Réunis dans leur palace de Varsovie, les scientifiques participant au 14ème congrès sur l'étude des radiations ont instamment demandé aux médias et à certains scientifiques "dissidents" (la liste n'est pas très longue) de modérer certains propos jugés trop alarmants sur la catastrophe de Fukushima ; déclarations qui auraient, d'après les scientifiques, "des effets aggravants sur les conséquences psychologiques de l'accident." Cet appel a été relayé dans le "New Scientist" du 30/8.
Les articles de "The Independent" particulièrement visés
Déjà mentionnés sur ce site, plusieurs articles du quotidien Britannique de centre gauche offrent un éclairage différent et parfois étonnant sur les aspects techniques et sanitaires de l'accident de Fukushima. La parole y est souvent donnée à des experts indépendants tels Helene Caldicott, Cristopher Busby et Tim Mousseau, mais également à certains anciens employés ou sous-traitants de l'entreprise exploitante du site, Tepco.
Pourquoi "L'indépendant" affirme que Fukushima est pire que Tchernobyl
Le 29 août, un long article du journal détaille les arguments avancés par ceux qui pensent que les effets de l'accident Japonais seraient pires à long terme que ceux de Tchernobyl. En voici une petite synthèse commentée succinctement :
L'accident est toujours en cours, les réacteurs accidentés relâchent donc des radionucléides jour après jour dans l'atmosphère et probablement aussi dans le sous-sols
Exact, tant que les cœurs fondus des ex-réacteurs ne seront pas "récupérés" (au mieux d'ici une vingtaine d'années et surtout avec quelle technologie ?), les cuves ainsi que les confinements étant devenus "non-étanches", rien ne retient les radioéléments dégagés par le combustible gravement endommagé peu après le tsunami. Une partie passe dans le circuit fermé de "refroidissement" que l'opérateur tente désespérément de décontaminer au prix de bien des efforts alors qu'une autre partie est relâchée dans l'atmosphère sous forme d'aérosols, vapeurs et poussières. Une certaine quantité de combustible fondu s'est enfin peut-être échappée définitivement du confinement endommagé pour se retrouver dans les sous-sols, ou pire, la roche située sous la centrale.
Les autorités n'avouent pas immédiatement la gravité de l'accident et révisent régulièrement les chiffres en hausse
C'est incontestable, les autorités ont tout fait pour ne pas créer un sentiment de panique chez la population, particulièrement en créant plusieurs paliers psychologiques, tentant ainsi de reproduire le paradoxe de la grenouille ? D'abord, l'accident n'était pas grave, puis il devint grave mais pas dangereux, puis dangereux mais localisé et enfin dangereux à des distances dépassant largement le périmètre d'évacuation initial de 20 Km. Actuellement, certaines zones situées dans un rayon de 30 à 50 Km au Nord-Ouest de la centrale accidentée affichent une contamination du sol supérieure à 60 KBq/m2 de Césium-137 alors que ce radioélément d'une durée de demi-vie de 30 ans a été dispersé bien en-dessous de Tokyo, à 370 Km au Sud de Fukushima. Ces derniers chiffres et estimations de retombées viennent d'être officiellement communiqués (NIES et METI).
Une grande partie de la population Japonaise s'estime "non concernée" par l'accident
Spécificité Japonaise, l'indifférence face à l'adversité, héritage du Hagakure, code de vie des guerriers Samouraïs. La vie continue, jusqu'à la mort : "Garde une attitude digne, même la tête tranchée !" Ce n'est pas de l'indifférence vis-à-vis d'un événement majeur mais plutôt du détachement, de la dignité et une certaine acceptation de son sort quelle que soit la situation traversée. Quoiqu'il en soit, le biologiste Tim Mousseau a étudié très longtemps la zone de Tchernobyl pour constater que la diversité et l'état biologique des insectes et des oiseaux s'étaient considérablement dégradés après l'accident. Tim pense que les habitants de Fukushima "se cachent la tête dans le sable" et ne voient pas l'évidence d'une zone devenue extrêmement dangereuse et ce pour une durée très longue.
Les Japonais sont indécis sur la situation mais veulent continuer une vie normale
Faute d'informations précises et concordantes, certains habitants sont indécis quant à la situation réelle et ne savent que penser des radiations. Un habitant de 70 ans a ainsi déclaré : "Il existe bien des façons de mourir, baisser les bras et ne plus rien faire est l'une d'entre elles." Ce pécheur de la région de Soma se rend tous les matins dans les locaux démolis du port de pêche en espérant pouvoir repartir en mer bientôt, très bientôt...
Quelques données de "The Independent" restent malgré tout un peu subjectives
En fin de papier, quelques chiffres de comparaison entre Tchernobyl et Fukushima sont évoqués afin de supporter les témoignages mais ils ne semblent pas parfaitement objectifs et ressemblent plutôt à des éléments de la panoplie du Ministère de la propagande de M. Orwell. Les chiffres financiers sont particulièrement peu convaincants car le coût global de l'accident nucléaire n'est pas celui de la catastrophe Séisme + Tsunami + Centrale - comment faire la distinction à partir de chiffres globaux ? De même, le montant de l'aide internationale évoqué par l'Indépendant pourrait avoir été affecté à la partie non-nucléaire de l'accident, ce qui est logique puisque, à ce jour, l’État Japonais fait supporter à Tepco la majorité des frais engagés par exemple pour l'indemnisation - bien relative - des évacués.
Le juste milieu entre désinformation et surinformation
Comme il existe une infinité de nuances entre le noir et le blanc, la situation n'est en fait ni d'un noir d'encre ni d'un blanc éclatant, je m'explique : il semble que le Japon ait échappé au pire, de nombreux experts s'attendaient dans les premiers jours après le tremblement de terre et le tsunami à une apocalypse rapide s'étendant sur grande partie du Nord du Japon ; force est de reconnaître que le pire ne s'est pas produit et que la catastrophe n'a pas eu la soudaineté et l'effet de "choc" créés par celle de Tchernobyl. Affirmer que l'accident est "terminé" ou sur le chemin de la reprise en main du site et des zones évacuées, comme on le lit parfois, semble tout aussi déraisonnable et Naoto Kan s'est "collé" à finalement démentir les informations de réappropriation rapide d'une partie des zones évacuées avant de quitter définitivement son poste. Tout aura été tardif dans les déclarations officielles !
Il semble donc que l'on s'oriente vers la piste d'effets instantanés moindres au Japon ; le point crucial est certainement inclus dans l'inventaire radioactif des combustibles des 3 cœurs de Fukushima qui est sensiblement équivalent à celui contenu dans le réacteur n°. 4 de Tchernobyl (article à venir) : l'avenir à long terme de la région pourrait indéniablement s'assombrir et ce, d'autant plus que la feuille de route de Tepco prendra de retard dans sa réalisation, comme cela est probable.
Si le passé est avoué tardivement, le présent le sera plus tard et le futur "trop" tard, à moins d'un revirement spectaculaire des autorités Japonaises par exemple en ce qui concerne la sollicitation d'une assistance technique opérationnelle internationale et une véritable reconnaissance de la gravité de la situation sanitaire sur le terrain. Et ceci, n'en déplaise aux spécialistes réunis actuellement dans leur palace de Varsovie. Au fait, cela devrait être plus ou moins l'heure de leur repas de gala...
Les scientifiques en question ne veulent pas faire dans la mesure et la rigueur. Ils se servent encore de leur casquette de scientifique comme prétexte mais ça fait longtemps qu'ils font en fait du militantisme, donc PLUS c'est énorme mieux c'est pour eux. Et les écolos s'en donnent à coeur joie, en croyant que tous leurs pairs partagent leur analyse (ce qui est totalement faux).
Prenons le cas de Busby, il a pondu un petit texte sur Fukushima qui tourne par mail ou autre.... Intéressons nous-y.
C'est ici:
http://aweb2u.free.fr/Annexes/Article_Busby_10062011.pdf
C'est évidemment un tissu d'énormités mais il y a une page très intéressante....
A la dernière page, le 7 et le 8, et surtout le 8:
"8. Des enquêtes et des sanctions juridiques devraient être engagées contre les personnes qui
minimisent les effets sur la santé de cet événement dans les médias."
Faut savoir qu'il a l'interprétation la plus catastrophiste de la catastrophe. En clair il veut harceler et fouttre en taule tous ceux qui contredisent sa théorie !!! (qui je répète n'est pas partagée par ses pairs). IL VEUT METTRE TOUT LE MONDE EN TAULE CE FOU!!!!!
Il aurait pu faire un bon conseiller de Staline.
AHAHAHAH "débat transparent" mon cul!
Il est évident que les appels à la mesure avec ce genre de type sont inutiles.... à part peut-être pour ouvrir les yeux au grand public sur le type d' "experts" anti-nucléaires que les médias leurs donnent.
Voilà entre autres pourquoi je suis PLUS QUE RETICENT sur le tribunal écologique que voudrait Eva Joly.
Rédigé par : Pastekos | 01/09/2011 à 18:09
Remarquez c'est pratique pour faire taire les gêneurs qui disent autre chose: EN TAULE!
Débat transparent qu'il disaient...
Rédigé par : Pastekos | 01/09/2011 à 18:12
Je suis évidemment en complète opposition avec votre analyse sémantiquement non-neutre des points 7 et 8 du document PDF de Busby :
Le point 7 : "Des enquêtes et des sanctions juridiques devraient être engagées contre les personnes qui ont sciemment freiné la divulgation des données auprès du public"
Sous-entendu de données "exactes" ou "honnêtes" que jusque là, les autorités se sont efforcées de systématiquement minimiser. A chaque fois que des données de contamination sont révélées, elles contredisent les précédentes ; ainsi les dernières cartes de contamination publiées hier par le METI et le NIES remettent une nouvelle fois en cause les avant-dernières !
Alinéa 8 : "Des enquêtes et des sanctions juridiques devraient être engagées contre les personnes qui minimisent les effets sur la santé de cet événement dans les médias"
Là aussi, c'est une déclaration appropriée sur le plan sémantique, il ne faut ni minimiser les effets, ni d'ailleurs les amplifier, juste les transmettre de manière honnête et rapide. Or ce n'est manifestement pas le cas ni d'un côté ni de l'autre ; ceci dit je comprends parfaitement que des réactions puissent tenter de "rétablir une balance" en surestimant à dessein les faits initiaux. A action, réaction !
Ceci me rappelle fortement le débat autour des déclarations du Pr. Pellerin en 1986 que je m'abstiendrais bien de commenter puisque l'affaire va être très bientôt appréciée par la justice de ce pays.
Trifou
PS J'allais presque oublier, nous ne sommes pas sur le blog immodéré de MMe Leglu, donc premier et dernier avertissement : pas d'attaque personnelle, pas d'injures, pas - trop - de majuscules et autres apostrophes, ça pique ! OK ?
Rédigé par : trifouillax | 01/09/2011 à 21:24
Pellerin a perdu son procès contre Mamère à la cour européenne, non? Heureusement, parce que la france est tout sauf neutre à ce sujet.
J'espère que Pastekos ne se considère pas neutre!?! Je n'ai de cesse de lui demander en vain quels sont ses liens avec l'industrie du nucléaire. Peut-être qu'un jour j'obtiendrai une réponse...
Quant à ses opinions, elle ne convainquent que lui. ça ne fonctionne pas. Les gens ne sont pas naïfs, ils comprennent que ce monsieur les enfume. Au fait, normalement quelqu'un qui ment officiellement encourt une peine de prison, non? Dans ce cas, ce n'est pas aller en taule pour une opinion, mais pour mensonge d'Etat. C'est très différent....
Rédigé par : Cyril | 07/09/2011 à 02:28