Que signifient exactement les données des derniers relevés de radioactivité à Fukushima-Daiichi ?
Tepco à révélé aujourd'hui quelques détails complémentaires : Après avoir constaté sur une photo prise par un gammamètre des chiffres élevés (5 Sv/h), Tepco a fait vérifier le 1/8 par des opérateurs humains les doses ambiantes au niveau de la cheminée commune des ex-réacteurs n.°1 et 2.
A l'aide de matériel de détection installé sur de longues perches, les employés ont constaté des "points chauds" dépassant la valeur maximale admissible par leur appareil, soit plus de 10 Sv/h. La dose maximale de radioactivité semblait provenir de l'intérieur de canalisations menant au conduit principal de la cheminée.
Il est donc probable que le niveau de radioactivité maximum soit encore plus important à l'intérieur du tuyau en question.
Pourquoi une dose aussi élevée à cet endroit précis ?
La cheminée a été utilisée peu avant l'explosion (le 12 mars) afin de tenter d'évacuer vers l'extérieur les vapeurs d'hydrogène extrémement radioactives qui ont été engendrées par la fusion du réacteur n°. 1 et la création d'un corium porté à environ 2800° C ; Ce phénomène s'accompagnait d'une production intense de gaz et de vapeur qui menaçaient l'intégrité du confinement du réacteur.
L'opération n'aurait pas été pleinement couronnée de succès puisque le bâtiment avait explosé un peu plus tard, mais une partie de l'énorme pression interne avait pu malgré tout être redirigée vers la cheminée, au prix d'une grave contamination de l'atmosphère environnante, contamination qui aurait certainement été bien pire dans le cas d'un échec complet car engendrant une explosion bien plus puissante.
Pourquoi ne s'en aperçoit-on que maintenant ?
Le site accidenté de Fukushima Daiichi est toujours un amoncellement de gravats divers dont la plupart sont très radioactifs. L'opérateur fait en ce moment la "chasse" au débris les plus dangereux afin de faciliter - relativement - la tâche des équipes de liquidation. Il y a tellement de travail à fournir et les "poches" de radioactivité sont si nombreuses que cette tâche qui semblait pouvoir être accomplie rapidement s'éternise ; Chaque débris présentant un niveau élevé doit être repéré puis isolé ou déblayé à l'aide d'engins automatisés.
10 Sv/h, c'est beaucoup, docteur ?
C'est une dose énorme ; quelques minutes d'irradiation au contact de cette source - non encore clairement identifiée et pour cause - provoquent une mort rapide par destruction des noyaux des cellules exposées. A titre d'exemple, une exposition à une dose de 5 Sv/h pendant 60 minutes conduit à une probabilité de 50% de décès. Il faut noter également que le relevé initial (5 Sv/h) a été effectué par gammamétrie donc sans tenir compte des éventuelles radiations Alpha et / ou Béta et / ou Neutroniques dont le coefficient de pénétration élevé augmente encore les effets sur les organismes biologiques.
Quelle dose le Monsieur en blanc avec sa perche a-t-il reçue ?
D'après Tepco, 4 mSv. Ceci parait très peu en se tenant à 3m environ d'une source d'irradiation de 10 Sv/h ; En admettant que la dose qui l'a irradié soit de 5 Sv/h, ceci correspond à une exposition d'environ 3 secondes... Cette durée semble un peu légère pour mesurer une dose qui bloque l'aiguille "dans le coin" ! Il faut enfin bien comprendre que l'habit blanc n'est qu'une tenue légère qui ne protège en rien de l'irradiation mais évite juste aux poussières contaminantes de s'agglutiner sur le corps, facilitant la décontamination ultérieure des travailleurs exposés.
L'avenir de l'accident reste incertain
L'opérateur Tepco et ses équipes de liquidation réalisent de gros efforts pour tenter d'effacer les traces de l'accident et remettre un semblant d'ordre dans tout ce grand fouillis radioactif qu'est devenu le site mais le succès de l'opération reste soumis à beaucoup d'impondérables ; Il est probable, d'après certains spécialistes, que l'avenir réserve bien d'autres mauvaises surprises radioactives en surface ; Une grande incertitude régne toujours d'autre part sur ce qui se passe sous les ex-réacteurs, à la recherche du combustible fondu, là où aucune caméra n'a encore été jeter un objectif...
Nous avons écrit à peu près le même article sur http://www.stop-nucleaire31.org/spip.php?article46 mais nous nous sommes interrogés sur le "quand" cette contamination gigantesque de la cheminée s'est réalisée. Nous pensons que Tepco fait des lachers réguliers, presque quotidiens d'air radioactif, via la cheminée, turbiné à très haute altitude pour diluer au maximum. Ceci n'est pas nouveau, c'est réalisé en permanence dans TOUS les réacteurs nucléaires : on renouvelle l'air si on veut que les employés puissent circuler assez longtemps dans leur "carrière" nucléaire. SAUF que là, avec le dégagement incontrôlé de radioactivité par le corium, les quantités turbinées doivent être gigantesques et quand ca condense, ca se retrouve en bas de la cheminée, d'où
- une mesure à compteur bloqué : c'est > à 10 Sh/h mais c'est peut-être cent fois plus !
- une découverte que récente.
Pourquoi personne ne parle de cette contamination énorme quotidienne ?
Est-ce que Tepco a obtenu les autorisations pour expulser de l'air dans ces conditions et à combien de Sh/h la nouvelle limite ?
Quels sont les radionucléides expulsés quand ils renouvellent l'air de l'enceinte de confinement ?
Rédigé par : Frédéric Boutet | 11/09/2011 à 15:14
Bonjour,
En cas de "vent", la fission étant probablement entretenue au moins partiellement, tous les produits et sous-produits de fission passent dans la cheminée, les filtres quand ils existent et ne sont pas saturés - qui va changer des filtres saturés à plusieurs Sv/h ? - ne peuvent retenir grand chose vu les quantités astronomiques dégagées !
Quant à obtenir des autorisations de "dégazage" en situation accidentelle, on a bien vu que même les doses d'irradiation admissibles sont multipliées par 10 ou 20 sans que personne ou presque ne sourcille... Alors, quelques GBq de plus ou de moins envoyés dans l'atmosphère...
Le seul espoir pourrait provenir de pays proches qui ont déjà bien rouspété lorsqu'ils ont été mis au pied du mur lors du "relâchement volontaire" d'eau "faiblement" radioactive par Tepco dans l'océan début avril. Hélas les USA qui sont directement sous le vent des dégazages via le Jet Stream subtropical ne font pas partie de ces pays, les Etats-Unis d'Amérique étant le principal fournisseur du matériel de Fukushima I.
Rédigé par : trifouillax | 11/09/2011 à 20:42
Bonsoir, je vous envoie une vidéo que j'ai faite des relèvements de mesures chez moi, en Bretagne.
Prenez le temps, ça vaut le coup ! Depuis une semaine nous avons des épisodes pluvieux qui font s'affoler les compteurs !!!
http://www.youtube.com/watch?v=nZGgnhFvUSA
À votre disposition pour des précisions !
Et encore merci pour le boulot !
Rédigé par : Lionel | 13/12/2011 à 17:35