2011/2012 : chute puis arrêt total de la production électronucléaire au Japon
Alors que les réacteurs Japonais s’éteignaient l'un après l'autre et que la "nouvelle" politique énergétique du pays semblait un moment s'orienter vers les énergies renouvelables, il est curieux d'observer que le Japon continue à importer du carburant nucléaire MOX ainsi qu'à recycler - dans de faibles quantités il est vrai - le combustible déchargé de ses piscines de désactivation.
Lire également :
"Le Japon empile le Plutonium mais n'en a pas d'utilité", Washington Post, 28/03/2012 (Anglais)
Le dossier de Japanfocus : Le Japon, superpuissance Plutonique ? (Anglais)
Alors que les réacteurs Japonais s’éteignaient l'un après l'autre et que la "nouvelle" politique énergétique du pays semblait un moment s'orienter vers les énergies renouvelables, il est curieux d'observer que le Japon continue à importer du carburant nucléaire MOX ainsi qu'à recycler - dans de faibles quantités il est vrai - le combustible déchargé de ses piscines de désactivation.
Production par source d'énergie primaire, Kepco (électro-nucléaire en vert)
Source : Japan Times, 4/6, anglaisUn réacteur nucléaire "arrêté" consomme-t-il du combustible ?
La majorité des réacteurs Japonais a été arrêté "à froid" suite à l'accident de Fukushima-Daiichi mais les cœurs continuent-t-il à "brûler" du combustible dans cet état bâtard ? La réponse est non : si la réaction de fission est stoppée, le combustible ne "brûle" plus. Par contre, la partie du combustible en cœur qui a subi une irradiation suffisante peut continuer à se dégrader, une fois le réacteur stoppé, par une réaction de contamination interne due à certains produits de fission absorbants, le Xénon ou le Samarium par exemple. Le combustible n'est pas endommagé définitivement mais sa réactivité diminue momentanément car il diminue le facteur de multiplication des neutrons. Si l'arrêt se prolonge quelques heures, le combustible peut devenir suffisamment "empoisonné" pour qu'il rende délicat le redémarrage de l'unité. Cette réaction est en partie à l'origine de l'accident de Tchernobyl au cours duquel les opérateurs avaient empoisonné fortement le cœur lors de leur "expérience" d'où un fonctionnement dans un régime de puissance faible, point critique des réacteurs RBMK.
Cette problématique n'est que momentanée, elle ne peut perturber le pilotage du réacteur au-delà de quelques jours d'arrêt et n'endommage pas à proprement parler le combustible nucléaire. (source : physique des réacteurs, Baeten, 2006)
La majorité des réacteurs Japonais a été arrêté "à froid" suite à l'accident de Fukushima-Daiichi mais les cœurs continuent-t-il à "brûler" du combustible dans cet état bâtard ? La réponse est non : si la réaction de fission est stoppée, le combustible ne "brûle" plus. Par contre, la partie du combustible en cœur qui a subi une irradiation suffisante peut continuer à se dégrader, une fois le réacteur stoppé, par une réaction de contamination interne due à certains produits de fission absorbants, le Xénon ou le Samarium par exemple. Le combustible n'est pas endommagé définitivement mais sa réactivité diminue momentanément car il diminue le facteur de multiplication des neutrons. Si l'arrêt se prolonge quelques heures, le combustible peut devenir suffisamment "empoisonné" pour qu'il rende délicat le redémarrage de l'unité. Cette réaction est en partie à l'origine de l'accident de Tchernobyl au cours duquel les opérateurs avaient empoisonné fortement le cœur lors de leur "expérience" d'où un fonctionnement dans un régime de puissance faible, point critique des réacteurs RBMK.
Cette problématique n'est que momentanée, elle ne peut perturber le pilotage du réacteur au-delà de quelques jours d'arrêt et n'endommage pas à proprement parler le combustible nucléaire. (source : physique des réacteurs, Baeten, 2006)
Le Japon pourrait ajouter en 2012 500 Kg de Plutonium à une estimation actuelle de 35 à 50 tonnes
L'industrie nucléaire Japonaise "espère" ainsi produire environ une demi-tonne de Plutonium dans les prochains mois alors qu'il est impossible dans la situation actuelle de lui trouver un usage "civil". Le Professeur Von Hippel de l'Université de Princeton, fervent partisan de la non-prolifération nucléaire, estime d'ailleurs que : "Les Japonais n'ont absolument aucune raison valable d'agir ainsi." Le Japon détient ainsi le cinquième stock mondial de Plutonium et l'industrie n'attend qu'un signal : le redémarrage des installations de retraitement de Rokkasho, à l'extrême Nord de l'île de Honshu, dont les installations ont d'ailleurs été affectées par le séisme du 11 mars 2011.
Où les usages civil et militaire du Plutonium se croisent et se recroisent
Certaines sources estiment que les 35 tonnes de Plutonium stockés à ce jour par les Japonais permettraient de fabriquer très rapidement environ de 1000 à 5000 têtes nucléaires (1), si la volonté politique en venait à se manifester (2). D'autres observateurs pensent que les Japonais sont bien plus avancés dans le domaine militaire qu'ils ne veulent bien le dire, rejoignant ainsi la liste non-officielle des "ni-oui ni-non" atomiques. (3)
Un Plutonium Japonais "AFR" (4) principalement stocké... en France !
Tokyo s'était pourtant engagé auprès de l'AIEA à ne pas sur-produire de Plutonium mais il en stockerait (5) environ 10 tonnes dans les piscines de Sellafield en Grande-Bretagne et 25 tonnes dans les bassins d'AREVA (6), à La Hague, en France.
Du Plutonium "non déclaré" découvert à Ibaraki en 2010
L'AIEA a découvert en octobre 2010, lors d'une visite inopinée sur le site d'Oarai (7), une quantité de 3 Kg d'Uranium de qualité "militaire" (8) ainsi qu'une petite quantité de Plutonium-239 (700 grammes). Ces matériaux n'avaient pas été déclarés précédemment à l'agence Internationale comme ils auraient dû l'être et il est probable qu'un certain nombre d'autres stocks de ces matériaux soit dispersé un peu partout au Japon. Suite à une enquête préliminaire de l'AIEA, 14 des 250 installations nucléaires Japonais auraient ainsi omis de satisfaire à ce régime déclaratif.
(1) La masse critique d'une petite bombe "H" est seulement de 5 à 10 kg de Pu-239
(2) Les tensions géostratégiques actuelles en extrème-Orient renforcent d'autant cette éventualité
(3) A l'instar d'Israël, de l'Afrique du Sud et de quelques autres pays ; voir par exemple ici ou là
(4) AFR : Away From Reactor, stockage à distance du site de production
(5) Chiffres de 2005
(6) COGEMA devenu AREVA en 2006
(7) Centre de R/D de la JAEA proche du site de Tokaï, Ibaraki ; intègre notamment le HTTR, réacteur de recherche à haute température
(8) Contenant plus de 90% d'U-235 fissile
(9) Le réacteur n°. 3 de Fukushima-Daiichi contiendrait - ou plutôt aurait contenu - une trentaine d'assemblages de MOX
(10) La demi-vie ou période du Plutonium-239 est de 24.000 ans
Du côté des fabricants de Plutonium, silence radio !
La JNFL et la JAEA qui exploitent respectivement les installations de retraitement de Rokkasho et Tokaï doivent théoriquement communiquer à l'AIEA, pour des raisons évidentes, leurs prévisions de fabrication de Plutonium-239 au cours de l'année civile. Or, ces deux sociétés (la seconde est d'ailleurs un établissement public Japonais) n'ont pas communiqué leurs prévisions de Plutonium depuis... décembre 2009.
La JNFL et la JAEA qui exploitent respectivement les installations de retraitement de Rokkasho et Tokaï doivent théoriquement communiquer à l'AIEA, pour des raisons évidentes, leurs prévisions de fabrication de Plutonium-239 au cours de l'année civile. Or, ces deux sociétés (la seconde est d'ailleurs un établissement public Japonais) n'ont pas communiqué leurs prévisions de Plutonium depuis... décembre 2009.
Où les usages civil et militaire du Plutonium se croisent et se recroisent
Certaines sources estiment que les 35 tonnes de Plutonium stockés à ce jour par les Japonais permettraient de fabriquer très rapidement environ de 1000 à 5000 têtes nucléaires (1), si la volonté politique en venait à se manifester (2). D'autres observateurs pensent que les Japonais sont bien plus avancés dans le domaine militaire qu'ils ne veulent bien le dire, rejoignant ainsi la liste non-officielle des "ni-oui ni-non" atomiques. (3)
Un Plutonium Japonais "AFR" (4) principalement stocké... en France !
Tokyo s'était pourtant engagé auprès de l'AIEA à ne pas sur-produire de Plutonium mais il en stockerait (5) environ 10 tonnes dans les piscines de Sellafield en Grande-Bretagne et 25 tonnes dans les bassins d'AREVA (6), à La Hague, en France.
Du Plutonium "non déclaré" découvert à Ibaraki en 2010
L'AIEA a découvert en octobre 2010, lors d'une visite inopinée sur le site d'Oarai (7), une quantité de 3 Kg d'Uranium de qualité "militaire" (8) ainsi qu'une petite quantité de Plutonium-239 (700 grammes). Ces matériaux n'avaient pas été déclarés précédemment à l'agence Internationale comme ils auraient dû l'être et il est probable qu'un certain nombre d'autres stocks de ces matériaux soit dispersé un peu partout au Japon. Suite à une enquête préliminaire de l'AIEA, 14 des 250 installations nucléaires Japonais auraient ainsi omis de satisfaire à ce régime déclaratif.
Un conteneur TN12 de PUO2 (MOX) déchargé au port d'Iwaki en 1999 (dr. AP.)
Lors du récent sommet de Séoul, le Président Obama a déclaré : "Une quantité infime de Plutonium - de la taille d'une pomme - suffirait à tuer des centaines de milliers d'individus et engendrerait une crise mondiale". Même si le Président des USA évoquait principalement la dispersion de cet élément par une menace terroriste, il est facile de déduire que si le Plutonium n'était ni fabriqué ni déplacé d'un bout à l'autre du globe de manière régulière, cette menace perdurant durant plus de 200.000 ans (10) n'existerait simplement pas.Le Japon importerait toujours du MOX malgré l'arrêt total de sa production électronucléaire ?
Le 24 mars 2011 soit deux semaines après l'accident de Fukushima-Daiichi, Greenpeace France affirmait sa certitude qu'un chargement de MOX allait appareiller de Cherbourg pour le Japon aux environs du 4 avril 2011. Même si l'information n'a pas été confirmée - ni démentie - par AREVA, le fait même de réfléchir à ce type d'expédition alors que personne ne sait précisément ce qui s'est passé au niveau de l'unité n°. 3 de Fukushima-Daiichi (9) ne peut qu'inquiéter.
Le Président Obama évoque la dangerosité extrême du Pu-239 - que les USA ont inventé en 1944
Le Président Obama évoque la dangerosité extrême du Pu-239 - que les USA ont inventé en 1944
(1) La masse critique d'une petite bombe "H" est seulement de 5 à 10 kg de Pu-239
(2) Les tensions géostratégiques actuelles en extrème-Orient renforcent d'autant cette éventualité
(3) A l'instar d'Israël, de l'Afrique du Sud et de quelques autres pays ; voir par exemple ici ou là
(4) AFR : Away From Reactor, stockage à distance du site de production
(5) Chiffres de 2005
(6) COGEMA devenu AREVA en 2006
(7) Centre de R/D de la JAEA proche du site de Tokaï, Ibaraki ; intègre notamment le HTTR, réacteur de recherche à haute température
(8) Contenant plus de 90% d'U-235 fissile
(9) Le réacteur n°. 3 de Fukushima-Daiichi contiendrait - ou plutôt aurait contenu - une trentaine d'assemblages de MOX
(10) La demi-vie ou période du Plutonium-239 est de 24.000 ans
Lire également :
"Le Japon empile le Plutonium mais n'en a pas d'utilité", Washington Post, 28/03/2012 (Anglais)
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