont, eux, en pleine santé physique et mentale. Le combat menant à l'abandon de l'électronucléaire ne doit pas envisager uniquement les aspects techniques mais doit évaluer si nous sommes prêts à continuer à ignorer des conduites aussi ridicules."
Sources :
ex-skf, 27 janvier, anglais
Tokyo Shinbun, 27/1, Japonais
(1) le "J-Village" est en fait le centre Technique National de la Fédération de Football Japonaise qui sert de base opérationnelle aux intervenants Tepco ; ce dernier est situé à 20 km du site accidenté et le débit de dose ambiante y a été mesuré à 1µSv/h le 13 novembre
Extraordinaire photo que celle de ces liquidateurs qui attendent le bus... de la mort!
Avis de changement d'adresse du bêtisier, si tu veux modifier le lien de celui que tu as mis
http://lebetisierdunucleaire.wordpress.com/
l'ancien existe encore mais n'est plus alimenté quoique encore visité.
Merci Trifouillax pour ton travail encore et toujours!
Rédigé par : JM | 29/01/2012 à 08:31
"A quand les travailleurs immigrés du nucléaire Japonais, les Gaijin-workers ?" une chance pour vous Jean-marie...enfin un travaille.
Rédigé par : trollard | 29/01/2012 à 11:42
@JM : lien mis à jour, merci :)
Rédigé par : trifouillax | 29/01/2012 à 16:42