M. Yukitero Naka est patron de l'une des sociétés travaillant pour Tepco, Tohoku Enterprise, qui employait jusqu'à 80 ingénieurs sur le site de Fukushima-Daiichi. Aujourd’hui, le siège de sa société à Tomioka est un lieu déserté, fantomatique, lunaire car, pour être situé le plus près possible de son principal client, M. Naka avait installé ses bureaux au cœur de ce qui allait devenir la "zone interdite", à mi-chemin entre les deux sites exploités par Tepco.
"C'était un endroit très calme, chaud en hiver et frais en été"
M. Naka est, comme tous les résidents évacués de la zone rouge, autorisé à revenir chez lui une heure de temps en temps afin de récupérer des effets personnels. Ses locaux sont quasiment neufs mais les lieux ont été rendus inhabitables par les radiations. M. Naka regrette le passé, il pense que ses travailleurs étaient très heureux dans ces locaux. La plupart d'entre eux ont participé aux efforts déployés pour tenter de reprendre le contrôle de la centrale ; ils savent probablement mieux que personne ce qui s'est réellement passé au sein des ruines nucléaires.
M. Naka avoue que les dossiers sanitaires de ses employés montrent que la plupart ont déjà atteint les limites d'exposition réglementaires (1) et sont ainsi devenus indisponibles. Il ne sait pas où il va pouvoir trouver assez de personnel pour poursuivre les travaux sur le site ; sans personnel qualifié, impossible de poursuivre les opérations (2). C'est un problème énorme auquel personne n'avait vraiment réagi auparavant : si Tepco doit suivre le site sur 40 années au minimum, alors QUI va-t-il envoyer travailler sur le site ? Faudra-t-il former des gens - des études en principe longues et ardues - spécialement pour se faire irradier et devoir changer de métier juste après ? Quelle est la logique là-dedans ?
ZDF : "L'énergie électronucléaire est-elle sûre maintenant ?"
A cette question embarrassante (2:05), M. Naka répond rapidement : "C'est ce que Tepco et le gouvernement affirment mais personne ici (3) ne les croit ! Le danger est toujours important, particulièrement au niveau de l'unité n°. 4 (4) ; de lourds équipements et les très nombreux assemblages de combustible qui y sont stockés rendent l'ensemble du bâtiment instable et un nouveau tremblement de terre pourrait faire écrouler le bâtiment, initiant sans doute ainsi une nouvelle réaction en chaîne. C'est ma plus grande crainte".
La "réaction en chaîne" n'aura jamais si bien porté son nom
Il est fort probable que sur une période de 40 années - durée planifiée de la déconstruction / décontamination du site accidenté - plusieurs séismes importants surviendront dans la zone du Japon central (5). Avec un bâtiment n°. 4 très endommagé, dont les structures sont affaiblies et très mal centrées (6), en ajoutant le fait que les équipes d'intervention s'amenuisent de plus en plus, Tepco, la région et l'ensemble de l’île de Honshu courent un risque non négligeable de nouvelle catastrophe nucléaire auprès de laquelle celle survenue à la mi-mars 2011 fera figure de hors-d’œuvre, en quelque sorte.
D'autre part, si le bâtiment n°. 4 s'écroule, plus personne ne pourra intervenir sur l'ensemble du site de Fukushima-Daiichi - voire peut-être même sur le site de Fukushima-Daini qui n'est situé qu'a 12 km ainsi que sur le site du centre de recherche nucléaire de Tokaï situé une centaine de km plus au Sud - aussi les autres unités seraient abandonnées, avec toutes les conséquences d'une méga-catastrophe multipliée par 6 au minimum (7).
ZDF : ce serait Armageddon ! (3:15)
Bigre, ils y vont fort à la ZDF ! A gen4, nous aurions simplement évoqué plusieurs méga-bombes sales (8) explosant initialement à 10.000 km mais contaminant à petit feu l'ensemble de la planète pour quelques centaines de milliers d'années. Tiens, en y réfléchissant, Armageddon, ce n'est pas une si mauvaise image...
Le silence de la fin à Shirai Isao, responsable de la "gestion" de la crise nucléaire chez Tepco
Un peu poussé dans ses derniers retranchements par l'envoyé de la ZDF, M. Isao après s'être serré très fort les doigts (6:32) ne répond rien à la question : "Pensez-vous sincèrement que Tepco soit [de nouveau] prêt à gérer des centrales nucléaires au Japon ?" Après un grand blanc (6:56 à 7:18) vient l'heure de l'esquive : "C'est une question très délicate".
(1) Au Japon 250 mSv/an lors de la phase aiguë puis 100 mSv/ 5 ans ou 50 mSv/an depuis début 2012
(2) Le serpent nucléaire se mord la queue et dévoile toute ainsi toute son incohérence !
(3) Difficile de distinguer si M. Naka évoque ici ses équipiers ou les habitants déplacés
(4) Celle qui était déchargée au moment de l'accident et dont la piscine branlante a soulevé bien des inquiétudes et en soulève apparemment toujours...
(5) La probabilité qu'un nouveau séisme majeur frappe la partie centrale du Japon est estimée à 70% d'après une étude très récente
(6) La position maintenance sur les REB déséquilibre fortement les centrages des différents éléments structurels voir par exemple ce billet
(7) L'incohérence de regrouper plusieurs unités de méga-technologies sur un site unique démontre ici toute son incohérence
(8) Bombe sale : dispersion à grande échelle de radio-nucléides à la suite d'une explosion conventionnelle
Sources :
"Plus de volontaires pour Fukushima", gen4, 28/1/12
The Fukushima lie, 2nde partie, document ZDF de 8:21, Allemand + sous-titres anglais
The Fuksuhima lie, 1ère partie, document ZDF de 10:40, Allemand + sous-titres anglais (à voir également absolument pour l'évocation du "village atomique" Japonais par M. Naka et l'interview de Naoto Kan - ancien Premier ministre - qui s'ensuit sur le même sujet "top-secret" (3:10))
"C'était un endroit très calme, chaud en hiver et frais en été"
M. Naka est, comme tous les résidents évacués de la zone rouge, autorisé à revenir chez lui une heure de temps en temps afin de récupérer des effets personnels. Ses locaux sont quasiment neufs mais les lieux ont été rendus inhabitables par les radiations. M. Naka regrette le passé, il pense que ses travailleurs étaient très heureux dans ces locaux. La plupart d'entre eux ont participé aux efforts déployés pour tenter de reprendre le contrôle de la centrale ; ils savent probablement mieux que personne ce qui s'est réellement passé au sein des ruines nucléaires.
M. Naka avoue que les dossiers sanitaires de ses employés montrent que la plupart ont déjà atteint les limites d'exposition réglementaires (1) et sont ainsi devenus indisponibles. Il ne sait pas où il va pouvoir trouver assez de personnel pour poursuivre les travaux sur le site ; sans personnel qualifié, impossible de poursuivre les opérations (2). C'est un problème énorme auquel personne n'avait vraiment réagi auparavant : si Tepco doit suivre le site sur 40 années au minimum, alors QUI va-t-il envoyer travailler sur le site ? Faudra-t-il former des gens - des études en principe longues et ardues - spécialement pour se faire irradier et devoir changer de métier juste après ? Quelle est la logique là-dedans ?
ZDF : "L'énergie électronucléaire est-elle sûre maintenant ?"
A cette question embarrassante (2:05), M. Naka répond rapidement : "C'est ce que Tepco et le gouvernement affirment mais personne ici (3) ne les croit ! Le danger est toujours important, particulièrement au niveau de l'unité n°. 4 (4) ; de lourds équipements et les très nombreux assemblages de combustible qui y sont stockés rendent l'ensemble du bâtiment instable et un nouveau tremblement de terre pourrait faire écrouler le bâtiment, initiant sans doute ainsi une nouvelle réaction en chaîne. C'est ma plus grande crainte".
La "réaction en chaîne" n'aura jamais si bien porté son nom
Il est fort probable que sur une période de 40 années - durée planifiée de la déconstruction / décontamination du site accidenté - plusieurs séismes importants surviendront dans la zone du Japon central (5). Avec un bâtiment n°. 4 très endommagé, dont les structures sont affaiblies et très mal centrées (6), en ajoutant le fait que les équipes d'intervention s'amenuisent de plus en plus, Tepco, la région et l'ensemble de l’île de Honshu courent un risque non négligeable de nouvelle catastrophe nucléaire auprès de laquelle celle survenue à la mi-mars 2011 fera figure de hors-d’œuvre, en quelque sorte.
D'autre part, si le bâtiment n°. 4 s'écroule, plus personne ne pourra intervenir sur l'ensemble du site de Fukushima-Daiichi - voire peut-être même sur le site de Fukushima-Daini qui n'est situé qu'a 12 km ainsi que sur le site du centre de recherche nucléaire de Tokaï situé une centaine de km plus au Sud - aussi les autres unités seraient abandonnées, avec toutes les conséquences d'une méga-catastrophe multipliée par 6 au minimum (7).
ZDF : ce serait Armageddon ! (3:15)
Bigre, ils y vont fort à la ZDF ! A gen4, nous aurions simplement évoqué plusieurs méga-bombes sales (8) explosant initialement à 10.000 km mais contaminant à petit feu l'ensemble de la planète pour quelques centaines de milliers d'années. Tiens, en y réfléchissant, Armageddon, ce n'est pas une si mauvaise image...
Le silence de la fin à Shirai Isao, responsable de la "gestion" de la crise nucléaire chez Tepco
Un peu poussé dans ses derniers retranchements par l'envoyé de la ZDF, M. Isao après s'être serré très fort les doigts (6:32) ne répond rien à la question : "Pensez-vous sincèrement que Tepco soit [de nouveau] prêt à gérer des centrales nucléaires au Japon ?" Après un grand blanc (6:56 à 7:18) vient l'heure de l'esquive : "C'est une question très délicate".
(1) Au Japon 250 mSv/an lors de la phase aiguë puis 100 mSv/ 5 ans ou 50 mSv/an depuis début 2012
(2) Le serpent nucléaire se mord la queue et dévoile toute ainsi toute son incohérence !
(3) Difficile de distinguer si M. Naka évoque ici ses équipiers ou les habitants déplacés
(4) Celle qui était déchargée au moment de l'accident et dont la piscine branlante a soulevé bien des inquiétudes et en soulève apparemment toujours...
(5) La probabilité qu'un nouveau séisme majeur frappe la partie centrale du Japon est estimée à 70% d'après une étude très récente
(6) La position maintenance sur les REB déséquilibre fortement les centrages des différents éléments structurels voir par exemple ce billet
(7) L'incohérence de regrouper plusieurs unités de méga-technologies sur un site unique démontre ici toute son incohérence
(8) Bombe sale : dispersion à grande échelle de radio-nucléides à la suite d'une explosion conventionnelle
Sources :
"Plus de volontaires pour Fukushima", gen4, 28/1/12
The Fukushima lie, 2nde partie, document ZDF de 8:21, Allemand + sous-titres anglais
The Fuksuhima lie, 1ère partie, document ZDF de 10:40, Allemand + sous-titres anglais (à voir également absolument pour l'évocation du "village atomique" Japonais par M. Naka et l'interview de Naoto Kan - ancien Premier ministre - qui s'ensuit sur le même sujet "top-secret" (3:10))
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ZDF a raison : en cas d'effondrement du 4 (ou d'un autre), le combustible répandu et irrécupérable rendrait tout le site pratiquement inaccessible, ce qui entrainerait a moyen terme la fonte du combustibles stocké dans les autres piscines faute de refroidissement, donc une irradiation du site encore + importante, etc. Le volume de combustible dans la piscine externe "long terme" du site est énorme, et c'est tout le Japon qu'il faudrait évacuer si celle-là prend feu.
Rédigé par : HP | 26/03/2012 à 23:53