A Setagaya, du radium ?
Après avoir travaillé deux jours sur le site du supermarché de Setagaya, le MEXT a annoncé avoir retrouvé des fragments d'une bouteille ayant probablement contenu du radium-226. Le débit de dose dans le secteur de la découverte serait passé de 40 mSv/h à environ 25 µSv/h après l’enlèvement des débris et du sol environnant.
La bouteille en question aurait une contenance de 500 mL, mesurerait 20 cm x 10 et était enfouie à 40 cm de profondeur.
Une douzaine d'autres points chauds auraient été retrouvés à proximité ce qui pourrait laisser croire que d'autres fragments seraient toujours enterrés sur le même site. Les recherches continueront demain.
Note de gen4 : nous relevons beaucoup d'imprécisions et de contradictions entre les deux articles de quotidiens Japonais. Ainsi une bouteille de 20cm de hauteur et de 10cm de diamètre (asahi) présentera un volume moyen de 1,5 L et non d'un demi-litre (mainichi) ; la substance contenue dans la bouteille est relatée comme étant de couleur brune d'un côté mais violet foncé de l'autre ou encore les niveaux de dose relevés après la décontamination estimés à 2 µSv/h à gauche et à 25 µSv/h à droite...
Sources :
Asahi Shimbun, 03/11, Anglais
Mainichi daily, 03/11, Anglais
A Fukushima, du Curium ?
Ah, ce Xénon... Les premiers à avoir évoqué ce gaz rare dans le cadre de l'accident Japonais sont les scientifiques internationaux lancés sur l'étude du terme source de l'accident de Fukushima. Vous rappelez-vous ? Ils avaient estimé que l'accident aurait relâché dans les 4 premiers jours la totalité du Xénon-133 contenu dans le combustible (1). C'était également le cas lors de l'accident de Tchernobyl (IAEA86). L'accident de Three Mile Island, n'ayant connu qu'un échauffement limité du cœur, n'en a quant à lui dispersé qu'environ 10%.
L'opérateur Tepco, ayant probablement parcouru ce document, décida peu après de vérifier la présence éventuelle desdits gaz rares et en retrouva, en concentration faible, lors des premières analyses effectuées fin octobre. Tiens, il en resterait donc encore en stock, notamment du Krypton-85 ? Pourquoi ces gaz rares, fabriqués lors de la fission du combustible nucléaire n'ont-ils pas été complètement dispersés comme ils auraient du l'être à la suite de la fusion du combustible ayant entraîné la dégradation rapide des confinements ?
Pourtant, les gaz dits rares ou nobles sont les premiers des produits de fission à être évacués lors d'un échauffement anormal du cœur. C'est logique, ils sont aussi les plus légers des produits dits de fission qui se disperseront sous forme gazeuse, par définition très volatile. Dès que les barrières de confinement sont tombées, ces éléments trouvent facilement leur chemin vers l'environnement. Les produits de fission relâchés sous forme liquide (Iodes piégés par l'eau de pompage) ou particulaire (Césiums) ne s'évacuent pas aussi rapidement et peuvent stationner un moment dans l'environnement accidentel immédiat pour être dispersés plus tard, dans les limites de leurs périodes radioactives respectives.
Il est considéré que lors d'un accident majeur, 100% de l'inventaire des gaz rares sont généralement dispersés, 50% des iodes et seulement 1% sous une forme solide. Il n'est habituellement pas tenu compte du relâchement de gaz rares lors de la phase accidentelle aiguë d'un accident majeur, du fait que ces derniers sont considérés comme faiblement radio-toxiques et qu'il est inutile de calculer leur terme source car, dans la majorité des accidents sévères, leur quasi-totalité sera transférée vers la biosphère.
Un dernier commentaire, sur le plan politique celui-ci : il semble que pour des raisons mal définies, l'opérateur Tepco et l'agence de sécurité Japonaise n'aient pas averti le gouvernement avant de communiquer aux médias l'information - éphémère - d'une possibilité de reprise de criticité. Cette radio-étourderie imputable à la NISA lui aurait valu une sévère réprimande provenant du Ministre de l'Industrie Yukio Edano. L'agence de sécurité aurait fait valoir pour sa défense qu'elle n'estimait pas que l'information soit importante. Après avoir branché le décodeur de double-language, nous constatons qu'il devait y avoir rapidement un second communiqué infirmant la première hypothèse. Cette histoire de retard probable dans la feuille de route, même si elle était techniquement pertinente, était politiquement inacceptable. Et en branchant le détecteur de désinformation, ça pourrait donner quoi ?
Sources :
Evaluation des risques de rejets radioactifs, Hardeman, 2007
Etude de terme-source de Fukushima, Stohl & al.
Editorial du mainichi daily, 04/11, Anglais
enenews, 02/11, Anglais
(1) The entire noble gas inventory of reactor units 1–3 was set free into the atmosphere between 11 and 15 March 2011
A Kashiwa, rien du tout...
Pendant ce temps, sur le front du point chaud de Kashiwa, (préfecture de Chiba, à 185 Km de Fukushima), après l'appel à l'aide du gouvernement local se disant impuissant à décontaminer un hotspot relié cette fois-ci tout ce qu'il y a de plus officiellement à l'accident de Fukushima, rien ne bouge. Le SOS local relayé par le yoimuri du 28/10 est probablement entré dans la zone de radio-silence.
Source :
yoimuri daily, 28/10, Anglais
Une synthèse de l'AIEA assez lisible qu'on peut conserver sous le coude
Et enfin, puisque l'on nous reproche souvent de ne transmettre que les mauvaises nouvelles, voici une petite synthèse publiée hier par l'AIEA (Anglais) qui permettra de conserver par-devers soi quelques données officielles récentes sur l'accident présentées de manière claire ; c'est un événement assez rare pour être signalé.
Après avoir travaillé deux jours sur le site du supermarché de Setagaya, le MEXT a annoncé avoir retrouvé des fragments d'une bouteille ayant probablement contenu du radium-226. Le débit de dose dans le secteur de la découverte serait passé de 40 mSv/h à environ 25 µSv/h après l’enlèvement des débris et du sol environnant.
La bouteille en question aurait une contenance de 500 mL, mesurerait 20 cm x 10 et était enfouie à 40 cm de profondeur.
Une douzaine d'autres points chauds auraient été retrouvés à proximité ce qui pourrait laisser croire que d'autres fragments seraient toujours enterrés sur le même site. Les recherches continueront demain.
Note de gen4 : nous relevons beaucoup d'imprécisions et de contradictions entre les deux articles de quotidiens Japonais. Ainsi une bouteille de 20cm de hauteur et de 10cm de diamètre (asahi) présentera un volume moyen de 1,5 L et non d'un demi-litre (mainichi) ; la substance contenue dans la bouteille est relatée comme étant de couleur brune d'un côté mais violet foncé de l'autre ou encore les niveaux de dose relevés après la décontamination estimés à 2 µSv/h à gauche et à 25 µSv/h à droite...
Sources :
Asahi Shimbun, 03/11, Anglais
Mainichi daily, 03/11, Anglais
A Fukushima, du Curium ?
Ah, ce Xénon... Les premiers à avoir évoqué ce gaz rare dans le cadre de l'accident Japonais sont les scientifiques internationaux lancés sur l'étude du terme source de l'accident de Fukushima. Vous rappelez-vous ? Ils avaient estimé que l'accident aurait relâché dans les 4 premiers jours la totalité du Xénon-133 contenu dans le combustible (1). C'était également le cas lors de l'accident de Tchernobyl (IAEA86). L'accident de Three Mile Island, n'ayant connu qu'un échauffement limité du cœur, n'en a quant à lui dispersé qu'environ 10%.
L'opérateur Tepco, ayant probablement parcouru ce document, décida peu après de vérifier la présence éventuelle desdits gaz rares et en retrouva, en concentration faible, lors des premières analyses effectuées fin octobre. Tiens, il en resterait donc encore en stock, notamment du Krypton-85 ? Pourquoi ces gaz rares, fabriqués lors de la fission du combustible nucléaire n'ont-ils pas été complètement dispersés comme ils auraient du l'être à la suite de la fusion du combustible ayant entraîné la dégradation rapide des confinements ?
Pourtant, les gaz dits rares ou nobles sont les premiers des produits de fission à être évacués lors d'un échauffement anormal du cœur. C'est logique, ils sont aussi les plus légers des produits dits de fission qui se disperseront sous forme gazeuse, par définition très volatile. Dès que les barrières de confinement sont tombées, ces éléments trouvent facilement leur chemin vers l'environnement. Les produits de fission relâchés sous forme liquide (Iodes piégés par l'eau de pompage) ou particulaire (Césiums) ne s'évacuent pas aussi rapidement et peuvent stationner un moment dans l'environnement accidentel immédiat pour être dispersés plus tard, dans les limites de leurs périodes radioactives respectives.
Il est considéré que lors d'un accident majeur, 100% de l'inventaire des gaz rares sont généralement dispersés, 50% des iodes et seulement 1% sous une forme solide. Il n'est habituellement pas tenu compte du relâchement de gaz rares lors de la phase accidentelle aiguë d'un accident majeur, du fait que ces derniers sont considérés comme faiblement radio-toxiques et qu'il est inutile de calculer leur terme source car, dans la majorité des accidents sévères, leur quasi-totalité sera transférée vers la biosphère.
Un dernier commentaire, sur le plan politique celui-ci : il semble que pour des raisons mal définies, l'opérateur Tepco et l'agence de sécurité Japonaise n'aient pas averti le gouvernement avant de communiquer aux médias l'information - éphémère - d'une possibilité de reprise de criticité. Cette radio-étourderie imputable à la NISA lui aurait valu une sévère réprimande provenant du Ministre de l'Industrie Yukio Edano. L'agence de sécurité aurait fait valoir pour sa défense qu'elle n'estimait pas que l'information soit importante. Après avoir branché le décodeur de double-language, nous constatons qu'il devait y avoir rapidement un second communiqué infirmant la première hypothèse. Cette histoire de retard probable dans la feuille de route, même si elle était techniquement pertinente, était politiquement inacceptable. Et en branchant le détecteur de désinformation, ça pourrait donner quoi ?
Sources :
Evaluation des risques de rejets radioactifs, Hardeman, 2007
Etude de terme-source de Fukushima, Stohl & al.
Editorial du mainichi daily, 04/11, Anglais
enenews, 02/11, Anglais
(1) The entire noble gas inventory of reactor units 1–3 was set free into the atmosphere between 11 and 15 March 2011
A Kashiwa, rien du tout...
Pendant ce temps, sur le front du point chaud de Kashiwa, (préfecture de Chiba, à 185 Km de Fukushima), après l'appel à l'aide du gouvernement local se disant impuissant à décontaminer un hotspot relié cette fois-ci tout ce qu'il y a de plus officiellement à l'accident de Fukushima, rien ne bouge. Le SOS local relayé par le yoimuri du 28/10 est probablement entré dans la zone de radio-silence.
Source :
yoimuri daily, 28/10, Anglais
Une synthèse de l'AIEA assez lisible qu'on peut conserver sous le coude
Et enfin, puisque l'on nous reproche souvent de ne transmettre que les mauvaises nouvelles, voici une petite synthèse publiée hier par l'AIEA (Anglais) qui permettra de conserver par-devers soi quelques données officielles récentes sur l'accident présentées de manière claire ; c'est un événement assez rare pour être signalé.
500ml est le volume d'une bouteille à base triangulaire, 1570ml (1,5l) celui d'une bouteille à base circulaire, pour les dimensions données.
Rédigé par : laluciole | 04/11/2011 à 20:15
Quand on sait l'indifférence des journalistes de la presse quotidienne pour les détails techniques, je ne crois pas qu'il soit nécessaire de faire l’exégèse de chacun des articles : on n'en tirera rien de plus.
Rédigé par : geologue | 05/11/2011 à 10:26