Retour sur une évacuation ratée
Namie, 20.000 habitants, s'étend sur un territoire d'une centaine de km2 au Nord et à l'Ouest de la centrale de Fukushima Daiichi. Namie a été évacuée en 3 étapes : la moitié Sud-Est (zone de 10 km) l'après-midi du 12 mars ; la zone 10-20 km dans la soirée du même jour (19h-23h) puis la partie située au Nord-Ouest (hors-zone des 20 km) le 11 avril 2011. Nous savons maintenant qu'une partie des premiers habitants évacués s'est maladroitement dirigée - à l'aveuglette et en empruntant une zone extrêmement dangereuse - vers une zone bien plus contaminée que celle qu'ils venaient de quitter. Namie et Tomioka ont purement et simplement été "oubliées" par les autorités, leurs habitants ayant dû se débrouiller seuls, ayant parfois à subir de longs embouteillages dans une zone fortement touchée par les retombées du réacteur n°. 1 de Fukushima Daiichi qui était en train de fondre.
Le maire de Namie accuse une nouvelle fois les autorités de "meurtre"
Dans une interview accordée à la chaîne ABC Australie - souvent à la pointe de l'information sur la catastrophe Japonaise - le Maire de Namie, Tamotsu Baba, confirme les propos qu'il avait tenus précédemment dans la presse locale Nippone :
"Du fait que nous n'avions aucune information, nous avons maladroitement fait évacuer les gens vers une zone où la radioactivité était très élevée et je suis en conséquence très inquiet pour la santé de ces personnes... Je ressens de la peine mais également de la colère sur un tel ratage de la part du gouvernement... Ce n'est peut-être pas un langage approprié mais je persiste à penser que l'on peut parler de meurtre... A quoi pensaient-elles [les autorités] quand il s'agissait de se préoccuper de la dignité des gens et à la sauvegarde de leurs existences ? Je pense qu'ils ne réfléchissaient même pas en fait à ces existences."
Les autorités savaient mais c'était le "silence radio"
Il n'y a rien de pire que de se trouver abandonné dans une situation d'urgence. Ou peut-être, d'apprendre par la suite que l'on aurait pu être aidé, conseillé, dirigé mais que ceci n'a pas été fait pour des raisons obscures. L'article d'ABC nous confirme un peu plus loin que les autorités Japonaises connaissaient approximativement l'étendue et la direction du "nuage" radioactif mais qu'elles n'ont pas communiqué ces informations dans la crainte de créer un sentiment de panique dans la population locale. Les autorités Japonaises n'ont prévenu que les autorités militaires des USA au Japon...
Les forces militaires Américaines au Japon prévenues, la population Japonaise ignorée
Itaru Watanabe, responsable de la cartographie initiale au MEXT (Ministère de la Science Japonais) a d'ailleurs reconnu : "Il aurait peut-être fallu [sic] informer le public en même temps que l'armée Américaine". Au fait, pourquoi prévenir les militaires des USA ? Peut-être dans un objectif de coopération dans la gestion de la méga-catastrophe qui s'annonçait, alors que prévenir les citoyens locaux ne pouvait rien apporter de concret, sauf à créer un sentiment de panique... jugé inutile ?
USA, Ukraine, Japon... et en France, que se passerait-il si la même situation survenait demain ?
A chaque accident majeur, les autorités, quelles qu'elles soient, où qu'elles soient, ont le même réflexe : minimiser, désinformer, retarder au maximum le circuit de l'information, ne serait-ce que pour se donner le temps "d'y voir plus clair". Ce n'est pas un réflexe national, c'est une procédure "mondialisée" qui doit probablement figurer officieusement dans quelque document "Eyes only". La question se pose donc de savoir, si un tel accident se produisait demain dans un Centre National de Production Électronucléaire Français - autrement dit une "centrale" - pourquoi diable un circuit honnête et rapide de "traitement de l'information de crise" serait utilisé et pour quel motif ce qui s'est déjà produit en trois occasions - la désinformation organisée au plus haut niveau des états - ne le serait pas une nouvelle fois.
Sources :
Chronologie de l'accident de Fukushima, ACRO
Traduction et commentaires du célèbre article du Wall Street Journal, bistrobarblog
L'article d'ABC Australie 19/1, anglais
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