Après beaucoup de tergiversations, Naoto Kan a pris la décision de démissionner de son poste de dirigeant du Parti Démocrate Japonais, le PDJ, ce qui met fin d'office à ses fonctions de Premier Ministre d'un pays en crise.
Arrivé à ce poste il y a 18 mois, Naoto Kan et son gouvernement ont été accusés d'avoir géré "mollement" la pire crise de l'histoire du Japon depuis sa capitulation, le 2 septembre 1945.
Une majorité de Japonais était fort mécontente du gouvernement en place, accusé successivement de minimiser l'ampleur de la catastrophe, d'ignorer les retombées sanitaires et de tergiverser sur les mesures à prendre pour tenter de réduire les effets de la perte de contrôle de la centrale de Fukushima Daiichi, le 11 mars 2011.
M. Kan souhaitait promulguer avant son départ les "dernières mesures" qui d'après lui, laisseraient le Japon sur la voie d'une énergie "verte". Le Premier Ministre avait surpris les observateurs en annonçant le 14 juillet qu'à la lumière des événements de Fukushima, il jugeait la technologie nucléaire comme "non sûre". Toutes les formations politiques Japonaises s'étaient alors retournées contre lui, certaines l'accusant de faire des déclarations d'intention qu'il n'aurait jamais le temps de concrétiser donc de ne pas en faire assez, d'autres, y compris au sein de son propre parti, pensant qu'il en disait beaucoup trop et allait beaucoup trop loin dans la critique de la toute-puissante industrie nucléaire Japonaise.
Quoiqu'il en soit, M. Kan a déployé en fin de mandat beaucoup d'efforts qui ont racheté une partie de l'immobilisme affecté par son gouvernement au début de la phase accidentelle, attitude imposée notamment par les relations extrêmement puissantes liant autorités de contrôle du nucléaire et milieu industriel Japonais.
Chacun aura en mémoire la fin du tableau "Le mont Fuji en rouge" du maître Kurosawa : l'attitude triste mais noble du "responsable" de la catastrophe nucléaire détruisant le Japon ; l'homme en habit noir se jette dans la mer en demandant aux survivants de lui pardonner... M. Kan aura - tardivement - fait tout ce qu'il aura pu mais ceci ne rachètera jamais les compromissions initiales, car il aura fallu une catastrophe pour induire cette prise de conscience.
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