Nouvel exemple de transparence opacifiante de l'opérateur Tepco
Tepco est une nouvelle fois pris la main dans le pot de confiture : le Mainichi Daily de ce jour nous apprend que l'opérateur du site accidenté a remis à la commission de députés Japonais se préoccupant de tirer les conséquences de l'accident de Fukushima Daiichi une copie de procédures de sécurité accidentelles largement expurgée dont plus des 3/4 des informations étaient volontairement masquées.
C'est ce que l'industrie nucléaire appelle jouer la "transparence absolue" ?
La commission, présidée par le Député Hirochi Kawauchi du Parti majoritaire (PDJ), réclamait à Tepco une copie de ses procédures d'urgence applicables en cas d'accident et d'accident grave. Non seulement l'opérateur n'a communiqué que la partie accidentelle simple mais il s'est empressé de remettre un document illisible dont la plupart des informations indispensables étaient masquées.
Tepco a ainsi estimé que la majorité du contenu des procédures était "confidentielle" et contenaient des informations de nature à compromettre la sécurité des équipements nucléaires (sic).
Qu'un opérateur privé tienne un tel discours à une commission parlementaire officielle chargée de faire toute la lumière sur l'accident est absolument éberluant et tellement révélateur de l'opacité qui continue à entourer les "petits secrets" de l'industrie nucléaire civile !
Le président de la commission parlementaire a en conséquence informé Tepco que cette situation était infiniment regrettable et que la non-communication de l'intégralité de ces documents pour le 9 septembre forcerait la commission à convoquer en personne les dirigeants de Tepco pour les faire témoigner sous serment.
Il est absolument évident que l'opérateur tient à ce que les enquêteurs ne remontent pas trop loin la chaîne accidentelle et ne tombe sur quelques nouvelles "irrégularités" dans les procédures de gestion des accidents nucléaires.
Comme par exemple : "Retarder au maximum l'alerte des populations et des autorités afin de conserver un maximum de marge de manoeuvre" ou encore : "Une fois les autorités prévenues, toujours reporter les informations critiques aux dirigeants de la société et attendre leur autorisation avant de diffuser l'information officiellement." ? Autrement dit, toujours faire passer l'intérêt privé avant la chose publique ?
Autant de points qui ont déterminé Naoto Kan et la cellule gouvernementale de crise à installer dès le 15 mars une équipe "officielle" au sein du PC opérationnel de Tepco afin d'obtenir rapidement les informations essentielles à la conduite de la crise et également, dans le sens inverse, de faire appliquer les consignes gouvernementales sans aucun délai ni aucune marge d'interprétation possible.
Le bras de fer entre parti gouvernemental et opérateur privé semble une nouvelle fois se durcir ; les déclarations de la nouvelle équipe aux commandes du Japon ayant estimé, dans la droite ligne des ultimes déclarations de l'ex Premier Ministre Kan, que le Japon allait devoir emprunter une nouvelle voie énergétique n'y sont sûrement pas étrangères.
La solution ultime de la renationalisation de l'ensemble du secteur industriel nucléaire, en atendant son démantélement définitif, sera peut-être l'arme absolue des autorités Japonaises compte tenu de l'acharnement de cet opérateur - et probablement de l'ensemble des opérateurs nucléaires - à freiner des quatre fers la fin de l'ère nucléaire Japonaise et le déploiement rapide de sources d'énergie renouvelable.
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