Le mystère du dosimètre RADVIEW
Ce petit dosimètre a été distribué aux employées des crèches Japonaises accueillant des enfants d'âge préscolaire. Rassurant ? Voire... Remarquez que le premier niveau, vert, est de 50 mSv. Sachant que ces types de dosimètre-carte ont une durée de vie de 3 mois, cela signifie que l'exposition nécessaire serait - en supposant une exposition permanente à un débit de dose constant - d'environ 50000 / (91*24) = 23 µSv/h. Or l'exposition pour atteindre le niveau "vert" sera forcément plus élevée puisque elle ne sera qu’intermittente.
Il est utile ici de rappeler que les normes d'exposition maximale Européennes sont fixées par l'UNSCEAR à 1 mSv / an pour le public (hors radioactivité naturelle, très faible au Japon) et 100 mSv / 5 années pour le personnel travaillant dans l'industrie nucléaire, soit plus ou moins 20 mSv/an.
Rappelons enfin que les effets d'une exposition à un débit de dose de 30 mSv induira, d'après les normes CIPR/RLSS, un taux de décès par cancer radio induit de 1/600 soit une probabilité de 0.0015 ou encore 0.15%.
Ce type de dosimètre semble bien plus adapté a un travailleur du secteur nucléaire voire à un personnel militaire qu'a des employées qui prennent en charge de jeunes enfants extrêmement sensibles au rayonnements ionisants.
Source : twitter (Japonais)
Décontamination, suite : des voix s'élèvent au Japon pour dire que ce qui est fait est inefficace et insuffisant
Le Japon concentre ses efforts de décontamination au niveau de 3 supports prioritaires :
- Les terrains de jeux pour enfants et terrains de sport (enlèvement de la couche d'humus de surface)
- Le nettoyage des toits à l'aide de matériel haute pression standard
- Les boues et poussières en suspension dans les gouttières et chéneaux nettoyés à l'aide du même matériel (Karcher)
Si la première procédure semble relativement efficace (1) les deux autres le seraient nettement moins du fait de certaines limitations du matériel utilisé. Cela peut sembler efficace, mais le matériel à haute pression ne fait que déplacer les particules radioactives vers les égouts et les rivières donc déplace le problème sans le traiter vraiment.
Le Césium radioactif, principal ennemi visé par ces procédures de décontamination sommaires, peut se retrouver dispersé sous 3 formes dans le milieu naturel : dissolution dans l'eau (2), faiblement fixé sur les feuilles ou la mousse ou fortement ancré sur les roches tels les silicates. Ceci signifie que le césium qui a aterri sur un toit se retrouver fermement fixé et assez peu délogeable.
Sur le toit d'un bâtiment annexe à une école élémentaire située à Watari, près de Fukushima, il a été ainsi relevé un débit de dose d'environ 1.75 µSv/h au niveau de la toiture composée de tuiles en béton alors que les doses étaient beaucoup plus faibles au niveau de la charpente et du plafond de l'établissement. Il faut signaler que la toiture avait été nettoyée plusieurs fois à l'aide de nettoyeurs haute pression. Il semble qu'il n'existe pas d'autre solution que de remplacer l'ensemble de la toiture.
Le papier du Mainichi revient ensuite longuement sur les interventions du professeur Kodama que nous avions évoquées avant-hier. M. Kodama a dans l'intervalle publié un livre : "La vérité sur la contamination interne" qui se conclut par cette phrase : "Nous avons contaminé le sol de notre pays, cet héritage irremplaçable que nos ancêtres nous ont transmis et que nous devons à notre tour transmettre à nos enfants. En conséquence, si nous sommes coupables de l'avoir contaminée, nous devons assumer la charge de la décontaminer."
Commentaires de gen4 : le drame de la contamination au Japon ne sera hélas pas résolu d'un simple coup de Karcher, la baguette magique de notre époque. Agir ainsi est une hérésie : premièrement on déplace la radioactivité de sa maison vers l'égout ou la station d'épuration - peut-être située dans le village voisin jusque là épargné ; deuxièmement les césiums radioactifs resteront accrochés sur les toitures pour une longue période. Faudra-il envisager de remplacer toutes les toitures de tous les bâtiments de la zone ? La tâche semble si grande... et les autorités du Japon si peu motivées...
(1) Pour mémoire, la centrale accidentée crache toujours environ 5 milliards de Bq chaque jour, cette re-contamination sapant évidemment partiellement les efforts de décontamination
(2) Même si le césium-137 se dissout facilement dans l'eau pour former de l’hydroxyde de césium, la présence de particules dans l'eau chargée par le nettoyage grossier provoque une re-concentration au niveau des sédiments
Source : Mainichi Daily (Anglais)
Une expédition scientifique internationale va s'intéresser aux effets génétiques et écologiques des radiations au Japon
Une équipe scientifique composée de biologistes de l'Université de Caroline du Sud, de Paris-Sud, de Tokyo, de Fukushima et de Nagasaki va très rapidement se préoccuper de l'action génétique de la radioactivité sur les plantes et les animaux dans l'environnement de la centrale accidentée de Fukushima Daiichi. Les premiers résultats de l'étude pourraient être communiqués avant la fin de l'année et le groupe de recherche prévoit de prolonger son travail sur une longue période, en l'étendant dans des pays où la radioactivité dite naturelle est importante comme l'Inde.
Le gouvernement Japonais a probablement autorisé d'autant plus facilement cette expédition qu'elle est sponsorisée par une société privée, QIAGEN, qui est par ailleurs assez controversée dans le milieu scientifique pour ne pas publier intégralement la composition des kits d'analyse qu'elle commercialise.
L'étude visera à analyser le comportement à long terme des blocs moléculaires comme l'ADN et les conséquences sur l'écosystème dans des zones ou la radioactivité est supérieure à la normale. Ce travail avait été commencé à la suite de l'accident de Tchernobyl mais il s'agit de la première étude déployée rapidement au niveau d'une "zone ouverte". L'action génétique des radiations pourra ainsi être étudiée à la fois sur la génération biologique actuelle et sur ses descendants.
Source : R&D Magazine (Anglais)
Tepco utilise de l'eau faiblement contaminée pour "éviter des risques d'incendie"
Selon NHK World, Tepco aurait commencé à arroser du bois découpé dans les environs de la centrale accidentée avec de l'eau provenant des sous-sols des bâtiments des unités n°. 5 et 6. Cette eau aurait été décontaminée et désalinisée et "ne présenterait que des concentrations très faibles de radioactivité". Tepco prévoit ainsi de disperser 17 000 tonnes d'eau sur une surface d'environ 120 hectares à raison de 100 tonnes par jour.
Commentaire de gen4 : Il faut dire que Tepco ne sait plus trop quoi faire de cette eau faiblement contaminée, ses réservoirs de stockage temporaires ainsi que la méga-poubelle flottante étant remplis à 90% ! Faible concentration radioactive ou pas, il s'agit toujours de diluer la radioactivité pour la rejeter finalement dans la nature. Admirons en passant la créativité de Tepco pour se débarrasser d'un allié devenu bien encombrant : l'idée du "danger d'incendie" mériterait bien le prix de l'excuse la plus fumeuse !
Rejeter en toute légalité de grandes quantités faiblement contaminées revient à rejeter une faible quantité fortement contaminée, ce qui est par contre formellement interdit. Ceci revient à polluer plus largement l'environnement bref à déconcentrer le problème de la radioactivité. A ce rythme, le jeu de la patate chaude fourrée au césium ne tardera pas à devenir un succès... mondial.
Sources :
nhk world
nhk world (Japonais)
Il est utile ici de rappeler que les normes d'exposition maximale Européennes sont fixées par l'UNSCEAR à 1 mSv / an pour le public (hors radioactivité naturelle, très faible au Japon) et 100 mSv / 5 années pour le personnel travaillant dans l'industrie nucléaire, soit plus ou moins 20 mSv/an.
Rappelons enfin que les effets d'une exposition à un débit de dose de 30 mSv induira, d'après les normes CIPR/RLSS, un taux de décès par cancer radio induit de 1/600 soit une probabilité de 0.0015 ou encore 0.15%.
Ce type de dosimètre semble bien plus adapté a un travailleur du secteur nucléaire voire à un personnel militaire qu'a des employées qui prennent en charge de jeunes enfants extrêmement sensibles au rayonnements ionisants.
Source : twitter (Japonais)
Décontamination, suite : des voix s'élèvent au Japon pour dire que ce qui est fait est inefficace et insuffisant
Le Japon concentre ses efforts de décontamination au niveau de 3 supports prioritaires :
- Les terrains de jeux pour enfants et terrains de sport (enlèvement de la couche d'humus de surface)
- Le nettoyage des toits à l'aide de matériel haute pression standard
- Les boues et poussières en suspension dans les gouttières et chéneaux nettoyés à l'aide du même matériel (Karcher)
Si la première procédure semble relativement efficace (1) les deux autres le seraient nettement moins du fait de certaines limitations du matériel utilisé. Cela peut sembler efficace, mais le matériel à haute pression ne fait que déplacer les particules radioactives vers les égouts et les rivières donc déplace le problème sans le traiter vraiment.
Sur le toit d'un bâtiment annexe à une école élémentaire située à Watari, près de Fukushima, il a été ainsi relevé un débit de dose d'environ 1.75 µSv/h au niveau de la toiture composée de tuiles en béton alors que les doses étaient beaucoup plus faibles au niveau de la charpente et du plafond de l'établissement. Il faut signaler que la toiture avait été nettoyée plusieurs fois à l'aide de nettoyeurs haute pression. Il semble qu'il n'existe pas d'autre solution que de remplacer l'ensemble de la toiture.
Le papier du Mainichi revient ensuite longuement sur les interventions du professeur Kodama que nous avions évoquées avant-hier. M. Kodama a dans l'intervalle publié un livre : "La vérité sur la contamination interne" qui se conclut par cette phrase : "Nous avons contaminé le sol de notre pays, cet héritage irremplaçable que nos ancêtres nous ont transmis et que nous devons à notre tour transmettre à nos enfants. En conséquence, si nous sommes coupables de l'avoir contaminée, nous devons assumer la charge de la décontaminer."
Commentaires de gen4 : le drame de la contamination au Japon ne sera hélas pas résolu d'un simple coup de Karcher, la baguette magique de notre époque. Agir ainsi est une hérésie : premièrement on déplace la radioactivité de sa maison vers l'égout ou la station d'épuration - peut-être située dans le village voisin jusque là épargné ; deuxièmement les césiums radioactifs resteront accrochés sur les toitures pour une longue période. Faudra-il envisager de remplacer toutes les toitures de tous les bâtiments de la zone ? La tâche semble si grande... et les autorités du Japon si peu motivées...
(1) Pour mémoire, la centrale accidentée crache toujours environ 5 milliards de Bq chaque jour, cette re-contamination sapant évidemment partiellement les efforts de décontamination
(2) Même si le césium-137 se dissout facilement dans l'eau pour former de l’hydroxyde de césium, la présence de particules dans l'eau chargée par le nettoyage grossier provoque une re-concentration au niveau des sédiments
Source : Mainichi Daily (Anglais)
Une expédition scientifique internationale va s'intéresser aux effets génétiques et écologiques des radiations au Japon
Une équipe scientifique composée de biologistes de l'Université de Caroline du Sud, de Paris-Sud, de Tokyo, de Fukushima et de Nagasaki va très rapidement se préoccuper de l'action génétique de la radioactivité sur les plantes et les animaux dans l'environnement de la centrale accidentée de Fukushima Daiichi. Les premiers résultats de l'étude pourraient être communiqués avant la fin de l'année et le groupe de recherche prévoit de prolonger son travail sur une longue période, en l'étendant dans des pays où la radioactivité dite naturelle est importante comme l'Inde.
Le gouvernement Japonais a probablement autorisé d'autant plus facilement cette expédition qu'elle est sponsorisée par une société privée, QIAGEN, qui est par ailleurs assez controversée dans le milieu scientifique pour ne pas publier intégralement la composition des kits d'analyse qu'elle commercialise.
L'étude visera à analyser le comportement à long terme des blocs moléculaires comme l'ADN et les conséquences sur l'écosystème dans des zones ou la radioactivité est supérieure à la normale. Ce travail avait été commencé à la suite de l'accident de Tchernobyl mais il s'agit de la première étude déployée rapidement au niveau d'une "zone ouverte". L'action génétique des radiations pourra ainsi être étudiée à la fois sur la génération biologique actuelle et sur ses descendants.
Source : R&D Magazine (Anglais)
Tepco utilise de l'eau faiblement contaminée pour "éviter des risques d'incendie"
Commentaire de gen4 : Il faut dire que Tepco ne sait plus trop quoi faire de cette eau faiblement contaminée, ses réservoirs de stockage temporaires ainsi que la méga-poubelle flottante étant remplis à 90% ! Faible concentration radioactive ou pas, il s'agit toujours de diluer la radioactivité pour la rejeter finalement dans la nature. Admirons en passant la créativité de Tepco pour se débarrasser d'un allié devenu bien encombrant : l'idée du "danger d'incendie" mériterait bien le prix de l'excuse la plus fumeuse !
Rejeter en toute légalité de grandes quantités faiblement contaminées revient à rejeter une faible quantité fortement contaminée, ce qui est par contre formellement interdit. Ceci revient à polluer plus largement l'environnement bref à déconcentrer le problème de la radioactivité. A ce rythme, le jeu de la patate chaude fourrée au césium ne tardera pas à devenir un succès... mondial.
Sources :
nhk world
nhk world (Japonais)

Vous écrivez :
"Une équipe scientifique composée de biologistes de l'Université de Caroline du Sud, de Paris-Sud, de Tokyo, de Fukushima et de Nagasaki va très rapidement se préoccuper de l'action génétique de la radioactivité sur les plantes et les animaux dans l'environnement de la centrale accidentée de Fukushima Daiichi."
Ce n'est pas avec les financements publics que cela arriverait puisque par exemple l'Agence Nationale de la Recherche a catégoriquement exclu du programme FLASH-JAPON la participation de chercheurs français à des travaux internationaux sur la radioprotection et la sûreté nucléaire pour comprendre l'accident japonais et en déduire des mesures d'envergure internationale en cas d'accident majeur.
Voir http://www.stop-nucleaire31.org/spip.php?article36
On peut critiquer les projets financés par des industriels...
Pour Tchernobyl, les Etats faisaient des promesses de financement d'études dans le domaine du nucléaire et puis se désengageaient. Les projets financés étaient quasiment toujours des projets de technoscience, de nouvelles technologies, de nouveaux appareils, de nouveaux programmes, de nouveaux modèles mathématiques, et puis quasiment rien pour comprendre l'accident et venir en aide aux victimes dans les territoires fortement contaminés.
Les premières études internationales commanditées et présentées par l'AIEA voulaient nous faire croire que si les gens étaient malades en Ukraine, au Bélarus et en Russie, c'était parce qu'ils avaient le stress de la radioactivité. Ces éléments devraient être enseignés en collège en France pour que les enfants sachent ce que sont réellement les organisations internationales comme l'AIEA.
Rédigé par : Frédéric Boutet | 07/10/2011 à 23:17
"Admirons en passant la créativité de Tepco pour se débarrasser d'un allié devenu bien encombrant : l'idée du "danger d'incendie" mériterait bien le prix de l'excuse la plus fumeuse!"
Prix accordé! Car avec la quantité d'eau tombée du ciel ces dernières semaines, la sécheresse ne menace pas vraiment...
Quand au degré réel de contamination de cette eau estampillée "faiblement contaminée" par Tepco, il reste à vérifier. Au fait, y a-t-il quelqu'un pour vérifier?
Rédigé par : Aimelle | 08/10/2011 à 10:10
Il faut bien avouer que ce financement "criant" par le privé pose problème : Kodama réclamait la réquisition des moyens du secteur privé car il craignait la "récupération" de l'accident par des sociétés biotech en quête de reconnaissance ou encore une autre multinationale (un labo filiale de General Electric par exemple) en quête de redorer une image salie... Il n'aura pas fallu attendre longtemps ! Quoi qu'il en soit le Japon a décidément un sérieux problème avec "sa" radioactivité.
Merci pour le lien fourni, il éclaire le sujet de manière intéressante.
Cordialement,
Trifou
Rédigé par : trifouillax | 08/10/2011 à 10:28
Sur la question des fonds privés, publication ce jour d'un article fort intéressant de l'Asahi Shinbun qui éclaire les relations entre Tepco et les partis politiques, pour parler clair il s'agit de corruption même si on préfère le mot plus pudique de "lobbying":
http://ajw.asahi.com/article/0311disaster/fukushima/AJ2011100813755
(article en anglais)
La cible était le LDP (Liberal Democratic Party), alors parti au pouvoir. Pour contourner la loi, le truc consistait à ce que les cadres de Tepco fassent des "dons personnels" aux caisses du LDP.
C'est ainsi qu'ont été versés - selon l'Asahi - des dizaines de millions de yens, versés par au moins 448 cadres de l'entreprise qui auraient arrosé entre 1995 et 2009 le LDP, alors au pouvoir.
Corruption organisée par la direction de l'entreprise.
L'article montre aussi comment on fait élire à la chambre haute un ancien cadre dirigeant de l'entreprise.
Nul doute que lorsqu'il s'est agi d'accorder un marché, il a su renvoyer l'ascenseur.
Évidemment, il y a moins d'argent quand il s'agit de payer ceux qui risquent aujourd'hui leur vie sur le site de la centrale: ils touchent entre 80 et 100 euros par jour, et une prime de risque royale de 10 €.
Ah zut! j'oubliais! ce n'est pas Tepco, ce sont les sous-traitants qui font les contrats de travail. Voir ici:
http://frontal21.zdf.de/ZDFde/download/0,6753,7024068,00.pdf
(transcription - en allemand - du reportage de 2ZF sur les conditions de travail à F-Daiichi)
Mais la viande à neutrons est remplaçable.
Il vaut mieux garder ses sous pour sauvegarder pouvoir et bénéfices.
Rédigé par : Aimelle | 08/10/2011 à 12:37