L'avis sur la situation au Japon du professeur Frank Daulton (Ph.D.)
Le professeur Frank E. Daulton enseigne la linguistique appliquée à l’université Ryukoku de Kyoto. M. Daulton est titulaire d'un doctorat en linguistique appliquée qu'il a obtenu à l'université de Wellington en 2004 ainsi que d'un diplôme en journalisme et en éducation. Habitant sur les berges du lac Biwa, au Nord-Est de Kyoto avec sa femme et ses 3 enfants, il a enseigné l'Anglais au Japon depuis une vingtaine d'années. La ville de Kyoto est située à 520 Km au S/W de Fuksuhima.
«Ici, dans la ville d'Otsu, préfecture de Shiga, à 500 Km de Fukushima, nous relevons des doses [de radioactivité ambiante] d'environ 0.15 µSv/h en moyenne, ce qui est environ cinq fois plus ce que le gouvernement Japonais indique. Ma femme ainsi que mes enfants vont quitter le Japon dès que possible car je sens qu'un exode s'approche et il pourrait devenir délicat de placer les enfants dans une école si nous tardons trop. »
Le 8 septembre 2011, M. Daulton écrivait à Linda :
« Je me dois de dénoncer la censure qui entoure la contamination radioactive à travers le Japon. J'ai procédé moi-même à des expérimentations et à des relevés près de ma maison qui se situe dans l'Ouest du Japon dans la préfecture de Shiga, à plus de 500 Km de Fukushima. J'ai constaté que le sol était fortement et indéniablement contaminé. Même les niveaux de radiation ambiante s’élèvent à environ 5 fois les données transmises par le gouvernement.
Malgré ceci, le gouvernement et les médias ne reconnaissent absolument pas cette situation. Le citoyen moyen n'a aucune conscience des dangers encourus et en conséquence ne prend aucune mesure de précaution.
Une seule explication peut motiver la raison pour laquelle le gouvernement communique des chiffres inexacts laissant penser que l'accident de Fukushima n'a absolument aucun effet sur l'Ouest du Japon - en étant conscient qu'un jour ou l'autre le mensonge sera révélé - : le fait que les événements soient bien pire que ce que n’importe qui aurait pu imaginer. En fait, au Japon, on ne doit pas annoncer à une personne malade qu'elle a un cancer car cette déclaration pourrait l'irriter au plus haut niveau. Je pense qu'on nous présentera une excuse similaire dans le futur pour expliquer les dissimulations actuelles.
Je suis en train d'écrire un article sur la situation et les actions que j'ai entreprises pour diminuer la radioactivité sur ma propriété. J'ai quatre jeunes enfants que je planifie d'expatrier au début de l'année prochaine. Ils figureront ainsi parmi les premiers réfugiés nucléaires.
Quand j'étais étudiant en journalisme dans le Missouri, j'ai obtenu une expertise en tant que journaliste scientifique et environnemental. Mon frère, que j'interroge fréquemment, est chercheur en physique à l'université de Saint-Louis. Mes données sont précises et je serai très heureux de les partager ou d'en discuter avec vous. »
Transcription partielle de l'interview du professeur Daulton par Linda Moulton Howe, enregistrée le 9/9/2011
« A partir du moment où vous allumez un compteur Geiger et que vous l'approchez du sol vous mesurez en plus du rayonnement Gamma présent dans l'air qui vous entoure les particules Bêta dont le rayonnement est généralement stoppé en quelques mètres par le contact avec les molécules d'air ; si vous vous placez au niveau du sol, le relevé affiche environ 0.4 µSv/h, ce qui est 10 fois plus que le bruit de fond de 0.03 µSv/h que les autorités communiquent officiellement. »
Je dois également préciser que ces mesures officielles sont effectuées depuis le sommet de constructions élevées, généralement des bâtiments officiels. Dans le cas de ma préfecture (Shiga), la mesure s'effectue à 20 m de hauteur alors qu'à Osaka elle est faite à 30 m au-dessus du sol.
Le problème le plus flagrant est que même si le rayonnement Gamma est extrêmement pénétrant et peut voyager sur de grandes distances et à une hauteur conséquente, les particules Bêta - qui sont les autres émissions que l'iode et le césium radioactif rayonnent sont rapidement freinées par quelques mètres dans l'air libre (par les molécules d'air). C'est pourquoi les mesures officielles ne concernent que les radiations Gamma qui ne sont qu'une partie des rayonnements qui tendent à s'accumuler au niveau du sol.
IL EST POURTANT ÉVIDENT QUE LES HUMAINS, LES ANIMAUX ET LES ENFANTS SONT SITUES PRES DU SOL ET NE SE TROUVENT PAS A 30 M AU-DESSUS !
Nous avons récemment fait effectuer dans ma propriété environ 15000 US$ de travaux afin de refaire les allées et changer la surface du sol de notre jardin ; mais l'ensemble était et reste radioactif avec environ 0.4 µSv/h. »
Q : Voulez-vous dire que les Japonais préfèrent nier l'évidence plutôt que de faire face au fait que les radiations resteront à des niveaux élevés qui sont dangereux et le resteront dans l'avenir ?
R : J'en ai bien peur. Prenons comme analogie une personne à laquelle les médecins ont diagnostiqué un cancer : le patient n'est souvent pas informé du diagnostic qui est seulement révélé à la famille. La raison invoquée est que les individus pourraient se voir terriblement affectés par la vérité nue. Nous les empêchons de connaître la vérité et ceci dans leur propre intérêt. On pourrait dire que les citoyens eux-mêmes ne veulent pas s'occuper de ce problème qui est comme accablant. Vivre dans un univers de crainte n'est pas une porte que les gens aiment pousser. De la même manière, le gouvernement y puise une justification pour ne pas dire toute la vérité à la population. A la réflexion, le seul moyen qui puisse expliquer à mes yeux la sous-estimation actuelle des données par le gouvernement est qu'ils rationaliseront probablement cette situation en déclarant ultérieurement : "Nous avons agi de cette manière pour le plus grand bien du pays et pour défendre ses intérêts ; agir autrement aurait créé un tas de problèmes à travers le Japon".
Il deviendra un jour évident que la contamination s'est déplacée bien plus loin que ce que l'on peut lire dans les journaux. Ainsi hier, une nouvelle était reprise dans les médias selon laquelle le Japon s'apprêtait à étendre la zone de mesure de contamination jusqu'à une distance de 450 Km au Sud-Ouest de Fukushima, dans la ville de Nagoya (préfecture d'Aichi). Ce qui est fantastique, c'est que la surveillance s'effectuerait par voie aérienne et non au niveau du sol ! Le gouvernement donne ainsi l'impression d’agir. je suis intimement persuadé que le gouvernement Japonais en sait beaucoup plus sur la situation qu'il ne veut bien le dire.
Commentaire de gen4 : cet éclairage intéressant offert par un étranger résidant au Japon et connaissant bien ses coutumes explique en partie le peu d'empressement que mettent les autorités Japonaises à diffuser les informations exactes et précises sur la situation réelle de l'étendue de la contamination dans ce pays. Ce manque de franchise typiquement Japonais se double d'une seconde couche de désinformation propre à l'industrie nucléaire dont les acteurs privés ou publics usent et abusent afin de minimiser autant que faire se peut les conséquences directes et indirectes, immédiates et futures, des dangers propres à l'utilisation de l'atome dans le domaine énergétique. Le résultat final est d'autant plus décevant qu'il est profondément injuste : il suffirait d'un minimum de courage et de transparence pour réduire largement les effets des contaminations sur les populations locales, ce que jamais aucun gouvernement n'a pu ou n'a su réaliser au fil des différents accidents nucléaires sévères. L'exemple des pastilles d'iode repris dans un autre article en est un parfait exemple : à force de temporiser et de procrastiner, les autorités donnent finalement l'ordre de prendre les comprimés d'iode stable "préventifs" quand il n'ont plus aucune efficacité.
Source :
Interview de F. Daulton par Linda Moulton Howe le 30/9/11 (Anglais)
(c) earthfiles.com, fair use
Le professeur Frank E. Daulton enseigne la linguistique appliquée à l’université Ryukoku de Kyoto. M. Daulton est titulaire d'un doctorat en linguistique appliquée qu'il a obtenu à l'université de Wellington en 2004 ainsi que d'un diplôme en journalisme et en éducation. Habitant sur les berges du lac Biwa, au Nord-Est de Kyoto avec sa femme et ses 3 enfants, il a enseigné l'Anglais au Japon depuis une vingtaine d'années. La ville de Kyoto est située à 520 Km au S/W de Fuksuhima.
Le 8 septembre 2011, M. Daulton écrivait à Linda :
« Je me dois de dénoncer la censure qui entoure la contamination radioactive à travers le Japon. J'ai procédé moi-même à des expérimentations et à des relevés près de ma maison qui se situe dans l'Ouest du Japon dans la préfecture de Shiga, à plus de 500 Km de Fukushima. J'ai constaté que le sol était fortement et indéniablement contaminé. Même les niveaux de radiation ambiante s’élèvent à environ 5 fois les données transmises par le gouvernement.
Malgré ceci, le gouvernement et les médias ne reconnaissent absolument pas cette situation. Le citoyen moyen n'a aucune conscience des dangers encourus et en conséquence ne prend aucune mesure de précaution.
Une seule explication peut motiver la raison pour laquelle le gouvernement communique des chiffres inexacts laissant penser que l'accident de Fukushima n'a absolument aucun effet sur l'Ouest du Japon - en étant conscient qu'un jour ou l'autre le mensonge sera révélé - : le fait que les événements soient bien pire que ce que n’importe qui aurait pu imaginer. En fait, au Japon, on ne doit pas annoncer à une personne malade qu'elle a un cancer car cette déclaration pourrait l'irriter au plus haut niveau. Je pense qu'on nous présentera une excuse similaire dans le futur pour expliquer les dissimulations actuelles.
Je suis en train d'écrire un article sur la situation et les actions que j'ai entreprises pour diminuer la radioactivité sur ma propriété. J'ai quatre jeunes enfants que je planifie d'expatrier au début de l'année prochaine. Ils figureront ainsi parmi les premiers réfugiés nucléaires.
Quand j'étais étudiant en journalisme dans le Missouri, j'ai obtenu une expertise en tant que journaliste scientifique et environnemental. Mon frère, que j'interroge fréquemment, est chercheur en physique à l'université de Saint-Louis. Mes données sont précises et je serai très heureux de les partager ou d'en discuter avec vous. »
Transcription partielle de l'interview du professeur Daulton par Linda Moulton Howe, enregistrée le 9/9/2011
Je dois également préciser que ces mesures officielles sont effectuées depuis le sommet de constructions élevées, généralement des bâtiments officiels. Dans le cas de ma préfecture (Shiga), la mesure s'effectue à 20 m de hauteur alors qu'à Osaka elle est faite à 30 m au-dessus du sol.
Le problème le plus flagrant est que même si le rayonnement Gamma est extrêmement pénétrant et peut voyager sur de grandes distances et à une hauteur conséquente, les particules Bêta - qui sont les autres émissions que l'iode et le césium radioactif rayonnent sont rapidement freinées par quelques mètres dans l'air libre (par les molécules d'air). C'est pourquoi les mesures officielles ne concernent que les radiations Gamma qui ne sont qu'une partie des rayonnements qui tendent à s'accumuler au niveau du sol.
IL EST POURTANT ÉVIDENT QUE LES HUMAINS, LES ANIMAUX ET LES ENFANTS SONT SITUES PRES DU SOL ET NE SE TROUVENT PAS A 30 M AU-DESSUS !
Nous avons récemment fait effectuer dans ma propriété environ 15000 US$ de travaux afin de refaire les allées et changer la surface du sol de notre jardin ; mais l'ensemble était et reste radioactif avec environ 0.4 µSv/h. »
Q : Voulez-vous dire que les Japonais préfèrent nier l'évidence plutôt que de faire face au fait que les radiations resteront à des niveaux élevés qui sont dangereux et le resteront dans l'avenir ?
R : J'en ai bien peur. Prenons comme analogie une personne à laquelle les médecins ont diagnostiqué un cancer : le patient n'est souvent pas informé du diagnostic qui est seulement révélé à la famille. La raison invoquée est que les individus pourraient se voir terriblement affectés par la vérité nue. Nous les empêchons de connaître la vérité et ceci dans leur propre intérêt. On pourrait dire que les citoyens eux-mêmes ne veulent pas s'occuper de ce problème qui est comme accablant. Vivre dans un univers de crainte n'est pas une porte que les gens aiment pousser. De la même manière, le gouvernement y puise une justification pour ne pas dire toute la vérité à la population. A la réflexion, le seul moyen qui puisse expliquer à mes yeux la sous-estimation actuelle des données par le gouvernement est qu'ils rationaliseront probablement cette situation en déclarant ultérieurement : "Nous avons agi de cette manière pour le plus grand bien du pays et pour défendre ses intérêts ; agir autrement aurait créé un tas de problèmes à travers le Japon".
Il deviendra un jour évident que la contamination s'est déplacée bien plus loin que ce que l'on peut lire dans les journaux. Ainsi hier, une nouvelle était reprise dans les médias selon laquelle le Japon s'apprêtait à étendre la zone de mesure de contamination jusqu'à une distance de 450 Km au Sud-Ouest de Fukushima, dans la ville de Nagoya (préfecture d'Aichi). Ce qui est fantastique, c'est que la surveillance s'effectuerait par voie aérienne et non au niveau du sol ! Le gouvernement donne ainsi l'impression d’agir. je suis intimement persuadé que le gouvernement Japonais en sait beaucoup plus sur la situation qu'il ne veut bien le dire.
Commentaire de gen4 : cet éclairage intéressant offert par un étranger résidant au Japon et connaissant bien ses coutumes explique en partie le peu d'empressement que mettent les autorités Japonaises à diffuser les informations exactes et précises sur la situation réelle de l'étendue de la contamination dans ce pays. Ce manque de franchise typiquement Japonais se double d'une seconde couche de désinformation propre à l'industrie nucléaire dont les acteurs privés ou publics usent et abusent afin de minimiser autant que faire se peut les conséquences directes et indirectes, immédiates et futures, des dangers propres à l'utilisation de l'atome dans le domaine énergétique. Le résultat final est d'autant plus décevant qu'il est profondément injuste : il suffirait d'un minimum de courage et de transparence pour réduire largement les effets des contaminations sur les populations locales, ce que jamais aucun gouvernement n'a pu ou n'a su réaliser au fil des différents accidents nucléaires sévères. L'exemple des pastilles d'iode repris dans un autre article en est un parfait exemple : à force de temporiser et de procrastiner, les autorités donnent finalement l'ordre de prendre les comprimés d'iode stable "préventifs" quand il n'ont plus aucune efficacité.
Source :
Interview de F. Daulton par Linda Moulton Howe le 30/9/11 (Anglais)
(c) earthfiles.com, fair use

Juste dire que je viens faire mon tour quotidien ici, juste avant je me gave d'anti nausée, gingembre, menthe poivrée, etc.
"je suis intimement persuadé que le gouvernement Japonais en sait beaucoup plus sur la situation qu'il ne veut bien le dire."
Et que dire du notre de gouvernement...
Rédigé par : Uncas | 06/10/2011 à 22:48
En suivant les coutumes Japonaises, il est à craindre aussi que la réalité des chiffres concernant les malades ou morts dus à la la contamination ne soit jamais divulguée dans le futur. Qui se souciera encore de Fukushima dans 20 ou 30 ans? Mais d'ici là, il peut se passer d'autres choses sur le site. Et peut-être qu'une prise de conscience de la population Japonaise pourra faire changer l'attitude du gouvernement. Je sais, c'est pas gagné...
Encore merci de votre présence.
Rédigé par : ubick | 07/10/2011 à 12:44
Bonjour,
J'ai trouvé ce lien trés amusant , pour "détendre l'atmosphére" :D
http://www.gizmag.com/nuclear-power-plant-theme-park/20068/
Rédigé par : Goldy | 07/10/2011 à 13:24
Je comprends l'anxiété de ces personnes.
Mais je suis désolé de dire que c'est une chose d'avoir un radiamètre, et une autre de comprendre ce que signifient les mesure : le troisième paragraphe du texte montre bien la méconnaissance du sujet de ce professeur.
Ceci étant dit, je ne me prononce pas sur la validité, ou la pertinence, des mesures communiquées par le gouvernement japonais.
Il me semble que, pour maîtriser son destin, plutôt que de de se cantonner dans une attitude entièrement tournée vers une interprétation paranoïaque des effets de la radioactivité, je l'encouragerai à monter une association en collaboration avec des spécialistes de radioprotection et des médecins au fait du danger des faibles doses (il n'y en a pas beaucoup, ils sont plutôt entrainés a délivrer des doses massives en radiothérapie). Il s’apercevrait peut-être que ce qu'il mesure au niveau du sol n'est pas lié à des retombées, mais à de la radioactivité naturelle (le sol photographié m'y fait penser)et ,si cela n'est pas le cas, et s'il veut rester chez-lui, envisager de dépolluer si cela est possible et peu dangereux.
Qu'il me pardonne ces conseils, à moi qui suis loin de ce désastre, et qui n'en subit pas les effets anxiogènes. En fait, rester ou partir, radioactivité naturelle ou pas, je ne sais pas que que je ferais à sa place.
Rédigé par : Geologue | 07/10/2011 à 14:02
@ géologue : Bonjour, pourriez-vous élaborer sur le troisième paragraphe que vous citez comme inexact ?
La méconnaissance que vous évoquez concernerait-elle les descendants Bêta de l'iode-131 ou du Césium-137 ? Ou la portée restreinte du rayonnement Bêta dans l'air libre ? Ou encore le fait que les mesures de dose ambiante - c'est à dire les chiffres présentés au public - ne sont pas généralement (y compris en France par le réseau Teleray) effectuées loin du sol ?
Merci pour vos précisions,
Trifou
Rédigé par : trifouillax | 08/10/2011 à 11:31
Réponse à Trifouillax
".../...C'est pourquoi les mesures officielles ne concernent que les radiations Gamma qui ne sont qu'une partie des rayonnements qui tendent à s'accumuler au niveau du sol.../..."
Bien, il s'agit peut-être d'un problème de traduction : ce qui s'accumule au niveau du sol, ce sont les radionucléides, pas les rayonnement. Mais effectivement ces radionucléides émettent des rayonnements : je suis peut-être un peu trop rigoureux.
Quand à mesurer à 1m du sol, cela s'explique. Dans le but de pouvoir comparer les mesures faites en différents endroits entre elles, il a été décidé de standardiser cette hauteur, vraisemblablement parce que c'était plus simple que de s'agenouiller ou de monter sur un escabeau. Dès fois la standardisation tient à peu de chose ! Effectivement, si on se mettait plus bas, on aurait une valeur plus grande, du fait du rayonnement tellurique. Cette procédure s'applique en matière de surveillance de routine, et n'est pas forcément adaptée à la suite d'une contamination des sols du type de ce qui s'est passé au Japon. Or les capteurs du réseau de mesure de routine sont fixes.
Effectivement, il faut passer à une cartographie de la contamination des sols, ce qui doit être certainement en cours, mais qui sera fastidieuse, non exhaustive (on ne peut pas mesurer partout), et susceptible de modification au cours du temps (re-concentrations locales dues à l a pluie, au vent, ...) sans parler de la contamination des végétaux.
Donc, il ne faut pas accuser les radio protectionnistes de minimiser la radioactivité en donnant les mesures faites par le réseau de surveillance. Celui_ci a fait son boulot, en détectant l'élévation du niveau dû au panache. Mais il faut le compléter par une cartographie au sol.
Autre indication : les mesures à 30 m du sol sont elles aussi intéressantes. Ce sont vraisemblablement des mesures d'aérosols en suspension, qui sont piégés sur des filtres. Elles ont leur utilité, mais il ne faut pas vouloir leur en faire dire plus qu'elles ne le peuvent.
Quelques liens basiques sur les rayonnement et les instruments de mesure.
http://www.ieer.org/ensec/no-14/no14frnc/termunit.html
http://www.ieer.org/ensec/no-14/no14frnc/instru.html
http://www.ieer.org/ensec/no-14/no14frnc/glossair.html
Un forum de pro, un peu ésotérique, mais la forme un peu déconnante cache un fond d'une rigueur certaine :
http://www.forum-rpcirkus.com/
Allez voir la section "instrumentation" du forum et vous aurez la réponse: le diable est dans les détails, c'est pour cette raison qu'il faut faire appel à des spécialistes.
Rédigé par : Geologue | 10/10/2011 à 14:58
@ Geologue
Les balises Teleray sont toujours installées loin du sol, généralement au niveau de toitures de bâtiments officiels. Pas de filtres ni d'aspiration de particules, elles relèvent bien des débits moyens de dose ambiante à l'aide de tubes G/M. On aimerait bien qu'elles soient situées à 1 m du sol ou encore à hauteur de visage humain car la dose ambiante n'est pas respirée à 30 m de hauteur. Pourquoi ne sont-elles pas placées au niveau des stations météo locales par exemple ? Les lieux sont sécurisés, les équipements au niveau du sol, d'autres appareils de mesure sont déjà présents, pourquoi cette manie de placer ces balises sensibles dans des locaux ultra-sécurisés (pompiers, gendarmeries, ambassades) ? Pour pouvoir contrôler éventuellement la diffusion de l’information d'alerte comme cela a été fait au niveau de la caserne de pompiers d'Ajaccio en mai 1986 ?
La dernière trouvaille des autorités Japonaises est de relever les débits de dose et parfois aussi l'activité surfacique depuis un avion ou un hélicoptère en appliquant ensuite un algorithme de correction pour estimer le débit de dose à 1m du sol. Résultat : des erreurs énormes d'un facteur de 30 (cf. la note http://www.gen4.fr/blog/2011/10/le-meti-a-menti-le-meti-ment-le-meti-mentira-encore.html ) Cette technique ne fonctionne pas et réunit toutes les critiques contre elle.
La vérité est que ces chiffres sont hautement sensibles et ne suivent pas le circuit direct et honnête de tout autre relevé (météo, activité sismique, activité solaire...). Un dernier exemple ? Les données relevées par les balises nationales Téléray sont mises à jour toutes les cinq minutes - ce qui ratiboise déjà sérieusement les activités instantanées ou "spikes" - mais les données ne sont mises à jour sur le site que 4 fois par jour. Pourquoi ? Sur mon site d'amateur, j'indique en haut à droit l'activité Alpha/Bêta/Gamma en temps réel, avec mise à jour chaque minute. Ce que je fais avec de faibles moyens, l'IRSN ne peut-il pas le faire avec son budget d'établissement public ?
Quant au lien que vous citez, je connais un peu une partie des intervenants qualifiés sur RPC, je sais aussi quels sont leurs fonctions et leurs employeurs. C'est pourquoi, malgré un ton volontairement décalé et - il est vrai - une certaine liberté de discussion, on ne peut pas en attendre une grande indépendance de commentaire sauf 2 ou 3 exceptions notables ; l'une à malheureusement cessé toute intervention depuis le 15 août et la seconde, sachant probablement - malgré son niveau et son ancienneté dans l'emploi - jusqu'où elle ne doit pas aller. J'aime bien ces gens, ce type de forum est indispensable car il est une bonne passerelle entre spécialistes et "amateurs" de la RP mais il montre vite ses limites. Sur le forum Américain Physics Forum, on peut discuter de l'aspect politique de l'accident de Fukushima. J'ai posé il y a 3 mois la question sur RPC (création d'un fil politique ou sociétal sur Fukushima), réponse embarrassée d'un des admins qui n'y voyait que très peu d'avantages et beaucoup de travail de modération supplémentaire. J'ai admis cette réaction mais pas celle qui consistait à laisser malgré tout filtrer les infos politiques "pour" mais contrer systématiquement et en rouge - ou en vert, je ne sais plus trop - les infos politiques Japonaises "contre", comme les dernières déclarations de Naoto Kan. Ce n'est pas une réaction de modération équilibrée. C'est une réaction de modération partisane et orientée.
Cordialement,
Trifou
Rédigé par : trifouillax | 11/10/2011 à 17:54
Si je ne trompe, le réseau de balises Téléray a été pensé au temps de la guerre froide, pour détecter les explosions atomiques aériennes (guerre ou essais, ça ne rigolait pas en ce temps là). Comme elles étaient censées se passer loin de nous, dans le cas contraire on l'aurait su tout de suite, il fallait en chercher les traces diluées dans la circulation atmosphérique générale, donc pomper de l'air sur des filtre situés en hauteur pour avoir les isotopes et mesurer les gammas.
Étager des balises en hauteur sur un mât, ça sert à avoir un profil de vitesse du vent, afin de pouvoir calculer la forme et l'étendue du panache.
Mais ça n'a jamais été fait pour cartographier précisément des contaminations au sol. Pour cela il faut quadriller bestialement le terrain.
Pour autant, faut-il taire ces mesures, ou les prendre pour ce qu'elles sont ?
Quand aux pas de mesure des balises Teleray, rappelons qu'elles ne sont pas destinées à mesurer des flashs gamma, mais des trucs dilués dans l'air, peu susceptibles de varier rapidement.
On peut toujours améliorer une chaine de mesures, mais il faut se rappeler qu'on ne peut pas tout mesurer (trop cher, pas possible, on n'est pas Dieu), que les capteurs ont chacun leur domaine d'emploi et leur sensibilité. Tout cela montrant vite des limites dans les faibles doses, notamment pour caractériser les radionucléides, parce qu'alors il faut concentrer si l'on veut pouvoir mesurer.
Quand au fait que les balises soient "sous contrôle gouvernemental" dans des lieux sécurisés, hormis l'intérêt d'avoir des fonctionnaires appointés pour faire des relevés réguliers, il n'est pas impossible qu'il y ait eu à l'origine le désir de maîtriser leur diffusion (c'est une litote). Bon, maintenant, au moins chez nous, ça n'est plus possible, avec la CRIIRAD qui rôde autour de toutes les installations nucléaires.
Rédigé par : Geologue | 12/10/2011 à 18:37
Rédigé par : trifouillax | 13/10/2011 à 13:08