Nous avons vu hier comment le Premier Japonais aurait participé à l'affolement général sur le site de Fukushima-Daiichi le 12 mars. Nous espérons qu'il aura au moins profité de son survol des installations - vision apocalyptique : des réacteurs enflant avant d'exploser comme la grenouille de la fable - pour larguer quelques bouteilles d'eau minérales dans les entrailles de la bête ?
Naoto Kan a également passé ses nerfs sur la NISA, qui le méritait bien un peu
Le yomiuri shimbun du 16/12 nous apprend que les services du Premier ont été magnifiquement court-circuités lors de la cafouilleuse annonce de melt-out faite par la NISA (l'Agence de Sécurité Nucléaire Japonaise) le 12 mars à 14h. Le porte-parole de cette dernière, Koichiro Nakamura a ainsi déclaré lors de la conférence de presse : "C'est une fusion de cœur. Nous croyons que le combustible a commencé à fondre [au niveau de l'unité n°. 1]". Il semble que le directeur Général de l'agence Japonaise, Nobuaki Teresaka, ait pris sur son dos la responsabilité d'annoncer publiquement à la presse que le pire, l’impensable, l’innommable (Corium) était bel est bien en train de se produire. La formule utilisée était précisément : "Nous n'avons pas d'autre choix que d'en parler".
Les Premiers seront les derniers (prévenus)
Une heure après cette honnête mais téméraire déclaration, le téléphone sonnait à la NISA : pour faire court, un secrétaire du cabinet du Premier ministre, Keisuke Dadamori, interpellait ensuite violemment le Directeur de la NISA en lui expliquant, EN CRIANT TRES FORT, qu'il était "inapproprié que le Premier ministre ne soit mis au courant de cette [délicate] affaire par la Télévision."
Deux jours plus tard, le 14 mars, la situation était burlesque : La NISA, échaudée par l'affaire, revenait sur sa déclaration initiale, M. Nakamura déclarant : "Nous ne pouvons affirmer avec certitude qu'il y ait bien eu melt-down", alors que le gouvernement déclarait par la voix de son chef de cabinet, Yuko Edano, qu'il existait bien "une possibilité de fusion".
Dernier temps de la valse des déclarations
Eh bien chers lecteurs, vous-rappelez-vous la date à laquelle la NISA a reconnu officiellement la fusion du cœur de l'unité n°. 1 de Fukushima-Daichi ?
Le 7 juin...
Et pourtant, l'opérateur Tepco avait entre temps eu la confirmation formelle de cet événement en définissant même sa chronologie à quelques heures près : dans la matinée du 12 mars. La NISA avait donc parfaitement réagi vis-à-vis de l'information des médias et donc du public, mais imparfaitement vis-a-vis du long circuit officiel qu'est censé suivre l'information de crise nucléaire. M. Nakamura reconnaissait d'ailleurs sa bévue en déclarant ultérieurement : "Après les instructions très claires du Premier ministre, nous sommes devenus très prudents en ce qui concerne l'utilisation du mot 'melt-down' ; nous avons ressenti que nos propres déclarations ne devaient jamais aller au-delà de ce que le cabinet déclarait lors des conférences de presse".
Le yomiuri commente tristement : "Le cabinet du Premier ministre doit porter sa part de responsabilité car il a manifestement intimidé la NISA lors de la phase critique ce qui a débouché sur la non-communication par cette dernière d'informations essentielles".
Back to Tchernobyl
La suite du papier est également intéressante : elle évoque pourquoi la culture nucléaire Japonaise n'a pas autant profité des quelques rares retombées positives engendrées à la suite de l'accident de Tchernobyl en 1986, alors que les occidentaux avaient modifié entre temps quelques procédures et quelques éléments techniques. Les Japonais étaient trop loin de l'Ukraine, les technologies étaient trop différentes, un tel accident était trop improbable, l'industrie nucléaire était trop sûr d'elle, les bureaucrates manifestement trop prétentieux...
Cette petite déclaration de la NISA mérite la palme d'or des déclarations "sécuritaires" : "Nous étions extrêmement concernés par le fait que le mythe sécuritaire des sites de production - autrement dit le fait qu'un accident grave n'arriverait jamais - pouvait voler en éclats si le gouvernement s'impliquait par trop dans une crise éventuelle et n'alarmait ainsi la population de manière infondée". Bref, la sécurité du gouvernement avant celle du public, si cela n'est pas de l'abnégation...
La NISA deviendra bientôt la JNRA ou un truc dans ce genre (il ne restera probablement que le substantif atomic dans l'acronyme), les procédures accidentelles devraient être revues de fond en comble afin de redonner un semblant de confiance dans le contrôle et la surveillance de ce qui restera de l’industrie nucléaire Japonaise dans quelques mois. Sur la page d'accueil actuelle de ladite agence, on ne trouve d'ailleurs plus une seule référence à l'accident de Fukushima... Terminé vous dit-on !
Source : yomiuri daily, 16/12, Anglais
Naoto Kan a également passé ses nerfs sur la NISA, qui le méritait bien un peu
Le yomiuri shimbun du 16/12 nous apprend que les services du Premier ont été magnifiquement court-circuités lors de la cafouilleuse annonce de melt-out faite par la NISA (l'Agence de Sécurité Nucléaire Japonaise) le 12 mars à 14h. Le porte-parole de cette dernière, Koichiro Nakamura a ainsi déclaré lors de la conférence de presse : "C'est une fusion de cœur. Nous croyons que le combustible a commencé à fondre [au niveau de l'unité n°. 1]". Il semble que le directeur Général de l'agence Japonaise, Nobuaki Teresaka, ait pris sur son dos la responsabilité d'annoncer publiquement à la presse que le pire, l’impensable, l’innommable (Corium) était bel est bien en train de se produire. La formule utilisée était précisément : "Nous n'avons pas d'autre choix que d'en parler".
Les Premiers seront les derniers (prévenus)
Une heure après cette honnête mais téméraire déclaration, le téléphone sonnait à la NISA : pour faire court, un secrétaire du cabinet du Premier ministre, Keisuke Dadamori, interpellait ensuite violemment le Directeur de la NISA en lui expliquant, EN CRIANT TRES FORT, qu'il était "inapproprié que le Premier ministre ne soit mis au courant de cette [délicate] affaire par la Télévision."
Deux jours plus tard, le 14 mars, la situation était burlesque : La NISA, échaudée par l'affaire, revenait sur sa déclaration initiale, M. Nakamura déclarant : "Nous ne pouvons affirmer avec certitude qu'il y ait bien eu melt-down", alors que le gouvernement déclarait par la voix de son chef de cabinet, Yuko Edano, qu'il existait bien "une possibilité de fusion".
Dernier temps de la valse des déclarations
Eh bien chers lecteurs, vous-rappelez-vous la date à laquelle la NISA a reconnu officiellement la fusion du cœur de l'unité n°. 1 de Fukushima-Daichi ?
Le 7 juin...
Et pourtant, l'opérateur Tepco avait entre temps eu la confirmation formelle de cet événement en définissant même sa chronologie à quelques heures près : dans la matinée du 12 mars. La NISA avait donc parfaitement réagi vis-à-vis de l'information des médias et donc du public, mais imparfaitement vis-a-vis du long circuit officiel qu'est censé suivre l'information de crise nucléaire. M. Nakamura reconnaissait d'ailleurs sa bévue en déclarant ultérieurement : "Après les instructions très claires du Premier ministre, nous sommes devenus très prudents en ce qui concerne l'utilisation du mot 'melt-down' ; nous avons ressenti que nos propres déclarations ne devaient jamais aller au-delà de ce que le cabinet déclarait lors des conférences de presse".
Le yomiuri commente tristement : "Le cabinet du Premier ministre doit porter sa part de responsabilité car il a manifestement intimidé la NISA lors de la phase critique ce qui a débouché sur la non-communication par cette dernière d'informations essentielles".
Back to Tchernobyl
La suite du papier est également intéressante : elle évoque pourquoi la culture nucléaire Japonaise n'a pas autant profité des quelques rares retombées positives engendrées à la suite de l'accident de Tchernobyl en 1986, alors que les occidentaux avaient modifié entre temps quelques procédures et quelques éléments techniques. Les Japonais étaient trop loin de l'Ukraine, les technologies étaient trop différentes, un tel accident était trop improbable, l'industrie nucléaire était trop sûr d'elle, les bureaucrates manifestement trop prétentieux...
Cette petite déclaration de la NISA mérite la palme d'or des déclarations "sécuritaires" : "Nous étions extrêmement concernés par le fait que le mythe sécuritaire des sites de production - autrement dit le fait qu'un accident grave n'arriverait jamais - pouvait voler en éclats si le gouvernement s'impliquait par trop dans une crise éventuelle et n'alarmait ainsi la population de manière infondée". Bref, la sécurité du gouvernement avant celle du public, si cela n'est pas de l'abnégation...
La NISA deviendra bientôt la JNRA ou un truc dans ce genre (il ne restera probablement que le substantif atomic dans l'acronyme), les procédures accidentelles devraient être revues de fond en comble afin de redonner un semblant de confiance dans le contrôle et la surveillance de ce qui restera de l’industrie nucléaire Japonaise dans quelques mois. Sur la page d'accueil actuelle de ladite agence, on ne trouve d'ailleurs plus une seule référence à l'accident de Fukushima... Terminé vous dit-on !
Source : yomiuri daily, 16/12, Anglais
Cher Gen4 ,
je tenais tout d'abord à vous souhaiter un joyeux noel , et (mais) surtout vous remercier pour tout ce precieux travail nous informant quasi quotidiennement sur cette catastrophe . Alors merci pour votre temps et courage à nous tenir informés d'une "vérité" qui nous glace .
un fidéle lecteur.
Rédigé par : Douguy | 25/12/2011 à 18:17