1954 : Après le départ des forces Américaines d'occupation, le Japon réfléchit au déploiement sur son sol des premières centrales nucléaires de fabrication Américaine ainsi que d'équipements de recherche sur l'atome. On sait peu que, déjà à cette époque, un mouvement de protestation extrêmement virulent s'opposait frontalement à l'usage de la fission nucléaire, particulièrement dans le domaine militaire.
Pour des raisons historiques - on pense bien sûr aux bombes d'Hiroshima-Nagasaki - mais également à des séquelles des essais atomiques dans l'océan Pacifique (notamment à Bikini, situé à environ 5000 Km au Sud-Est de Tokyo), des scientifiques, des syndicats, des travailleurs de la mer manifestaient leur mécontentement et leur refus d'une occidento-nucléarisation du pays du soleil levant.
Le gouvernement Japonais crééa alors une liste "démocratique" qui contenait les noms et les fonctions des principaux personnages qui s'opposaient au projets de recherche et de développement nucléaire. Ces individus, souvent portés dans les extrêmes politiques, s'affichaient également fréquemment comme garants des traditions Japonaises au sein du très important mouvement Nationaliste et anti-occidental des années 1960-1970.
Un "rapport confidentiel" contenant les noms et les orientations politiques d'opposants Japonais au nucléaire a donc été créé par le METI vers le milieu des années 1950 ; une copie a été transmise bien des années plus tard à l'ambassade des Etats-Unis au Japon et c'est ce document qui aurait été déclassifié récemment par le service des archives Nationales des USA.
Parmi les noms d'opposants figurant sur cette liste noire, on remarquera les noms de savants aussi éminents que le physicien Shoichi Sakata (théorie des Quarks) ou Koji Fushimi.
Note : le texte ayant été traduit directement du Japonais est donc susceptible de contenir des erreurs ou des imprécisions. La fait qu'il démontre sur le fond que le lobby nucléaire ne manque pas d'arguments pour contrer ses opposants et que ceci ne date pas d'hier fait que nous prenons le risque - mesuré - de le mettre en ligne rapidement. Des corrections pourront éventuellement être apportées à l'article ces prochains jours.
Décidément, on parle beaucoup de lui dernièrement. Lui, c'est le Césium-137, Cs-137 de son petit nom. Avant-hier, je vous présentais les interrogations de l'équipe Internationale travaillant sur les concentrations "statistiquement anormales" de Cs-137 dans les environs de la centrale accidentée de Tchernobyl, phénomène pouvant nettement "compliquer" la tâche de réappropriation des zones évacuées en 1986.
Une bombe atomique n'est pas un accident nucléaire
Ce matin, TF1 online indiquait que, d'après des informations gouvernementales relayées par le Tokyo Shimbun, (ligne éditoriale de "centre-gauche") les autorités Japonaises estimeraient que l'accident de Fukushima aurait libéré environ 15 000 TeraBecquerel de Cs-137, contre 85 TBq lors des retombées de l'explosion de la première bombe nucléaire lancée sur Hiroshima le 6 août 1945. L'accident civil aurait donc dégagé environ 168 fois plus de Césium 137 que l'explosion atomique.
Mais voila : certains scientifiques soulignent fort doctement que comparer les émissions d'éléments à durée de vie moyenne relâchés par une bombe et ceux consécutifs à un accident nucléaire "civil" reviendrait à comparer choux et carottes, du fait notamment de l'effet "nettoyeur" des bombes (particulièrement les bombes à Hydrogène) et de l'intense dissémination des radionucléides provoquée par le souffle énorme de l'explosion à quelques centaines de mètres d'altitude.
2ème round : accident vs accident
Chers lecteurs, vous commencez à nous connaître : l'étape suivante consistera donc à comparer ce qui est comparable à savoir les retombées de Cs-137 émises lors de l'accident de Tchernobyl et celui de Fukushima.
On a souvent estimé que l'accident Ukrainien de 1986 n'avait relâché "qu'assez peu" de Césium-137 : 8000 TBq selon les Russes ou encore 8.6 PBq selon les calculs effectués par l'IRSN .
Les 15 000 Tbq relâchés à ce jour par l'ex-centrale de Fukushima (à ce jour car les émissions se poursuivent probablement) représenteraient donc environ 2 fois les rejets de Cs-137 consécutifs à l'accident de Tchernobyl.
Rien que de très normal, vu que les masses de combustible mises en jeu sont sensiblement plus importantes lors de l'accident du Japon. Pourquoi en serait-il autrement ?
Le décompte des points
Nous avons :
1) Un radioélément déjà largement disséminé en prenant en compte les chiffres officiels actuels de pourcentage de fusion des coeurs
2) Une probabilité non négligeable de fusion totale des coeurs avec d'autant plus de Cs-137 relâché au fil de sa période d'activité
3) L'étude scientifique de 2009 évoquant une contamination des sols bien plus longue que les estimations théoriques et un éventuel "retour des populations" retardé d'autant
Sans doute plus de Césium pour peut-être plus longtemps, c'est de plus en plus probable, le fameux Césium-137 devrait encore faire parler de lui un moment.
Le 17 janvier 1966, un bombardier B-52 de l'US Air Force percutait en vol son ravitailleur KC-135 à 27.000 pieds, causant la mort de 8 des 11 équpiers des appareils. Le bombardier était en mission de "routine" et revenait d'un survol à haute altitude au-dessus des frontières de l'URSS.
Les quelques 40 tonnes de carburant avaient explosé en créant un nuage blanc d'environ 1 Km bien visible depuis le sol, de même que les 3 parachutes des membres d'équipage rescapés du crash.
Les 4 bombes à Hydrogène B-28 que le B-52 emportait furent ainsi "égarées" au-dessus du territoire Espagnol. 3 d'entre elles tombèrent à proximité du village de Palomares dans la pointe Sud de l'Espagne. Le dispositif de "sécurité" ayant bien fonctionné - en détruisant à l'aide d'explosifs conventionnels les têtes nucléaires - environ 5 Kg de Plutonium se retrouvérent dispersés dans la nature.
Dans un premier temps, le Strategic Air Command Américain tenta de dissimuler l'incident en expliquant qu'aucune bombe n'était manquante (Code Broken Arrow) mais devant la pression médiatique dut finir par reconnaître que des recherches en mer étaient bien organisées pour tenter de retrouver la bombe manquante, selon les termes de la Législation des USA.
250 Hectares de terrain furent contaminés au sol à la suite de l'accident ; 1750 Tonnes de terre furent extraites et envoyées aux Etats-Unis pour y être stockées. Le Plutonium étant très toxique, un semblant de suivi des populations locales fut mis en place mais conclua très rapidement à des "présomptions de contamination statistiquement non significatives". Pour l'anecdote, on peut noter que les services Espagnols de la JEN (Juntia de Energia Nuclear) ont participé conjointement avec des experts Américains de la DNA (Defense Nuclear Agency) aux opérations de décontamination mais sans disposer des mêmes moyens et notamment de tenues NBC aussi élaborées. Le village de Palomares, 250 âmes, vit ainsi sa population passer un moment à plus de 3500 âmes, dont 2500 Américains et 250 journalistes !
Un témoin de l'époque rapporte dans Paris-Match du 5/3/1966 : "J'ai vu un éclair aveuglant tandis que les femmes du village tombaient à genoux en pensant que c'était la fin du monde !"
Bien évidemment, le vent s'était chargé de "disperser" la contamination ainsi que le souligna un rapport de la DNA publié en 1975 sur les conséquences de l'accident si bien que l'étendue et les doses de la contamination fûrent mal connues. A la suite de demandes répétées du gouvernement Américain, les dossiers médicaux de la population fûrent également rendus confidentiels, afin d'éviter au peuple Espagnol des "inquiétudes excessives".
3000 marins et plusieurs dizaines de bâtiments fûrent déployés au sein de la "Task Force 65" durant 3 mois dans la zone côtière afin de tenter de retrouver la bombe manquante. Celle-ci fût finalement miraculeusement repéchée par un petit sous-marin le 7/4/66 sur la base d'informations communiquées par un patron pécheur Espagnol ayant récupéré les survivants de l'accident avant de localiser la zone "Alpha" où ont été effectuées les recherches ultérieures.
Pour en savoir plus avec des copies de documents d'époque :
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