le blog ex-skf (Anglais) nous informe que M. Fumiya Tanabe, ancien directeur de recherche à la JAEA pense que le combustible du réacteur n°. 3 du site accidenté de Fukushima Daiichi aurait fondu non pas une mais deux fois ; Examinons ensemble ses arguments :
M. Tanabe affirme que le combustible contenu dans l'ex-réacteur n°. 3 aurait fondu une première fois le 14 mars préalablement à l'explosion du bâtiment n°. 3 ; Ce corium serait alors tombé en fond de cuve principale (la petite cuve ovale coloriée en rose) avant d'être partiellement refroidi par l'arrosage effectué par l'opérateur d'un débit d'environ 300 tonnes d'eau par jour.
Le 21 mars, un incident sur le circuit d'arrosage aurait provoqué une baisse significative de ce débit qui serait alors passé à 24 tonnes par jour durant 48 heures, du 21 au 23 mars, puis à 69 tonnes par jour à partir du 24 mars. Une augmentation de la pression au sein de la cuve RPV pourrait être la raison de cette diminution de débit d'eau ; La conséquence en a été que le refroidissement minimal de la chaleur produite par la réaction résiduelle n'était que de 10 à 30% de ce qui était nécessaire pour contrôler la température résiduelle du combustible fondu.
D'après M. Tanabe, le corium dont la température et la progression avaient été plus ou moins maîtrisées jusque là aurait repris de la vigueur pour repasser à l'offensive, redépassant la température de fusion de la croûte ; La conséquence fût que le corium transperça pour de bon la cuve principale pour se déposer finalement sur le fond de l'ampoule de confinement encore appelée Dry Well (le fond de "l'ampoule" se situe sur le carré gris à la base, représentant le radier en béton).
Si l'on vérifie cette hypothèse sur le relevé de radioactivité ambiante effectué au nord de Kanto, on constate bien un second "pic" de radiaoactivité le 21 mars (seconde colonne grisée) qui correspondrait à la seconde fusion du combustible ou si vous voulez, à la re-fusion "re-melting".
Commentaires personnels sur cette hypothèse :
Peu après l'accident je m'étais amusé à calculer le débit d'eau nécessaire pour refroidir la réaction résuduelle provoquée par un réacteur du type de celui de Fukushima juste après un arrêt d'urgence :
"Le débit de refroidissement en fonctionnement nominal d'un coeur de REB à 2400 MW thermiques est d'environ 10m3 par SECONDE (1) soit près de 36000 m3/h. Au ralenti (arrêt d'urgence, puissance résiduelle de 150MW thermiques), le débit nécessaire passe à environ 0.65m3/s soit 2340 m3/h, valeur qui tend à décroitre au fil du temps, dans des conditions optimales. En cas de fusion totale ou partielle du cœur et même sans déconfinement, à 7 tonnes par heure je pense qu'on ne fait "qu'arroser le rôti brulé" c'est-à-dire dégager beaucoup de vapeur !"
J'estime donc que M. Tanabe est dans une hypothèse de refroidissement vraiment basse ; Même à 300 tonnes d'eau par jour le débit est nettement inférieur aux quelques 56000 Tonnes journalières que nécessiteraient ce type de réacteur juste après un arrêt d'urgence (7% de puissance résiduelle).
Ce chiffre est en outre très peu fiable car bien évidemment, il faut ajouter à cette puissance résiduelle "théorique" induite par la radioactivité résiduelle du combustible dans un état "normal" c'est à dire présentant une enveloppe externe intacte celle induite par l'élévation énorme de la température et de l'activité du corium et cela, à ce jour, aucun calcul théorique, aucune simulation ne peuvent pleinement l'apprécier.
Sources :
(1) Étude École polytechnique de Paris, 2009 (cas typique d'un REB 3900 MW type "KERENA" ?)
http://catalogue.polytechnique.fr/site.php?id=217&fileid=1289
Étude post-accidentelle de Fukushima, École Polytechnique de Montréal, 18/3/2011
http://www.polymtl.ca/nucleaire/docs/FukushimaDiapo.pdf
L'article original publié sur le site du quotidien Asahi.com (Anglais)
[EDIT du 08/08 : Modifications des infographies et du lien d'article de l'Asahi (de Japonais en Anglais]
Bonjour,
Je pense que cette analyse faite par M. Tanabe est intéressante en ce sens qu'elle met bien en lumière un drôle de phénomène observé par TEPCO lors de la journée du 21 Mars.
Le lien vers la photo est ici :
http://img.scoop.it/E7OX4PSQe4lR9VshxQXNDjl72eJkfbmt4t8yenImKBU8NzMXDbey6A_oozMjJETc
Du réacteur 3 explosé depuis le 13 Mars, on observe une grosse colonne bien épaisse de fumée noire, s'élevant à l'emplacement du Drywell.
Je pense que cette fumée provient de la combustion du circuit de commande hydraulique des quelques 144 tiges de contrôle.
Ce système hydraulique -impressionnant- ressemble à ça :
http://images.derstandard.at/2011/03/17/1297915064900.jpg
Ou à ça (réacteur à eau bouillante (BWR) de Gundremmingen en Allemagne) :
http://www.donaukurier.de/storage/pic/dktestimp/nachrichten/bayern/1828272_1_xio-fcmsimage-20100907210447-006001-4c868ccf33a43.2e1436c81afb5d285df9a7dd34e79cb8_20100907.jpg
En tout cas, quand on voit le débit nominal des pompes au primaire d'un réacteur nucléaire "old-school" du type BWR, on se rend facilement compte qu'un réacteur, qu'il soit BWR, PWR, A-BWR, EPR ou FBR, le nucléaire, qu'est ce ça craint !!
Un schéma intéressant pour comprendre l'agencement des réacteurs de Fukushima-Daiichi est ici -Attention les yeux- :
http://img.photobucket.com/albums/v393/youricarma/Fukushima%20-%20Daiichi%20Reactor%20Design/005OysterCreekReactorNo40.jpg
Dernière chose :
Pour le réacteur 4, l'enceinte de confinement était inopérante pour cause de dôme de fermeture ...déplacé en dehors du DryWell.
Quelle est la (seule !) source d'énergie qui a pu "enfoncer une porte ouverte", pour démolir à ce point le bâtiment réacteur en béton armé pourvus de murs de deux mètres d'épais ??
C'est la cuve du réacteur 4 qui a été AUSSI percée par son combustible usé, hyper-radioactif et NON REFROIDI. L'eau sous forme de vapeur surpressurisée s'est engouffrée dans la piscine annulaire inférieure, ...et dans les airs.
TEPCO n'a pas communiqué là-dessus ET POUR CAUSE : TOUT LES RÉACTEURS DANS LE MONDE SONT EXTRÊMEMENT VULNÉRABLES LORS DES PHASES DE REMPLACEMENT DU COMBUSTIBLE NUCLÉAIRE, LORSQUE LES RÉACTEURS SONT "EN ARRÊT FROID". Voilà pourquoi !
Je crois que cette catastrophe va requérir de mettre en oeuvre des outils qui n'existent pas encore, et il va falloir les réaliser au plus vite.
Cette énergie de merde, on doit la quitter le plus vite possible, sinon on y passera TOUS. On a tout à y perdre, de cette mafia d’État.
Rédigé par : Ouille! | 13/08/2011 à 22:53
Bonjour M. Ouille (Jack ?), merci pour votre commentaire et les documents joints. Assez d'accord sur tout les points mentionnés, la question du chargement du 4 à été assez longtemps discutée sur les forums spécialisés et les doutes sur l'avancement exact de la procédure de remplacement du Shroud sur le réacteur n°. 4 (c'était le motif évoqué par Tepco pour l'arrêt de la tranche 4) est mal documentée.
D'après certains intervenants, 6 mois environ après l'arrêt à froid est un délai notoirement insuffisant pour achever complètement le déchargement du combustible et une partie de ce dernier aurait pu effectivement soit rester en cuve, drywell ouvert, soit avoir été transféré dans la piscine de chargement / déchargement (pas la piscine de désactivation). Complètement d'accord également avec la fragilité particulière du drywell une fois décalotté.
Hypothèse également intéressante pour la photo n°. 1 (la fumée noire) associé à la combustion du circuit hydraulique des barres "noires".
N'hésitez pas à revenir afin de partager vos informations, à force de coller des petits bouts on finira peut-être par avoir une bonne vision périphérique de l'accident, sans trop se baser sur les déclarations de l'opérateur et des autorités, puissamment teintées d'euphémismes et autres "lenis facere".
Cordialement,
Rédigé par : trifouillax | 16/08/2011 à 12:48