D'après Fukushima-diary, un mur du bâtiment réacteur n°.4 serait tombé tout seul. Information non confirmée : même si le mur Sud / Est - Nord-Est dudit bâtiment est en triste état et qu'il soit évident qu'une partie de la structure des étages supérieures ait disparu depuis quelques jours, il me semble avoir noté quelque part qu'une grue travaillait à proximité et que des travaux "de déblaiement" y seraient en cours. Notre ami bloggeur Mochizuki n'est par ailleurs pas très en forme, il tousse, ses voisins toussent, tout le Japon tousse...
EDIT : il semble se confirmer que Tepco déblaye en ce moment les étages supérieurs des bâtiments 3 et 4 et qu'une grue travaille dans cette zone, voir les vidéos Tepco.
Un parfait exemple de décontamination "à la Japonaise" : rabattre discrètement les radio-cochonneries vers la fenêtre du voisin
Dans un document de 164 pages étudié par le Ministère japonais de l'Environnement, une photo montre très clairement ce qu'il ne faut pas faire à savoir diriger le jet de son Karcher - déjà peu efficace dans cette tâche inédite - vers la fenêtre du voisin : 0% d'efficacité, 100% d'hypocrisie et de gesticulation médiatisée relayée en gros plan par... la NHK.
Persevere diabolicum
Un exercice d'urgence nocturne a été mené par Tepco le 7 décembre à la centrale de Fukushima Daiini, reprenant le scénario de blackout station tristement célèbre de Fukushima Daiichi ayant débuté le 11 mars 2011. Les manœuvres consistaient à :
- Alimenter la centrale par une source mobile unique raccordé à un bon kilomètre de câbles ; je note que la camionnette semble un peu "légère" et qu'aucun débris ne complique la tâche, ce qui avait sérieusement retardé le déploiement des moyens mobiles le 11/3
- Nettoyer autant que faire se peut les nombreux débris et ouvrir la voir aux véhicules ci-dessus à l'aide d'engins lourds ; désolé, ici pas de photo de Tepco, nous sommes forcés de les croire sur parole. Connaissant bien les exercices de ce style et les moyens qui y sont généralement associés, je ne serais pas étonné que lesdits engins lourds ne se résument à un drapeau sur un plan ou au mieux des camions en carton-pâte.
Enfin, ne boudons pas notre plaisir : un exercice même incomplet, même mal fagoté, même uniquement destiné à rassurer peut encore présenter des points positifs, ne serait-ce que se persuader que le prochain accident peut se produire n'importe où, n'importe quand et s'y préparer le mieux possible.
Deux nouveaux maux et deux graphiques éclairant l'aberration de la "dose unique de 100 mSv/vie entière"
Les experts (pro-nucléaires) Japonais assemblés récemment pour discuter des conséquences sanitaires de l'accident de Fukushima n'ont cessé de marteler qu'en dessous de 100 mSv d'exposition un humain ne court aucun danger, c'est plus fort que nous, le message ne passe pas. Une nouvelle illustration nous est fournie par l'étude des modèles BEIR VII phase 2 qui prouvent que les populations ne courent pas les mêmes risques face à un cancer mortel radio-induit : dans un échantillon humain soumis à une agression radiologique, si 100 femmes + enfants meurent à terme d'un cancer radio-induit, alors seuls 21 hommes subiront le même sort.
Les très jeunes filles sont en fait les plus exposées : à exposition égale de 20 mSv, un nouveau-né de sexe femelle courra environ 7 fois plus de risque de mourir d'un cancer qu'un homme de 60 ans :
Dans un document de 164 pages étudié par le Ministère japonais de l'Environnement, une photo montre très clairement ce qu'il ne faut pas faire à savoir diriger le jet de son Karcher - déjà peu efficace dans cette tâche inédite - vers la fenêtre du voisin : 0% d'efficacité, 100% d'hypocrisie et de gesticulation médiatisée relayée en gros plan par... la NHK.
Persevere diabolicum
Un exercice d'urgence nocturne a été mené par Tepco le 7 décembre à la centrale de Fukushima Daiini, reprenant le scénario de blackout station tristement célèbre de Fukushima Daiichi ayant débuté le 11 mars 2011. Les manœuvres consistaient à :
- Alimenter la centrale par une source mobile unique raccordé à un bon kilomètre de câbles ; je note que la camionnette semble un peu "légère" et qu'aucun débris ne complique la tâche, ce qui avait sérieusement retardé le déploiement des moyens mobiles le 11/3
- Compléter éventuellement le niveau d'eau dans les réacteurs et les piscines au moyen d'un camion-pompe ; même remarque que ci-dessus sur la capacité d'un petit véhicule à remplir une mission multiple au milieu de débris. En outre, même si cette mission est vitale lors des premières heures de "noir complet", la question de la réponse d'urgence dès que le combustible commence a être endommagé (quelques heures pour le réacteur n°.1 de Fukushima-Daiichi) ne tient pas forcément dans l'arrosage du rôti.
Enfin, ne boudons pas notre plaisir : un exercice même incomplet, même mal fagoté, même uniquement destiné à rassurer peut encore présenter des points positifs, ne serait-ce que se persuader que le prochain accident peut se produire n'importe où, n'importe quand et s'y préparer le mieux possible.
Deux nouveaux maux et deux graphiques éclairant l'aberration de la "dose unique de 100 mSv/vie entière"
Les experts (pro-nucléaires) Japonais assemblés récemment pour discuter des conséquences sanitaires de l'accident de Fukushima n'ont cessé de marteler qu'en dessous de 100 mSv d'exposition un humain ne court aucun danger, c'est plus fort que nous, le message ne passe pas. Une nouvelle illustration nous est fournie par l'étude des modèles BEIR VII phase 2 qui prouvent que les populations ne courent pas les mêmes risques face à un cancer mortel radio-induit : dans un échantillon humain soumis à une agression radiologique, si 100 femmes + enfants meurent à terme d'un cancer radio-induit, alors seuls 21 hommes subiront le même sort.
Les très jeunes filles sont en fait les plus exposées : à exposition égale de 20 mSv, un nouveau-né de sexe femelle courra environ 7 fois plus de risque de mourir d'un cancer qu'un homme de 60 ans :
Prétendre que les classes d'âge et le sexe n'ont rien à voir avec l'aspect sanitaire de la contamination au Japon et qu'une limite unique "magique" de 100 mSv s'applique à tous de manière uniforme me semble de plus en plus approcher le fond de la désinformation. Le fait que les études BEIR / 2 prennent en considération une exposition de 20 mSv tend d'ailleurs à prouver que cette dose n'est pas anodine, encore moins pour des nouveaux-nés de sexe femelle dont la probabilité de mort par cancer radio-induit monte à 0.0035 soit 0.35% ou encore 35 décès sur une échantillon de 10000 individus concernés par cette exposition 5 fois inférieure à la limite de "sécurité" Japonaise. Et vous, qu'en pensez-vous ?
Source primaire : Goddard's Journal (Anglais) qui a pris le temps de compiler les données scientifiques complexes en graphiques clairs et lisibles
Sources secondaires :
Lifetime risk of cancer Incidence Age at exposure, National Academies Press, 2006
Health Risk from Exposure to Low-Level Ionizing Radiation, NPA, 2006
EPA Radiogenic Cancer Risk Model, EPA, 2011
Sources secondaires :
Lifetime risk of cancer Incidence Age at exposure, National Academies Press, 2006
Health Risk from Exposure to Low-Level Ionizing Radiation, NPA, 2006
EPA Radiogenic Cancer Risk Model, EPA, 2011
Bonjour:
Je vous informe que la publication "Lifetime risk of cancer... NAP, 2006" citée dans le texte parle de 0.1 Gy, soit 100 mSv, pas 20 mSv! 5 fois plus.
La reference "EPA Radiogenic Cancer risk model, EPA, 2011" cite
"The corresponding coefficient for cancer mortality (Gy-1) is about one-half that for
incidence: 5.8x10-2 (2.8x10-2 to 1.0x10-1)"
5.8% (de plus que la population qui n'est pas exposée) PER GRAY (Sievert)... donc pour le 20 mSv mentionnées par vous ca fait 0.12% d'augmentation de développer une tumeur mortelle pendant la vie.
La différence homme/femme n'est pas du tout celle que vous dites... voir page 47 et 49, tables 3-7 et 3-8, ou meme table 3-12, page 65... même référence (EPA), l'échelle verticale n'a pas de sens... voir tableau sur l'étude d'EPA.
Rien ou presque de ce que vous citez dans le texte n'est écrit dans la bibliographie.
Pour terminer (mais il y aurait bcp de remarques a faire), la phrase
"Les très jeunes filles sont en fait les plus exposées : à exposition égale de 20 mSv, un nouveau-né de sexe femelle courra environ 7 fois plus de risque de mourir d'un cancer qu'un homme de 60 ans"
est tout a fait normale! Une fille née aujourd'hui a une espérance de vie de ~ 100 ans, un homme qui a 60 ans aujourd'hui a une espérance de vie de moins que 25 ans, et en plus comme il est arrive a l'âge de 60 ans il a déjà survécu a toutes le causes de cancers précédents... donc bien sur que la fillette a une probabilité plus élevée, c'est la cause directe de l'augmentation de l'espérance de vie dans les pays développes. On devrait être heureux de ca, pas s'étonner!
Je vous conseille un cours de base de statistique épidémiologique, il doit en avoir sur internet.
Sur une échelle de 0 a 10 vous méritez un 3, maxi.
C’est un honte.
Roberto
Rédigé par : roberto | 13/12/2011 à 13:59
Bonsoir, je vous envoie une vidéo que j'ai faite des relèvements de mesures chez moi, en Bretagne.
Prenez le temps, ça vaut le coup ! Depuis une semaine nous avons des épisodes pluvieux qui font s'affoler les compteurs !!!
http://www.youtube.com/watch?v=nZGgnhFvUSA
À votre disposition pour des précisions !
Et encore merci pour le boulot !
PS je me suis trompé de page et l'ai publié au 11.08...
Rédigé par : Lionel | 13/12/2011 à 17:39
Je suis aussi passé donner une note pour le blog 18/20. En ce qui concerne les remarques de Roberto, ce qui est une honte: ce sont les bobards racontés par l' IRSN. En fait comme vous l'expliquez très bien ici le vrai danger au japon c'est la contamination générale par des microparticules de radio-isotopes à vie longue,et leur action cancérigène sur les cellules par inhalation ou ingestion.
Cela ne se mesure pas en débit de dose, mais en décès par leucémie foudroyante comme il est observé actuellement ou en cancers à long terme. Au moment de Tchernobyl nous n'avions pas internet , les citoyens statisticiens vont pouvoir tenir un registre des décès en temps réel et tirer un bilan du désastre dans les 30 ans qui viennent, d'autant qu'avec le progrès il sera possible de déterminer si un cancer et radio-induit ou pas.
Rédigé par : S Servant | 13/12/2011 à 18:31
Merci pour vos différents commentaires.
@ Lionel : Merci pour ce partage d'images. Pour information, en ce qui me concerne, le bruit de fond habituel (loin des toitures facétieuses et des vents et pluies chargées) est d'environ 50-60 CPM (0.8 à 1 CPS) sur le capteur 2 pouces. La sensibilité du tube est estimée à environ 300 CPM/µSv/h de Cs-137. Ceci équivaut à un débit de dose d'environ 0.15 µSv/h. Votre Gamma-Scout semble afficher 50-60 CPM pour une équivalence en dose de 0.4-0.5 µSv/h. Sur le phénomène des pluies "chargées", la mesure des Bêtas "globaux" peut révéler la présence de descendants du Radon dont l'activité Bêta décroit de façon significative. C'est un très bon discriminant de Radon ! Il faut simplement veiller à isoler le comptage "secondaire" de la source contaminante en travaillant sur un support neutre, comme un tissu ou un simple essuie-tout exposé à la pluie supposée être à la source de l'activité. Les Américains utilisent pas mal ce test en essuyant par exemple le pare-brise de leur véhicule exposé puis en rentrant le tout sous abri avant d'effectuer le comptage Bêta dans une zone neutre. Le seul trouble-fête à une décroissance quasiment totale de l'activité en 5 heures peut éventuellement résider dans l'activité du premier descendant du Radon-222 : le Polonium-218 qui est émetteur Alpha uniquement mais, avec sa demi-vie de 3 minutes, disparaît rapidement. Si vous savez discriminer les Alpha (je crois que le Gamma-Scout le permet) ce test très simple devrait vous éclairer !
@ Étienne : 25 ans après Tchernobyl, les experts ne sont hélas d'accord sur rien y compris une estimation même sommaire du nombre de décès induits par l'accident : les études ont finalement été abandonnées faute de subventions ! Qu'en sera-t-il pour les conséquences de l'accident de Fukushima dans 25 ou 30 ans ? Sincèrement, je n'en sais rien mais j'ai comme un mauvais pressentiment surtout en cas - probable - de survenue d'un nouvel accident majeur dans cet intervalle. S'il se produit, les scientifiques se focaliseront hypocritement sur de nouvelles données et un accident "frais" en oubliant les leçons du passé tout comme Fukushima a éclipsé Tchernobyl. S'il ne se produit pas, l'industrie nucléaire - si elle survit - aura beau jeu de déclarer que la sécurité nucléaire civile est devenue meilleure et que les études épidémiologiques du passé ne sont plus adaptées. Et enfin si, par malheur, quelques dérivés militaires du nucléaire "civil" viennent à se déchaîner dans un monde décidément bien décidé à utiliser ces "joujoux" un jour ou l'autre, les données accidentelles seront alors bien obsolètes. Pour parler franchement, les évolutions scientifiques ne me rassurent pas, loin de là.
@ Roberto : Sans même rentrer en profondeur dans le débat stérile des seuils, le but était de démontrer que tous ne sont pas égaux devant une dose unique de 100 mSv et je pense que vous n'avez pas contredit ce point. Je confirme mes chiffres : à une exposition de 0.1 Gy et à âge égal, la probabilité de décès par cancer est approximativement doublée sur les enfants de sexe femelle par rapport à ceux de sexe mâle jusqu'à environ 15 ans (tableau 12D-1, page 311 de l'étude BEIR VII phase 2 de 2006). Dans l'hypothèse admise internationalement d'une relation linéaire sans seuil, la dose modifie-t-elle en quoi que ce soit ce rapport, oui ou non ?
Le discours si "linéaire" des autorités Japonaises ne devrait-il pas être modulé en conséquence ? J'attends d'autre part votre commentaire sur le fait que nous évoquons principalement - comme le fait remarquer fort judicieusement Étienne - le risque sanitaire créé par une contamination interne et non une simple exposition.
Pour conclure, je me garderais bien de noter votre commentaire, je n'ai aucune envie de rentrer dans ce petit jeu. J'attends simplement votre retour d'information sur mes deux questions précises même si j'anticipe un peu quelques réponses éventuelles.
Rédigé par : trifouillax | 13/12/2011 à 22:55
Les études qui montrent une plus grande sensibilité des femmes et des enfants sont en réalité des données issues de modèles mathématiques. Or, ce qui nous intéresse, ce sont les données brutes, pour que chacun et le plus grand puisse se faire une idée de comment on analyse ces données brutes. Les modèles eux sont toujours sujets à controverse. Ceux qui étaient à la mode avant Tchernobyl ont par exemple implosés à la suite des données sanitaires recueillies dans les régions contaminées par le désastre ukrainien. Et aujourd'hui encore, un modèle mathématique ayant la prétention de reconstituer l'effet sanitaire et social d'une catastrophe nucléaire majeure EN GENERAL est un non-sens à mon humble avis. Ca ne sert qu'à "technoscientiser" ou "robotiser" un peu plus notre vie.
Rédigé par : Frédéric Boutet | 15/12/2011 à 20:32
Certes Frédéric mais s'il faut attendre 25 années après Fukushima pour voir les études de terrain disparaître les unes après les autres faute d’intérêt ou de financement - par exemple le projet d'étude épidémiologique ARCH à Tchernobyl dont le financement a été récemment annulé par l'UE http://www.gen4.fr/blog/2011/10/tchernobyl-laiea-et-les-mutations-g%C3%A9n%C3%A9tiques-par-le-professeur-baverstock-suite.html - ces données modélisées sont mieux que rien. Il y aurait beaucoup à dire sur la technoscience ou plus exactement la religion de la science mais c'est un autre sujet.
Merci pour ce partage.
Trifou
PS. J'ai récemment mis à jour l'article sur le Cs-137 à Tchernobyl suite à vos remarques. Voir : http://www.gen4.fr/blog/2011/08/une-demi-vie-biologique-bien-plus-longue-que-la-demi-vie-th%C3%A9orique.html
Rédigé par : trifouillax | 16/12/2011 à 10:14
Bonjour Trifouillax,
Merci de soulever ces difficiles et polémiques questions.
Les sieverts et ses sous-multiples, qui cherchent à évaluer un détriment potentiel à partir de doses absorbées, tentent de prendre en compte l'âge (jeune enfant/adulte) des sujets contaminés.
Extrait "La radioactivité.com" :
"Pour évaluer les facteurs de dose, les radiobiologistes utilisent des modèles qui tiennent compte de la nature, de l'énergie du rayonnement et de la façon dont il dépose son énergie. Ces modélisations, certes imparfaites, incorporent le dernier état des connaissances en radiobiologie. Par exemple, elles tiennent compte de l'âge au moment de l'absorption. Les tables donnant les facteurs de doses sont mises à jour chaque année."
Le problème, c'est que ce passage d'une mesure effective à un détriment potentiel évalué est très difficile, donc forcément sujet à caution.
De plus, ceux qui tentent d'établir les relations possibles à long terme sont globalement les promoteurs du nucléaire. Certains facteurs de qualité ou de distribution ont varié depuis l'avènement industriel du nucléaire, ce qui montre les difficultés et les enjeux. Il ne faut pas oublier que les normes établies retentissent sur l'industrie et les travailleurs exposés.
Citation de Karl Morgan, ex président de la Commission Internationale de Protection contre les Rayonnements Ionisants (CIPR), l'organisme international issu des instances officielles de chaque état membre :
"Notre destin en tant que physiciens médicaux d'une profession en croissance constant a été l'un des plus intéressants et des plus excitante, mais il n'a pas toujours été facile, car il fut un temps où certains de mes collaborateurs furent rétrogradés ou perdirent leur emploi parce qu'ils refusaient de céder aux pressions pour abaisser nos critères de sécurité, parce qu'ils refusaient des compromis qui conduisaient à accepter des conditions de travail insuffisamment sûres."
(source : "La Gazette Nucléaire")
Amicalement,
Delphin
Rédigé par : Delphin | 16/12/2011 à 13:22