Le 16 mai 2012, Tepco publiait un dossier en anglais évoquant la campagne de mesures au niveau du bâtiment n°. 4 de Fukushima-Daiichi. Nous avons d'ailleurs publié un billet le 17 mai reprenant quelques-unes des informations obtenues dans ce document. Quelques jours plus tard, nous sommes tombés par hasard sur la version Japonaise de ce fichier qui est beaucoup plus complète (19 pages contre 9 en anglais).
le jeu des 7 erreurs de la page n°. 15
Le cliché de gauche a été pris en juillet 2011 (平成23年7月) et celui de droite en avril 2012 (平成24年4月). Durant cette période de 9 mois, Tepco a à l'évidence accompli au niveau de l'unité n°. 4 bon nombre de travaux de déblayage de gravats ; les courageux ouvriers ont retiré des structures branlantes et ont ainsi nettement dégagé et allégé la structure extérieure de ce fameux bâtiment dont on dit par ailleurs qu'il est si fragilisé qu'une secousse moyenne pourrait compromettre définitivement le précaire équilibre. Ainsi, par exemple, le tunnel de manutention du combustible a manifestement été démoli sur le mur Ouest au niveau du sol.
Un des détails qui nous a frappé réside dans cette ligne noire verticale apparemment anodine qui démarre 3m environ sous le plancher du niveau 5 (ligne rouge pointillée) et se prolonge jusqu'au sol.
L'extrait à droite du cliché originale est agrandi de 300%. De quoi s'agit-il ? Cette ligne semble démarrer de nulle part et se trouve brisée à plusieurs niveaux dans sa partie inférieure, il ne peut donc à priori s'agir d'un câble électrique ni d'une des armatures du béton. Il s'agit peut-être d'une énorme fissure (environ 20 m de hauteur) qui aurait par la suite été colmatée lors des "travaux" car un peu trop évidente sur les documents et probablement de nature à "induire des rumeurs erronées" ?
Une fissure ça va ; deux fissures, bonjour les dégâts !
Toujours sur le même mur Sud mais beaucoup plus discret, un autre crack semble courir selon une diagonale de 45° environ. Ce dernier est visible sur la quasi-totalité des photos disponibles, y compris sur les plus récentes, ce qui tend à prouver qu'il ne s'agit pas d'une simple fissure que l'opérateur aurait pu facilement maquiller mais bien d'un défaut dans l'épaisseur de la structure du mur. La différence de teinte est nette : l'éclairage est différent au-dessus et en-dessous de la fissure donc le mur présente à ces niveaux des inclinaisons différentes. Ce défaut est d'autant plus fâcheux qu'il se situe à la base du BR4 et non dans sa partie haute et il explique probablement pourquoi une certaine tension est palpable au niveau de ce bâtiment.
En passant, les documents nous confirment qu'une explosion s'est bien produite au niveau de l'angle S-O de la piscine 1F4
Tous les documents nous montrant la face Sud du BR4 après l'explosion sont édifiants : une paroi située dans le prolongement de l'angle Sud-Ouest de la piscine de désactivation a été soufflée ; les blocs de béton formant ces parois mesurent environ 8m x 8 et pèsent environ 150 tonnes. Une chose est sûre : ce n'est pas un simple courant d'air qui a causé cette ouverture, la piscine n°. 4 a frôlé la méga-catastrophe !
Tepco confisquera les appareils de journalistes indépendants lors de la prochaine visite au pied du BR4
Faut-il y voir une conséquence de quelques photos compromettantes "volées" lors des rares visites autorisées à la presse indépendante ? Iori nous apprend ce jour que Tepco vient d'interdire les prises de vue aux deux seuls journalistes indépendants accrédités pour la prochaine visite de presse planifiée le 26 mai sur le site. Cette-fois ci, le bus de journalistes devrait passer au plus près de ce fameux mur Sud du bâtiment n°. 4. L'opérateur explique - très benoîtement - qu'il ne dispose pas de suffisamment de personnel pour surveiller les 2 journalistes en question (sic) aussi leurs caméras et appareils photos seront purement et simplement confisqués à l'entrée du site.
Source :
Tepco Press Handles (Japonais), 16 mai
fukushima-diary, 20 mai, anglais
le jeu des 7 erreurs de la page n°. 15
Le cliché de gauche a été pris en juillet 2011 (平成23年7月) et celui de droite en avril 2012 (平成24年4月). Durant cette période de 9 mois, Tepco a à l'évidence accompli au niveau de l'unité n°. 4 bon nombre de travaux de déblayage de gravats ; les courageux ouvriers ont retiré des structures branlantes et ont ainsi nettement dégagé et allégé la structure extérieure de ce fameux bâtiment dont on dit par ailleurs qu'il est si fragilisé qu'une secousse moyenne pourrait compromettre définitivement le précaire équilibre. Ainsi, par exemple, le tunnel de manutention du combustible a manifestement été démoli sur le mur Ouest au niveau du sol.
Un des détails qui nous a frappé réside dans cette ligne noire verticale apparemment anodine qui démarre 3m environ sous le plancher du niveau 5 (ligne rouge pointillée) et se prolonge jusqu'au sol.
Une fissure ça va ; deux fissures, bonjour les dégâts !
Toujours sur le même mur Sud mais beaucoup plus discret, un autre crack semble courir selon une diagonale de 45° environ. Ce dernier est visible sur la quasi-totalité des photos disponibles, y compris sur les plus récentes, ce qui tend à prouver qu'il ne s'agit pas d'une simple fissure que l'opérateur aurait pu facilement maquiller mais bien d'un défaut dans l'épaisseur de la structure du mur. La différence de teinte est nette : l'éclairage est différent au-dessus et en-dessous de la fissure donc le mur présente à ces niveaux des inclinaisons différentes. Ce défaut est d'autant plus fâcheux qu'il se situe à la base du BR4 et non dans sa partie haute et il explique probablement pourquoi une certaine tension est palpable au niveau de ce bâtiment.
photo HD : cryptome
Croyez-vous que Tepco va effectuer un contrôle de planéité du mur Sud à ce niveau ? Je parierai que non ! D'ailleurs, rappelez-vous comment l'opérateur visualise le bâtiment n°. 4 dans son document en anglais : il est parfait, élégant, quasiment opérationnel ; l'opérateur entend même faire un contrôle optique au niveau de parois qui n'existent plus ! A ce niveau de déni systématique, s'il s'agissait d'un particulier, ce dernier aurait sûrement droit à une consultation "psy" ! Quant à nous, nous nous contenterons de noter que Tepco agit parfois de manière assez irrationnelle et ridicule, au point en fait de susciter une curiosité sur des faits qu'il voudrait banaliser.
En passant, les documents nous confirment qu'une explosion s'est bien produite au niveau de l'angle S-O de la piscine 1F4
Tous les documents nous montrant la face Sud du BR4 après l'explosion sont édifiants : une paroi située dans le prolongement de l'angle Sud-Ouest de la piscine de désactivation a été soufflée ; les blocs de béton formant ces parois mesurent environ 8m x 8 et pèsent environ 150 tonnes. Une chose est sûre : ce n'est pas un simple courant d'air qui a causé cette ouverture, la piscine n°. 4 a frôlé la méga-catastrophe !
Tepco confisquera les appareils de journalistes indépendants lors de la prochaine visite au pied du BR4
Faut-il y voir une conséquence de quelques photos compromettantes "volées" lors des rares visites autorisées à la presse indépendante ? Iori nous apprend ce jour que Tepco vient d'interdire les prises de vue aux deux seuls journalistes indépendants accrédités pour la prochaine visite de presse planifiée le 26 mai sur le site. Cette-fois ci, le bus de journalistes devrait passer au plus près de ce fameux mur Sud du bâtiment n°. 4. L'opérateur explique - très benoîtement - qu'il ne dispose pas de suffisamment de personnel pour surveiller les 2 journalistes en question (sic) aussi leurs caméras et appareils photos seront purement et simplement confisqués à l'entrée du site.
Source :
Tepco Press Handles (Japonais), 16 mai
fukushima-diary, 20 mai, anglais
Bonjour, merci toujours pour votre travail d'investigation!
Concernant la deuxième "fissure", il s'agit des vestiges d'un escalier accolé à la façade. On voit bien les 4 points d'appuis qui ont été raclés à ras de la façade. La peinture paraît plus claire derrière l'escalier puisqu'elle a été protégée de la lumière par l'escalier pendant de nombreuses années. Cet escalier est clairement visible sur les photos d'avant l'accident.
Cette photo par exemple : http://img1.mxstatic.com/s%e9isme-au-japon/une-vue-aerienne-de-la-centrale-de-fukushima-daiichi-avant-la-catastrophe-et-un-an-apres-aujourd-hui-elle-est-totalement-hors-d-usage-et-devra-etre-demantele_44117_w460.jpg
Rédigé par : Precision | 20/05/2012 à 23:54
Merci, un petit problème d'accentuation : le lien correct est http://img1.mxstatic.com/séisme-au-japon/une-vue-aerienne-de-la-centrale-de-fukushima-daiichi-avant-la-catastrophe-et-un-an-apres-aujourd-hui-elle-est-totalement-hors-d-usage-et-devra-etre-demantele_44117_w460.jpg
Rédigé par : trifouillax | 21/05/2012 à 00:09
Salut Trifou.
La ligne noire est un câble électrique ou similaire, pas une fissure. Ils n'auraient pas pu la boucher en mars/avril 2011 alors qu'ils essayaient de refroidir la piscine, et il aurait fallu le faire de façon très "raccord" pour qu'elle ne se voit plus aujourd'hui malgré l'eau chargée de rouille qui coule dessus depuis, ils avaient certainemement autre chose à faire à ce moment.
Le fait qu'elle commence abruptement et sans variation importante de largeur plaide pour un câble électrique, suspendu par des fils beaucoup plus fins qui n'apparaissent pas sur les images. Le fait d'être "brisée en escalier" à la base du batiment indique un câble rigide, éventuellement fixé à la façade.
Pour la ligne oblique à 45° elle est trop régulière pour être dûe au hasard, je pense comme Précision à une construction disparue, un escalier est tout à fait crédible (je n'ai pas accès à son image en lien, ni à celui corrigé : 403 forbidden).
Vu le mode de construction, coulé d'un bloc (en plusieurs passes mais d'un bloc) sur un ferraillage probablement correctement réalisé, il faut une force énorme pour fissurer une partie. L'explosion du n°4 fut bien moindre que celle du 3.
Le tremblement de terre puis le tsnunami ont pu par contre faire vaciller le batiment sur ses fondations et il est possible qu'il soit resté un peu de traviole.
Le principal danger pour les centrales était qu'un tremblement de terre puissant fasse s'écrouler ce qui restait de structures hautes et surtout que le lourd pont roulant serve de "marteau" tapant sur le plancher de travail pendant les secousses, n'étant plus fixé à la structure.
Si c'est celui-là qu'ils ont enlevé le danger d'effondrement est moindre, mais le risque d'une grosse fissure apparaissant dans la structure fragilisée lors d'un séisme même assez peu important, qui empêcherait le refroidissement de la masse énorme de combustible, reste intact.
Et il le restera tant que le combustible n'est pas sécurisé.
Rédigé par : HP | 21/05/2012 à 00:52
Salut Trifou
Il s'agit d'un bâtiment en béton armé , la présence de fissures suite à l'explosion d'hydrogène et normale. Tepco à entrepris d'important travaux de prise de mesures conservatoires , telles que mise en place de lignes d'étais , et remplissage de béton sous le bassin de stockage. La preuve de la solidité de ce bâtiment à été apporté par son extraordinaire résistance a l'explosion, et également sa résistance aux nombreuses répliques qui ont frappé la centrale. Maintenant qu'il est allégé par le dérasage du niveau 5 , le dépot de la machine de chargement , l'enlèvement des poutres treillis , je ne pense pas qu'il soit prêt à s'effondrer !
Rédigé par : S Servant | 21/05/2012 à 07:54
http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/4/37/62/00/plans-et-schemas-reacteurs/BWR-Mark-I.pdf
Rédigé par : S Servant | 21/05/2012 à 08:05
Même si le voile béton en avant de la cage d'escalier tombait la piscine resterait accrochée à la grosse masse que constitue l'enveloppe béton du réacteur , d'autant qu'un encorbellement à été réalisé sous cette dernière. La conception de départ était pas si mauvaise heureusement, voir le sur le plan en écorché.
Rédigé par : S Servant | 21/05/2012 à 09:22
L'escalier en question semble identique à celui encore entier au niveau de la face Sud de l'unité n°. 2 http://cryptome.org/eyeball/daiichi-npp/pict13.jpg
L'escalier a dû s'affaisser suite à la chute de la partie supérieure du mur Sud, ce qui tendrait à prouver que l'explosion du 4 n'était pas très virulente ?
Par contre moins d'accord sur l'ombre portée qui indique nettement un décrochage continu de la paroi sous le niveau de l'escalier : l'ombre supplémentaire s'étend depuis le niveau des marches jusqu'au sol de manière continue et non juste au niveau de l'escalier.
Trifou
Rédigé par : trifouillax | 21/05/2012 à 13:58
Oui HP la ligne verticale en question n'apparaît à priori que sur ce document, on ne l'observe ni avant ni après juillet 2011.
Cordialement,
Trifou
Rédigé par : trifouillax | 21/05/2012 à 14:03
Pour le lien défectueux, remplacez séisme par seisme (sans accent)
Rédigé par : Nga | 21/05/2012 à 19:18
Je ne vois pas tellement de quelle ombre portée vous parlez. Pour moi c'est clair, il y a "l'ombre" d'un escalier et un tas de fers à bétons enchevêtrés contre la facade.
Rédigé par : Precision | 21/05/2012 à 23:26
Ou si vous voulez une nuance de couleur différente, comme si une ombre supplémentaire se formait dans le triangle inférieur droit formé à partir du niveau de l'ex-escalier, suis-je le seul à l'observer ? C'est plus visible sur l'agrandissement mais ça reste subtil je l'accorde.
Rédigé par : trifouillax | 22/05/2012 à 10:29