Le manuel d'accident sévère (SBO) établi par la NRC mis à jour après l'accident de Fukushima ?
D'après la NRC, le manuel traitant des procédures d'urgence en cas de panne électrique totale édité par la Commission de Sécurité Nucléaire des USA devrait être plus utile que celui de Tepco dans une situation équivalente. Rappelons que la version Japonaise quasi-intégrale a enfin été transmise par Tepco aux autorités Japonaises (NISA) le 17 octobre, après bien des péripéties. La commission de sécurité nucléaire Japonaise vient d'ailleurs de mettre en ligne la partie non-confidentielle de ce document, c'est à dire 99%. Rappelons que ces procédures se sont avérées totalement inexploitables dans le cadre de l'accident de Fukushima.
Nous supposons donc, puisque la procédure d'urgence a si piteusement échouée au Japon alors qu'elle est réputée fonctionner aux États-Unis, qu'il ne s'agit pas que d'une simple traduction du même document de l'anglais vers le japonais ? Quoiqu’il en soit, une mise à jour de la page de la NRC correspondant à ce document a été faite le 13 mars 2011 soit exactement 48 heures après le début de la crise nucléaire Japonaise.
Nous souhaitons sincèrement que ce document n'ait jamais l'occasion de sortir d'une armoire de salle de contrôle-commandes, car, à gen4, nous avons de sérieux doutes sur la sincérité de cette affirmation de la NRC en cas de Station BlackOut sur un réacteur Mark 1.
Source : ex-skf (Anglais)
Un employé de Tepco aurait évoqué une explosion nucléaire sur le réacteur n°. 3
Selon un volontaire travaillant à Minami-Soma, ville de 70000 habitants située à 20 Km au Nord-Ouest de la centrale accidentée, la famille de l'un des travailleurs réguliers de l'opérateur Tepco aurait déclarée que la source de l'explosion ayant soufflé le bâtiment réacteur n°. 3 - et peut-être également le N°. 4 - serait : "Une explosion nucléaire d'uranium et de plutonium".
Voir la vidéo du reportage de la WDR à Minami-Soma sur : http://youtu.be/bevc_YG_cbE (Allemand, sous-titres en Japonais)
Source : fukushima-diary (Anglais)
Les réacteurs n°. 5 et 6 de Fukushima Daiichi semblent relâcher de plus en plus de radio-césium dans l'océan
Les mesures effectuées à proximité du point de sortie des effluents liquides des unités n°. 5 et 6 afficheraient des valeurs environ 10 fois supérieures depuis le dernier relevé, alors qu'aucune activité de césium radioactif n'a été constatée à proximité du point de sortie en mer des unités n°. 1 à 4. Une vidéo des sorties des conduits de refroidissement RHRS(1) en mer laisse apercevoir, lors de panoramiques, vers 3'03'' et 4'10'', des masses étranges posées sur le fond de l'océan. Voyez par vous-mêmes, il semble traîner comme un peu de désordre à cet endroit !
Relevé du 29 septembre : 20 Bq/l de radio-césium
Relevé du 22 octobre : 188 Bq/l de radio-césium
Source : fukushima diary, 24/10, Anglais
(1) Le dispositif RHRS ou Residual Heat Removal System permet d'évacuer la chaleur résiduelle d'un réacteur après son arrêt d'urgence SCRAM. Ce système de pompage nécessite obligatoirement une source d'électricité pour fonctionner d'où son inutilité lors de la phase de coupure électrique totale sur le site
L'accident de Fukushima aurait rejeté beaucoup plus de gaz noble radioactif que l'accident de Tchernobyl
Une équipe internationale Norvégienne, Autrichienne, Espagnole et Américaine a publié une étude selon laquelle la dispersion de gaz radioactif Xenon-133 s’élèverait, selon leurs estimations, à environ 17 PBq +/- 3 (17*10^15 Bq), multipliant par plus de deux le précédent record détenu par l'explosion de la centrale de Tchernobyl en avril 1986. D'après cette étude, la totalité de l'inventaire radioactif du Xe-133 des réacteurs 1 à 3 aurait été dispersé entre le 11 et le 15 mars.
Si ce gaz radioactif n'est heureusement pas très dangereux pour l'organisme qui ne l'assimile a priori pas, il n'en est pas de même pour le tristement célèbre Césium-137 auquel s'est également intéressé notre équipe de scientifiques. D'après leur estimation, ce sont environ 36 PBq de Cs-137 qui auraient été dispersés dans l'atmosphère, ce qui représente une petite moitié des rejets similaires consécutifs à l'accident de Tchernobyl. 20% environ de ceux-si seraient retombés sur l’île du Japon alors que 80% auraient été généreusement dispersés hors du Japon, dont une bonne partie propulsée par le Jet-stream soufflant vers la côte Ouest des États-Unis.
Sources :
Atmospheric Chemistry and Physics, EGU, Anglais
Communiqué de presse du ZAMG et du BOKU, Anglais
D'après la NRC, le manuel traitant des procédures d'urgence en cas de panne électrique totale édité par la Commission de Sécurité Nucléaire des USA devrait être plus utile que celui de Tepco dans une situation équivalente. Rappelons que la version Japonaise quasi-intégrale a enfin été transmise par Tepco aux autorités Japonaises (NISA) le 17 octobre, après bien des péripéties. La commission de sécurité nucléaire Japonaise vient d'ailleurs de mettre en ligne la partie non-confidentielle de ce document, c'est à dire 99%. Rappelons que ces procédures se sont avérées totalement inexploitables dans le cadre de l'accident de Fukushima.
Nous supposons donc, puisque la procédure d'urgence a si piteusement échouée au Japon alors qu'elle est réputée fonctionner aux États-Unis, qu'il ne s'agit pas que d'une simple traduction du même document de l'anglais vers le japonais ? Quoiqu’il en soit, une mise à jour de la page de la NRC correspondant à ce document a été faite le 13 mars 2011 soit exactement 48 heures après le début de la crise nucléaire Japonaise.
Nous souhaitons sincèrement que ce document n'ait jamais l'occasion de sortir d'une armoire de salle de contrôle-commandes, car, à gen4, nous avons de sérieux doutes sur la sincérité de cette affirmation de la NRC en cas de Station BlackOut sur un réacteur Mark 1.
Source : ex-skf (Anglais)
Un employé de Tepco aurait évoqué une explosion nucléaire sur le réacteur n°. 3
Selon un volontaire travaillant à Minami-Soma, ville de 70000 habitants située à 20 Km au Nord-Ouest de la centrale accidentée, la famille de l'un des travailleurs réguliers de l'opérateur Tepco aurait déclarée que la source de l'explosion ayant soufflé le bâtiment réacteur n°. 3 - et peut-être également le N°. 4 - serait : "Une explosion nucléaire d'uranium et de plutonium".
Voir la vidéo du reportage de la WDR à Minami-Soma sur : http://youtu.be/bevc_YG_cbE (Allemand, sous-titres en Japonais)
Source : fukushima-diary (Anglais)
Les réacteurs n°. 5 et 6 de Fukushima Daiichi semblent relâcher de plus en plus de radio-césium dans l'océan
Les mesures effectuées à proximité du point de sortie des effluents liquides des unités n°. 5 et 6 afficheraient des valeurs environ 10 fois supérieures depuis le dernier relevé, alors qu'aucune activité de césium radioactif n'a été constatée à proximité du point de sortie en mer des unités n°. 1 à 4. Une vidéo des sorties des conduits de refroidissement RHRS(1) en mer laisse apercevoir, lors de panoramiques, vers 3'03'' et 4'10'', des masses étranges posées sur le fond de l'océan. Voyez par vous-mêmes, il semble traîner comme un peu de désordre à cet endroit !
Relevé du 29 septembre : 20 Bq/l de radio-césium
Relevé du 22 octobre : 188 Bq/l de radio-césium
Certaines informations, non confirmées officiellement, laisseraient à penser que des ingénieurs de Toshiba, entreprise Japonaise ayant assemblé l'unité n°. 5 sous licence de General Electric, interviendraient actuellement sur ces réacteurs. D'autres commentateurs croient savoir que les activités récentes d'Iode 131 relevées à Tokyo pourraient provenir de ces réacteurs qui, pour mémoire, avaient également connus des problèmes de refroidissement consécutifs au séisme et au tsunami du 11 mars. Il serait opportun que l'opérateur communique un peu sur ce qui se passe réellement au niveau de ces tranches dont les cœurs étaient également chargés en combustible lors des événements du 11 mars.
Le témoignage vidéo d'un commerçant de Fukushima assez remonté après les autorités et Tepco (Japonais).
Le témoignage vidéo d'un commerçant de Fukushima assez remonté après les autorités et Tepco (Japonais).
(1) Le dispositif RHRS ou Residual Heat Removal System permet d'évacuer la chaleur résiduelle d'un réacteur après son arrêt d'urgence SCRAM. Ce système de pompage nécessite obligatoirement une source d'électricité pour fonctionner d'où son inutilité lors de la phase de coupure électrique totale sur le site
L'accident de Fukushima aurait rejeté beaucoup plus de gaz noble radioactif que l'accident de Tchernobyl
Une équipe internationale Norvégienne, Autrichienne, Espagnole et Américaine a publié une étude selon laquelle la dispersion de gaz radioactif Xenon-133 s’élèverait, selon leurs estimations, à environ 17 PBq +/- 3 (17*10^15 Bq), multipliant par plus de deux le précédent record détenu par l'explosion de la centrale de Tchernobyl en avril 1986. D'après cette étude, la totalité de l'inventaire radioactif du Xe-133 des réacteurs 1 à 3 aurait été dispersé entre le 11 et le 15 mars.
Si ce gaz radioactif n'est heureusement pas très dangereux pour l'organisme qui ne l'assimile a priori pas, il n'en est pas de même pour le tristement célèbre Césium-137 auquel s'est également intéressé notre équipe de scientifiques. D'après leur estimation, ce sont environ 36 PBq de Cs-137 qui auraient été dispersés dans l'atmosphère, ce qui représente une petite moitié des rejets similaires consécutifs à l'accident de Tchernobyl. 20% environ de ceux-si seraient retombés sur l’île du Japon alors que 80% auraient été généreusement dispersés hors du Japon, dont une bonne partie propulsée par le Jet-stream soufflant vers la côte Ouest des États-Unis.
Sources :
Atmospheric Chemistry and Physics, EGU, Anglais
Communiqué de presse du ZAMG et du BOKU, Anglais
Bonjour
Je ne suis pas convaincu par les difficultés que rencontreraient les réacteurs 5 et 6. Leur température est normale. D'après Fukushima Diary, le prélèvement aurait été fait à 30 km des côtes. Les tuyaux de sortie vont si loin ou j'ai mal compris ? Les autres sorties d'eau (pour 1 à 4) ont-elles aussi été mesurées ? On pourrait comparer.
Ceci dit, les réacteurs 5 et 6 ont subi aussi le tremblement de terre du 11 mars et sont certaienemetn en mauvais état. Il y avait déjà eu des problèmes d'inondation des sous-sols il y a quelques mois.
Rédigé par : Pif | 26/10/2011 à 11:30
Bonjour Pierre,
La mesure a été fait à 30m et non 30 Km du point de sortie des tuyauteries des réacteurs 5 et 6. Si cette dernière avait été faite à 30 Km comme l'indique fukushima-diary, on ne pourrait effectivement faire le distinguo entre les sorties des 1-4 et des 5-6 !
Traduction du fichier .pdf : "Fukushima Daiichi Unité 5 et 6 au nord de sortie (Au nord d'environ 30m du point de sortie n ° 5, 6)"
Le problème est justement que rien n'est détecté (ND) au niveau des réacteurs cassés (1ère ligne de l'article) et que le Cs augmente au pied de la sortie des 5 et 6. Alors, normal ou pas, je n'en sais rien, les contaminations relevées sont faibles mais augmentent quand même... De mémoire il y avait eu de la casse sur l'unité 5 après le séisme, quelque chose du côté des barres de contrôle, un truc rafistolé avec du scotch je crois, il faudrait rechercher un peu dans la chronologie Tepco.
Je pense que le tsunami a du péter les conduites de sortie, c'est très visible sur la vidéo, les tuyaux cassés etc. d'où les problèmes ultérieurs sur le système qui refroidit la puissance résiduelle des réacteurs en arrêt. Le plus fou dans l'histoire est qu'à un moment Tepco voulait remettre les unités 5 et 6 en production...
A suivre donc de près AMHA
Cordialement,
Trifou
Rédigé par : trifouillax | 26/10/2011 à 16:12
Bonjour,
"Un employé de Tepco aurait évoqué une explosion nucléaire sur le réacteur n°3"
De quoi parle-t-on quand on parle "d'explosion nucléaire affectant un réacteur" ?
Comme les partisans du nucléaire on toujours eu une peur bleue, que cette évocation provoque, dans le public, l'assimilation avec une explosion atomique type bombe A, ils verrouillent toujours le débat, pour mieux occulter le problème, sur le thème (exact) : "une centrale nucléaire ne peut pas exploser comme une bombe atomique !"
Mais le problème n'est pas là, le problème est de l'instabilité potentielle (parfaitement maitrisée en condition normale) de tout réacteur nucléaire, qui ne demande qu'à échapper à ses dompteurs...
Ci après, copie du petit débat que j'avais eu sur cette question et que je représente ici parce qu'il est révélateur du refus de la réalité "explosive nucléaire minorée" d'un réacteur nucléaire.
Pour ne pas l'impliquer malgré lui, j'ai remplacé le pseudo de mon contradicteur par CONTRADICTEUR.
A Pif : Il a effectivement été évoqué cette question sur RPCirkus, mais là encore, par risque d'assimilation avec une bombe A, les intervenants (Kloug par ex.) rechignent à l'emploi de l'expression. Et pourtant, il y a bien "explosion nucléaire", par opposition, par exemple, à une "explosion chimique".
Delphin
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Bonjour,
A la question : "Une centrale nucléaire peut-elle exploser comme une bombe nucléaire ?", la réponse est "non".
A la question : "Une centrale nucléaire peut-elle être le siège d'une explosion nucléaire ?", la réponse est "oui, la puissance étant de type explosif conventionnel".
Tchernobyl est couramment présenté comme "explosion vapeur", suivie d'une explosion d'hydrogène (oxydation des gaines en zirconium) - sans qu'il ne vienne à l'esprit du physicien nucléaire qui écrit cette phrase de son incohérence. Une explosion vapeur n'existe pas en soi, il a fallu de l'énergie à l'eau, une énergie brutalement dégagée pour que, l'eau se vaporisant instantanément, retentisse une explosion.
Cette énergie, c'est l'explosion d'environ 30% du combustible nucléaire, la réaction en chaîne échappant complètement aux opérateurs, ceux-ci ayant débranché tous les systèmes de sécurité pour pouvoir, coûte que coûte, terminer leurs expériences de fiabilité en phase accidentelle. Se rendant compte que le réacteur échappait (les réacteurs RBMK deviennent instables sous 800 MWTh), ils rétablissaient le système automatique de chutes de barres de sûreté, mais trop tard, les tubes déjà déformés par la chaleur bloquant la translation des dites barres. Comme l'énergie est instantanément transmise à l'eau environnante, c'est l'eau qui détonne en se vaporisant brutalement.
Pour tenter de dédouaner leurs réacteurs, les Autorités nucléaires françaises ont argué de différences - comme ils l'avaient fait pour Three Mile Island, avec la différence des générateurs de vapeur Westinghouse au lieu des Babcock et Wilcox - réelles (coefficient de vide positif, moins d'eau par augmentation de volume, moins de neutrons absorbés), mais secondaires par rapport au type d'accident, "chutes des barres de contrôle rendues impossibles".
D'ailleurs, suite à l'accident, la National Radiological Commission américaine demandait l'étude de scénarios d'accident faisant intervenir une excursion de criticité qui pourrait se produire suite à l'éjection de barres de contrôle ou à l'injection d'eau froide non borée sur ses centrales (source : "La NRC et l'accident de Tchernobyl", annales des Mines 31, numéro spécial de novembre 1986).
Voici d'ailleurs ce qu'écrivait André Pascquet en 1967 - quand on pouvait encore s'exprimer librement au CEA, le grand programme nucléaire français n'étant pas encore lancé :
"Les essais éffectués aux USA sur Borax et Spert, l'accident survenu au réacteur SL1, ont amplement démontré que les réacteurs piscines, tout comme les réacteurs à eau pressurisée ou à eau bouillante pouvaient être les siège d'excursions de puissance très violentes entraînant la destruction partielle ou totale des structures du réacteur" ("La simulation des excursions de puissance", Bulletin d'informations scientifiques et techniques, n°112, CEA 1967).
La question initiale, "un réacteur nucléaire peut-il exploser comme une bombe atomique" devient donc : "Tout réacteur nucléaire peut-il être le siège d'une explosion d'origine nucléaire ?" La réponse est oui, l'inquiétant problème n'étant pas tant la conséquence physique d'explosion - qui n'a rien à voir avec une bombe A - que l'instabilité (nucléaire) inhérente au système.
Chez nous, à la différence des RBMK soviétiques, tant que les systèmes de sécurité sont intègres, ce risque n'existe pas.
Source à l'origine de cet écrit : "Les jeux de l'atome et du hasard", JP Pharabod et JP Shapira, Calmann Lévy.
A l'époque de la rédaction du livre, JP Pharabod était ingénieur au laboratoire de Physique Nucléaire des Hautes Energies de l'Ecole Polytechnique (après avoir été 7 ans ingénieur des services nucléaires d'EDF) et JP Shapira, polytechnicien, était directeur de recherches à l'Institut de Physique Nucléaire d'Orsay.
Qu'ils soient remerciés pour leur oeuvre de démocratie cherchant à mettre à portée de tout un chacun leur savoir particulier.
Delphin
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CONTRADICTEUR :
Bonjour,
Je ne suis pas d'accord avec vous à la question : "Une centrale nucléaire peut-elle être le siège d'une explosion nucléaire ?", la réponse est "oui, la puissance étant de type explosif conventionnel".
L'accident de Tokaï Mura (lien) était un accident de criticité: même phénoméne utilisé dans les réacteurs mais dont l'excursion peut être limitée par des parades suivantes:
- contrôle de la géométrie sous-critique,
- controle de la masse fissile,
- utilsation de modérateurs absorbeurs de neutron,
- limitation de réflecteur neutronique.
L'accident de criticité créé un "flash" gamma+neutron avec émission de produits de fission, et dégagement de chaleur.
Le phénoméne peut être entretenu dés que les 4 paramétres explicités ci-dessus évolue, ou bien s'arreter simplement.
Dans cet accident, il n'y a pas eu d'explosion (nucléaire ou conventionnel).
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Delphin
Dimanche 2 Octobre à 16:02
citation :
"Je ne suis pas d'accord avec vous à la question : "Une centrale nucléaire peut-elle être le siège d'une explosion nucléaire ?", la réponse est "oui, la puissance étant de type explosif conventionnel".
L'accident de Tokaï Mura (lien) était un accident de criticité: même phénoméne utilisé dans les réacteurs mais dont l'excursion est limité par des parades suivantes:"
Voyons comment Pharabod et Shapira décrivent un accident de criticité tel qu'il a pu se produire à Tokaï Mura :
" L'accident de criticité se produit lorsque la concentration en matière fissile en solution dépasse une certaine valeur qui dépend essentiellement de la géométrie du récipient contenant la solution. Les réactions en chaîne peuvent se développer d'une manière exponentielle (excursion nucléaire) et conduire à une petite explosion, accompagnée de l'émission brève de flux très élevés de neutrons" (fin de citation).
A ma connaissance, l'excursion de puissance de Tokaï Mura s'est développée sur une vingtaine d'heure - du fait de la solution avec présence d'eau servant de modérateur - ce qui en a fait, dans ce cas, une excursion nucléaire longuement autoentretenue, donc de nature pas vraiment explosive.
Les quantités de matières fissiles mises en jeu (plusieurs centaines de kg dans un réacteur nucléaire), les caracteristiques spécifiques (plus la puissance du réacteur est faible au moment de, par exemple, l'éjection des barres de contrôle, plus l'excursion de réactivité est potentiellement importante), font qu'on ne peut mettre sur le même plan l'accident de criticité de Tokaï Mura ou de tout autre centre de conversion d'uranium ou de fabrication de combustible avec ce qui est susceptible de se passer dans un réacteur nucléaire.
Voici la description, par Pharabod, de l'explosion nucléaire volontaire du petit réacteur de recherche Borax en 1954 dans le centre de recherche d'Idaho Falls (réacteur à eau bouillante, fortement enrichi en U235) :
"Les opérateurs se mirent à l'abri à 800 m de là, et commandèrent à distance l'éjection des barres de contrôle. Ce fut une très belle explosion. Le réacteur passa d'une puissance négligeable (il était à l'arrêt et l'eau était à seulement 20°c) à 19 000 MW, puissance absolument colossale et cela en moins d'un dixième de seconde."
Pour Tchernobyl (enrichissement, 2%) : "Lorsqu'ils voudront [les barres de contrôle] les laisser tomber par gravité, tros secondes après, il sera trop tard : elles resteront bloquées dans leur course, car les tubes de force [il y avait 1700 tubes de forces à Tchernobyl, 1700 "micro cuves"], dont la température a augmenté brutalement,ont déjà dû se déformer. L'excursion rapide de réactivité conduit une seconde plus tard, à 1h 23mn 44s, à un pic de puissance et à une véritable explosion qui pulvérise littéralement le combustible."
Rappel, l'énergie explosive émise sera intégralement transmise à l'eau, la vaporisant instantanément en émettant une puissante détonation (1000 mégajoules). Rapidement, sous l'intense chaleur, les gaines en zircaloy s'oxydent pour produire l'hydrogène qui explose encore plus violemment (équivalent 250 kg TNT).
Pour terminer : Si on écoute attentivement l'exposé auquel je réagissais, on entend parler fugitivement également d'explosion, mais le but est - comme toujours - tellement de découpler réacteur nucléaire et bombe atomique, que l'aspect explosif évoqué, en contadiction avec la démonstration (!) s'évanouit plus vite qu'une étoile filante dans un ciel limpide.
Amicalement,
Delphin
Dimanche 2 Octobre à 16:19
Rebonjour,
Voici comment le site "La radioactivité.com" décrit l'accident de Tokaï Mura :
"Les opérations consistaient à verser de la poudre d'uranium (enrichi à 18,5 % en uranium-235) préalablement dissoute dans de l'acide nitrique dans un récipient contenant également de l'acide nitrique. Ce récipient a normalement une géométrie adaptée à l'opération, empêchant ainsi le développement d'une réaction en chaîne.
Circonstances de l'accident de Tokaimura
Pour gagner du temps et finir le travail plus vite, les techniciens chargés de la préparation ont versé en une seule fois l'uranium très enrichi dans le récipient. Ils introduisirent 16,6 kg d'uranium enrichi, sept fois plus que les 2,4 kg garantissant l'absence de risque de criticité. Ce faisant, ils dépassèrent la masse critique, déclenchant un éclair de gamma et de neutrons.
De plus, l'équipement de géométrie adaptée avait été remplacé par une cuve de grandes dimensions, par ignorance ou manque de formation : l'accident aurait été évité avec un récipient ayant la forme d'une assiette plate. L'enquête a montré que les employés de l'usine ne respectaient pas les consignes de sécurité, qui n'étaient d'ailleurs pas affichées.
Le dépassement de la masse critique a déclenché UN DEBUT DEXPLOSION ATOMIQUE. Le développement de l'explosion s'est heureusement rapidement arrêté. La contamination resta peu importante et limitée aux abords de l'usine. Les autorités procédèrent par précaution à une évacuation de 160 habitants de la ville dans un rayon de 350 mètres, tandis que 300 000 reçurent la consigne de rester confinés dans leur domicile jusqu'à la fin de l'accident."
Delphin (pour la copie)
Delphin
Dimanche 2 Octobre à 16:29
Rebonjour, dernière fois, promis !
Voici ce que déclarait en 2001 l'IPSN en la personne d'Emmanuelle Gailliez, mission communication:
"Les accidents de criticité présentent un danger particulier du fait que lorsque le milieu est souscritique,
la puissance neutronique (c’est-à-dire le nombre de fissions par seconde) est très faible. Si
pour une raison quelconque, le milieu devient surcritique, il pourra être le siège d’une augmentation
très rapide de la puissance neutronique ASSIMILABLE A UNE EXPLOSION.
Dans certains cas cependant, le transitoire de puissance peut être beaucoup plus lent, les opérateurs
peuvent alors être avertis à temps de l’anomalie par les appareils de mesure de rayonnement.
L’analyse des accidents de criticité par les spécialistes est une source très importante"
Delphin (PCC)
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CONTRADICTEUR
Dimanche 2 Octobre à 16:33
UN DEBUT D'EXPLOSION ATOMIQUE: Ce que je veux dire, c'est que cela ne fait pas boum comme un pétard. Si il y a explosion (quelque soit comment on l'appelle) cela est due uniquement au fait que l'apport brutal d'énergie (sous forme thermique) du fait d'une réaction en chaine peut interagir avec d'autres éléments chimiques (ou physico-chimique) qui peuvent engendrer par la suite une explosion.
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Delphin
Dimanche Octobre à 19:56
Bonsoir,
citation :
"UN DEBUT D'EXPLOSION ATOMIQUE: Ce que je veux dire, c'est que cela ne fait pas boum comme un pétard. Si il y a explosion (quelque soit comment on l'appelle) cela est due uniquement au fait que l'apport brutal d'énergie (sous forme thermique) du fait d'une réaction en chaine peut interagir avec d'autres éléments chimiques (ou physico-chimique) qui peuvent engendrer par la suite une explosion."
Voici ce que disent Pharabod et Shapira, à propos de l'explosion d'origine nucléaire du réacteur Borax déjà citée :
" Etait-ce une explosion nucléaire ?
Non,parce que l'énergie explosive libérée avait été essentiellement le fait de l'eau brutalement vaporisée par l'énorme accroissement de puissance du réacteur.
Mais oui parce que toute cette énergie est en fait d'origine nucléaire; l'eau n'avait servi que d'intermédiaire (dans d'autres cas, l'énergie nucléaire peut d'ailleurs SE CONVERTIR DIRECTEMENT - MAIS PARTIELLEMENT - EN ENERGIE "MECANIQUE" EXPLOSIVE).
Quant à l'article "La Radioactivité.com, qui emploie effectivement curieusement l'expression "début d'explosion atomique" pour une simple excursion localisée de criticité, il est de Christian de la Vaissière, Dr de recherche au CNRS, Institut de Physique Nucléaire d'Orsay
Bonne soirée
Delphin
Rédigé par : Delphin | 26/10/2011 à 16:42
Très intéressant, merci pour ce partage Delphin :)
Rédigé par : trifouillax | 26/10/2011 à 23:30
Bonjour,
A propos des vidéos du fond de l'océan au pied des stations de pompage RHRS des réacteurs 5 et 6, je vois deux d'objets metalliques ronds qui brillent, en forme de partie de conduites, le premier a l'air déchiqueté sur le côté gauche, enfin bref, on se demande ce que c'est. En tous les cas, ca a l'air d'être inoxydable.
C'est de ces deux objets dont vous parlez Trifouillax ?
Rédigé par : Frédéric Boutet | 27/10/2011 à 16:26
@ Frederic Boutet : oui, lors de panoramiques un peu rapides à mon goût ! On distingue également un peu avant les objets blancs de petites surfaces circulaires oranges ou rouges plus brillantes quand elles sont éclairées par le phare du robot ; difficile de tirer des conclusions mais Tepco doit avoir plus de billes, comme souvent...
Rédigé par : trifouillax | 27/10/2011 à 18:51
Sur l'explosion du n°3:
Arnie Gundersen analyse (19 octobre) cette explosion à partir des photos publiées en octobre par Tepco:
http://fairewinds.com/content/new-tepco-photographs-substantiate-significant-damage-fukushima-unit-3
Il conclut qu'il y a 2 événements qui ne se sont pas produits en même temps: l'explosion des combustibles qui étaient dans la piscine, d'une part, et une rupture du système de confinement du coeur, d'autre part:
"Analysis of new Fukushima 3 photographs released last week by TEPCO substantiate Fairewinds’ claim that explosion of Unit 3 began over the spent fuel pool. Fairewinds believes that significant damage has also occurred to the containment system of Fukushima Unit 3, and that the two events (fuel pool explosion and containment breach) did not occur simultaneously."
Rédigé par : Aimelle | 27/10/2011 à 23:07