Nous vous l'avions affirmé depuis longtemps : la réponse - très modeste - utilisée par Tepco afin de tenter de maîtriser les réacteurs fous de Fukushima n'était pas la seule envisageable, loin de là. Le Washington Post d'hier nous révèle - près d'une année après les faits - que la très sérieuse commission de sécurité nucléaire des États-Unis d’Amérique (NRC) avait tenu lors de la phase aiguë de l'accident de Fukushima plusieurs conseils restreints de crise, dirigés par le secrétaire d’État à l’Énergie Steven Chu et qui avaient effectivement envisagé quelques réponses "alternatives" dont celle-ci :
Une démolition "contrôlée" des confinements par explosifs afin de permettre une attaque plus aisée du combustible en fusion !
Cette suggestion était défendue par le célèbre Physicien de la NRC Richard Garwin et quelques autres experts qui étaient "très contrariés" par l'idée que l'injection d'eau "à la Japonaise" ne suffise pas à refroidir les unités privées d'alimentation électrique ; il faut dire que les américains possédaient en réserve des données confidentielles - études sur les conséquences d’attaques terroristes sur un site nucléaire par exemple - qu'ils ne tenaient pas à dévoiler à d'autres pays... Ah, la bonne vieille notion de "secret nucléaire", toujours prête à rendre bien des services !
Pour mémoire, les tout premiers commentaires publiés par votre serviteur sur un célèbre forum de radioprotection début avril 2011 évoquaient l'idée que les moyens utilisés par les Japonais pour injecter de l'eau dans les réacteurs en surchauffe étaient inadaptés, que les débits injectés étaient ridicules et qu'ils ne suffiraient jamais pour éviter le pire... Là ou il aurait fallu 2000 m3/h par réacteur après l'arrêt d'urgence des réacteurs, Tepco injectait en fait 160m3/h via une misérable pompe à béton !
Pour en revenir à "l'action explosive volontaire", le débat était à la limite de l'ébullition dans la salle de crise américaine ; le physicien Dana Powers (NRC) notait d'ailleurs sur son carnet le 5 avril : "Nous en sommes venus à évoquer sérieusement l'idée d'utiliser des charges explosives placées à proximité des cœurs - C'est dingue !", alors qu'un autre physicien de l'équipe américaine, Richard Lee, estimait qu'il était urgent d'expédier sur le terrain des scientifiques du DOE (Départment Of Energy) qui avaient au moins deux réponses "alternatives" au problème de Fukushima-Daiichi dans leurs porte-documents.
Et ceci n'était que l'une des réponses "non-conventionnelles" américaines à l'accident, d'autres étaient certainement à l'étude... mais n'ont pas sauté la barrière du déraisonnable.
Durant la phase aigüe, la NRC qui tenait officiellement le discours diplomatique que l'affaire était sous contrôle et que les Japonais s'en tiraient plutôt bien, prévoyait donc déjà le pire, dans le secret des alcôves d'un Ministère.
Sources :
Messages shows conflicts within NRC after Japan's Earthquake & tsunami, Washington Post, 7/2, anglais
Transcriptions des messages échangés à cette occasion, archives de la NRC, anglais
Une démolition "contrôlée" des confinements par explosifs afin de permettre une attaque plus aisée du combustible en fusion !
Cette suggestion était défendue par le célèbre Physicien de la NRC Richard Garwin et quelques autres experts qui étaient "très contrariés" par l'idée que l'injection d'eau "à la Japonaise" ne suffise pas à refroidir les unités privées d'alimentation électrique ; il faut dire que les américains possédaient en réserve des données confidentielles - études sur les conséquences d’attaques terroristes sur un site nucléaire par exemple - qu'ils ne tenaient pas à dévoiler à d'autres pays... Ah, la bonne vieille notion de "secret nucléaire", toujours prête à rendre bien des services !
Pour mémoire, les tout premiers commentaires publiés par votre serviteur sur un célèbre forum de radioprotection début avril 2011 évoquaient l'idée que les moyens utilisés par les Japonais pour injecter de l'eau dans les réacteurs en surchauffe étaient inadaptés, que les débits injectés étaient ridicules et qu'ils ne suffiraient jamais pour éviter le pire... Là ou il aurait fallu 2000 m3/h par réacteur après l'arrêt d'urgence des réacteurs, Tepco injectait en fait 160m3/h via une misérable pompe à béton !
Pour en revenir à "l'action explosive volontaire", le débat était à la limite de l'ébullition dans la salle de crise américaine ; le physicien Dana Powers (NRC) notait d'ailleurs sur son carnet le 5 avril : "Nous en sommes venus à évoquer sérieusement l'idée d'utiliser des charges explosives placées à proximité des cœurs - C'est dingue !", alors qu'un autre physicien de l'équipe américaine, Richard Lee, estimait qu'il était urgent d'expédier sur le terrain des scientifiques du DOE (Départment Of Energy) qui avaient au moins deux réponses "alternatives" au problème de Fukushima-Daiichi dans leurs porte-documents.
Et ceci n'était que l'une des réponses "non-conventionnelles" américaines à l'accident, d'autres étaient certainement à l'étude... mais n'ont pas sauté la barrière du déraisonnable.
Durant la phase aigüe, la NRC qui tenait officiellement le discours diplomatique que l'affaire était sous contrôle et que les Japonais s'en tiraient plutôt bien, prévoyait donc déjà le pire, dans le secret des alcôves d'un Ministère.
Sources :
Messages shows conflicts within NRC after Japan's Earthquake & tsunami, Washington Post, 7/2, anglais
Transcriptions des messages échangés à cette occasion, archives de la NRC, anglais
Je n'arrive pas à suivre votre raisonnement :
vous vous glorifiez d'avoir dit qu'une simple pompe à béton pour injectez l'eau était insufisante pour arrêter le réaction, alors qu'il est maintenant démontré par les faits que cette solution de forture, ensuite améliorée, a réussi à le faire.
Rédigé par : geologue | 09/02/2012 à 15:25
Tant que l'on connaîtra pas la position des coriums , l'arrêt à froid est une plaisanterie. Et effectivement compte tenu de la masse et de l'énergie dégagée par le combustible ce dernier ne pouvait être refroidi par une simple pompe à béton. Gageons qu'au final ce ne soit pas l'eau de la nappe phréatique qui ait fait le travail...
Rédigé par : E. SERVANT | 09/02/2012 à 17:17
@geologue : Tssst, votre attention baisse la garde car j'ai bien écrit : insuffisant pour éviter le pire. Pensez-vous que le pire ne se soit jamais produit à Fukushima ? Un triple melt-out avec dégradation manifeste d'au moins 1 des 3 confinements ? Entre 100.000 et 200.000 personnes évacuées et la région polluée pour des siècles ? Etes-vous sérieux ou ne considérez-vous uniquement qu'une certaine approche "scientifique" de la catastrophe en oubliant l'impact sur la nature et donc sur les humains ? Même sur le plan technique, estimez-vous vraiment, en toute sincérité, que pas un gramme de corium n'a quitté le confinement ?
Et enfin, il n'est pas question de glorifier mais juste de rappeler les faits début avril 2011, alors que tous les scientifiques estimaient que tout allait pour le mieux du monde à Fukushima... J'oubliais manifestement que ces derniers se rappellent aussi mal du passé qu'ils ne prévoient l'avenir.
Et si ça ne vous plait pas, vous êtes libre de lire les comptes-rendus de Kloug sur RPCirkus Muhahahahahahahahahhahaaha
Trifou (furieux)
Rédigé par : trifouillax | 10/02/2012 à 13:02
@ Etienne : les scientifiques font "le gros dos" en espérant que l'affaire se tasse d'elle-même... Mais toute cette m.... ressortira forcément quelque part un jour ou l'autre ! D’ailleurs, si ce fameux combustible n'était pas si mortellement dangereux une fois qu'il commence a être irradié, alors pourquoi l'enfermer initialement dans un quadruple confinement, des cuves renforcées et des milliers de m3 de béton ?
La science, cette nouvelle religion, étale en grand devant les yeux de la population ses dogmes, ses grands prêtres et son rituel... Prochaine étape : l'inquisition technocratique ? Le tribunal des crimes de lèse-docteur ?
Cordialement,
Trifou encore un peu énervé
Rédigé par : trifouillax | 10/02/2012 à 13:34
Allons, allons, pas de panique. Après tout, vous avez raison de vous demander pourquoi je me fais du mal en vous lisant. Ecartons d'emblée une propension à l'auto-flagellation. Je vous lis parce que je crains de m'enfermer dans un raisonnement borné de nucléophyle, étant moi même nucléocrate par fatalisme. Cela ne signifie pas que votre propension à l'analyse paranoîa-critique de tout ce qui vous tombe sous la main ne m'énerve pas considérablement, de la même manière que votre vision conspirationiste du monde. Pour ma part, je considère que ceux qui tentent de diriger tout ou partie des affaires du monde y réussissent à 5%, le reste ressortissant à la théorie du bordel ambiant. Et c'est heureux que ça foire à un moment ou à un autre, car sans cela les maîtres du monde dirigeraient nos vies.
Signé : un anticonspirationnite non paranîaque ambivalent,qui craint d'avoir des ennemis et d'être contrôlé par les hommes en noir
Rédigé par : geologue | 10/02/2012 à 16:49
Bonjour Géologue,
Vous constituez pour moi un petit mystère.
A la lecture de vos réactions, vous êtes manifestement une personne réfléchie, documentée, pondérée... et pourtant vous vous déclarez - ce qui n'est pas en cause ici, car une conviction n'est pas discutable - être "nucléocrate" (absolument pour le nucléaire civil).
Je me pose donc la question simple : quelle peuvent en être les raisons profondes ?
- Le C02 évité ? Le nucléaire n'évite pas vraiment grand chose (18% en énergie finale, source AIE).
- La sécurité ? La réalité montre que ça ne demande qu'à exploser ou entrer en fusion. Ajouter un "lèche frite" (EPR) ne rassure pas du tout ("zut la trappe s'est ouverte top tôt" ---> explosion vapeur).
- L'indépendance énergétique ? Voir ligne précédente + nos otages au Niger.
- La "propreté" du nucléaire ? Voir les déchets millénaristes sous le tapis de Bure, le collecteur à La Hague, les rejets massifs de tritium etc.
- le coût ? Même la Cour des comptes commence à renâcler.
- L'espoir d'un grand marché ? L''arrière cour nauséabonde sera de plus en plus visible car le vent a définitivement tourné.
- L'impossibilité de faire marche arrière ? PLus on attend, plus on s'enferre et plus ça coûte cher.
- Les emplois ? Le nucléaire est une industrie très capitalistique avec peu d'emplois si on compare avec les énergies décentralisées.
- L'avenir ? En faisant croire à l'électricité bon marché (payée en différé par le contribuable)et en captant les capitaux, le nucléaire stérilise l'ingéniosité de recherche française (les allemands vont d'ailleurs en profiter).
Alors, sans vouloir vous poser d'ultimatum, j'aimerais bien savoir ce qui fait de vous un "nucléophile", actuellement, finalement ?
Amicalement
Delphin
PS : J'entrevois la possibilité que vous travailliez dans le nucléaire ce qui implique une certaine adhésion (quoique, à ma connaissance, les sondages du personnel EDF ne soient pas très différents de la population en général : répulsion majoritaire avec sentiment d'impossibilité de s'en passer, ce qui montre l'efficacité de la propagande)
Rédigé par : Delphin | 12/02/2012 à 11:30
Je travaille dans le nucléaire, mais cela n'aura pas échappé au responsable de ce blog, au vu de l'intitulé de mon adresse mail (geolnuc).
Quand je dis nucléocrate par fatalisme, c'est parce que je vois mal comment nous, habitants des pays riches et nantis, sans parler des autres moins ou pas du tout riches et nantis, pourrions nous passer du nucléaire dans un proche avenir, si nous voulons garder un standing de vie au moins équivalent à l'actuel. Ca se discute, mais je vous fiche mon billet qu'on n'est pas prêt d'en sortir, du nucléaire, au vu de ll'épuisement rapide des énergies fossiles carbonées. Et comme il y aura de plus en plus de réacteurs, il faudra passer aux surgénérateurs. Retour à un superphénix tout neuf garanti, peut-être même sur le site de l'ancien !
Fatalisme parce qu'en tant que technicien, je sais bien que des accidents surviendront.
Mais il ne faut pas s'y tromper, si l'espérance de vie est chez nous à de tels niveaux, c'est à la base grace à l'énergie que nous dépensons. Les travaux manuels d'antant faisaient mourir très tôt le paysan et le travailleur.
Désolé, j'aurai encore beaucoup à dire mais il faut que je me sauve.
A+
Rédigé par : geologue | 13/02/2012 à 19:08