Le blog de M. Oyama, conseiller municipal de Minimasoma, regorge d'informations pertinentes prélevées au sein même de l'assemblée territoriale de cette ville de 70.000 habitants, située à 25 km au Nord-Ouest de Fukushima-daiichi. La ville, assez étendue car ayant regroupé 3 communes en 2006 (1), a énormément souffert du tsunami du 11 mars 2011 (2) avant d'être partiellement évacuée suite à la crise nucléaire (3). On se souviendra, bien sûr, que le maire de cette ville, Katsonobu Sakurai, avait lancé une semaine après la catastrophe un appel à l'aide diffusé dans le monde entier grâce aux réseaux sociaux et certains médias.
(8) Uranium-235 (naturel), Plutonium-239 (artificiel)
(9) Pu-238 et 239 sont classés au niveau I et maximal du tableau de radiotoxicité
(10) Dose efficace : Estimation de l'ensemble de la radioactivité déployée par le radionucléide ingéré ou respiré lors de son transit dans l'organisme ; on parle aussi de "dommages subis" dans le corps par unité de contamination interne
Sources :
blog de M. Oayama, 19/3, anglais
Eerie zone in Minamisoma, Japan Times, 9/4/2011, anglais
We've been betrayed, Daily Mail, 18/3/2011
"Radioécologie du Strontium-90", Lyon pharma, 2001
"Plutonium et MOX", Sénat
Revenons à M. Oyama, conseiller "d'opposition" (4) à Minamisoma. D'après ce que ce dernier relate sur son blog, le 15 mars, au cours d'une assemblée municipale lors de laquelle était évoquée le cas de la mystérieuse substance noire radioactive, le responsable concerné de la sécurité civile aurait reconnu que "la substance noire est dispersée un peu partout dans la ville... Si elle contient des doses importantes de radioactivité alors la municipalité devra s'en occuper".
Fort logiquement, le débat s'engagea ensuite sur le seuil à partir duquel il fallait considérer que la poussière noire était "significativement radioactive" pour tenter d'effectuer des actions de décontamination. Voici les réponses du dit responsable :
- "Les habitants ne disposent pas de moyens de mesure adéquats"
- "Nous, [sécurité civile] décontaminerons les zones dans lesquelles les seuils de radioactivité seront élevés [?]"
- "Si la décontamination est effectuée par des équipes citoyennes, il faudra qu'elles conservent les résidus radioactifs dans la même zone géographique"
Commentaire : Cette idée d'invalider les relevés effectués par des citoyens n'est pas nouvelle. Même si elle est en partie fondée, rien n'empêche les autorités de fournir le matériel et la formation afin d'inclure des habitants volontaires dans les équipes sur le terrain. Par exemple, M. Oyama utilise manifestement son propre matériel de détection sur le terrain qui, même s'il est relativement de bonne qualité, peut être mal étalonné voire même défectueux. Pourquoi ne pas fournir d'autres appareils à M. Oyama ou pourquoi ne pas l'inclure dans un groupe de radioprotection afin de mutualiser les mesures ? Chacun aurait à apprendre du travail de l'autre : M. Oyama connaît bien le terrain, il pourrait avantageusement participer à une campagne de mesure, en profiter pour comparer ses relevés, éventuellement ré-étalonner son appareil ou assimiler des éléments de radioprotection (5).
Enfin une étude sur les radionucléides contenus dans la poussière : la présence d'actinides serait recherchée
Un laboratoire officiel s’intéresserait - enfin - à la composition de la fameuse substance : le laboratoire semi-public du Japan Chemical Analysis Center aurait confirmé rechercher "particulièrement" au niveau de cinq échantillons relevés à différents endroits de Minamisoma (6) la présence des radionucléides suivants :
- Strontium 89 et 90
- Plutonium 238 à 241 (pourquoi spécifiquement le Plutonium et pas l'Uranium qui devrait être l'actinide majoritairement relâché ?)
Nos craintes de voir une partie du combustible de Fukushima-Daichi dispersé dans la nature environnante et particulièrement au niveau de cette substance noire semblent ainsi malheureusement se confirmer. Les Sr-89 et 90 sont des alcalino-terreux très radio-toxiques (7) produits par la fission des atomes d'Uranium ou de Plutonium fissile (8) ; les différents isotopes du Plutonium sont quant à eux des métaux lourds actinides de radiotoxicité élevée à très élevée (9). Il faut bien comprendre que le Plutonium-239 est non seulement présent dans le carburant "Moxé" utilisé dans l'unité n°. 3 mais est également un produit de la fission de l'Uranium-238 "fertile", il a donc pu être "fabriqué" lors du fonctionnement des unités n°. 1 et 2 avant d'être dispersé par les explosions.
Les isotopes pairs - principalement le Pu-240 - sont considérés quant à eux comme des "impuretés" de réaction qui inhibent le phénomène de fission par "empoisonnement" du cœur au fil de l'irradiation du combustible. Plus le combustible sera irradié, plus les isotopes pairs (238/240) seront nombreux. Ce phénomène permet de "tracer" la provenance du combustible et même éventuellement d’identifier précisément l'unité étant à la source de ces retombées éventuelles.
Des 4 isotopes de Plutonium cités précédemment, seul le Pu-241 n'est pas un émetteur Alpha. Les énergies des rayonnements Alpha du Plutonium sont très élevées (5 MeV) ; le plus "mordant" se trouve être le Pu-238 avec une activité massique de 2.6 Sv/µg ; si vous ingérez un microgramme - soit un millionième de gramme - de cet élément il vous cédera volontiers une dose efficace (10) de 2.6 Sv ! Se trouver confronté à des poussières contenant des particules de Plutonium n'est donc plus, contrairement aux déclarations lénifiantes des autorités Japonaises une affaire de "faibles doses". Ce radionucléide est un poison radio-toxique à très, très faible dose. Une dizaine de milligrammes ingérés rapidement induiront un taux de mortalité de 50% en quelques dizaines de jours, une dose unique d'un mg produira le même effet au bout d'une année (wiki).
(1) Kashima, Haramachi et Odaka
(2) Plus de 1500 morts et disparus sans décompter quelques centaines de décès indirects mais liés à l'évacuation
(3) Le quartier de l'hôtel de ville et les principaux commerces, situés au-delà de la zone des 20 km, n'ont pas été évacués
(4) Opposition assez visible y compris dans certains termes utilisés par M. Oyama !
(5) Nous sommes assez effrayés quand nous voyons M. Oyama "plonger" son détecteur dans la soucoupe noire contenant la poussière fine dont une partie restera probablement agglomérée au dos de l'appareil pour contaminer les mesures suivantes ; maintenant, comment mesurer des Alpha "au contact" tout en protégeant l'appareil ? Une feuille de mica ?
(6) M. Oyama note tristement que 4 de ces 5 lieux avaient déjà fait l'objet de travaux de décontamination
(7) Classés au niveau II du tableau de radiotoxicité
Fort logiquement, le débat s'engagea ensuite sur le seuil à partir duquel il fallait considérer que la poussière noire était "significativement radioactive" pour tenter d'effectuer des actions de décontamination. Voici les réponses du dit responsable :
- "Les habitants ne disposent pas de moyens de mesure adéquats"
- "Nous, [sécurité civile] décontaminerons les zones dans lesquelles les seuils de radioactivité seront élevés [?]"
- "Si la décontamination est effectuée par des équipes citoyennes, il faudra qu'elles conservent les résidus radioactifs dans la même zone géographique"
Commentaire : Cette idée d'invalider les relevés effectués par des citoyens n'est pas nouvelle. Même si elle est en partie fondée, rien n'empêche les autorités de fournir le matériel et la formation afin d'inclure des habitants volontaires dans les équipes sur le terrain. Par exemple, M. Oyama utilise manifestement son propre matériel de détection sur le terrain qui, même s'il est relativement de bonne qualité, peut être mal étalonné voire même défectueux. Pourquoi ne pas fournir d'autres appareils à M. Oyama ou pourquoi ne pas l'inclure dans un groupe de radioprotection afin de mutualiser les mesures ? Chacun aurait à apprendre du travail de l'autre : M. Oyama connaît bien le terrain, il pourrait avantageusement participer à une campagne de mesure, en profiter pour comparer ses relevés, éventuellement ré-étalonner son appareil ou assimiler des éléments de radioprotection (5).
Enfin une étude sur les radionucléides contenus dans la poussière : la présence d'actinides serait recherchée
Un laboratoire officiel s’intéresserait - enfin - à la composition de la fameuse substance : le laboratoire semi-public du Japan Chemical Analysis Center aurait confirmé rechercher "particulièrement" au niveau de cinq échantillons relevés à différents endroits de Minamisoma (6) la présence des radionucléides suivants :
- Strontium 89 et 90
- Plutonium 238 à 241 (pourquoi spécifiquement le Plutonium et pas l'Uranium qui devrait être l'actinide majoritairement relâché ?)
Nos craintes de voir une partie du combustible de Fukushima-Daichi dispersé dans la nature environnante et particulièrement au niveau de cette substance noire semblent ainsi malheureusement se confirmer. Les Sr-89 et 90 sont des alcalino-terreux très radio-toxiques (7) produits par la fission des atomes d'Uranium ou de Plutonium fissile (8) ; les différents isotopes du Plutonium sont quant à eux des métaux lourds actinides de radiotoxicité élevée à très élevée (9). Il faut bien comprendre que le Plutonium-239 est non seulement présent dans le carburant "Moxé" utilisé dans l'unité n°. 3 mais est également un produit de la fission de l'Uranium-238 "fertile", il a donc pu être "fabriqué" lors du fonctionnement des unités n°. 1 et 2 avant d'être dispersé par les explosions.
Les isotopes pairs - principalement le Pu-240 - sont considérés quant à eux comme des "impuretés" de réaction qui inhibent le phénomène de fission par "empoisonnement" du cœur au fil de l'irradiation du combustible. Plus le combustible sera irradié, plus les isotopes pairs (238/240) seront nombreux. Ce phénomène permet de "tracer" la provenance du combustible et même éventuellement d’identifier précisément l'unité étant à la source de ces retombées éventuelles.
Rapport Pu-240 / Pu-239 par pourcentage d’enrichissement
et taux de Burnup (combustion) - Source : ESARDA
Revenons à nos "Alpha"et taux de Burnup (combustion) - Source : ESARDA
Des 4 isotopes de Plutonium cités précédemment, seul le Pu-241 n'est pas un émetteur Alpha. Les énergies des rayonnements Alpha du Plutonium sont très élevées (5 MeV) ; le plus "mordant" se trouve être le Pu-238 avec une activité massique de 2.6 Sv/µg ; si vous ingérez un microgramme - soit un millionième de gramme - de cet élément il vous cédera volontiers une dose efficace (10) de 2.6 Sv ! Se trouver confronté à des poussières contenant des particules de Plutonium n'est donc plus, contrairement aux déclarations lénifiantes des autorités Japonaises une affaire de "faibles doses". Ce radionucléide est un poison radio-toxique à très, très faible dose. Une dizaine de milligrammes ingérés rapidement induiront un taux de mortalité de 50% en quelques dizaines de jours, une dose unique d'un mg produira le même effet au bout d'une année (wiki).
(1) Kashima, Haramachi et Odaka
(2) Plus de 1500 morts et disparus sans décompter quelques centaines de décès indirects mais liés à l'évacuation
(3) Le quartier de l'hôtel de ville et les principaux commerces, situés au-delà de la zone des 20 km, n'ont pas été évacués
(4) Opposition assez visible y compris dans certains termes utilisés par M. Oyama !
(5) Nous sommes assez effrayés quand nous voyons M. Oyama "plonger" son détecteur dans la soucoupe noire contenant la poussière fine dont une partie restera probablement agglomérée au dos de l'appareil pour contaminer les mesures suivantes ; maintenant, comment mesurer des Alpha "au contact" tout en protégeant l'appareil ? Une feuille de mica ?
(6) M. Oyama note tristement que 4 de ces 5 lieux avaient déjà fait l'objet de travaux de décontamination
(7) Classés au niveau II du tableau de radiotoxicité
(9) Pu-238 et 239 sont classés au niveau I et maximal du tableau de radiotoxicité
(10) Dose efficace : Estimation de l'ensemble de la radioactivité déployée par le radionucléide ingéré ou respiré lors de son transit dans l'organisme ; on parle aussi de "dommages subis" dans le corps par unité de contamination interne
Sources :
blog de M. Oayama, 19/3, anglais
Eerie zone in Minamisoma, Japan Times, 9/4/2011, anglais
We've been betrayed, Daily Mail, 18/3/2011
"Radioécologie du Strontium-90", Lyon pharma, 2001
"Plutonium et MOX", Sénat
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Alors Trifoufou l'anonyme, quand est-ce que vous nous faites l'article de la génération quatre ?
On attend avec impatience la merveille des merveilles qui va pomper le fric des coffres publics.
La dette... Ah, la dette...
Quand le CEA emprunte, il "investit". Puis après, on dit le vrai nom : la dette.
On attend avec impatience les nouveaux dangers venus des nouveaux réacteurs.
Nous le peuple, on est très impatient des nouvelles saloperies ! On en veut encore !
Alors c'est quoi ce hobby (rémunéré ?) de suivi de Fukushima, venez-en au fait quoi.
Pourquoi touner autour du pot ?
Pourquoi ce bandeau ? La Gen4 serait donc potentiellement un "progrès décisif" ? Vite une explication !
Rédigé par : Frédéric Boutet | 21/03/2012 à 18:23
Pour les faits, lit les autres articles.
Il s'agit ici de savoir à qui profite cet investissement, et il y a des doutes. Tu ne peut pas nier le lobby après un épisode comme Tchernobyl.
A défaut d'organisation (vraiment) indépendante pour surveiller cette filière, ce blog rapporte des informations et tente de les interpréter. Il ne représente en rien un "progrès décisif", ni même un quelconque progrès. C'est un blog, un lieu ou l'auteur s'exprime, partage ce qu'il trouve.
Les articles sont le plus souvent basés sur des sources, officielles ou non, oui le blog est un peu alarmiste (en tout c'est ce que je ressent), mais il n'en reste pas moins une source francophone à jour et qui porte le débat.
Cela vous dérange que l'auteur soit anonyme ? Si oui, je ne voit pas en quoi, expliquez moi, j'aimerais comprendre. Je trouve que cela est une bonne chose dans la mesure ou l'on ne peut juger ce blog qu'au vu des articles.
Rédigé par : Needs | 22/03/2012 à 10:12
Il suffit de lui dire exactement ce qu'il faut faire pour analyser la radioactivite correctement sans risque et resultat correct (Crirad, ou autres...)
Rédigé par : dl | 22/03/2012 à 11:57
Un rappel : en prospection minière, quand on recherche l'uranium, on détecte en réalité ses produits de filiation. La raison ? l'u238 qui compose 99,3% de l'U a une période de 4,5 milliard d'années, ce qui signifie qu'il est le siège de "peu" de désintégrations par minutes. Si le minerai est à l'équilibre avec ses descendants, il vaut mieux mesurer ceux dont la période est courte (activité plus grande) et qui émettent des particules ou des rayonnements plus pénétrants (bismuth par exemple).
C'est à mon avis la raison pour laquelle le labo en question veut aller droit au but en cherchant le Pu, qui serait (presque sans contestation : il peut s'agir de résidus de relâchements anciens ou de restes des bombes de 45) un marqueur de l'accident de Fukushima
Rédigé par : Geologue | 22/03/2012 à 15:06
"afin de fixer un ordre de grandeur, il peut être noté que, sur la base d'une évaluation utilisant des paramètres moyens ou conventionnels, tant pour la composition du plutonium que la dispersion atmosphérique et l'évaluation de dose, l'atteinte d'une dose efficace de 1 mSv, en cas d'inhalation d'aérosols plutonifères par un adulte à une distance de 500 m sous le vent, correspond à un rejet inférieur à 100 mg de plutonium issu du retraitement d'un combustible irradié provenant d'un réacteur à eau sous pression."
(Thierry Charles,directeur de l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire, 2001,revue Contrôle n°138 )
(cité par "La Gazette Nucléaire 189/190)
(Pour copie) Delphin
Rédigé par : Delphin | 22/03/2012 à 16:14
Le pourquoi du comment de la stratégie Génération IV:
http://radioprotection.eklablog.com/vers-un-nucleaire-durable-les-systemes-du-futur-a44920374
Rédigé par : blogrpnet | 25/03/2012 à 11:07
Merci pour ce lien blogrpnet, 2 heures sur le sujet bigre je vais écouter ça sur le baladeur !
En ce qui concerne le fond du débat sur la gen4, en ce qui me concerne, l'heure ne me semble pas encore venue d'y basculer. Pas à cause des élections proches (lol) mais voilà : après avoir côtoyé virtuellement les Japonais pendant une année (et même beaucoup plus avant le 311) j'ai du mal à m'en détacher, même provisoirement. Ces gens souffrent, j'ai l'impression que ce n'est que le début de leurs épreuves et de leurs tribulations, pourquoi et comment les mettre de côté pour se lancer dans un débat national assurément important mais peut-être pas prioritaire ?
En ce qui concerne le "bandeau" s'il "pique" vraiment trop alors je le mettrais à jour dès que j'aurais cinq minutes, par contre j'aime bien le nom de domaine. Je ne sais pas pourquoi, il est court, il sonne bien, j'ai l'intuition qu'il pourra probablement être utile prochainement... Quand il sera l'heure du méga-débat.
Quoiqu'il en soit merci pour ces éclairages,
Trifou
Rédigé par : trifouillax | 26/03/2012 à 12:01